Publié le 2016-09-21
Mis à jour le 3 octobre 2022
À lire
Maison Ozalée, premier bâtiment « passif certifié » au Québec!
Maison Ozalée : bilan de l'architecte
C'est le rêve de tout constructeur de maison écologique hyper performante.
« Mes clients étaient convaincus dès le départ car ils étaient déjà familiers avec le standard Passivhaus et voulaient absolument viser et obtenir cette certification. Chaque fois qu'ils avaient une crainte ne pas l'obtenir, ainsi que la certification LEED, ils ont poussé très fort pour avoir les deux! C'étaient d'excellents clients, très motivés et très exigeants », raconte Richard Price, propriétaire de Construction Le Tournesol, de Vaudreuil-Dorion.
Fougueux et très motivés, les initiateurs du projet, Damien et Déborah Chaveron, sont des Français d'origine établis avec leurs deux enfants à Montréal depuis 2012. « On avait vraiment envie d'une maison saine, écologique et écoénergétique, relate Déborah qui attend un troisième enfant. Notre fil conducteur n'a pas dérogé à cette idée. On a appris beaucoup de choses dans cette aventure. » Suite à une consultation avec l'architecte Lucie Langlois pour valider le potentiel du site, ils ont acquis à Ahuntsic un bungalow bâti dans les années 1950 avec des murs en bois massif (carré de madrier) de 3 à 3,5 po d'épaisseur. Aussi bien dire inconfortable et énergivore. Heureusement, la cour arrière est orientée au sud et très dégagée, leur premier critère car ils voulaient profiter du chauffage solaire passif tout en ajoutant un étage à la maison.
Cette rénovation était hyper ambitieuse car, pour recevoir la certification Passivhaus, la maison ne devait consommer que 15 kWh/m2 de chauffage, soit environ 90 % de moins qu'une maison neuve! De plus, l'étanchéité ne peut dépasser 0,6 changement d'air à l'heure (CAH) à 50 pascals (Pa), comparativement à 3 CAH à 50 Pa pour une maison moyenne. « Une rénovation majeure, dit Richard Price, une reconstruction en fait, c'est vraiment un défi. C'est pas comme commencer à neuf, quand on peut vraiment intégrer l'idée des maisons passives dès le début. La construction neuve aurait été plus simple que d'enrober le bâtiment existant avec un système d'isolation étanche. » Mais pour construire une maison unifamiliale à Montréal, la rénovation était la seule solution envisageable. Lucie Langlois, qui dirige la firme Alias Architecture, avait suggéré d'opter pour la certification EnerPHit pour les rénovations — moins exigeante à 25 kWh de chauffage/m2/an et une étanchéité de 1 changement d'air à l'heure à 50 pascals (1 CAH à 50 Pa), mais Damien et Déborah tenaient à obtenir la certification Passivhaus « pure ». Malgré tout, l'équipe a obtenu une excellente étanchéité de 0,39 CAH à 50 Pa et une consommation de chauffage prévue de 14 kWh/m2. Ceci en prenant grand soin de bien sceller l'enveloppe et en triplant la quantité d'isolation comparativement à une maison classique.
Premier concept
La limite de 15 kWh/m2 était particulièrement difficile à atteindre dans cette maison avec la configuration existante. Le premier concept travaillé par l'architecte consistait à éliminer une partie du sous-sol dont les propriétaires ne savaient que faire et à amener une partie du plancher en plain pied avec un plafond plus haut dans le séjour. « Mais cela réduisait la superficie de calcul, explique Lucie Langlois. Nous étions alors pénalisés par une plus petite superficie 'traitée' (2 400 pi2 ou 223 m2 excluant les murs extérieurs, divisions intérieures, escaliers et une partie de la salle mécanique). Le plafond plus haut et les aires ouvertes autour de l'escalier en paliers donne plus de volume à chauffer dans la simulation énergétique PHPP (Passive House Planning Package).
« Avec cette première version préliminaire, pour atteindre la performance désirée, nous aurions dû ajouter 3 po de plus d'isolation partout aux murs, ajoute Lucie Langlois. La hauteur du bâtiment permise par la ville limitait la quantité d'isolation possible au toit et la hauteur minimale du plafond du sous-sol [exigée par le budget énergétique Passivhaus] limitait l'épaisseur de l'isolant sous la dalle. Au départ nous voulions conserver la dalle existante et avions prévu l'isolant rigide HD par-dessus. Mais finalement au chantier nous avons dû casser la dalle qui était trop endommagée et avons mis un peu plus d'isolant en dessous de la nouvelle dalle. »
L'architecte a donc retravaillé les plans en conservant presque tout le sous-sol à la demande des clients qui étaient prêts à un tel compromis pour arriver à la certification. La superficie de calcul étant augmentée (2 850 pi2 ou 265 m2) pour une consommation similaire, le projet devenait certifiable puisque la consommation est calculée par rapport à la superficie. « Nous avons ici un exemple de la limite de cette approche ; jusqu'où doit-on faire des compromis sur le design et la fonctionnalité ? » « Faire une petite maison certifiée Passivhaus dans notre climat, c'est un défi supplémentaire, commente Déborah. Nous rebondissons avec la grande taille du sous-sol qui a déjà servi par exemple, pour donner un atelier en permaculture à 15 personnes! On lui donne une dimension plus communautaire, et ça nous plait vraiment! »
Pour son premier chantier passif, l'entrepreneur Richard Price, qui est certifié consultant en maisons passives (Certified Passive House Consultant ou CPHC) par le Passive House Institute (PHI) allemand depuis 2013, était associé à une équipe du tonnerre comprenant trois concepteurs certifiés par le Passive House Institute. Il a été référé par l'architecte Lucie Langlois, présidente et cofondatrice de l'organisme de promotion Maison passive Québec ainsi que designer certifiée en maisons passives CPHD (Certified Passive House Designer). Anne Winkelmann, ingénieure en structure, CPHD, s'est également jointe à l'équipe pour travailler les jonctions avec la structure afin d'éliminer les ponts thermiques. « C'était une belle équipe, nous avions une belle confiance eux et nous avons réalisé notre rêve de partenariat, dit Déborah. Nous savions que nous étions avec les bonnes personnes qui partageaient nos valeurs. Lucie y a mis beaucoup d'énergie et a même donné beaucoup de son temps, tout comme Richard qui est honnête, fiable et perfectionniste comme mon mari. » Richard est même devenu un ami. « Nos enfants jouent ensemble et Richard et Damien vont faire de la plongée ensemble. Ça va donc plus loin que la maison! »
Le chantier a débuté en août 2015 et pour l'essentiel a duré dix mois, mais entre temps la famille est déménagée dans la maison en mars dernier. Voici les détails de cette réalisation et les leçons que l'entrepreneur et les clients en ont tirées.
Les fondations existantes ont aujourd'hui une résistance thermique de R-72. Elles ont été recouvertes par l'extérieur de 12 pouces de polystyrène expansé (PSE) fabriqué à Granby par Polyform, pionnier du recyclage du PSE, d'une membrane Nudura, et d'un crépi. Du côté intérieur, Richard Price a posé 2 pouces de PSE et des montants 2x4 permettant de poser des nattes de laine verre de marque EcoBatt, de Knauf, puis un pare-vapeur, des fourrures 1x4 (pour créer un espace d'air isolant et protégeant le pare-vapeur), puis un gypse 1/2 po. « J'ai choisi la laine Ecobatt car elle son liant est végétal plutôt qu'à base de phénol formol, ni colorant (elle est brun-gris). De plus, elle est fait de verre recyclé avec des fibres plus longues qui sont moins irritante. Elle se coupe un peu mieux qu'une laine de verre classique. » La nouvelle dalle de béton a été coulée sur 6 po de polystyrène extrudé (R-30).
Les nouveaux murs hors sol sont un peu moins isolants, soit R-65. Pourquoi, quand on sait que le sol isole les fondations? « Cela permettait de mieux aligner le mur de fondation et le mur extérieur, explique Lucie Langlois. La quantité d'isolation pour chaque paroi est déterminée selon les contraintes variées propres à chaque projet. » De l'extérieur, les murs comprennent un revêtement de bois, une fourrure créant un espace de drainage de la pluie, un par-air/intermpéries suisse, le Magcoat de SIGA, un carton-fibre 1/2 goudronné de Matériaux de construction BP, de solives ajourées TJI de 16 po (qui, à 3/8 po d'épaisseur ne créent pas de pont thermique selon le logiciel THERM), de 16 po de cellulose, d'un contreplaqué 3/4 po comme pare-air/vapeur scellé au ruban SIGA Wigluv, du carré de madrier, d'une fourrure et d'un gypse 1/2 po.
Si c'était à refaire, Richard utiliserait peut-être un pare-intempérie (le pare-air étant au niveau du pare-vapeur côté intérieur dans ce projet) nord-américain, le Typar, comme l'a fait Jim Iredale de Landmark Passive House dans la maison passive Bombardier-Saint-Martin, à Mont-Tremblant. « En théorie, le Magcoat est beaucoup plus perméable à la vapeur d'eau. Comme le mur est tellement épais, je préférais une plus grande perméance afin de lui permettre de s'assécher en cas d'infiltration d'eau. Je veux faire un suivi pour voir si ça fait vraiment une différence car c'est plus cher. »
Le carton-fibre a été utilisé pour retenir la cellulose injectée à haute densité (3,8 lb/pi3) par Isolation Dutton. « Il ne coûte pas cher, est facilement disponible et donne de la rigidité au mur. Nous avons fait faire des sections de murs-types chez le fabricant de cellulose Igloo pour tester trois différentes façons de la compacter. Nous avons opté pour l'injection avec le système de buse rotative allemand recommandé par Igloo. »
Comme c'est souvent le cas, les portes et fenêtres certifiées PHI ont présenté un défi important. Les clients, qui désiraient des fenêtres de qualité, durables et esthétiques, ont opté pour des fenêtres en bois recouvert d'aluminium du fabricant autrichien Optiwin, distribués par Van Osch. « Au départ, suite à une comparaison de coût pour trois options de fenêtres en aluminium (Gaulhofer, Optiwin, Munster), on a opté pour les fenêtres Munster, explique Richard Price. Les détails d'installation ont donc été travaillés par l'architecte en coordination avec cette compagnie. En cours de route, il s'est avéré que la porte-patio coulissante proposée par Muster n'était pas assez performante. Les clients désiraient absolument une porte coulissante alors nous avons changé de fournisseur pour nous tourner vers Optiwin. Ces fenêtres sont un peu plus performantes alors nous étions convaincus d'arriver à la performance globale recherchée. Toutefois, nous devions avoir une excellente installation, sans pont thermique. Comme c'était le temps de créer les ouvertures des fenêtres, nous avons décidé de conserver le jeu de 2 po prévu dans le dessin initial autour de tous les cadres de portes et fenêtres et le retour d'isolant de 1,5 po sur les cotés intérieurs des ouvertures et de 2 po à l'extérieur. Par contre, nous n'avions pas la possibilité d'installer des supports en acier pour éloigner le cadrage de la structure comme pour les fenêtres Munster. Cela a compliqué la coordination avec Optiwin pour déterminer la bonne méthode d'installation. »
Lucie Langlois explique un problème délicat rencontré avec le fabricant de fenêtres. « Nous avons réalisé par la suite que les gens d'Optiwin n'étaient pas conscients de la contrainte supplémentaire que nous avions pour atteindre le critère de confort exigé par la certification Passivhaus dans notre zone climatique. En effet, la différence de température entre les surface et l'air ambiant ne doit pas dépasser 4 degrés de différence, car c'est à partir de cette différence qu'on ressent de l'inconfort. Donc, à la surface de la fenêtre, ça ne peut pas descendre plus bas que 16 degrés Celsius car l'air est maintenu à 20 °C. C'est impossible avec un thermos double dans notre climat. On y arrive avec le thermos triple pour les plus grandes fenêtres mais pas du tout avec les petites. Ce critère doit être atteint dans les espaces de vie et on peut déroger un peu dans les espaces de services. Quand on n'y arrive pas, il faut avoir une mesure compensatoire, soit ajouter une source de chaleur près des fenêtres. Même les fenêtres à triple vitrage certifiées PH ne sont pas tout à fait assez performantes pour atteindre facilement ce critère obligatoire pour la certification. La pose devait donc être impeccable. Au final, nous avons dû ajouter des blocages de bois et diminuer la quantité d'isolant prévue au départ autour des fenêtres. »
Richard ajoute : « Avec les fenêtres Optiwin, c'est tolérance zéro en termes de finition intérieure. Quand on les a reçues, il fallait que toutes ouvertures brutes soient parfaites au sixième pouce pour installer le gypse. Habituellement, il y a une coche autour des fenêtres ou une place pour clouer, mais avec ces fenêtres il y a seulement 1/4 de po de bois autour. C'est très moderne et clean, mais presque impossible à finir! Elles sont isolées [entre le bois et l'aluminium] avec de la fibre de bois pour couper les ponts thermiques, elles sont très étanches à l'air et avec leur vitrage triple, les cadres sont assez larges mais ont l'air minces. Une fois posées et finies, elles ont de belles lignes. » Alors les recommanderait-elles? « Je les reprendrais pour la performance, mais changerais peut-être de modèle car je suis aujourd'hui plus familier avec leurs produits. Mais en fait, je préfèrerais aller avec un fournisseur québécois. »
Étanchéité à l'air
Richard ainsi que les membres de l'équipe sont fiers que la maison ait affiché une étanchéité à l'air de 0,39 changement d'air à l'heure (CAH) dans le cadre d'un test d'infiltrométrie dépressurisant la maison à 50 pascals. « La porte patio coulissante Optiwin qui fuit est responsable d'environ 18 % de l'air qui entre dans la maison. Une fois que ce sera réglé, on devrait être à environ 0,3 CAH. »
Du côté des produits d'étanchéité, le constructeur se dit très content des rubans adhésifs SIGA qui diffusent la vapeur, collent très bien, sont élastiques et sans odeur. « Mais les rubans 3M sont plus disponibles et abordables. » Pourquoi ne pas avoir opté pour un système pare-air local, comme le système extérieur ZIP de Huber, à base de carton-fibre et membrane pare-air laminés sur un panneau de copeaux orientés et de ruban adhésif haute performance? « Ç'a l'air d'un bon système, mais dans ce cas-ci, le contreplaqué joue trois rôles : il agit comme renfort structural, comme pare-air et comme pare-vapeur. Cette solution fut choisie par l'équipe de conception car ce type de stratégie permet de diminuer les coûts en éliminant des étapes sur le chantier. De plus, cette solution a permis de laisser le carré de bois apparent à certains endroits à l'intérieur, ce qui participe au design. Autrement, j'aurais utilisé une membrane pare-air/vapeur moins chère telle Membrain, de Certain Teed. »
Chauffage
Richard Price raconte une anecdote qui illustre combien l'enveloppe hyper performante assure à elle seule un grand confort dans la maison, même en hiver. « Pendant la construction, après la pose des joints de plâtre sur le gypse, nous avons laissé une fenêtre ouverte toute une fin de semaine très, froide et ensoleillée, parce que c'était très humide en dedans et le système de ventilation n'était pas installé. Le lundi matin, il faisait -15 degrés Celsius dehors et 16 °C dans la maison et ce, sans système de chauffage ni habitants. Il y avait eu zéro gain de chaleur à part le solaire. » Selon la copropriétaire Déborah, quand il fait -10 °C dehors, l'air entre à 19 °C dans les pièces une fois préchauffé par la boucle géothermique, le noyau de récupération de chaleur et la température des conduits.
Toutefois, une enveloppe de type Passivhaus ne permet pas de se passer totalement de chauffage, comme c'est le cas dans de telles maisons construites en climat tempéré. La maison Ozalée est donc dotée d'un serpentin de 3 000 watts dans un conduit de ventilation et de cinq petites plaques radiantes électriques près des fenêtres. « J'ai installé la puissance de chauffage suggérée par le logiciel PHPP [Passive House Planning Package], mais j'en mettrais plus dans ma prochaine maison passive. Ma cliente trouvait qu'il faisait trop froid à 22 °C. Il serait donc bien de donner plus d'options au client pour le confort, même si le PHPP dit que ce n'est pas nécessaire. Par exemple, le Câble Vert de Flextherm, j'en propose souvent dans les salles de bains, mais les clients l'enlèvent, question de budget. Je le suggère fortement chaque fois que l'on pose un plancher minéral, par exemple de céramique et ou une dalle de béton. Et les grandes fenêtres au sud (24,15 m2 ou 9 % de la superficie totale de la maison), j'en mettrais un peu moins, tant pour l'hiver que pour l'été, question de confort qui est un facteur qui varie d'une personne à l'autre. Moi, je la trouve super confortable aujourd'hui : la porte était ouverte toute la journée et ça marche très bien : il fait 29 °C dehors et 23 °C à l'intérieur », disait-il au début du mois d'août.
L'isolation et l'étanchéité à l'air supérieures de l'enveloppe nécessitent évidemment un bon échangeur d'air. Le ventilateur récupérateur de chaleur Zehnder est jumelé à une boucle géothermique qui préchauffe l'air frais en hiver et climatise un peu l'été. « Je suis assez content, mais j'ai hâte de voir comment ça performera l'hiver prochain parce que la boucle géothermique n'étais pas 100 % fonctionnelle l'hiver dernier. »
Aujourd'hui, Richard Price est plus convaincu que jamais qu'il souhaite surtout construire des maisons passives. Sa mission : faire connaître les nombreux atouts moins tangibles de ces résidences. « Si tu ne vise pas la certification ou même avec un client convaincu, c'est compétitif avec d'autres maisons de qualité. Ici, en rénovation, le surcoût était d'environ 15 % de plus et nous avons souvent fait zéro compromis. En maison neuve, je serais capable de le faire pour un prix très compétitif avec le marché haut de gamme. C'est un énorme investissement dans l'enveloppe, mais ça ne représente pas le plus gros budget dans une maison. Le surcoût d'une maison certifiée Passivhaus peut donc atteindre 10 % ou encore plus bas si elle est bien conçue. »
Car tout se passe au moment de la conception, insiste-t-il. « Quand tu décides dès départ de viser la certification passive, ça te force à construire un volume assez restreint, un cube ou un rectangle qui n'est pas pleins de coins, ni un bungalow. En même temps, c'est très facile et moins cher à construire car ça ressemble au style de maison ancestrale. Un bungalow, ça coûte plus cher d'excavation et de solage car c'est plus long qu'une maison à deux étages de même superficie habitable. Il y a plus de superficie de murs extérieurs et de toiture, et donc plus de pertes de chaleur. Si tu construis à haute efficacité énergétique, tu vas tout de suite changer l'approche du design. La beauté de la maison passive conçue et construite à partir de zéro, c'est qu'avec un rectangle sans tourelles ni projections tu diminue les coûts de construction. En plus, ça donne vraiment des maisons très jolies quand elles sont bien faites, typiques du style canadiana. »
Les intangibles
Parmi les avantages intangibles sur papier, il cite :
• « Le confort et le silence incroyables une fois les portes et fenêtres fermées : on n'entend pas vraiment le milieu urbain, c'est très plaisant d'être dans maison;
• C'est une qualité de construction qui va durer tout la vie utile de la maison, si la construction est bien faite. Un système géothermique ne donnera pas ces intangibles.
• « Je reste plus convaincu que jamais que la maison passive, c'est le futur. Bientôt, tout le monde va commencer à construire avec cette méthodologie là, peut-être sans avoir le même nom passif, mais basé sur la science du bâtiment.
Je pense que la plupart des constructeurs seront convaincus quand ils verront comment l'idée derrière le concept a du bon sens et fonctionne. »
En fait, cela va de soi, car la norme allemande Passivhaus a repris dans les années 1990 les notions d'étanchéité, d'isolation, de fenestration et de ventilation à haute performance introduites dans la Saskatchewan Conservation House, l'ancêtre des maisons R-2000 bâtie à Régina en 1977. « C'est exactement le même concept, dit Richard Price. Les gens commencent à voir que ce n'est pas si compliqué, il faut juste le rendre pare-air un peu plus étanche et ajouter de l'isolant. Maintenant que l'on coupe les ponts thermiques car c'est devenu standard dans le Code du bâtiment, quand on comprendra que les fenêtres et la ventilation génèrent trop de pertes de chaleur, tous les dominos vont tomber. Quand on améliore un système, on voit les faiblesses des autres. Par exemple, les gens qui installent d'énormes fenêtres viennent vite à l'aise avec le triple vitrage, mais il faut aussi améliorer la performance thermique des cadres des fenêtres nord-américaines. »
Déborah, qui accouchera de leur troisième enfant cet automne, conclut que si l'ampleur et la valeur de leur rénovation les gêne un peu, elle et Damien en sont très fiers et heureux. « Nous n'avons aucun doute sur le bon état de construction et sa durabilité. Avec cette maison qui semblait un peu trop grande, ce sera bien d'y mettre un petit peu plus de vie avec le bébé! Je souhaite d'ailleurs lui donner naissance dans la maison avec ma sage femme. On s'y sent très bien, très en sécurité. »
Les coûts
La rénovation a coûté 595 000 $ avant taxes pour 2628 pi2 excluant le sous-sol, soit 226 $/pi2 ou 20 % de plus que prévu. L'architecte explique : « Ce coût relativement élevé est attribuable à la rénovation qui est souvent plus chère, à la déconstruction et en partie aux choix des clients pour différents éléments de meilleure qualité en général mais pas nécessairement tous attribuables au concept Passive House. Par exemple, les fenêtres en bois finies aluminium plutôt qu'en PVC, finition extérieure contemporaine, toit plat, etc… Il faudrait faire une analyse plus exhaustive pour vraiment déterminer le surcoût de Passivhaus pour ce projet. » « Sans oublier la certification LEED, le fait que c'était une première rénovation passive pour toute l'équipe et que nous voulions mettre en valeur le patrimoine en conservant les murs en pièces », ajoute Déborah. Le surcoût a aussi été occasionné par une gestion méticuleuse du chantier, fortement axé sur la protection des arbres et autres végétaux ainsi que le réemploi de matériaux : des fondations et murs en béton du sous-sol, des murs en carrés de madrier, du gravier du toit, de la terre d'excavation, des briques et des pierres des champs (réutilisés dans l'entrée et l'aménagement extérieurs), de planches, de montants, de solives et de madriers de bois (notamment pour du mobilier extérieur et une cabane pour les enfants), et des pavés de la descente d'auto qui serviront dans le futur abri d'auto.
De plus, pour obtenir la certification LEED, les Chaveron et l'entrepeneur Richard Price ont dû faire une gestion méticuleuse des rebuts de chantier. Celle-ci fut fortement axé sur la protection des arbres et autres végétaux ainsi que la conservation et le réemploi des matériaux d'origine : des fondations et murs en béton du sous-sol, des murs en carrés de madrier, de solives et d'une grande fenêtre dans une mini-serre pour les semis, du gravier du toit, de la terre d'excavation, des briques et des pierres des champs (dans l'entrée et l'aménagement extérieurs), de planches, montants, solives et madriers de bois (notamment pour du mobilier extérieur et une cabane pour les enfants, des pavés de la descente d'auto récupérés avec les enfants pour le futur abri d'auto. Déborah : « On s'est amusés à taquiner les ouvriers à chaque fois qu'une vis tombait par terre en disant : 'Eh, c'est quoi ce gaspillage!' On les a toutes ramassées et mon mari s'en sert encore quand il bricole. »
Fournisseurs
Matériaux
• Bois de charpente éthique et durable certifié FSC (Forest Stewardship Council)
• Fenêtres certifiées Passivhaus : Optiwin, distribuées par Van Osch
• Portes extérieures certifiées Passivhaus : Gaulhofer, distribuées par Herrmann's Timber Frames
• Isolant de cellulose : Igloo
• Fibre de verre au sous-sol : Ecobatt, de Knauf Insulation
• Polystyrène extrudé 12 po sous la dalle et à l'extérieur des fondations : Foamular, d'Owens Corning
• Pare-air/pare-vapeur : contreplaqué standard 3/4 po
• Panneau de fibre de bois aluminisé au plafond : Enermax, de Matériaux BP
• Ruban adhésif : Rissan, de Siga
• Scellant flexible pour conduits et fils électriques : BK 535, d'Ampacoll (Pinwheel Building Supplies)
• Ruban de mousse expansive autour des fenêtres : Ultim'air, de Vitaseal
• Revêtement extérieur en sapin/épinette préteint : Maibec
• Plancher de bois : hickory du nord des États-Unis de marque DAVA fini à l'huile et à faibles émissions
• Peintures et pigments naturels à la chaux : Auro, de Distribution Tockay
• Armoires de cuisine : panneaux de particules NuGreen sans formaldéhyde ajouté, d'Uniboard, vernis à l'eau à faibles émissions de composés organiques volatils
• Comptoir : quartz
• Plancher de salles de bain et WC : ardoise importée par Céragrès (aux chants finis, plus abordables à poser que l'ardoise local)
• Plancher de l'entrée et du vestiaire : linoléum naturel de marque Marmoleum, de Forbo
Appareils
• Chauffage : 5 petits radiateurs électriques ORC Sunshine, de Ouellet Canada, de 480 W chacun (2 au sous sol, 2 au rez-de-chaussée, 1 dans la salle de bain principale)
• Chauffe-eau électrique : Marathon, de Rheem, 75 gallons US (284 litres,) 4 500 W, garanti à vie
• Échangeur d'air : Paul NOVUS 300F, de Zehnder. Efficacité récupération de chaleur 83% et préconditionnement de l'air avec le système géothermique Zehnder ComfoFond L 350 Eco – le collecteur est une boucle de 80m circulant de l'eau glycolée autour de la maison à 180cm sous terre. Un élément chauffant de 3 kW est branché sur le conduit principal d'air frais
• Récupérateur des eaux grises des douches et de la baignoire : Ecovision ES 250, d'Aquartis. Efficacité de récupération de chaleur de 87 %, pour préchauffer l'eau froide; les eaux grises alimentent les toilettes et servent à l'arrosage des plantes intérieures
• Toilette : 1,28 gal/4,8 litres par chasse, de Gerber
• Récupérateur des eaux de pluie : d'Éconeau (aujourd'hui Rewatech, de Premier Tech), avec réservoir 3 900 litres enterré avec pompe pour arroser le jardin et un baril de 200 litres sur le coté de la maison
• Cuisinière à induction : Samsung modèle NE58H9970WS
• Congélateur : DANBY modèle DCF071A3
• Lave vaisselle EnergyStar : Samsung modèle DMT610
• Laveuse à faible consommation d'eau et d'électricité : Miele modèle W1623
• Sécheuse à condensation et à faible consommation (sans conduit d'évacuation, elle évacue l'huimidité condensé mais la chaleur reste dans la maison) : Miele modèle T 7644C
• Réfrigérateur Energy Star : FRIGIDAIRE modèle FFHT1826
• Hotte de cuisine à recirculation : BROAN modèle EW58
• Aspirateur : MIELE modèle S6, de 1200 W
• Eclairage DEL quasi exclusif intérieur et extérieur
Pour en savoir davantage
Architecte : aliasarchitecture.com
Blogue des proprios : ozalee-passive.com
Constructeur : constructionletournesol.com
Critères techniques : lamaisonpassive.fr/la-construction-passive/les-criteres-techniques
Formations et autres détails : Bâtiment passif Québec
Présentation Powerpoint de Richard Price
Reportage radio-canadien : http://ici.radio-canada.ca/regions/Montreal/2015/08/28/005-premiere-maison-passive-passivhaus-quebec-futur-construction-quebec-montreal-ahunstic.shtml