José Lévesque est en deuil de son chat Berliose, mort récemment. Son fidèle ami l’avait accompagné alors que ce technicien en télécommunications était très malade. « En 2009, j’ai dû quitter mon emploi car j’étais devenu très électrosensible. C’était difficile d’accepter la situation et toutes les douleurs que je vivais. J’étais très déprimé à cause du manque de soutien du système de santé et de l’humiliation causée par un médecin de la Santé publique qui m’a recommandé de me faire soigner en psychiatrie. »
José avait la chance d’être soutenu par sa femme et ses enfants, mais le jour il était seul avec Berliose. « Il était toujours là et très près de moi. Sa présence m’a fait beaucoup de bien. Je crois en la zoothérapie. »
Avec toute la souffrance et les insultes qu’il a endurées, José m’impressionne par son calme, sa résilience, son attitude positive et sa générosité. Selon les dires d’une personne très atteinte d’électrohypersensibilité (EHS), José serait l'un des cas d’EHS les plus graves au Québec. Je ne peux pas le contredire. Aujourd’hui, José est vice-président du Rassemblement Électrosensibilité Québec et il a pris du mieux au point d’avoir réintégré le marché du travail. Il a fondé sa propre entreprise, Vert-Techno, pour offrir des produits et services sans danger pour sa santé et celles de ses clients. Il préconise le câblage des immeubles et appareils afin de se passer du Wi-Fi qui est plus lent et moins cybersécuritaire que les solutions filaires de pointe, comme le câble et la fibre optique.
Des symptômes handicapants
Depuis un accident de travail subi en installant de puissants téléphones sans fil commerciaux, José souffre de nombreux symptômes qui surviennent lorsqu’il est surexposé aux micro-ondes pulsées émises par les antennes et autres appareils de télécommunication sans fil. Voici son témoignage.
« Les trois premiers sont le point de départ, mais ne se présentent pas dans l'ordre :
- douleur spontanée aux oreilles;
- élancement spontané dans la tête;
- pression dans la tête avec engourdissement du côté droit du visage et acouphène.
Ensuite les symptômes suivants se présentent plus ou mois dans l'ordre selon la durée, la puissance et le type d'exposition :
- inflammation du cerveau ou d'un élément contenu dans la tête;
- maux de tête;
- pression dans les sinus;
- perte de concentration;
- vertige;
- intense fatigue jusqu’à épuisement complet ou je m’évanouis presque;
- saignement de nez.
Après tout ça, ce sont des symptômes d'ischémie cérébrale transitoire [pouvant mener à un grave accident vasculaire cérébral]. La dernière était en juillet 2019 après plusieurs jours ou je me suis sur exposé par concours de circonstances et obligation. J'ai perdu la vision du côté gauche et suis devenu incapable de lire le texte à mon ordinateur. J'avais le vertige et pour un bon 10 minutes je regardais le téléphone et je ne me souvenais plus comment composer le 911. Dans les heures qui ont suivi, c’était comme si je venais de recevoir un gros coup sur la tête. J'ai consulté au privé et ils m'ont donné un rendez-vous pour un scan. Sérieusement? Un électrosensible dans un scan, dans un hôpital Wi-Fi ! C'est à cause de trois jours dans le Wi-Fi à temps partiel que je me suis retrouvé dans cette situation. De toute manière, le rendez-vous pour le scan est arrivé cinq mois plus tard, donc inutile. Avec l'aide de produits de santé naturel, j'ai pris trois mois à me remettre de cette situation. Durant cette période, il m'était encore plus difficile de lire et d'écrire. Le temps pour assimiler les choses nouvelles était plus lent au début et je suis resté engourdi du côté droit de la colonne vertébrale plusieurs mois de manière décroissante. Encore aujourd'hui, la lecture est lente et difficile. »
Historique des bioeffets des ondes
Encore méconnue aujourd'hui, l’intolérance électromagnétique est aussi vieille que l’homme, celui-ci ayant toujours réagi à l’électricité statique naturelle. Pour découvrir ses effets biologique, lire le livre Les baromètres humains Comment la météo nous influence - Santé, humeur, crime, suicide, du biométéorologue québécois Gilles Brien. En 2006, des biologistes français ont démontré qu'exposer un plant de tomates pendant 10 minutes à un rayonnement représentatif de celui d'un téléphone cellulaire représente un stress qui induit une réponse moléculaire très rapide dans la plante. De même, selon divers facteurs, « en général, l'exposition à court terme à un faible rayonnement de micro-ondes peut temporairement stimuler certaines fonctions immunitaires humorales [sanguines] ou cellulaires, tandis que l'irradiation chronique inhibe les mêmes fonctions », écrit le radiobiologue slovaque Igor Belyaev dans le livre Mobile Communications and Public Health. Les divers effets biologiques des radiofréquences sont documentés dans le rapport BioInitiative.
Selon l'épidémiologiste américain Dr Samuel Milham, auteur du livre Dirty Electricity - Electrification and the Diseases of Civilization, l'incidence des maladies cardiaques, du cancer et du diabète a augmenté différemment, entre les villes et les campagnes américaines jusqu'en 1956, selon leur degré d'électrification. « Une grande proportion de ces maladies serait donc évitable » car non liée au style de vie, postule-t-il dans un article paru dans la revue Medical Hypotheses. Qui plus est, dès les années 1950 plusieurs cliniques médicales furent établies en Union soviétique et en Europe de l’Est pour étudier et traiter des milliers de travailleurs affectés par ce qui fut alors nommé la « maladie des micro-ondes ». « Ces patients ont fabriqué, inspecté, réparé ou utilisé de l’équipement émettant des micro-ondes », raconte sur son site cellphonetaskforce.org Arthur Firstenberg, auteur du livre The Invisible Rainbow qui raconte l’histoire des effets biologiques de l’électricité.
Comment José Lévesque se protège
Tout comme chez plusieurs téléphonistes et opérateurs de télégraphe ou de radar, la surexposition aux ondes déclenche donc chez José Lévesque une cascade de symptômes très pénibles. Mais dernièrement, il a pris du mieux, notamment en améliorant la qualité de son alimentation (lire le Guide alimentaire rajeunissant d'Alain Paquette) et en prenant de l’Immunocal, un isolat protéique de lactosérum breveté bien connu des athlètes, qui s’en servent pour récupérer rapidement après un effort. Selon plusieurs études scientifiques, il s'agit d'un précurseur de glutathion, un antioxydant qui combat les radicaux libres potentiellement toxiques pour nos cellules corporelles. Comme l’explique le site de l’organisme Parkinson Québec : « En plus d’être un antioxydant, le glutathion peut soutenir les mitochondries – les producteurs d’énergie de la cellule. Cela pourrait empêcher la mort cellulaire, ce qui signifie que le glutathion pourrait éventuellement agir comme agent “neuroprotecteur” – et ultimement ralentir ou arrêter la progression de la maladie de Parkinson. »
José précise : « Je prends au moins deux sachets d'Immunocal et un Immunocal Booster par jour, des vitamines E et D, des omégas 3. J'ai pris de l'aspirine préventive quand je sentais la pression montée dans la tête, pour éclaircir le sang, et de la papaye fermentée quelque temps. Maintenant je prends des capsules de Curcum-Evail qui agit comme anti-inflammatoire et fluidifie le sang. Ainsi je n'ai pas à prendre de l'aspirine. »
José a aussi été très surpris quand je lui ai prêté une pyramide de pierre de shungite, qu’il a par la suite mise sous son siège dans son camion. Après une longue journée sur la route et au travail, il se sentait moins fatigué, et le lendemain, il n’a pas saigné du nez comme auparavant, quand il était beaucoup exposé au rayonnement de micro-ondes pulsées notamment émises par les antennes et téléphones cellulaires ou les routeurs Wi-Fi. « Quand je saignais du nez, c’était bon signe, parce que ça baissait la pression dans mon cerveau enflé qui me faisait souffrir. »
Bien que sa souffrance soit moindre qu’autrefois, il dit encore devoir se protéger des ondes, notamment avec des vêtements filés d’argent qui les réfléchit. « Le Wi-Fi me fait toujours souffrir et les conséquences invalidantes durent longtemps. Cependant, contrairement au passé, avec des vêtements de protection je suis en mesure de faire de la route pour le travail et d’entrer dans un restaurant ayant du Wi-Fi, commander un café et ressortir sans que cela détruise le reste de ma journée. J’ai des conséquences neurologiques, mais leurs effets durent moins longtemps. À quelques exceptions près, j’exige toujours que les gens éteignent leurs appareils, sans quoi je ne fais pas le travail. Les appareils ne pouvant être éteints, je les blinde pour atténuer leurs émissions. Ça réduit ainsi les conséquences. J’accepte parfois certains désagréments, car je dois payer les factures pour continuer à rester à l’abri des ondes dans ma maison. »
Pour conclure, il lance un message aux décideurs pour qui les preuves scientifiques sont insuffisantes pour appliquer le principe de précaution : « L'EHS, ça se ressemble toujours comme processus de déclenchement et finalité. C'est évident et reproductible. Ce serait donc mesurable avec la collaboration des professionnels de la Santé publique qui veulent sincèrement faire une approche d'investigation. Chercher à savoir pourquoi et comment les réactions s'enchainent ainsi, au lieu de juste chercher à nier le phénomène qui est bel et bien présent dans ma vie et celle de nombreuses personnes. Chaque personne EHS ne vit pas exactement les mêmes symptômes. Cependant, pour chacune d'entre elles il y a un processus de déclenchement redondant. Les tests doivent être adaptés à la réalité de ce que vit le patient. »
2e partie : Reconnaissance de l'électrohypersensibilité
Pour plus de détails, lire Champs électromagnétiques : douze façons de se protéger.