Monsanto, qui fabriquait alors des tapis, a tout fait pour discréditer les tests de la pathologiste Rosalind Anderson. Ses bioessais  avaient causé des problèmes pulmonaires et neurologiques sécères à certaines souris qu'elle avait exposées à un échantillon de tapis. Ses tests et résultats ont été reproduits par des experts indépendants renommés.

« What side are you on? » (De quel côté penches-tu?), me demanda la pathologiste américaine Rosalind C. Anderson, le 28 août 1991. Je venais de lui dire que j’étais journaliste. Nous étions au Château Champlain où elle venait de prononcer une conférence sur la toxicité des moquettes (tapis mur-à-mur) dans le cadre d’un colloque international sur la qualité de l'air intérieur organisé par Fariborz Haghighat, professeur de génie à l’Université Concordia.

J’allais rapidement comprendre pourquoi la Dre Anderson se méfiait des journalistes. Je lui ai répondu que je cherchais la vérité et que je m’inspirais de l’approche de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), qui appliquait le principe de précaution en matière de pollution domestique. Au début des années 1990, sa sommité en matière de qualité de l’air intérieur (QAI), le chercheur Jim White, m’avait confié que les avocats de la SCHL avaient recommandé à ses dirigeants de communiquer toute information pouvant aider les Canadien.ne.s à assainir leur demeure, même en l’absence de preuves causales hors de tout doute. Cette recommandation faisait suite au scandale de la mousse isolante d’urée formaldéhyde qui avait été subventionnée puis interdite par le gouvernement fédéral (Lire notre dossier Les leçons du scandale de la miuf). 

Après l'interdiction de la miuf par Santé Canada, en 1980, la SCHL fit amende honorable en finançant un vaste programme de recherche externe sur la qualité de l’air intérieur. Puis, en 1990, cette société de la couronne lança un concours de conception de maisons saines grâce auquel deux maisons modèles lauréates furent construites, une à Vancouver et l’autre à Toronto. La SCHL a publié d’excellents rapports de recherche et de nombreuses publications très utiles sur les maisons saines, dont le Guide d’assainissement de l’air et le guide Matériaux de construction pour les personnes hypersensibles à l’environnement. En 1998, la SCHL a même lancé un programme de formation d’investigateurs en QAI que j’ai eu l’honneur d’organiser pour elle au Québec.

Dans ce dossier, vous découvrirez :

La crise médiatique autour des « tapis toxiques »

Des victimes handicapées

Les nombreux problèmes avec les moquettes

Un scandale documenté depuis 1980

Les bioessais d’Anderson Laboratories

Lire la suite de ce dossier, Choix d'un tapis, que faire?

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