Par Bhavini Patel

Testez d'abord vos connaissances !

#1 - Laquelle des affirmations suivantes est vraie ?
a) La surpopulation est responsable du réchauffement climatique.
b) Le réchauffement de la planète commencera vers l'an 2050.
c) Il est trop tard pour réparer le climat ; tout ce que nous pouvons faire, c'est essayer de nous adapter.
d) La surconsommation contribue au changement climatique.

#2 - Lequel des éléments suivants est en grande partie responsable de la crise climatique actuelle ?
a) Les multiples éruptions volcaniques dans le monde
b) L'activité humaine
c) Les changements des niveaux d'oxygène dans le monde
d) Les astéroïdes

#3 - Laquelle des affirmations suivantes est vraie ?
a) L'individu moyen est à blâmer pour le problème de surconsommation.
b) Les conditions météorologiques extrêmes et la diminution des réserves alimentaires toucheront surtout les personnes défavorisées.
c) L'activité humaine n'est pas assez forte pour provoquer de grands changements dans le climat.

#4 - Laquelle des affirmations suivantes n'est pas une conséquence du réchauffement climatique ?
a) Des conditions météorologiques extrêmes
b) Diminution des réserves alimentaires locales
c) De grandes migrations humaines
d) Toutes les réponses ci-dessus sont des conséquences du réchauffement climatique.

#5 - Où va l'excès de CO2 ?
a) Dans l'atmosphère
b) Les océans
c) Evacué dans l'espace
d) A et B

RÉPONSES : 1. d ; 2. b ; 3. b ; 4. d ; 5. d.

Mythe 1 : le changement climatique est un processus naturel, il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter.
La plupart des changements historiques du climat mondial résultent de phénomènes naturels tels que les éruptions volcaniques, les changements dans les niveaux d'oxygène, les astéroïdes ou les comètes, et la compétition entre les espèces (Stern et Kaufmann, 2014). Mais aujourd'hui, le changement climatique est causé et aggravé par l'activité humaine - un effet qui a commencé dans les années 1760 avec la naissance de la période industrielle.
Le graphique suivant montre l'évolution des niveaux mondiaux de CO2 (en bleu) et des températures (en rouge) au fil des siècles. Notez qu'entre 1750 et 2000, les niveaux de CO2 et les températures augmentent de manière exponentielle; ce n'est pas une coïncidence.

American Chemical Society, Climate Has Changed Before. https://www.acs.org/climatescience/climatesciencenarratives/climate-has-changed-before.html

 

Mythe 2 : La Terre est surpeuplée; c'est là le problème.
La période industrielle a conduit à des économies prospères, mais elle s'est également accompagnée d'une ère scientifique révolutionnaire qui a prolongé la durée de vie humaine et diminué les taux de mortalité. En conséquence, la population mondiale a plus que quadruplé entre 1800 et 2000 (voir figure 1).

Figure 1 : Notre monde en données basées sur HYDE, l'ONU et la Division de la population de l'ONU [Révision 2019].  https://ourworldindata.org/world-population-growth





En soutenant ce mythe, les gens supposent que plus de personnes équivaut à une plus grande utilisation des ressources, mais les scientifiques affirment que ce n'est pas une cause du changement climatique (Jorgenson et al., 2019; Weber et Sciubba, 2018). Ils affirment que des ressources plus que suffisantes existent pour satisfaire les besoins de chaque humain sur cette planète. Le véritable problème est la surconsommation, et les grandes entreprises et les riches individus en sont d'immenses contributeurs (Stuart et al., 2020).

Mythe 3 : Le réchauffement climatique ne nous affectera qu'à partir de 2050.
Entre les années 1970 et 2010, la plupart des écoles ont enseigné aux enfants que le réchauffement climatique est un problème futur. Cela pouvait sembler être le cas à l'époque, mais avec les données croissantes, nous savons que ce fait ne tient plus. Le réchauffement climatique est un problème actuel, et des travaux scientifiques plus récents confirment que l'échéance à laquelle nous devons corriger la situation se rapproche de manière menaçante (Pörtner et al., 2022). 



Mythe 4 : Nous nous adapterons au changement climatique comme nous nous adaptons à tout le reste.
Les êtres humains ont l'incroyable capacité de s'adapter aux changements de leur environnement, c'est-à-dire de leur climat local. Cette capacité, associée à l'utilisation de la technologie, peut offrir des possibilités encore meilleures d'adaptation et de survie dans des conditions extrêmes. Par exemple, nous pouvons construire des abris pour échapper au froid, des systèmes de refroidissement de l'air pour résister à la chaleur et des barricades autour des villes côtières pour atténuer les effets des inondations.
Tout cela est formidable, et l'extinction de notre espèce n'est heureusement pas pour demain, mais cela ne signifie pas que nous sommes à l'abri. Les climatologues prévoient que de nombreuses régions, notamment en Asie du Sud et au Moyen-Orient, risquent de devenir inhabitables en raison de phénomènes météorologiques extrêmes et du manque de nourriture et de sources d'eau (Busby, 2021). Pour ceux qui ne sont pas en mesure de se déplacer, la diminution des réserves alimentaires locales et l'impossibilité de se procurer des produits importés se traduiront par une détérioration de la santé (Richards et al., 2021).

Source : The Global Wealth Pyramid: An overview of global wealth distribution in 2021, 2022 Global Wealth Report, du Crédit Suisse.

Des plans d'adaptation au climat sont déjà en cours d'élaboration dans de nombreux pays, mais cela ne garantit pas une fin heureuse pour tous. Le problème est le suivant : les personnes jouissant de privilèges financiers s'en sortiront mieux que les communautés défavorisées qui devront probablement faire face à des pertes importantes. Par exemple, déménager dans des régions plus sûres et avoir accès à des sources stables d'approvisionnement en nourriture nécessitent une bonne dose de sécurité financière, un luxe que 53 à 87 % du monde ne possède pas (Global Wealth Report 2022, Credit Suisse).

Mythe 5 : Il est déjà trop tard pour réparer le climat.
Si le mythe précédent était excessivement optimiste, celui-ci est particulièrement cynique. Heureusement, ce n'est pas encore la fin du monde et, grâce à des mesures appropriées, nous pouvons relever les défis du changement climatique et même éviter des conséquences plus graves.

Pas encore convaincu ? Dans les années 1990, la nouvelle du trou croissant dans la couche d'ozone a fait la une de tous les journaux, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les gens ont paniqué.
En 2018, à la surprise générale, des scientifiques ont annoncé que la couche d'ozone se régénérait et que le trou se réduisait lentement (Petrescu et al., 2018). Qu'est-ce qui a provoqué cette réversion ? Les protocoles climatiques et les mesures prises en temps opportun, comme l'interdiction des gaz réfrigérants à base de chlorfluorocarbones (CFC).

Pour obtenir des changements positifs sur le climat, nous devons nous orienter vers des modes de vie durables et plaider pour des pratiques écologiques dans tous les secteurs d'activité : il n'est pas trop tard.

Mythe 6 : L'utilisation de plastiques n'a rien à voir avec le changement climatique.
La production de masse de plastique nécessite des quantités massives d'argent, d'énergie et de surface pour son élimination après utilisation. Il est bien connu que les plastiques ne sont pas biodégradables, mais ils émettent également des gaz à effet de serre lorsqu'ils se décomposent lentement (Shen et al., 2020).
L'île aux ordures - un ensemble de plastique et d'autres débris flottant dans l'océan Pacifique Nord - représente une autre grande préoccupation, à savoir ses effets sur la vie marine (Huang, 2017). Une étude récente a révélé que le zooplancton subit de graves dommages suite à l'ingestion de plastique (He et al., 2021).
Ces créatures contribuent à absorber le CO2, ce qui empêche les océans de s'acidifier et de constituer une menace mortelle pour les autres formes de vie marine. Avec leur disparition, le problème de l'excès de CO2 n'est pas résolu. 

Mythe n° 7 : le CO2 ne peut pas provoquer de réchauffement climatique si les plantes s'en nourrissent.
Le dioxyde de carbone est omniprésent dans l'environnement; les plantes en dépendent pour alimenter la photosynthèse. En quantités excessives, cependant, le dioxyde de carbone perturbe la photosynthèse, nuit à la croissance des plantes et affecte les fonctions physiologiques (Chaudhry et Sidhu, 2022).
Tous ces changements multiplient les conséquences négatives du réchauffement climatique car ils rendent les plantes incapables d'absorber le CO2 atmosphérique de manière adéquate.
Où va cet excès de CO2 ? En termes simples, il reste dans l'atmosphère ou se dissout dans les océans où il se transforme en acide carbonique et entraîne l'acidification des eaux (Doney et al., 2020).



Mythe 8 : Le climat ne peut pas se réchauffer parce qu'il fait toujours froid là où je vis.
Lorsque nous comparons deux endroits du globe qui sont éloignés l'un de l'autre (par exemple, le Canada et l'Éthiopie), nous comparons essentiellement des pommes et des oranges. Il fera toujours froid (ou plus froid) dans un endroit par rapport à un autre, simplement en raison de leur situation géographique. 

Figure 2: Ce graphique montre l'évolution de la couche de glace dans la mer Antarctique au cours des dernières années. Comme on peut le voir, l'étendue de la glace de mer diminue d'année en année (NOAA Climate.gov).

 

Pour dresser un tableau précis, nous devons comparer les températures d'un endroit avec celles du même endroit les années précédentes. Par exemple, l'Antarctique oriental - également connu comme l'endroit le plus froid de la Terre - est un endroit où les scientifiques surveillent les températures depuis des décennies (Turner et al., 2020). Leurs observations révèlent des tendances alarmantes illustrées dans les figures 2 et 3 ci-contres.

Figure 3 : Ce graphique présente les températures moyennes de la surface de la mer dans l'océan Austral autour de l'Antarctique de 1850 à 2017. Cette analyse a été réalisée par Climate Reanalyzer au Climate Change Institute de l'Université du Maine (NOAA Climate.gov).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Références
American Chemical Society, Climate Has Changed Before. https://www.acs.org/climatescience/climatesciencenarratives/climate-has-changed-before.html

Busby, J. W. (2021). Beyond internal conflict: The emergent practice of climate security. Journal of Peace Research, 58(1), 186-194. https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0022343320971019

Chaudhry, S., & Sidhu, G. P. S. (2022). Climate change regulated abiotic stress mechanisms in plants: a comprehensive review. Plant Cell Reports, 41(1), 1-31.

Credit Suisse. Global Wealth Report. https://www.credit-suisse.com/about-us/en/reports-research/global-wealth-report.html

Doney, S. C., Busch, D. S., Cooley, S. R., & Kroeker, K. J. (2020). The impacts of ocean acidification on marine ecosystems and reliant human communities. Annual Review of Environment and Resources, 45(1).

Gouvernement du Canada (28 mars 2019). Causes des changements climatiques. https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques/causes-effets.html 

He, M., Yan, M., Chen, X., Wang, X., Gong, H., Wang, W., & Wang, J. (2021). Bioavailability and toxicity of microplastics to zooplankton. Gondwana Research. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1342937X21002252

Huang, M. N. (2017). Ecologies of entanglement in the great pacific garbage patch. Journal of Asian American Studies, 20(1), 95-117. https://muse.jhu.edu/article/647481

Jorgenson, A. K., Fiske, S., Hubacek, K., Li, J., McGovern, T., Rick, T., Schor, J. B., Solecki, W., York, R., & Zycherman, A. (2019). Social science perspectives on drivers of and responses to global climate change. WIREs Climate Change, 10(1), e554. https://doi.org/10.1002/wcc.554

National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA Climate.gov, Antarctica is colder than the Arctic, but it’s still losing ice, consulté le 1er janvier 2023 https://www.climate.gov/news-features/features/antarctica-colder-arctic-it%E2%80%99s-still-losing-ice

Organisation des Nations unies, Un élan démographique, consulté le 1er janvier 2023 https://www.un.org/fr/global-issues/population

Petrescu, R. V., Aversa, R., Apicella, A., & Petrescu, F. I. (2018). NASA sees first in 2018 the direct proof of ozone hole recovery. Journal of Aircraft and Spacecraft Technology, 2(1), 53-64. https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3184270

Pörtner, H. O., Roberts, D. C., Adams, H., Adler, C., Aldunce, P., Ali, E., ... & Birkmann, J. (2022). Climate change 2022: Impacts, adaptation and vulnerability. IPCC Sixth Assessment Report. https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/

Richards, C. E., Lupton, R. C., & Allwood, J. M. (2021). Re-framing the threat of global warming: an empirical causal loop diagram of climate change, food insecurity and societal collapse. Climatic Change, 164(3), 1-19. https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-021-02957-w

Shen, M., Huang, W., Chen, M., Song, B., Zeng, G., & Zhang, Y. (2020). (Micro) plastic crisis: un-ignorable contribution to global greenhouse gas emissions and climate change. Journal of Cleaner Production, 254, 120138. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652620301852

Stern, D. I., & Kaufmann, R. K. (2014). Anthropogenic and natural causes of climate change. Climatic change, 122(1), 257-269. https://www.researchgate.net/publication/259634303_Anthropogenic_and_natural_causes_of_climate_change

Stuart, D., Gunderson, R., & Petersen, B. (2020). Overconsumption as Ideology, Nature and Culture, 15(2), 199-223. Retrieved Nov 12, 2022, from https://www.berghahnjournals.com/view/journals/nature-and-culture/15/2/nc150205.xml

Turner, J., Marshall, G. J., Clem, K., Colwell, S., Phillips, T., & Lu, H. (2020). Antarctic temperature variability and change from station data. International Journal of Climatology, 40(6), 2986- 3007. https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/joc.6378

Weber, H., & Sciubba, J. D. (2018). The Effect of Population Growth on the Environment: Evidence from European Regions. European journal of population = Revue europeenne de demographie, 35(2), 379–402. https://doi.org/10.1007/s10680-018-9486-0

Écrit, traduit et conceptualisé par Bhavini Patel
Édité et corrigé par Rohini Peris
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