Le radon s'infiltre principalement par les sous-sols non étanches. © SCHL

Résumé :

• Réduire la concentration de radon dans les maisons canadiennes permettrait de sauver la vie de 40 000 Canadiens au cours de la prochaine décennie.

• Les concentrations de ce gaz radioactif, principale cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs, augmentent au pays dans les maisons neuves, habitées principalement par de jeunes familles.

• Notre taux de cancer du poumon est 163 % plus élevé qu’en Suède, malgré des niveaux de tabagisme similaires, et notre concentration moyenne de radon est 467 % celle des maisons suédoises.

• Le radon causerait 16 % des cancers du poumon, estime Santé Canada. Il tuerait donc trois fois plus de Québécois que les accidents de la route

• Environ 20 % des maisons canadiennes ne respectent pas la directive canadienne sur le radon. Celle-ci recommande de prendre des mesures correctives si la concentration annuelle moyenne de radon dépasse 200 Bq/m³ dans les aires normalement occupées d'un bâtiment. 

• Des mesures antiradon efficaces coûtent moins de 200 $ en construction et réduisent les coûts d'atténuation si un test révèle après coup que la concentration de radon dépasse 200 Bq/m3. Pourtant, le Québec n'a pas imposé ces mesures prescrites dans le Code national du bâtiment (que les municipalités ont le loisir d'adopter ou non), si bien que les mesures correctives coûtent généralement au moins 2 500 $.

• Santé Canada recommande de mesurer le radon dans toutes les maisons car on en trouve partout. Pourtant, à peine 5 % des maisons québécoises ont été testées. 

• L'Agence de protection de l'Environnement des États-Unis recommande aux acheteurs de maisons de demander qu'un test de radon soit fait si le dernier test n'a pas été fait dans les deux dernières années.

• Le CAA Québec et l’Association pulmonaire du Québec vendent un test de radon pour moins de 50 $.

Le détecteur de traces alpha de radon est le plus utilisé. © André Fauteux

Réduire la concentration de radon dans les maisons canadiennes permettrait de sauver la vie de 40 000 Canadiens au cours de la prochaine décennie, selon le docteur en biologie Aaron Goodarzi,  titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les maladies liées à l'exposition aux rayonnements. Ses recherches révèlent que les maisons canadiennes affichent le troisième plus haut taux de radon au monde et que 20 % des maisons neuves (surtout habitées par des familles avec de jeunes enfants) dépassent la directive canadienne de 200 becquerels par mètre cube (Bq/m³).

« L'ampleur de l'exposition des jeunes aujourd'hui prépare le terrain pour de nombreux cancers du poumon chez les adultes dans une décennie ou plus, dit-il. Tout le monde est à risque, mais les enfants sont particulièrement sensibles, et l'exposition au radon en début de vie a un effet beaucoup plus important que l'exposition au radon en fin de vie. »

Le radon est un gaz radioactif issu de la dégradation du radium issu de la dégradation radioactive de l’uranium terrestre. Inodore et invisible, le radon s’infiltre par les fissures et autres ouvertures dans les bâtiments. Plus lourd que l’air, il se concentre généralement davantage au sous-sol ou au rez-de-chaussée d'une maison construite sur dalle, mais une fournaise peut aussi le distribuer en concentrations élevées aux étages.

L'équipe du Dr Goodarzi a récemment découvert des faits qui l'inquiètent. « Notre taux de cancer du poumon est 163 % plus élevé qu’en Suède, malgré des niveaux de tabagisme similaires, et à 131 Bq/m3 dans les maisons construites de 2011 à 2020, notre concentration moyenne de radon est 467 % celle des Suédois, à 28 Bq/m3 », dit-il en citant une étude que son équipe a signée en 2021. Depuis 2011, une maison neuve sur 3,5 au pays dépasse la limite de 200 Bq/mcontre une sur 24 en Suède. Si les autorités n'agissent pas de toute urgence pour généraliser les tests de radon et favoriser son atténuation, la concentration moyenne dans les maisons construites en 2050 risque d'atteindre 175 Bq/m3 prévoit le Dr Goodarzi. « La prise de conscience que le radon est plus élevé dans les nouvelles maisons ne s'est faite à petite échelle que depuis de 2017. Cela s'est confirmé en 2019 pour une zone plus large, mais ne fut pas vérifié à l'échelle nationale avant 2021. »

Le Dr Goodarzi confie même voir de plus en plus de cancers du poumon chez des jeunes dans la trentaine jamais exposés significativement à la fumée de tabac, mais il faudra des années avant de pouvoir savoir si c'est bel et bien le cas et si le radon est en cause. « Les données sur le cancer du poumon chez les non-fumeurs sont beaucoup moins disponibles (voire inexistantes) que chez les fumeurs. Il faudra donc du temps pour les collecter avant de passer aux étapes suivantes. Dans les grandes études longitudinales sur la santé de la population de ce type, il faut un certain temps pour saisir les données dont on a besoin pour tirer des conclusions significatives. »

Dominique Massie parlait récemment à un pneumologue et à un oncologue qui recommandent désormais à leurs patients de tester la concentration de radon dans leur maison. « Avant 2007-2008, les médecins étaient frileux d’en parler, tout comme les courtiers », mais les choses évoluent depuis que des histoires d'horreur liées au radon font les manchettes, fait remarquer la directrice générale de l'APQ. « Un père de famille est décédé du cancer du poumon, même s'il n’avait jamais été mis en contact avec de la fumée de tabac, raconte-t-elle. Son fils non plus, mais il y a trois ans il a eu le même cancer à l’âge de 50 ans. »

La chambre à brouillard montre, sous la forme de traînées de condensation, le passage des particules nucléaires. Le radon 222 se propage dans des directions différentes en se transformant en polonium 218 et polonium 214.
Sources : Wikipédia et https://www.youtube.com/watch?v=RM7lKjaIocs

La principale cause de cancer après le tabac

Le radon est la première cause de cancer et de décès par cancer chez les non-fumeurs. Le cancer du poumon est le cancer qui cause le plus de morts dans le monde. Environ 21 000 Canadiens en sont décédés en 2021, selon Statistique Canada, et les experts s'attendaient à ce que 30 000 personnes reçoivent un diagnostic de cancer du poumon en 2022. Un cinquième des victimes n'ont jamais fumé de leur vie.

Selon les plus récentes estimations de Santé Canada, 16 % des cancers du poumon (et des décès par ce cancer) seraient causés par l’exposition aux rayonnements du radon, entraînant plus de 3 000 décès au Canada chaque année. Au Québec, sur les 6 400 victimes du cancer du poumon estimées en 2021 par la Fondation québécoise du cancer, cela représenterait plus de mille morts, comparativement à 347 décès survenus sur nos routes, selon le dernier bilan de la Société d’assurance automobile.

« Il serait bon de rappeler que ce sont principalement des fumeurs (60%) ou des ex-fumeurs (30%), donc 90 % en tout, et environ 10 % des non-fumeurs », précise le Dr Jean-Claude Dessau expert du radon au ministère de la Santé et des services sociaux du Québec. Les gouvernements canadien et américain ne sont pas de cet avis. Selon l'évaluation de risque de l'Agence de protection de l'environnement américaine, l'EPA, « 13,4 % de tous les cancers du poumon sont attribuables à l'exposition au radon. Pour les personnes qui n'ont jamais fumé, l'évaluation du risque lié au radon estime que 26 % des cancers du poumon sont attribuables au radon. N'importe quelle maison peut présenter des niveaux élevés, y compris les maisons plus récentes et plus étanches, ainsi que les maisons dont la ventilation est adéquate ou insuffisante. C'est pourquoi l'EPA recommande que toutes les maisons fassent l'objet d'un test de dépistage du radon et, si le taux est élevé, qu'elles soient réparées », explique sa relationiste Shayla R. Powell. Les acheteurs de maison devraient demander qu'un test de radon soit réalisé si le dernier n'a pas été fait dans les deux dernières années, recommande le Guide des acheteurs et vendeurs de maisons sur le radon de l'EPA.

Spécialiste du radon à Santé Canada, Mathieu Brossard confirme que 26 % des cancers du poumon chez les non-fumeurs sont attribuables au radon. « En regardant les données de l'article du Dr J. Chen [du Bureau de la radioprotection de Santé Canada] dans lequel on a estimé que  le radon était impliqué dans 16 % des cas de cancers du poumon pour la population en général (fumeurs et non-fumeurs), on arrive à extraire la proportion de non-fumeurs atteints d'un cancer du poumon attribuable au radon. Les chiffres sont similaires à ceux que vous avez évoqués. »

Selon une compilation récente faite par l’APQ, 18 % des habitations québécoises dépassent la limite nationale de radon, de 200 becquerels – ou particules alpha par seconde – par mètre cube (Bq/m3) d’air ou 5,4 picocuries par litre (pCi/L). « Notre étude serait d’accord avec cette statistique », nous a confirmé par courriel le docteur Goodarzi.

Dominique Massie souhaite donc que le Québec imite 37 des 50 États américains qui requièrent, lors de la vente d’une maison, la divulgation de sa concentration de radon si elle est connue. « La loi sur la divulgation du radon concerne les transactions immobilières, explique le site de l'entreprise américaine Radon Eliminator. Le vendeur doit divulguer tous les niveaux de radon connus ou les résultats des tests effectués sur sa maison... même si l'acheteur ne le demande pas. » Actuellement, le formulaire Déclarations du vendeur sur l’immeuble, fourni par l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), demande seulement si un test de radon a été effectué, si le vendeur peut en fournir le rapport ou sinon, ce qu'il a révélé, sans exiger de fournir les résultats d’un tel test, jusqu'ici effectué dans à peine 5 % des maisons québécoises. Le site de l'OACIQ précise : « Avant de mettre en marché une propriété, le courtier du vendeur doit s’enquérir auprès de son client de tout facteur pouvant affecter la décision d’un acheteur concernant l’immeuble, comme la problématique du radon, et le divulguer. » Marco Lasalle, directeur du service technique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), confirme : « le Code civil du Québec stipule à l’article 1726 que le vendeur doit fournir à l’acheteur toutes les informations qui sont susceptibles d’influencer sa décision d’achat ». 

M. Lasalle ajoute que l'APCHQ prône l'adoption d'un Code de construction unique au Québec afin d'obliger l’application des mesures de prévention contre l’infiltration de radon dans toutes les maisons neuves au Québec. La Régie du bâtiment à ainsi mis à jour son Code l'année dernière mais les municipalités ont le choix de l'adopter ou non. « La RBQ a entamé des discussions avec le milieu municipal sur la notion de code unique (avec les mesures anti-radon), explique Laurent Bérubé, conseiller en communication à la RBQ. La démarche proposée est une concertation avec les municipalités pour des exigences harmonisées sur l’ensemble du territoire québécois. Les parties concernées conviendront des modalités de collaboration pour la surveillance. Et le projet de loi 44 déposé à l’été 2022 par le MEIE allait dans ce sens. Le travail à cet égard se poursuit. »

Quant à exiger la divulgation des résultats d'un test récent de radon lors d'une transaction immobilière, les objectifs du Code construction ou du Code de sécurité ne permettent pas d’inclure cette obligation, ajoute M. Bérubé. Au cabinet de la ministre des Affaires municipales, André Laforest, l'attachée de presse Léonie Bernard-Abel nous informe que « cet enjeu est traité par le ministère de l’Habitation ». Au cabinet de la ministre de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, on passe aussi la patate chaude : « Je vous réfère à la Santé publique, la RBQ ainsi qu'au ministère de l'Environnement », répond l'attaché de presse Philippe Couture.

Pour sa part, M. Lasalle de l'ACPHQ n'est pas convaincu de l'utilité d'une telle exigence. « Cela pourrait créer un faux sentiment de sécurité. Imaginons que le vendeur est une personne seule, qui cuisine peu et ne fait pas fonctionner son échangeur d’air. Son bâtiment est alors peu susceptible d’être en pression négative de manière continue. Si cette personne vend à une jeune famille qui cuisine beaucoup, beaucoup de bains/douches, ventilateur salle de bain, sécheuse à linge… Les résultats pourraient être tout autre. Présentement, je préfère que ce soit le nouveau propriétaire qui effectue ses propres tests de radon selon ses habitudes de vie familiale plutôt que selon les habitudes de vie d’un étranger. » Le jour même, il a ajouté dans un autre courriel : « Je ne suis pas fermé avec mon opinion sur cet aspect, celle-ci étant préliminaire. Toutefois, sur l’importance d’avoir des exigences minimales en prévention sur les constructions neuves, nous sommes exactement à la même place! D’ailleurs, depuis la Covid, il semble y avoir eu un  wake up call (réveil) à propos de la qualité de l'air intérieur. Pour la première fois, des gens (concepteurs, entrepreneurs et consommateur) m’en parlent sans que ce soit moi qui introduise cette notion si importante - tellement plus que d’avoir des comptoirs en quartz! »

Particules alpha cancérogènes

Le Dr Aaron Goodarzi de l'Université de Calgary dirige Evict Radon, une étude pancanadienne sur la prévention du cancer par le radon. 

Le radon fut décrit pour la première fois en 1904 dans le livre Radioactivity du chercheur de l’Université McGill Sir Ernest Rutherford, lauréat du prix Nobel de chimie et reconnu comme le père de la physique nucléaire. Ce gaz émet des particules alpha causant des dommages génétiques irréparables qui génèrent des mutations cellulaires menant au cancer du poumon. Selon le Dr Goodarzi, ces particules se déplacent si rapidement (à la moitié de la vitesse de la lumière) qu’elles peuvent bosseler un morceau de plastique antiballe. « Imaginez ce que cela fait dans votre corps », dit ce professeur d’oncologie dans une conférence TedX. En se désintégrant, ces particules se précipitent en divers solides radioactifs, notamment de polonium, transformant nos cellules saines en « monstres génétiques » causant des dommages durant des décennies, ajoute-t-il. « Faites un test de radon pour vous assurer que l'air de votre maison n'est pas à la limite de la radioactivité d'une mine d'uranium, conseille l’expert. Nous l'avons vu au Canada, et il n'est pas nécessaire qu'il en soit ainsi. »

Les études sont claires : les mesures d'atténuation appliquées selon les règles de l'art minimisent les concentrations de radon.

Nos maisons plus dangereuses que les suédoises

Un drain de plancher à l'épreuve du radon.

Les arguments ne manquent en effet pas pour nous convaincre de mesurer le radon dans toutes les habitations de faible hauteur. « Sauf pour les appartements, la moitié des maisons canadiennes dépassent la limite de radon de l'OMS, établie à 100 Bq/m», note le Dr Goodarzi. Le risque de cancer du poumon augmente de 16 % pour chaque tranche de 100 Bq/md'exposition à long terme (il double donc quasiment à 600 Bq/m3). 

L'étude a permis de conclure que ce problème récent est entièrement causé par nos façons de concevoir et d'habiter nos maisons. On soupçonne un ensemble de causes. D'abord, par souci d'efficacité énergétique, nos maisons neuves et rénovées sont de plus en plus étanches qu’autrefois. Par contre, la plupart ne sont pas ventilées selon les règles de l’art qui sont systématiquement appliquées seulement dans les maisons homologuées par le programme gouvernemental Novoclimat, alors qu'en Suède les systèmes de ventilation doivent être inspectés sur les chantiers depuis 1991. Nos maisons sont par conséquent souvent sous-ventilées et parfois même dépressurisées, ce qui augmente l'infiltration de radon qu'elles aspirent. Très répandues dans les autres provinces et plus rares en Suède comme au Québec, les fournaises augmentent le taux de radon aux étages. De plus, avec les changements climatiques, le fait de moins ouvrir les fenêtres en été (à cause des canicules, du pollen accru et des feux de forêt) favorise aussi l'accumulation de radon. 

L'isolation de polyuréthane permet de sceller un sous-sol contre l'infiltration du radon en une seule étape. © Huntsman/Demilec

Le site evictradon.ca, de l’étude pancanadienne dirigée par le Dr Goodarzi, précise que toutes les maisons peuvent avoir un problème de radon mais que plusieurs autres facteurs augmentent aussi les risques dans celles :
• de plus grande taille (l’empreinte au sol étant plus grande);
• aux plafonds plus élevés (l’effet de cheminée plus prononcé y aspire davantage les gaz souterrains);
• avec moins d’étages (et donc moins de fenêtres et autres points de dilution);
• aux portes et fenêtres récentes (plus étanches);
• et aux niveaux d’isolation (valeurs R) plus élevés (typiques des maisons récentes, plus étanches).

Le Dr Goodarzi nuance : « Il est important de préciser que des valeurs R plus élevées sont en corrélation avec un taux de radon plus élevé au Canada, mais qu'elles ne sont pas nécessairement causales. Elles peuvent simplement être plus fréquentes dans les maisons où le radon serait plus élevé pour d'autres raisons. De nouveaux travaux seront publiés à ce sujet en 2023, dans lesquels nous regrouperons de nombreux paramètres domestiques qui ont un impact sur la dynamique de l'air. Certains paramètres domestiques ont plus d'importance que d'autres pour le radon, et certains n'ont d'importance que si d'autres variables sont également présentes. Il s'agit plutôt d'une convergence souvent complexe de facteurs qui font qu'une maison est élevée en radon, qu'une autre est moyenne et que d'autres dans la même rue sont faibles. »

En 2007, Santé Canada abaissait de 800 à 200 Bq/m3 sa concentration limite à ne pas dépasser. Dans certaines régions comme l’Estrie et l’Outaouais, les résultats de tests compilés indiquent même qu’au moins une maison sur quatre dépasseraient cette ligne directrice fédérale. « Ces données appuient également le fait que le radon n’échappe à aucun type de sol, mettant fin aux mythes antérieurs et tenaces » comme les zones à risque, fait remarquer le site de l’APQ.

« Les personnes qui fument ET qui sont exposées au radon sont plus à risque de développer un cancer du poumon. Le risque pour la santé associé au radon est un risque à long terme, non immédiat. Plus vous êtes exposé longtemps à des concentrations élevées de radon, plus le risque est élevé. » - Santé Canada

« Santé Canada recommande de tester le radon dans toutes les maisons, car on en retrouve partout et les concentrations varient d’une maison à l’autre et dans le temps selon divers facteurs » (concentration dans le sol, étanchéité et taux d’échange d’air naturel et mécanique de la maison, etc.), explique Denis Leblanc, formateur en radon à la coopérative de solidarité Inspecteurs et experts en bâtiment. Il rappelle que ce ministère recommande seulement le test de longue durée (au moins trois mois) fait en saison de chauffage avec un appareil reconnu pour son efficacité, soit le détecteur de traces alpha ou la chambre d’ionisation avec électret.

Un détecteur à chambre d’ionisation avec électret. 
© AF

On mesure le radon idéalement en saison de chauffage, soit d’octobre à avril. Sa concentration est alors généralement plus élevée en raison de l’aération restreinte des habitations et l’aspiration des gaz souterrains provoquée par l’effet de cheminée présent en hiver dans toute maison, même sans cheminée! Cette tire naturelle vient de l’importante différence de température entre l’air intérieur et l’air extérieur qui s’infiltre, exerçant une pression dans le bâtiment parce que l’air chaud monte naturellement. On place le détecteur à l’étage le plus bas de la maison, dans une pièce occupée au moins quatre heures par jour et loin des mouvements d’air qui peuvent fausser les résultats.

« La lumière, si intense soit-elle, ne sera pas visible que si notre regard ne se porte pas sur elle. Le radon est comme cette lumière invisible à l’œil. Il est connu depuis plus de 100 ans et sa dangerosité l’est depuis deux générations, mais le radon demeure encore invisible au grand public. Il est temps de porter le regard sur ce tueur silencieux, invisible, inodore et incolore. » - Extrait de la conférence TEDx de 2018 du Dr Aaron Goodarzi, Radon in our Homes: The Science Behind the Danger, à visionner sur YouTube

L’APQ recommande à tout acheteur de maison d’exiger de voir les résultats d’un test de radon récent. S’il n’y en a pas, que faire si on veut acheter la maison avant d’obtenir les résultats d’un test des mois plus tard? « Il est possible de déposer une offre prévoyant la mise de côté d’un montant d’argent jusqu’à l’obtention des résultats, explique le site de l’APQ. Si la concentration mesurée dépasse 200 Bq/m3, l’acheteur pourra utiliser cette somme aux travaux curatifs. »

© Transition énergétique Québec, Exigences techniques Novoclimat

La ligne directrice de Santé Canada recommande d’effectuer des travaux d'atténuation du radon dans un délais maximal de deux ans si sa concentration se situe entre 200 et 600 Bq/m3 ou dans les 12 mois si elle dépasse 600 Bq/m3. Le moyen le plus efficace d’abaisser sa concentration consiste en la dépressurisation active du sol (DAS) sous la dalle ou, dans le cas d’un vide sanitaire, sous une membrane fermement fixée aux murs de fondation et rendue étanche aux points de pénétration. En rénovation, cette mesure coûte 2 500 $ à 3 500 $ excluant les finis car il faut percer la dalle et aspirer l’air sous celle-ci avec un conduit de 4 po étanche relié à un ventilateur installé dans les combles sous la toiture ou dans un endroit non fini du sous-sol.

Mathieu Brossard, spécialiste du rayonnement à Santé Canada.

« On peut avoir un tuyau de succion directement dans le concassé rejoignant le centre de la dalle, partant par exemple de la salle mécanique ou au pire dans un garde-robe d'une pièce non occupée si le sous-sol est fini », explique l’expert en radon de Santé Canada, Mathieu Brossard. En construction, un seul point de succion près du milieu de la dalle est suffisant, dit-il. « La boucle périphérique de tuyauterie perforée n’est pas idéale : la pression se perd dans les premiers pieds de succion et si le joint entre le fondations et la dalle n’est pas parfaitement étanche comme il devrait l’être, on risquerait d’aspirer plus d’air de la maison que si on aspire au milieu de la dalle. »

Un nouveau test de radon est recommandé aux deux ans par l'Office des normes générales du Canada (ONGC) pour confirmer l’efficacité des travaux d'atténuation. « Les mesures périodiques sont recommandées à la suite de travaux d’atténuation pour surveiller l’efficacité du système des maisons dans lesquelles il y avait avant un niveau élevé de radon », précise M. Brossard. « L’évacuation passive, par effet de cheminée naturel via un conduit traversant la toiture, est une mesure préventive d’évacuation du radon dans une maison neuve avec scellement accru, précise-t-il. Mais c'est un cas d’exception peu pratique pour l'atténuation du radon dans les maisons existantes et beaucoup moins efficace que le système avec ventilateur. Santé Canada recommande de réduire le radon au plus bas niveau que l’on puisse raisonnablement atteindre sous 100 Bq/m3 à la suite d'une mesure à long terme supérieure à 200 Bq/m3. On ne saurait encourager des options d’atténuation moins efficaces lorsqu’on a le choix. »

Un inspecteur Novoclimat mesure les débits de chaque amenée et sortie d'air. 

Ce spécialiste rappelle que toute rénovation rendant la maison plus étanche, comme la pose de nouvelles fenêtres et le scellement des murs et plafonds, peut augmenter la concentration de radon si on n’a pas fait des travaux de scellement au sous-bassement pour prévenir l’infiltration des gaz souterrains. Tout comme une ventilation mécanique installée par un professionnel Novoclimat, un test de radon devient encore plus pressant lorsque l’on augmente sensiblement l’étanchéité d’une maison, rappelle M. Brossard. « Il ne faut pas favoriser l’économie d’énergie au détriment de la qualité de l’air intérieur. » Par contre, l'étude du Dr Goodarzi affirme que la Suède a démontré que les maisons à haute efficacité énergétique peuvent avoir une excellente qualité de l'air.

Dominique Massie, directrice générale de l'Association pulmonaire du Québec.
© Pierre Fortin

L’APQ sondera les Québécois cet hiver pour voir si une mesure élevée de radon les a incités à procéder à de tels travaux. « Quand une maison sur deux testée en Gaspésie a trop de radon, ça prend des aides financières pour aider les gens, dit Dominique Massie. C’est triste, quand on y pense, parce que ce n’est pas la région où la population est la plus riche. »

Les travaux d'atténuation du radon sont rarement subventionnés au Canada alors que la Suède a déjà couvert la moitié des coûts. Toutefois, en Suède, les subventions pour les travaux d'atténuation du radon  ont eu un résultat mitigé, selon le Dr Goodarzi. « En bref, ils ont subventionné chaque atténuation de X %. En l'espace de quelques années, les responsables de l'atténuation du radon ont augmenté leurs prix d'exactement la même valeur que celle du X % initial, car c'est ce que le marché supporterait. Les subventions générales ont donc eu pour effet d'augmenter le coût des mesures d'atténuation en Suède. D'où une certaine réticence à soutenir cette mesure de la même manière. Je pense qu'il serait préférable d'examiner des modèles alternatifs où l'éligibilité à une subvention est d'abord déterminée sur la base de critères socio-économiques. »
Malgré le fait que de 1931 à 1980 les maisons suédoises étaient généralement construites avec du béton cellulaire « bleu » qui s'est avéré radioactif, les Suédois ne font aujourd'hui pas plus de tests de radon que nous, comme ils le faisaient il y a 40 ans, précise cet expert. « En effet, une grande partie de la technologie moderne de dépistage du radon a été mise au point par des ingénieurs et des scientifiques suédois qui ont réagi à la catastrophe de Tchernobyl en 1986 (la Suède étant l'un des premiers pays non soviétiques à détecter l'augmentation de la radioactivité due à la catastrophe).
Donc oui, les connaissances sur le radon et l'infrastructure de dépistage ont une histoire un peu plus longue en Suède qu'au Canada, mais aujourd'hui, je ne dirais pas qu'il y a une différence massive dans le dépistage. À ma connaissance, la communauté y est plus sensibilisée et son gouvernement (qui fonctionne selon un seul code de construction, contrairement à notre mosaïque de provinces) est en mesure de réagir plus rapidement que le nôtre sur des questions comme celle-ci. »

« Si le résultat de la mesure à long terme est supérieur à 200 Bq/m3 (5,4 pCi/L), Santé Canada recommande alors d’adopter des mesures correctives. Une mesure à court terme d’une durée de deux à sept jours est seulement acceptable en tant qu’indication rapide de la concentration de radon, comme pour vérifier la performance d’un système d’atténuation nouvellement installé. Comme elle ne représente peut-être pas la concentration moyenne réelle de radon, toute mesure à court terme devrait toujours être suivie d’une mesure à long terme. Une mesure à court terme ne devrait jamais servir à établir si des mesures d’atténuation du radon doivent être adoptées... La concentration de radon devrait être réduite à la valeur la plus faible qu’il soit raisonnablement possible d’atteindre (ALARA), soit généralement une valeur bien en deçà de 100 Bq/m3 (2,7 pCi/L)... La concentration de radon devrait être mesurée après l’adoption de mesures d’atténuation, puis tous les deux ans… Le guide sur le radon (2009) publié par l’Organisation mondiale de la Santé indique qu’en règle générale l’étanchéisation des voies d’entrée entraîne une réduction des concentrations de radon de 10 à 30 % et l’augmentation bien calibrée de la ventilation mécanique de 30 à 70 %, alors que les techniques actives comme la DAS permettent des réductions allant de 50 à 99 %. »
• Extrait de la Norme nationale du Canada – Mesures d’atténuation du radon dans les maisons et petits bâtiments existants, Office des normes générales du Canada, 2019 : https://publications.gc.ca/collections/collection_2019/ongc-cgsb/P29-149-011-2019-fra.pdf

Québec a légiféré mais c'est aux villes d'imposer les mesures de précaution

En novembre 2021, le Québec réglementait pour modifier le Chapitre I, Bâtiment du Code de construction du Québec (CCQ) afin d’éliminer le retard que cette province accusait sur le reste du pays en matière de radon. La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) le confirmait dans un communiqué paru le 18 mai : « Ce règlement élargit la portée des mesures de protection contre les gaz souterrains à l’ensemble du territoire québécois en retirant la notion de « zones reconnues à risque ». Il répond ainsi aux recommandations émises par les autorités de la santé publique du Québec et Santé Canada lors de la consultation publique. » La période transitoire prévue afin de permettre à l’industrie de s’adapter prendra fin le 8 juillet 2023.

La RBQ affirmait que les nouvelles exigences du CCQ visaient à « mieux protéger les Québécois contre l’infiltration de gaz souterrains, dont le radon. La RBQ s’assure que le Code répond aux attentes de la population quant aux plus hauts standards de sécurité dans les bâtiments, et ce, partout au Québec ».

Pourtant, ce n’est pas le cas car les nouvelles exigences ne s’appliqueront que dans les municipalités ayant adopté le Code national du bâtiment (CNB 2015 mod. Qc), confirme la RBQ. Une aberration, selon Denis Leblanc : « L’application du Code de construction relève des municipalités et certaines utilisent toujours en ce moment le Code 2010, ou encore pire, le Code 1995. »

D'ailleurs, les exigences minimales du CCQ modifié en matière de protection contre les gaz souterrains coûtent moins de 200 $ en construction, affirme Marco Lasalle de l'APCHQ.

 « Il y a une différence entre un système d’atténuation du radon de niveau 2 ou 3 (capter le radon présent et l’évacuer passivement ou activement) et l’exigence minimale du Code qui demande seulement deux choses :

1- Bloquer les infiltrations potentielles de radon. Pour cela, il faut un polythène scellé sous la dalle. Cela était déjà une obligation du Code. La seule différence est qu’avec la nouvelle exigence, le polythène passe de 0,006 po à 0,015 po. La différence est de 0,05 $ du pi². Pour une dalle de 1 000 pi² cela représente un extra de 50 $.

© Transition énergétique Québec, Exigences techniques Novoclimat

2- Prévoir la pose éventuelle d’un système de dépressurisation si jamais un test de radon de trois mois révélait que la première stratégie (bloquer les infiltrations) n’est pas suffisante. Pour cela, le Code demande au moins 4 po de pierre concassée ¾ po net (déjà en place) sous la dalle et la mise en place d’une tuyauterie de 4 po (en PVC ou autre matériau) en même temps que le fond de cave. Cette tuyauterie ne sera raccordée à rien, c’est seulement en prévision de la raccorder ultérieurement s’il est nécessaire d’atténuer la concentration de radon. Pour une dalle de 1 000 pi², il s’agit de prendre deux longueurs de 10 pi, un coude à 90 degrés, un tuyau de 4 po qui traversera la dalle d’au moins 6 po et sera scellé par un bouchon pour un total de 65,18 $ (2 tuyaux à 23,99 $ + 1 coude à 12,49 $ + 1 bouchon à 4,69 $). Si l’on ajoute une heure pour l’installer (ce qui est beaucoup trop) il faut ajouter 75 $. Le coût total pour fournir et installer la conduite ne devrait actuellement donc pas dépasser 200 $ avant taxes. Aujourd'hui, il n'y a plus de hauteur minimale requise pour le tuyau qui traverse la dalle. Typiquement, les entrepreneurs vont couper une section de 8 po de long sur une des deux longueurs de 10 pi et l'installer sur le coude afin de dépasser la dalle de 4 po. Cela permet de faire un bon scellement au périmètre de la conduite et de garder un rigidité à la section au-dessus de la dalle pour limiter les bris mécaniques. Ceci dit, avec la pénurie de tuyaux 4 po en PVC qui dure depuis plus d'un an, je crois que plusieurs vont opter pour des conduites en ABS ondulées non perforées puisque le Code n'a pas de spécification sur le matériau devant être utilisé. L'ABS est plus facile à trouver et moins dispendieux (mais de moins bonne qualité malheureusement). »

La tuyauterie en ABS est une solution de rechange à celle en PVC qui est préférable mais plus difficile à trouver ces temps-ci. 

Toutefois, le PVC certifié BNQ (classe SDR 35), l’ABS et autre tuyauterie non conforme à la norme (CAN/CGSB149.11) seront interdits dans la prochaine norme sur l'atténuation du radon de l'ONGC parce qu'il est trop facile de confondre un tuyau de plomberie avec une tuyauterie dédiée à l’évacuation des gaz, précise Guillaume Laquerre, représentant technique chez le fabricant de tuyauterie IPEX. « Un constructeur consciencieux prolongera la tuyauterie de PVC recommandée jusqu’au toit (le niveau 2 d’atténuation), un système de dépressurisation passive efficace d’atténuation du radon dans la majorité des bâtiments. Il ne resterait qu’à ajouter le ventilateur d’évacuation (niveau 3) si jamais un test révélait la présence d’une concentration élevée de radon. Si on pose seulement le système sous dalle, il faudra ouvrir les murs pour passer le tuyau jusqu’au toit ou ajouter un système actif avec ventilateur. »

Selon l'entrepreneur général Robin Gratton, fondateur de Construction Larix à Val-David, spécialisé en maisons certifiées LEED, en construction le niveau 2 d'atténuation est atteint avec un peu plus de mille dollars de travaux. « Comme nous travaillons avec le même plombier depuis 17 ans et qu'il nous offre un service en or, nous ne manquons jamais de tuyau de PVC, dit-il. Notre estimation des coûts pour les matériaux et la main-d'oeuvre ressemble à ceci:
  • Plombier : 375 $ 
  • Solin supérieur du couvreur : 150 $
  • Gestion de cet élément, 2h : 200 $
  • Installation de la colonne à travers les divisions et la toiture, 1h : 100 $
Total de 825$ plus frais d'administration de 165$ plus taxes  = 1 138,25 $. »
 
Pour sa part, M. Laquerre précise qu'un de ses clients, spécialiste en atténuation du radon certifié, demande 3 500 $ en rénovation pour installer un système de dépressurisation sous dalle complet (de niveau 3) dans une maison existante, avec évacuation murale par un ventilateur d’extraction, incluant le suivi de performance et les ajustements souvent requis pour l'optimiser. 
 
Selon le Dr Goodarzi, les régions qui ont choisi de ne pas imposer les mesures de prévention du radon dans leur code de construction ont simplement rendu plus difficile et potentiellement plus coûteux pour les citoyens de résoudre un problème de radon. « Ce problème sera absolument présent dans leurs régions étant donné l'ampleur sans précédent du problème du radon au Canada, dit-il. Cela s'applique absolument aux personnes vivant au Québec. Cette disparité dans les mesures sanitaires liées aux bâtiments devrait contribuer aux disparités actuelles et émergentes dans les risques de cancer du poumon, qui sont observées en fonction de la région, de la situation socioéconomique, du sexe et de la profession. »
 
Quel type de test choisir?

 « C’est une question piège, répond Denis Leblanc. Les détecteurs à trace alpha sont les plus connus et faciles à trouver. La chambre d’ionisation avec électret est moins connu et requiert une vérification en laboratoire avant le déploiement. Essentiellement, les deux vont répondre au même besoin. Je pencherais vers le détecteur à chambre d’ionisation avec électret en raison de l’obtention plus rapide des résultats. Ceux-ci sont disponibles le lendemain de la livraison du détecteur au laboratoire. Si on veut économiser, le test à trace alpha est moins cher, mais il faut attendre de quatre à huit semaines pour obtenir les résultats. » 

Mathieu Brossard précise : « Santé Canada recommande d’utiliser des détecteurs à long terme certifiés par le Programme national de compétence sur le radon au Canada (PNCRC) » qui certifie également les entrepreneurs spécialisés en atténuation. Tous les appareils de mesure du radon ont leurs avantages et leurs inconvénients, ajoute-t-il. Par exemple, les laboratoires doivent tenir compte du fait que la chambre d’ionisation à électret mesure aussi le rayonnement gamma ambiant. Par ailleurs, elle est plus sensible à la manipulation et ne peut être entreposée avant usage pour de longues périodes. « Pour éviter qu’un enfant la manipule et mine la mesure, on peut la suspendre. »

Les détecteurs électroniques et au charbon ne sont pas assez fiables pour déterminer s'il faut atténuer ou non le radon dans une maison.

Le détecteur à chambre d’ionisation avec électret a une marge d’erreur de 10 à 15 % contre 10 à 25 % pour le traceur alpha. L’OMS affirme qu’une marge d’erreur maximale de 20 % est souhaitable pour un test de radon. Elle varie de 10 à 30 % pour les détecteurs au charbon activé qui coûtent environ 60 $ livraison incluse et qui peuvent être biaisés à la hausse ou à la baisse tout comme les détecteurs numériques grand public. Ni l'une, ni l'autre de ces deux technologies n'est reconnue par le PNCRC. Ces détecteurs au charbon et électroniques sont souvent utilisés par les entrepreneurs pour vérifier l’effet de leurs mesures d’atténuation mais ces tests doivent toujours être validés par des mesures à long terme, explique Mathieu Brossard. « Les mesures au charbon sont toutes effectuées à court terme, typiquement sur deux ou quatre jours, explique le spécialiste de Santé Canada. Les variations du radon dues à la courte période de mesure peuvent surestimer ou sous-estimer l’exposition moyenne à celui-ci. Il n’est pas recommandé par Santé Canada de prendre une décision sur l’atténuation du radon sur la base de mesure à court terme. »

L’APQ vend un détecteur de traces alpha pour test à long terme à 45 $ incluant la livraison, les taxes et l’analyse au laboratoire américain AccuStar. Il doit lui être posté après une période de test d’au moins trois mois en saison de chauffage, sinon de 12 mois si on débute en saison chaude. Le prix est similaire dans la boutique du CAA Québec pour la plupart des régions du Québec.

Pour assurer une circulation normale de l’air afin d’éviter de fausser la lecture de radon des détecteurs passifs, on place le détecteur à au moins 1,5 et 3 m (5 à 10 pi) des bouches de chauffage, de ventilation et de climatisation, ainsi que des portes, fenêtres, plinthes, cheminées et poêles à bois. Pour cette même raison, on le place à 40 cm (16 po) d’un mur intérieur ou à 50 cm (20 po) d’un mur extérieur, entre 0,8 m et 2 m (de 3 à 6,5 pi) du plancher et à au moins 50 cm (20 po) du plafond et à 20 cm (8 po) de tout autre objet. Comme il est sensible à l’humidité et aux courants d’air, on ne l’installe pas dans une cuisine, une salle de bains, une salle de lavage, un placard, une armoire, un puisard, un vide sanitaire ou un recoin dans la fondation. On évite aussi la lumière directe du soleil et autres objets chauds, comme le téléviseur.

Ce dossier du Journal de Montréal a contribué à stimuler la demande pour des tests de radon.

Beaucoup de choses sont en train d’évoluer depuis la diffusion, en mars 2020, d’un reportage sur le radon à l’émission La Facture, de Radio-Canada, indique Denis Leblanc. Des citoyens en colère dénonçaient les élus de la ville de Beloeil qui ignoraient que l’on pouvait retrouver des concentrations élevées de radon partout, comme c’était le cas dans plusieurs secteurs de cette municipalité de la Montérégie. L’expert de Santé Canada en la matière, Matthieu Brossard, y démentait le mythe des zones à risque, rappelant que les concentrations peuvent être élevées et faibles dans deux bâtiments voisins. Cet automne, Beloeil s’est jointe à la centaine de municipalités encourageant leurs citoyens à faire un test de radon. « En 2007, on vendait 500 détecteurs par année, dit Mme Massie. Depuis que le Journal de Montréal a publié deux pages sur le sujet, ç’a fait exploser les ventes partout au Québec. En 2020-2021, on en a vendu près de  20 000 . »

Le biologiste de l'habitat luxembourgeois Ralph Baden fait un test de radon à court terme avec un compteur de traces alpha. 
« Pour l'extérieur, c'est la seule alternative valable, à part le charbon actif (...), indirect et moins précis. La durée minimale du test à l'extérieur est de trois semaines.
Le désavantage est qu'on obtient simplement une valeur totale et connaissant le temps d'exposition une moyenne.
Ceci ne permet pas de prévoir la charge de radon à l'intérieur puisque de nombreux autres facteurs, notamment d'étanchéité ou d'échange d'air intérieur/extérieur interviennent. Mais on a au moins un point de départ ... Tiré du nouveau film et du livre L'habitat et la construction sains. La maison passive biologique, de Raph Baden.

L’Association canadienne des scientifiques et technologues de radon (ACSTR) certifie les professionnels du domaine. Sa Directive sur les évaluations préalables de radon dans le cadre d’une transaction immobilière d’une habitation recommande de mesurer le radon à tous les trois ans ou à la suite de la réalisation d'importants travaux de rénovation. Depuis 2014, quand aucun résultat de test de radon récent n’est disponible dans le cadre d’une transaction immobilière, l’ACSTR recommande de faire un test avec un détecteur reconnu par Santé Canada. Les professionnels certifiés par l’ACSTR doivent suivre les directives sur les évaluations préalables de radon dans le cadre d’une transaction immobilière résidentielle que l’organisme a publiées en octobre 2018. « Le résultat de ce test d’un minimum de quatre jours doit inclure pour les professionnels du PNCR-C une codification verte, jaune ou rouge. Un test préalable ne doit en aucun cas servir à déterminer la mise en place de mesures d’atténuation, car seul un test de longue durée peut adéquatement informer l’acheteur ou le vendeur de la concentration de radon. En effet, le radon fluctue dans le temps, selon les saisons, les conditions météorologiques. Un test préalable, de courte durée, ne peut que servir de guide lors de l’achat d’une propriété. »

Une formation sur le radon virtuelle accréditée par l’OACIQ est offerte depuis 2014 aux courtiers en immeuble dont elle règlemente la pratique. « L’OAICQ vient officiellement d'accréditer la formation sur le radon proposé par l'entreprise Gaz Radon Québec hier, annonce Denis Leblanc . L'organisme demande maintenant expressément aux courtiers d’informer et d’éduquer les clients des dangers que représente le radon. »

Excellente nouvelle, mais si on interdit de fumer dans les bâtiments, pourquoi ne pas imposer le test de radon lors de la vente d’une maison?

M. Leblanc offre une toute nouvelle formation complète s'adressant tant aux experts qu'au grand public sur le site de La Coop des inspecteurs : https://inspecteurs-coop.didacte.com

À lire :

Occupe-toi du radon
Guide canadien sur les mesures du radon dans les maisons