Les produits parfumés de synthèse sont parmi les principaux émetteurs de COV nocifs.
Les produits parfumés de synthèse sont parmi les principaux émetteurs de COV nocifs.

« L’étau se resserre », titrait en mars AQMAT Magazine, de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction, en soulignant que la règlementation ciblera davantage les ingrédients des produits chimiques domestiques et commerciaux. Ceci parce que les produits chimiques comptent désormais pour la moitié des composés organiques volatils (COV) d’origine pétrolière mesurés dans les villes industrialisées, tandis que les émissions des véhicules diminuent plus rapidement, selon une étude parue le 16 février dans la prestigieuse revue Science.

Les pesticides, les peintures, les solvants, les dégraissants, les encres, les colles ainsi que les produits nettoyants et de soins personnels sont des sources majeures des fines particules toxiques de 2,5 microns et moins (mieux connues sous l’acronyme anglais PM 2.5). Et ce, tant dans l’air intérieur et qu’extérieur, qui sont des vases communicants. Or, la pollution de l’air est le cinquième facteur de risque sanitaire après la malnutrition, la malbouffe, la haute pression sanguine et le tabagisme, selon les auteurs de l’étude Volatile chemical products emerging as largest petrochemical source of urban organic emissions.

Jusqu’ici, les inventaires d’émissions atmosphériques sous-estimaient par un facteur de deux à trois la part des produits chimiques volatils (PCV) et surestimaient de 40 % celle des véhicules. La règlementation se concentrait sur l’ozone et faisait fi de plusieurs précurseurs d’aérosols organiques secondaires, composants majeurs des PM 2.5 qui tuent aujourd’hui beaucoup plus de gens que l’ozone. Au niveau national et urbain, les PCV représentent de 39 à 62 % des COV d’origine pétrochimique contre de 15 à 42 % dans le cas des sources mobiles, selon ces auteurs américains. Grâce notamment aux catalyseurs et aux filtres à particules des moteurs diésel, les émissions mobiles ont diminué en moyenne de 8 % par année, contre 7 % pour les PCV. La Californie exigeant que les émissions chimiques des produits domestiques soient rapportées, les chercheurs ont pu comparer les concentrations de plusieurs polluants dans l’air intérieur et extérieur à Pasadena. Les résultats sont confirmés par les inventaires européens.

Substances et produits incriminés

Comme nous passons plus de temps à l’intérieur, il faut se préoccuper davantage des émissions de substances aromatiques et des hydrocarbures chlorés, parce qu’elles sont environ sept fois plus concentrées dans les bâtiments qu’à l’extérieur. On pense ici par exemple au toluène et au xylène présents dans certains scellants et calfeutrants, au dichlorométhane dans certains décapants, peintures et vernis, à l’acétone (dissolvant à vernis à ongles), aux aldéhydes (bois d’aggloméré), aux terpènes (huiles essentielles, huile de lin), aux glycols (peintures), aux siloxanes (cosmétiques et déodorants) et aux alcanes (chandelles), etc.

En 2015, une étude de l’ingénieure américaine Anne C. Steinemann révélait que 37 produits de consommation courants émettaient collectivement 156 COV, dont 42 étaient classés comme dangereux aux États-Unis, dont l’acétone. Il s’agissait notamment détergents à lessive, de feuilles antistatique, d’adoucisseurs à tissus, de produits de soin personnel et de désodorisants solides et liquides. Jusqu’à 30 % des gens sont sensibles aux produits parfumés, selon Lance Wallace, ancien chercheur de l’Agence américaine de protection de l’environnement. Des études faites dans des universités américaines et danoises ont révélé que même les hommes en santé se plaignent de maux de tête, d’irritation des yeux et d’autres symptômes liés aux COV des produits de consommation. Sur plus de 2 000 personnes sondées par Steinemann en 2004 et 2005, 20 % étaient intolérantes aux « rafraîchisseurs d’air » chimiques et presque le double (37 %) parmi les asthmatiques.

Le plus scandaleux, c’est que plusieurs de ces poisons se retrouvent dans des produits qui sont parfois dits sans odeur, naturels ou organiques, les lois n’exigeant pas que leurs ingrédients soient divulgués.

Bref, il vaut mieux acheter des produits d’entretien et de soins personnels certifiés bio ou vendus dans les magasins d’aliments naturels et privilégier les matériaux de construction naturels ou sans COV.

+ drsteinemann.com - ehhi.org - sabotage-hormonal.org (excellent guide québécois pour éviter les perturbateurs endocriniens dans les produits de consommation)