Force est de constater que les solutions offertes aux riverains jusqu’ici, pour enrayer la prolifération des plantes aquatiques du lac et des milieux humides, n’atteignent pas les objectifs espérés de ralentir la prolifération des massifs. Plusieurs d’entre elles s’avèrent trop coûteuses et inapplicables sur de grandes surfaces et, dans bien des cas, elles perturbent l’écosystème du plan d’eau tout en étant des solutions temporaires.

Du travail a été fait en amont pour couper les sources de fertilisants (modernisation des installations septiques, reboisement des rives, etc.) et ce travail doit continuer. Mais tous les sédiments accumulés au fond d'un lac depuis de nombreuses décennies et qui contribuent à la prolifération des plantes aquatiques ne partiront pas par magie. Peu importe la provenance de ces sédiments, on ne peut revenir en arrière. Ils sont là et il faut vivre avec cette situation qui, en passant, est la même pour tous les plans d’eau au Québec.

L’écosystème des lacs change au fil des décennies passées. Cette situation n’est ni bonne ni mauvaise sur le plan environnemental. Elle est tout à fait normale en fonction des éléments présents. La nature s’adapte. C’est l’être humain qui ne veut pas que ça change, désirant conserver les usages qu’il choisit de faire sur un plan d'eau. 

Sommes-nous devant une impasse? Oui et non! 

[protection]

Oui, si l’approche est orientée vers l’élimination des plantes, ce qui est préconisé jusqu’à maintenant!
Non, si l’approche est de reconnaitre qu’on ne peut aller contre la nature et de voir comment en tirer le meilleur parti!

Autrement dit :
On peut se battre à grands frais pour tenter en vain d’inverser un processus naturel, ou
On peut voir comment s’harmoniser avec ce milieu naturel en transformation et dont on peut tirer profit. 

Le projet que je propose s’appuie sur ce deuxième choix. 

Quels sont les objectifs visés?

  • Conserver les usages du plan d’eau
  • Valoriser les matières organiques à la source
  • Réduire au plus bas les coûts pour atteindre les deux premiers objectifs

Conserver les usages du plan d’eau

C’est le but primordial : que le lac soit navigable et baignable.
Moyens pour y arriver : faucardage des plantes aquatiques aux endroits stratégiques et arrachage des plantes aquatiques autour des quais.

Valoriser les matières organiques à la source

Il faut considérer les plantes aquatiques qui seront fauchées et arrachées non pas comme des déchets, mais comme une ressource riche en éléments fertilisants, en particulier l’azote, qui permettrait de pouvoir valoriser d’autres ressources produites dans l’environnement du lac, tels les aiguilles, les feuilles, le phragmite et les branches. En mélangeant ces matières avec les plantes aquatiques, l'on peut produire un bon compost rapidement et facilement. Quant aux feuilles et au phragmite, les transformer d'abord en paillis est encore plus facile et plus pratique.
Moyens pour y arriver :
• Avoir une surface d’entreposage de ces matières pour les préparer au compostage et conserver les paillis - 3 000 pi2 et plus selon le volume de matière;
• Avoir un équipement pour déchiqueter et mélanger les matières.

Comment réduire au plus bas les coûts pour atteindre les deux premiers objectifs?

En acquérant l’équipement nécessaire grâce à des programmes de subvention et en bénéficier de la collaboration des riverains et non pas de firmes externes.
Le compost et les paillis produits ont une valeur. Les riverains profiteraient des ces produits, n'ayant plus à acheter de compost pour leurs pelouses, leurs plates-bandes et leurs jardins. Le meilleur revenu n’est-il pas l’argent qu’on ne dépense pas?
La main-d’œuvre nécessaire est sur une base temporaire et peut être récompensée financièrement de diverses façons, tels que :         
• Des revenus de la vente du compost et du paillis
• Une taxe spéciale
• Un fonds alloué par la Régie intermunicipale de gestion intégrée des déchets (ce que j'ai proposé à celle de Bécancour-Nicolet-Yamaska).

Comme vous pouvez le constater, cette proposition de projet pilote agit positivement sur plusieurs facettes environnementales et économiques. La gestion à la source des matières organiques est et sera toujours l’option à privilégier. Les aiguilles, les feuilles et les branches demeurent un casse-tête à gérer. Que ces matières soient mises dans un conteneur, ensachées ou apportées à l’écocentre, cela demeure une gestion coûteuse, improductive et polluante à cause du transport et de la gestion à grande échelle.

Équipements nécessaires pour réaliser un tel projet :

• Faucardeuse
• Tracteur avec pelle avant et épandeur à fumier pour le transport des plantes aquatiques et leur mélange avec d'autres matières compostables
• Broyeur déchiqueteur (pour préparer les feuilles, les aiguilles, le phragmite et les branches)
• Toiles imperméables (pour couvrir les tas afin d’éviter l’écoulement de lixiviat)

L'acquisition ou la location de tout cet équipement est un investissement à long terme qui devrait être subventionné.
Le tracteur serait une acquisition municipale. Comme son utilisation au lac serait sporadique et saisonnière, il pourrait servir à d’autres travaux municipaux et être prêté aux riverains au besoin.
L’option de location de certains équipements peut s’avérer intéressant aussi, étant donné leur utilisation temporaire.

Conclusion

Grâce aux plantes aquatiques du lac, toutes les matières organiques actuellement difficiles et coûteuses à gérer deviennent des sources de profits si on s’en donne la peine.

Depuis plusieurs années, j’expérimente ces pratiques avec des résultats positifs. C’est donc avec des preuves à l’appui que je me permets de faire cette proposition.

Une fois ce projet mis en place, quelle pourrait être la suite?

Collaboration avec les chercheurs universitaires travaillant sur des produits à valeur ajoutés. Par exemple, la myriophylle à épis a des propriétés pharmacologiques.

L'implantation d’un jardin collectif ou communautaire, sur le site d’entreposage même des matières, permetterait aux résidents de jardiner en fertilisant leur terre avec les ressources du site, soit le paillis de feuilles et de phragmite et le compost de plantes aquatiques.

Notez que cette façon de faire s’inscrit dans un processus de consommation circulaire à circuit fermé, ce à quoi tout projet de développement durable devrait correspondre. C’est un changement de paradigme basé sur la valorisation plutôt que sur la destruction, l’élimination d’un supposé ennemi plutôt que de comprendre son rôle dans l’environnement.

La nature nous offre tout ce qu’elle produit. C’est gratuit! C’est à l’être humain de voir comment en profiter au lieu de payer cher pour tenter de s’en débarrasser et ce, sans réel succès de toute façon!