L’hypersensibilité chimique multiple est une maladie chronique dont les patients qui en sont atteints sont extrêmement sensibles à des doses très faibles d’odeurs ou de produits chimiques. Il n’existe pas de traitement ciblant la cause des symptômes. La présence de nombreux sujets chimicosensibles est cliniquement observée parmi les sujets diagnostiqués sensibles aux champs électromagnétiques (voir le Guide pratique à l’usage des médecins sur https://ehs-mcs.org). Une étude des effets des champs électromagnétiques dans l’hypersensibilité chimique multiple parait donc indiquée.
Effets des champs électromagnétiques sur la mélatonine
Il est calculé qu’une absorption des champs électromagnétiques (CEM) se fait principalement par les yeux (1), en suivant le même trajet que la lumière depuis la rétine jusqu’à la glande pinéale où est sécrétée l’hormone mélatonine. Cinq laboratoires distincts ont d'ailleurs démontré que les niveaux environnementaux courants de CEM peuvent agir au niveau cellulaire pour favoriser la prolifération du cancer du sein en bloquant l'action oncostatique naturelle de la mélatonine. (2)
Ce trajet part du tractus rétino-hypothalamique (RHT) contenant des ganglions photosensibles pour aller vers le noyau suprachiasmatique (SCN) modulateur du rythme circadien, puis vers le ganglion cervical supérieur (SCN) dont l’innervation sympathique contrôle l’activité journalière, pour aboutir à la glande pinéale où a lieu la sécrétion de mélatonine (figure 1)

Sont significatifs les résultats d’une étude clinique portant sur plus de deux mille sujets catégorisés sensibles aux CEM chez qui une déplétion massive des valeurs urinaires de la mélatonine est observée dans la presque totalité des cas (3).
Ces résultats s’appliquant aux 30 % de sujets chimicosensibles compris dans cette étude témoignent des effets des CEM aussi sur cette population de malades, avec effet objectif sur leur mélatonine (4).
L’hypothalamus sécrète les gonadotrophines (GnRH) en direction de la glande pinéale où elles stimulent une production hormonale. Chez l’homme, l’hormone majeure est l’hormone folliculostimulante (FSH) dont l’organe cible est le testicule où s’effectue la synthèse de la testostérone sécrétée. Chez la femme, l’hormone majeure est l’hormone lutéinisante (LH) dont l’organe cible est l’ovaire où s’effectue la synthèse des œstrogènes sécrétés. (Figure 2)

La mélatonine a une action antigonadotrope.
Cette action a été prouvée par la baisse de son taux sanguin lors de la puberté, puis l'augmentation après soixante ans (5).
L’effet physiologique de la mélatonine intervient dans la reproduction : par son action antigonadotrope concernant les deux sexes, elle modifie la libération des gonadostimulines hypophysaires LH et FSH, inhibant la libération de testostérone (6) et des œstrogènes (7).
Chez la femme, en plus, la mélatonine peut être classée comme une hormone anti-œstrogène, démontrée par son action sur le cancer du sein (8).
Système hormonal sexuel chez les sujets chimicosensibles
Le faible taux de mélatonine chez les sujets chimicosensibles fait prévoir chez eux une augmentation des hormones sexuelles par effet inverse de l’effet inhibiteur de la mélatonine chez les sujets normaux.
Seraient ainsi augmentés les gonadostimulines, LH et FSH dans les deux sexes avec pour résultat final une augmentation respectivement de testostérone et des œstrogènes, celle-ci étant plus marquée chez la femme étant donné la propriété anti-œstrogène supplémentaire directe de la mélatonine.
Tentative d’explication de l’hypersensibilité chimique multiple
Le système olfactif s’exprime par l’odorat qui est le sens qui permet d’analyser les substances chimiques volatiles présentes dans l’air.
Des troubles hormonaux peuvent expliquer une hypersensibilité olfactive. Qu’il s’agisse de la grossesse ou de la ménopause, la femme par exemple vit des bouleversements biologiques importants lors de ces périodes. Les niveaux d’œstrogène augmentent de manière significative et leurs fluctuations peuvent influencer les zones du cerveau liées à l'odorat, en rendant les récepteurs olfactifs plus sensibles.
Cela pourrait aussi expliquer pourquoi davantage de femmes sont touchées par l’hypersensibilité chimique multiples.
Conclusion
Cette hormone étant inhibitrice du système hormonal sexuel, sa diminution provoquera par effet inverse une stimulation de ce système avec pour conséquence une libération accrue de testostérone et d’œstrogènes. Ces changements hormonaux peuvent provoquer une hypersensibilité olfactive, plus spécialement chez les femmes lesquelles sont sujettes à une activité hormonale plus intense. L’hypersensibilité chimique multiple s’expliquerait donc par un déséquilibre hormonal consécutif à une exposition aux champs électromagnétiques
References
(1) Glara Fuad Hasan, Specific absorption rate for frequency range used in GSM 900 and GSM 1800 MHz, CHERNE 2018-14th Workshop on European Collaboration in Higher Education on Radiological and Nuclear Engineering and Radiation Protection
Touitou Y. et al. Evaluation of the effect of magnetic fields on the secretion of melatonin in humans and rats. Circadian study. Bull Acad Natl Med 2002 ; 186(9) :1625-39
(2) Sage CL, Evidence for breast cancer promotion, Melatonin studies in cells and animals, BioInitiative Working Group, 2007.
(3) Belpomme D. et al., Le Livre Noir des Ondes. Ed. Marco Pietteur (Ferrières, Belgique 2021) p.322
(4) Belpomme D. et al., Reliable disease biomarkers characterizing and identifying electrohypersensitivity and multiple chemical sensitivity as two ethiopathogenic aspects of a unique pathological disorder. Rev Environ Health. 2015 Dec 1 ;30(4) : 251-7
(5) Sophie Ambroise-Thomas. La mélatonine : rôle biologique, intérêt et limites de l’usage thérapeutique. Sciences pharmaceutiques. 1998. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01613566
(6) Bayram Yilmaz et al., La mélatonine inhibe la sécrétion de testostérone en agissant sur l’axe hypothalamo---hypophyso-gonadique chez le rat. Neuro Endocrinol Lett. 2000; 21(4): 301-306
(7) Starr, J. (2011). The Effect of Melatonin on the Ovaries. The Science Journal of the Lander College of Arts and Sciences, 5(1).
(8) Sanchez-Barcelo et al., Melatonin–estrogen interactions in breast cancer. Journal of Pineal Research, 25 janvier 2005.