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C'est une question qui revient souvent et la réponse dépend de la potabilité et de la salubrité de votre eau. Voici l'avis de Didier Plaat, propriétaire de l'entreprise Solutions Limpides, de Granby.

Lire aussi : Faut-il tester l'eau d'un puits? 

Il faut d'abord comprendre que pour la qualité de l’eau qu’elles fournissent, les municipalités sont régies par le Règlement sur la qualité de l’eau du Québec qui leur impose un système de surveillance et d’analyse très rigoureux. Par exemple, du moment qu’elles ont le moindre doute que la qualité bactériologique de l’eau peut être compromise, elles doivent émettre un avis d’ébullition. Les réseaux privés desservant plus de 20 personnes, tels ceux des campings, sont également régis par ce Règlement.

Même s’il y a moins de 20 personnes desservies par une source d’eau, comme à partir d’un captage souterrain ou d’un plan ou cours d’eau de surface, le ministère de l'Environnement du Québec recommande fortement de tester la qualité bactériologique une fois par année.

Si les gens approvisionnés par une certaine source d’eau ne sont pas malades à répétition (diarrhée, etc.) ou de façon chronique, en général il y a moins lieu de s’inquiéter. Mais pour avoir la paix d’esprit, c’est mieux de le faire une fois par année à des saisons différentes, lors des périodes de sécheresse ou encore au printemps ou dans les périodes de pluie abondante.

La notion de potabilité est très stricte du point de vue bactériologique, elle tient compte de trois critères : tout d’abord, le règlement ne permet aucune contamination d’origine fécale, soit coliformes fécaux et entérocoques dont la norme est fixée à zéro colonie par 100 millilitres (ml) d’eau échantillonnée. Pour les coliformes totaux, la norme permet 10 coliformes ou moins par 100 ml d’eau. Ces paramètres servent d’indicateurs d’un risque potentiel de transmission de maladies. Il n’y a pas de garantie que l’eau sera ou ne sera pas mauvaise pour la santé. La présence de coliformes confirme celle de risques, et le contraire n’est pas plus une garantie, mais un indicateur de moindres risques.

Il y a deux autres indices dont l’analyse n’est pas vraiment obligatoire, mais qu’il s’avère utile de connaître : les bactéries hétérotrophes aérobies et anaérobies (BHAA) ainsi que les colonies atypiques. On les mesure pour éviter que leurs surpopulations deviennent tellement importantes qu’elles pourraient camoufler les indicateurs de contamination bactériologique, comme les coliformes totaux, coliformes fécaux et entérocoques, et donc qu’elles donneraient alors de faux résultats négatifs.

Potable ne veut pas dire salubre

La notion de salubrité, elle, signifie que l’eau supporte ou soutient la santé. On regarde ce qui est favorable ou non nuisible à la santé, comme la présence de contaminants de toutes sortes, que ce soit des sous-produits de la chloration ou de pétrochimie, ou autres substances organiques naturelles, pharmaceutiques, ou encore de métaux lourds.

Le terme artésien désigne un puits autopressurisé de façon naturelle, souvent situé à bas de colline, ou de montagne, dans une vallée, par exemple. Il reçoit alors les eaux retenues par capillarité dans la roche ou les couches de sol, d’humus qui couvrent la région. Les failles ou capillaires sont de la dimension d’un cheveu (100 microns) d’où leur nom d’ailleurs. Pour les ouvrages créés par l'homme, on devrait plutôt distinguer le puits de surface du puits foré.

Un puits de surface est peu profond (par exemple jusqu’à 25 pieds) et est large de diamètre (un tuyau de béton de 3-4 pieds). Un puits foré s’avère le plus souvent un ouvrage de forage de six pouces de diamètre dans lequel est installé un tuyau d’acier, typiquement sur une soixantaine de pieds de profondeur. Un puits foré alimenté par une veine de surface est en fait un puits de surface mais avec une configuration de puits foré; donc un captage souterrain sans plus.

Un tel puits foré pourrait être contaminé par une source de pollution située à des kilomètres. Cela dépend de la structure du sol, de la roche, de sa fracturation. Cette science relève surtout des hydrogéologues. À mon avis, ils sont devins! Étudier le cours de l’eau que l’on ne peut voir… Cela tient de la lecture de la boule de cristal, c’est une science occulte, il n’y a pas de moyen facile de le faire. L’eau de surface peut prendre deux jours, trois ans ou cent ans pour aboutir dans votre puits foré ou peu profond, cela dépend énormément de la formation géologique de la région.

Contamination chimique

Les pesticides, herbicides, antibiotiques, hormones et autres contaminants chimiques sont en général invisibles et imperceptibles. D’autres peuvent donner de la couleur ou un mauvais goût, ou même des odeurs désagréables à l’eau, comme les tanins, le fer, le manganèse, le soufre.

En milieu agricole il est bon de surveiller l’arsenic et les nitrites/nitrates. Les fertilisants organiques et inorganiques, le fumier, le lisier ou les engrais synthétiques contiennent tous de l’azote. Au Québec, ces deux paramètres sont normés à 0,1 partie par million (ppm) ou milligramme par litre pour les nitrites-nitrates et à 0.01mg/l. pour l’arsenic. C’est seulement depuis 2008 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait passer l’arsenic de 0,1 à 0,01 ppm ou mg/l. Faire une analyse de ces deux paramètres chaque année ou aux 18 mois s’avère idéal. De plus, ce n’est pas très dispendieux. C’est de votre vie et de votre santé dont il s’agit!

Ce qui est très important lorsque l’on aborde ces sujets avec les gens, c’est surtout de ne pas utiliser l’approche que je qualifie d’« approche terroriste ». Il ne faut pas faire peur aux gens pour leur faire acheter n’importe quoi.

La nappe phréatique semble avoir baissé parce que beaucoup de maisonnées se sont installées en région et s'y approvisionnent. Le débit minimum d’un puits devant approvisionner une maison de quatre à six personnes se situe typiquement autour de 30 gallons à l’heure. Cependant, la profondeur du puits foré est alors de l’ordre de 300 pieds et plus afin d’assurer une réserve d’eau suffisante pour alimenter la maisonnée durant sa période de plus grande activité. En général, plus la profondeur est grande, plus grande est la réserve. Dans 90 % des cas, l’eau atteint un niveau statique où elle arrête de monter dans la colonne du puits quand elle n’est pas pompée.

La plupart du temps en plein champ il n’y a pas de pression naturelle de l’eau qui descend des montagnes. On remarque souvent que la nappe phréatique est plus haute et près de la surface dans la région de l’ancienne mer de Champlain ou dans les dépôts sablonneux ou de moraines.

Les changements climatiques affecteraient moins la nappe profonde (artésienne) surtout là où il n’y a pas de grande sécheresse.

La vitesse du cycle de l’eau est très variable selon les régions en raison de leur climat et de leur géologie. Il peut ne se passer que quelques heures, et dans certains cas voire des années, avant que le cycle de l’eau soit bouclé. Au Québec, on est relativement chanceux, car l’on a beaucoup d’eau et un cycle de l’eau assez court.

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L’eau et la planète 

L’eau des océans représente 97,2 % de l’eau de la planète. Seulement 2,8 % est de l’eau douce et 70 % de celle-ci est emprisonnée dans les glaces ou sous la terre. Au Québec, on a la chance d’avoir 3 % de l’eau douce de la planète et 40 % de toute cette eau douce est concentrée dans le bassin hydrographique du Saint-Laurent.

Pour en savoir davantage

Centre d’information sur l’eau

Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques

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