Nous avons fait remplacer notre fenêtre de salon, en fibre de verre fini en bois à l'intérieur, par une fenêtre aux mêmes matériaux de cadrage mais beaucoup plus performante. La fenêtre existante, de marque Intégrité fabriquée aux États-Unis par Marvin, perd environ trois fois plus de chaleur que celle de la nouvelle, la série 925 L de Serious Windows, un des plus grands fabricants américains de matériaux de construction. L'Intégrité, au vitrage double rempli de gaz argon et doté d'un enduit à faible émissivité Lowe E II a un coefficient de transfert thermique (valeur U impériale) maximal de 0,28 équivalant à une résistance thermique de R-3,57, cadre inclu. Ceci comparativement à 0,11 (U métrique de 0,625 ou R-9,1) pour une 925 L fixe de 60 x 60 pouces. « Plus le facteur U est faible, plus le transfert d'une zone chaude à une zone froide se fait lentement », explique l'Office de l'efficacité énergétique de Ressources naturelles Canada. Notre fenêtre de salon est orientée à l'est et fait face au lac Lucerne. Elle perd beaucoup de chaleur car elle est très grande très grande (94 x 57 pouces) et est souvent balayée par le vent froid et humide du nord-est. J'ai surtout décidé de la remplacer pour augmenter mon confort car elle est située derrière le divan sur lequel je m'assoies pour regarder la télé.
Ce que nous perdrons en gains solaires (coefficient d'ombrage de 0,22 au lieu de 0,34) et en transmission de la lumière visible (0,38 au lieu de 0,58) est surpassé de loin par la valeur isolante et le confort de notre quadruple vitrage (deux films faible émissivité suspendus entre deux verres). De plus, les trois espaces ainsi créé entre les verres ont été remplis de krypton, gaz plus isolant que l'argon.
Les fenêtres Serious étaient vendues au Québec par les Fenêtres Formida qui a fermé ses portes. Selon le directeur des fenêtres Formida, Christopher Sweetnam-Holmes d'ÉcoCité, promoteur du triplex solaire Abondance Montréal à consommation annuelle d'énergie nette zéro, notre fenêtre de salon a un rendement énergétique annuel (RE) de 38 points sur un maximum possible de 52. Fin 2012, Serious vendait son usine de fenêtres à la compagnie Alpen High Performance Products qui lui avait vendu cette technologie. Le distributeur local des fenêtres Alpen est Vue Windows, établi à Ottawa.
La qualité de l'installation est critique
Par ailleurs, une fenêtre au rendement énergétique supérieur ne sera utile que si elle est bien installée. À ce sujet, je viens de relire une synthèse d'étude que j'ai écrite pour la Société canadienne d'hypothèques et de logement il y a une douzaine d'années, intitulée Conception de joints durables entre les fenêtres et les murs. Signé par les firmes québécoises Air-Ins et le Groupe Pétrone en 1999, ce rapport de recherche souligne qu'une installation déficiente des portes et fenêtres peut « engendrer plusieurs problèmes plus ou moins importants : infiltration et exfiltration d’air et du son, pénétration de la pluie, réduction des propriétés isolantes de matériaux, inconfort, hausse des coûts de chauffage, détérioration des finis intérieurs et condensation pouvant à la limite entraîner la croissance de moisissures toxiques pour les habitants ainsi qu’une détérioration majeure de l’enveloppe ».
Je vous recommande fortement de lire cette synthèse dont voici certains des passages les plus importants :
• Le caractère primordial de la continuité du système pare-air mural, et particulièrement à la liaison fenêtre versus gros oeuvre, est souvent mal compris et mal appliqué par les concepteurs et constructeurs de bâtiments. Pourtant, en appliquant la norme canadienne d’installation des fenêtres CSA A440.4, publiée en 1998, il est possible de concevoir et de réaliser des joints efficaces pour la duré de vie utile de l’enveloppe du bâtiment, soit pour plus de 25 ans.
• Comme le PVC travaille en moyenne trois fois plus que l’aluminium et 10 fois plus que le bois, la largeur du joint périmétrique doit varier en fonction du matériau constituant le dormant de la fenêtre ainsi que le gros oeuvre.
• Le silicone est le mastic le plus élastique. Pour éviter de fissurer, le mastic doit seulement adhérer sur les deux surfaces latérales du joint et non la surface de fond.
• Un fond de joint à cellule fermée, soit une tige de polyéthylène dont la compression initiale lors de la mise en oeuvre sera de 25 à 35 %, doit être utilisé pour éviter que le mastic soit soumis à la tension créée par son adhésion à une troisième surface. Un ruban adhésif de polyéthylène pourra être inséré lorsque la profondeur du joint empêche l’insertion d’une telle tige.
• Le placement des cales est critique. En général, à moins d’avis contraire du fabricant, on ne placera pas de cale à la tête de la fenêtre, ce qui permettra un jeu vers le haut quand la fenêtre se dilate. • Avant d’ancrer la fenêtre, il faut s’assurer que le vitrage extérieur est placé au même niveau que l’isolant mural et jamais à l’extérieur de celui-ci, pour le garder le plus chaud possible; en plus de maximiser le confort et de limiter les coûts de chauffage de la maison, un vitrage plus chaud risque moins de condenser.
• À moins que le fabricant le recommande, on évitera d’ancrer la tête de la fenêtre pour lui permettre de se dilater vers le haut en été sans transférer la charge au linteau. Celui-ci supporte la charge au-dessus de la fenêtre mais celle-ci ne doit pas le supporter. Sur les côtés, la fenêtre est ancrée dans les cales à l’aide de vis ou de lamelles métalliques, jamais avec des clous. Le PVC est fixé avec un ancrage sur charnière permettant un mouvement important. Au niveau du seuil, on peut se passer d’ancrage à condition que la taille de la fenêtre ne dépasse pas 1 600 mm dans le cas du PVC. L’ancrage du seuil est nécessaire quand la fenêtre dépasse 2 à 3 mètres dans le cas du bois, de l’aluminium et de la fibre de verre.
• L’isolation thermique de l’espace entre le gros oeuvre et la fenêtre est une fonction importante dans l’ensemble d’un joint. Lorsqu’on utilise de la fibre de verre, il faut éviter de la comprimer dans la fente, ce qui atténuera sa capacité isolante. Surtout, il ne faut pas confondre la fonction d’isolant avec celle d’étanchéité à l’air ou à la vapeur d’eau. L’isolant obstrue partiellement le passage de l’air mais il n’assure pas l’étanchéité désirée.
• Il est nécessaire d’assurer la continuité du pare-air, que celui-ci soit placé à l’intérieur ou à l’extérieur du mur, par exemple en reliant l’intérieur de la fenêtre avec le matériau pare-air. On pourra par exemple utiliser une membrane auto-collante ou un polyoléfine (matériau pare-air hydrofuge) collé pour relier le pare-air à la fenêtre.
• Noter que la mousse de polyuréthane agit à la fois comme isolant et comme pare-air à condition d’adhérer à la fenêtre en permanence. En général, ce produit est déconseillé pour la menuiserie de PVC ou d’aluminium, car il y aura fissuration de liaison, soit par manque d’adhésion (consulter le fabricant) ou parce que l’isolant ne suivra pas le mouvement de contraction de la fenêtre en hiver. Par ailleurs, afin d’éviter de provoquer des déformations du dormant lors du mûrissement de la mousse qui gonfle, celle-ci doit posséder un faible coefficient d’expansion et être appliquée en deux minces couches. Enfin, comme le polyuréthane ne laisse pas passer l’eau, éviter de l’utiliser au niveau d’un seuil de bois qui risquerait alors de pourrir s’il y avait accumulation d’eau. D’ailleurs, il est sage d’incliner le sous-seuil vers l’extérieur pour drainer l’eau par gravité.
En conclusion, rappelons qu’une bonne conception des joints est essentielle pour optimiser la pose de fenêtres et qu’il faut toujours suivre les recommandations du fabricant afin d’optimiser la résistance du mastic et ainsi protéger l’enveloppe du bâtiment à long terme.