L’intolérance aux ondes est un état complexe et multifactoriel. Pour la traiter il n’existe aucune recette universelle, car ses déclencheurs varient d’une personne à l’autre, d’autant plus que chaque individu possède une génétique, une histoire médicale, des comportements, des environnements, etc. qui lui sont propres. Selon feu le chirurgien cardiovasculaire texan William J. Rea, un pionnier de la médecine environnementale, les principaux déclencheurs de l’hypersensibilité électromagnétique (EHS) sont : les moisissures, le monoxyde de carbone, les commotions cérébrales, les métaux lourds, les implants métalliques, les infections, certains médicaments, l’électrocution et l’exposition aiguë ou chronique aux ondes et aux produits chimiques, en particulier les pesticides et le formaldéhyde (lire Electrical hypersensitivity triggers and treatment).
Malgré l’absence de consensus scientifique autour des causes de l’EHS, les connaissances en la matière ont beaucoup évolué depuis 2005, alors que l'Organisation mondiale de la santé publiait un avis mitigé sur le sujet. En 2016, l’Académie européenne de médecine environnementale publiait les Lignes directrices EUROPAEM pour la prévention, le diagnostic et le traitement des problèmes de santé et maladies liés aux champs électromagnétiques. Rédigées par les plus grands experts indépendants en la matière, il s’agit de LA référence mondiale en la matière. J’ai rencontré plusieurs de ses auteurs à Bruxelles en 2017, dans le cadre du 5e colloque de l’Appel de Paris.
Les facteurs déterminants des effets
L’un d’eux, le docteur en radiobiologie slovaque Igor Belyaev, y citait les principaux facteurs déterminant les effets biologiques des ondes, facteurs dont ne tiennent pas compte les études qui concluent que l’EHS n’est pas causée par l’exposition aux CEM : fréquence (longueur d’onde), intensité (amplitude), largeur de bande, modulation, polarisation, durée et cohérence du temps d’exposition et de non-exposition, environnement électromagnétique (dont le courant continu terrestre, l’interférence et les matériaux absorbants ou réfléchissants), densité des cellules, génétique, sexe, âge, différences individuelles et autres particularités physiologiques des sujets, présence de métaux lourds et de puissants antioxydants et de capteurs de radicaux libres, comme la mélatonine et le ginkgo biloba.
Les lignes directrices EUROPAEM viennent d’être bonifiées par une nouvelle étude de l’oncologue français Dominique Belpomme qui a vu dans son cabinet plus de 2 000 personnes hypersensibles aux ondes depuis 2009. Selon lui, il s’agit d’une condition neuro-inflammatoire « pré-Alzheimer », car leurs premiers symptômes sont similaires à ceux de cette maladie : douleurs dans l’oreille, troubles de la mémoire immédiate, irritabilité, vertiges, troubles de l’attention, diminution du débit sanguin dans la zone cérébrale correspondant au système limbique, etc.
Le Dr Belpomme compte parmi les nombreux médecins et experts qui, comme Magda Havas, affirment que l’EHS est réversible si elle est traitée rapidement et que le système nerveux n’est pas trop touché, en particulier par ce qu’il nomme la phase d’état caractérisée par la triade insomnie, fatigue, dépression. Dans son récent article décrivant sa méthode de la diagnostiquer et de la traiter (lire la synthèse ici), l’oncologue français affirme qu’il existe aujourd’hui assez de preuves pour que l’OMS reconnaisse l’EHS comme une nouvelle maladie neurologique.
Bien que certaines personnes disent s’en être guéries, les experts comme le Dr Belpomme considèrent l’EHS comme une condition permanente qui peut s’améliorer ou empirer selon l’intensité de l’exposition d’une personne aux ondes et le maintien général par celle-ci d’une saine hygiène de vie. D’ailleurs, les traitements seront d’autant plus coûteux et longs si on les retarde et si on ne minimise pas son exposition aux CEM émis par les fils et appareils électriques.
La méthode RIDE
Selon Magda Havas, pour contrôler l’EHS, il faut absolument passer par quatre étapes qui s’expriment par l’acronyme RIDE : Réduire l’exposition, stimuler l’Immunité, Détoxifier le corps en douceur et gérer les Émotions. Avis aux accros du sans-fil, toutes ces étapes sont incontournables, selon elle. « Vous ne pouvez pas vous rétablir sans réduire votre exposition aux ondes, pas plus que si vous preniez une dose quotidienne de mercure », dit cette sommité en toxicologie et en thérapies des champs électromagnétiques (CEM).
De plus, il faut savoir que les micro-ondes émises par les technologies sans fil ont des effets biologiques synergiques — nocifs ou bénéfiques — avec les microbes et les produits chimiques. Par exemple, on sait que les ondes du Wi-Fi augmentent les émissions de vapeur de mercure des amalgames dentaires ainsi que la résistance des bactéries aux antibiotiques. Et personne ne peut prédire la nature ni l’ampleur des conséquences néfastes d’une exposition chronique à des émissions incontrôlées.
Réduire
Pour connaître votre degré d’exposition à des ondes et la nature de celles-ci, il faut les mesurer. Ce que peuvent faire divers appareils pour quatre formes de CEM émis par les technologies électriques : les champs électriques et les champs magnétiques domestiques (60 hertz), les radiofréquences dont les micro-ondes dans les hautes fréquences (mégahertz et gigahertz) et l’interférence de hautes fréquences transitoires ou électricité sale (principalement dans les kilohertz). (Déatils sur Électrosmog : que faut-il mesurer.) « Tout comme il faut deux mains pour applaudir, entourez-vous de professionnels de la santé et de l’environnement compétents, comme les baubiologistes » qui mesurent les ondes et proposent des solutions appropriées, conseille Magda Havas. Stéphane Bélainsky, de la compagnie Hygiène électromagnétique environnementale 3E, est le consultant en hygiène électromagnétique certifié en baubiologie le plus expérimenté au Québec.
Immunité
Avec le système nerveux, c’est le principal système corporel attaqué par le rayonnement électromagnétique. Il est d’ailleurs intimement lié au système nerveux qui fonctionne par impulsions électriques de lumière (biophotons). Pour optimiser son système immunitaire, il faut notamment dormir dans l’obscurité et sans électrosmog, car la lumière et les champs électromagnétiques réduisent ou stoppent la sécrétion de mélatonine. Connue comme l’hormone du sommeil, la mélatonine sécrétée par la glande pinéale agit aussi comme un antioxydant essentiel dans la lutte contre le cancer et les maladies neurologiques. Selon un reportage de l’Agence Science Presse, « la mélatonine fait basculer le système immunitaire dans un mode anti-inflammatoire qui diminue les attaques à la gaine de myéline », cet isolant qui assure l’influx nerveux dans le système nerveux périphérique. La myéline est dégradée dans les maladies neurologiques comme la sclérose en plaques et certains cancers du système nerveux, dont un type de gliome, le cancer du cerveau le plus mortel.
Comme première étape de diagnostic, les médecins qui traitent l’EHS mesurent notamment les niveaux de vitamines et de minéraux dans l’organisme de leurs patients afin de découvrir les carences à combler. La vitamine D est l’une des plus importantes au chapitre de l’immunité.
Outre le sommeil réparateur, il existe plusieurs autres facteurs d’optimisation de l’immunité, dont l’alimentation saine, l’exercice physique, la méditation, l’herboristerie, etc. Pour plus de détails, voir notamment passeportsante.net, jydionne.com (site Franchement Santé du pharmacien et expert en produits de santé naturels Jean-Yves Dionne, ainsi que son webinaire sur l'immunité via son école https://academie.apothicaire.ca), guildedesherboristes.org et jacquelinelagace.net (de la virologiste Jacqueline Lagacé-Simard, auteure de livres sur l’alimentation hypotoxique sans gluten et sans caséine).
Un technicien en informatique, Jonathan Harvey, est devenu naturopathe après s’être remis de son EHS avec une diète composée de fruits et légumes dans une proportion d’au moins 80 %. « Je me suis guéri et des gens avec qui je travaille progressent de façon admirable », dit Jonathan. (Lire ici le témoignage de l'une de ces personnes qui se remet de l'électrohypersensibilité grâce notamment à cette diète.)
Détoxifier
Les spécialistes en médecine environnementale ou intégrative utilisent plusieurs autres moyens pour détoxifier en douceur leurs patients hypersensibles : sauna à infrarouge lointain, retrait des amalgames dentaires au mercure (avec un dentiste holiste appliquant les mesures de protection requises) et prise de suppléments comme la chlorelle pour éliminer les métaux lourds. Malheureusement, il n’existe pas de médecins de l’environnement au Québec (ils dérogent trop du paradigme pharmaceutique au goût du Collège des médecins). On en retrouve notamment à Ottawa, à Toronto, à Halifax, à Dallas (Texas), à Buffalo (New York) et à Martha’s Vineyard (Massachusetts).
Magda Havas recommande aussi divers appareils thérapeutiques utilisant des champs électromagnétiques pulsés (PEMF) très spécifiques. Elle cite notamment le résonateur québécois Rhumart inventé par Roland Drolet en 1980 et qui reproduit les faibles ondes naturelles des résonances de Schumann.
Selon elle, les thérapies PEMF réduisent l’inflammation, la douleur et la dépression tout en favorisant la guérison des fractures et des tissus mous comme les muscles, les tendons et les ligaments. « Elles ne traitent pas des conditions spécifiques mais optimisent les fonctions autorégulatrices du corps en augmentant la circulation sanguine, précise-t-elle. Par exemple, des chevaux de course blessés n’ont pas dû être euthanasiés. Ils ne pouvaient plus courir, mais encore se reproduire. »
Magda Havas a déjà observé son sang vivant sous un microscope. « Après quatre heures à l’ordinateur, mes cellules sanguines s’agglutinaient par le phénomène de rouleaux qui se défaisait après huit minutes sur un matelas PEMF. Selon le cardiologue américain Stephen Sinatra, le sang devrait avoir la consistance fluide du vin rouge, mais chez certains c’est plus du ketchup! Sous l’effet du Wi-Fi, j’ai déjà vu un gros caillot. » Elle a par ailleurs remarqué, comme d’autres chercheurs, que les CEM affectent la glycémie sanguine. « Une femme de 57 ans, après une marche de 20 minutes sur un tapis roulant qui aurait dû baisser son taux de sucre, l’a vu augmenter parce que le tapis roulant produisait de l’électricité sale » (de l’interférence électromagnétique causée par les appareils électroniques).
Magda Havas a beaucoup étudié les fréquences électriques nocives et bénéfiques et elles ont « une différence fondamentale : les fréquences nocives sont pratiquement constantes et chaotiques et le corps est incapable de les éviter. Avec des fréquences bénéfiques, les expositions sont généralement mesurées en minutes, voire en heures. L’utilisation d’un appareil PEMF 24 heures sur 24, chaque jour, est susceptible de causer des dommages, même si une exposition à court terme peut être bénéfique. »
Chez certaines personnes plus chanceuses, les symptômes d’EHS sont radicalement diminués et parfois même éliminés par des solutions plus ou moins simples. Un ado a fait une cure de bicarbonate de soude sans alun, un antiacide qui alcalinise le corps et serait un anti-inflammatoire puissant, selon des chercheurs du Collège médical de Georgie, à l’Université d’Augusta. « Dix jours de bicarbonate (1 c. à thé dans un grand verre d’eau) lui ont permis de retourner dans des classes avec Wi-Fi et d’avoir un cellulaire », relate sa mère, également atteinte d’EHS. Celle-ci dit aller beaucoup mieux depuis qu’un microbiologiste lui a prescrit un traitement médical (doxycycline) contre une infection bactérienne.
De plus, elle combat la candidose grâce au bicarbonate de soude et en éliminant sa charge corporelle en métaux lourds avec le protocole de chélation douce mis au point par l’ingénieur chimiste américain Andrew Cutler. La candidose est une infection causée par la prolifération du candida albicans, un champignon microscopique naturellement présent dans les muqueuses intestinales et utérines. En cas d’infection, sa croissance est accélérée par divers facteurs, tels un traitement aux antibiotiques, l’acidité corporelle et une baisse du système immunitaire qui peut être causée par l’exposition à des métaux lourds et aux CEM.
Cette dame affirme qu'avant l'alcalinisation permise par le bicarbonate de soude, son urine et celle de son fils était très acide — pH aussi bas que 5.5 plusieurs fois par jour. « J'ai l'impression que les ondes créent un stress oxydatif en particulier lorsqu'il y a des toxines et des métaux lourds, ce qui rend le corps plus acide. »
Émotions
Dernière partie du protocole RIDE de Magda Havas, la gestion des émotions est tout aussi incontournable. Pour reprendre le contrôle de notre destinée, il est essentiel d’apprendre à canaliser positivement les émotions intenses comme la peur et la colère associées aux sentiments d’impuissance et d’injustice. Une bonne dose de foi et de réalisme est essentielle. « Plus cela fait longtemps que vous êtes sérieusement affecté, plus il faudra de temps pour vous remettre », affirme Magda Havas.
S’entourer de gens positifs et constructifs (dont les dirigeants bénévoles du Rassemblement Électrosensibilité Québec) est aussi critique, ajoute-t-elle. Magda Havas partage ce qu’un avocat lui a conseillé pour la préparer à un témoignage dans le cadre d’un procès : « Si on vous attaque et qu’on veut vous discréditer, dites-vous que vous êtes en train de gagner parce qu’ils n’ont pas d’autres arguments! Tournez tout ce qui vous arrive en positif. » Elle recommande les excellents livres de Joe Dispenza et Sue Mortimer et des vidéos sur YouTube de Vadim Zeland, auteur du livre à succès Reality Transsurfing. L'auteure Marine Richard, première Française à recevoir une reconnaissance indemnisée pour le handicap d'électrosensibilité, propose aussi plusieurs outils sur son site Se guérir de l'électrosensibilité, c'est possible !
« Les six à douze premiers mois [après le diagnostic d’hypersensibilité] peuvent être très difficiles, dit l’ingénieur californien Jeromy Johnson, auteur du nouveau livre How to Find a Healthy Home et dont le site web emfanalysis.com s’avère parmi les plus complets pour régler les problèmes d’EHS. Ça prend un mode de vie tranquille, de la méditation, des relations de soutien et une vision positive. Il est essentiel d’utiliser les connaissances de gens qui s’en sont sortis afin d’aider notre communauté à comprendre ce problème très important. » Consultant en la matière, Johnson a lui-même surmonté son électrohypersensibilité et aidé plus de 500 clients à faire de même. Il raconte son histoire dans une conférence TedX visionnée par plus d’un million de personnes.
Avant même d’acheter des lecteurs d’ondes et des produits de blindage, Johnson souligne qu’environ 10 à 20 % des hypersensibles ont besoin d’un programme de réentraînement de leur système lymbique hyperréactif, constamment en mode d’anxiété et de survie qui épuise leurs glandes surrénales. « Certains sombrent carrément dans l’obsession/compulsion, une réaction normale à terme quand l’environnement nous rend de plus en plus malade et que notre entourage – dont notre médecin - n’y comprend rien et nous soupçonne d’être un cas psychiatrique. »
La médecin de l’environnement Dr Stephanie McCarter, du Centre de santé environnementale de Dallas, abonde dans le même sens que Johnson. « Joe Dispenza souligne que 80 % de nos pensées sont les mêmes. Il est important d’enseigner à nos patients à apprendre à changer leurs pensées et à dire non à leurs proches. Au lieu de penser à leurs problèmes, je leur demande ce qu’ils feraient s’ils étaient en bonne santé. »
Pour plus de détails, lire Champs électromagnétiques : douze façons de se protéger.
Dans la 4e et dernière partie de cette série, lire la synthèse de la conférence présentée par Dre McCarter à l'EMF Conference.