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Géologue et directeur du service de l'Environnement de la Ville de Prévost, Frédérick Marceau donne une formation sur les installations septiques (des maisons isolées des égouts) qui est offerte par la coopérative de solidarité Inspecteurs et experts en bâtiment. Voici les conseils qu'il offre aux citoyens.
Propos recueillis par Gabriel Parent-Leblanc.

  1. Soyez présent lors de la visite de votre professionnel concepteur pour l’étude de votre terrain et posez le plus de questions possibles. Je pense qu’une bonne partie de la grogne populaire sur l’imposition des systèmes avancés, plus coûteux, est reliée à une mauvaise communication avec le concepteur. Plusieurs ne reçoivent aucun détail du concepteur et se sentiraient plus rassurés en faisant partie du processus.
  2. Changer les toilettes et les pompes de douches pour des modèles à débit réduit. La durée de vie d’une installation septique dépend directement de la quantité et de la qualité des eaux qu’on y envoie. Plus on diminue notre apport en eau à traiter, plus on gagne en durée de vie donc en frais de remplacement à long terme.
  3. Bien lire son rapport d’inspection annuel si on a un système secondaire avancé.
  4. Profiter du Crédit d’impôt remboursable pour la mise aux normes d’installations d’assainissement des eaux usées résidentielles, valide entre le 31 mars 2022 et avant le 1er avril 2027. Il s’agit d’une subvention appréciable de 20 % des coûts totaux, après le premier 5 000 $ d’investissement. Détails sur https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/eaux-usees/residences_isolees/credit-impot.htm.
  5. Une grande partie des problèmes urgents à solutionner, comme des résurgences sur le terrain ou des traces évidentes de pollution, auraient pu être décelés antérieurement avec une inspection régulière du terrain par le propriétaire. Il arrive régulièrement que la municipalité décèle une anomalie de ce type avant le propriétaire. Avec 30 jours pour régler un problème, des travaux urgents qui coûtent quelques dizaines de milliers de dollars et qui ne se règlent pas toujours en 30 jours dans les meilleures conditions, la vie peut changer radicalement. Inspectez votre terrain, dans le secteur de votre fosse et de votre champ, régulièrement en période de fonte, après de fortes pluies ou même lorsque le terrain devrait être sec. Inspectez sur mais aussi autour du champ et dans les fossés et pentes de talus présents à proximité. Déplacez la végétation pour observer le sol à la recherche d’anomalies en ce qui a trait à l’humidité ou aux écoulements anormaux. Ouvrir régulièrement les couvercles de votre fosse septique peut aussi vous donner beaucoup d’information sur des problèmes d’utilisation ou de champ qui ne fonctionne plus bien ou de mauvaise utilisation. Par exemple, un colmatage de solides à l’entrée, un niveau d’eau plus haut que la base du tuyau de sortie sont des indicateurs qui sont facilement observables par le propriétaire en cinq minutes et sans se salir. Si vous avez un champ de type standard, assurez-vous de nettoyer votre préfiltre annuellement (il est accessible via le second couvercle de la fosse) pour éviter tout colmatage qui pourrait résulter en une résurgence au sous-sol. Si vous avez un système avancé, en général, ce nettoyage est effectué lors de l’entretien annuel.
  6. À ce titre, si vous êtes propriétaire d’un système secondaire avancé ou tertiaire, vous devez, en vertu du règlement, être lié par contrat annuellement, donc en tout temps, à une firme qui passera en assurer l’entretien. Non seulement vous le devez, mais croyez-moi, vous le voulez. Ne vous fiez pas à ce que vous pouvez entendre un peu partout. Ces entretiens sont nécessaires voire indispensables pour assurer un fonctionnement adéquat à long terme de l’ensemble de votre système. Débourser 125 $ par année n’est pas cher, croyez-en mon expérience. Cela est peut-être le meilleur conseil que je puisse donner à ce sujet. Pour 125 $ par année, vous avez la chance d’avoir un œil averti, qui vient s’assurer que tout est adéquat et fonctionne bien. Ne pensez pas que ces entretiens ne servent à rien. Les ajustements et manipulations que le préposé effectuent sur votre système ne sont pas toujours ardus, longs à effectuer ou évidents pour le propriétaire. Ils demeurent souvent primordiaux au bon fonctionnement de votre système à long terme et aussi parfois à très court terme. Ces systèmes nécessitent une quincaillerie, souvent des pompes ou des mécanismes, un mode de fonctionnement parfois adapté à l’utilisation de votre famille. Négliger ces inspections, malgré le fait que souvent, la conclusion est que tout va bien et que rien n’est à corriger, peut parfois entraîner des problèmes très coûteux à très court terme. Pour plusieurs c’est l’occasion du nettoyage annuel du préfiltre qu’ils n’auraient pas fait de toute façon… Croyez-moi, nombreux sont ceux qui regrettent et qui regretteront d’avoir négligé ce 125 $ par année sur un investissement de 20 000 $ qui n’aura finalement duré que quelques années…
  7. Autre point sur le sujet des entretiens, on entend beaucoup parler de monopoles dans le milieu des entretiens de systèmes, puisque anciennement on devait être lié exclusivement avec le fabricant de notre système. Ceci impliquait qu’on était lié à vie avec une compagnie sans autre option, ce qui en faisait friser plusieurs. Le tout s’ajoutait à une très mauvaise compréhension chez les propriétaires dudit entretien.  Cette situation de monopole n’existe plus depuis quelques années en raison d’un changement à la réglementation et ce marché s’ouvre tranquillement à d’autres professionnels. Mon avis demeure que le fabricant du système devrait toujours être celui qu’un propriétaire mandate pour en faire l’entretien, peu importe la différence de prix avec un concurrent. Je tiens quand même à rappeler qu’on parle d’une différence de prix d’un maximum autour de 20 $ par année pour s’assurer du fonctionnement d’un investissement de 20 000 $, avec un coût de remplacement encore plus élevé. Je ne dis pas que le concurrent est moins compétent, je dis qu’on ne parle pas d’un spa ici ou d’un climatiseur, on parle de notre installation septique…
  8. Surtout, surtout, surtout, lisez attentivement le rapport d’inspection pour déceler tout problème. Vous n’êtes pas clairement avisé d’un problème décelé lors d’une inspection, autrement que par sa simple indication au rapport. Et ce n’est pas toujours clair, malheureusement, même inscrit sur le rapport. Il arrive fréquemment qu’une recherche sur les inspections effectuées antérieurement sur un système septique, à la suite de sa mise en infraction par la municipalité, indique qu’un problème était présent ou prévisible depuis quelques années… bien que l’inspection ait été régulièrement effectuée.
  9. Soyez présent lorsque le professionnel, le préposé à l’entretien de votre système avancé ou le vidangeur de votre fosse septique vient effectuer ses travaux sur votre terrain. Toutes ces personnes compétentes sont à même de vous conseiller sur votre utilisation à la lumière de leurs observations. Vous n’avez pas idée de ce qu’on voit de la vie des gens en observant leur fosse septique!
  10.  Faites vidanger votre fosse septique aux deux ans. C’est non seulement réglementé mais encore ici, pour un usage familial normal, c’est un entretien de base. Bon, vous êtes deux dans une installation pour quatre chambres ou êtes partis tout l’hiver en Floride, ce ne sera pas la fin du monde pour votre système d’étirer à trois ans, mais certaines municipalités ne vous laisseront pas aller jusque-là. Le règlement dit deux ans. Vous auriez toutefois tort d’attendre l’avis de la municipalité, qui n’est pas toujours régulier. Encore ici, on parle d’un entretien de base à 200 $ la vidange environ, donc à 100 $ par année si vous respectez le règlement. Votre spa et votre clôture vous coûtent individuellement plus cher que ça en entretien annuel et n’impliquent pas la même envergure de travaux de remplacement.
  11.  À ce stade, vous aurez compris mon avis : comme propriétaire d’une installation septique, le pire poste de dépenses à sous-financer dans votre budget est le 100 $ à 225 $ annuel pour l’entretien de votre installation septique, qu’elle soit standard ou avancée. Il n’y a pas beaucoup d’investissement plus rentable à faire sur votre propriété. Plus votre terrain est petit, plus j’ai raison sur ce point. Si, à ce stade de votre lecture, je ne vous ai pas convaincu de vous fier à moi sur l’entretien plutôt qu’au beau-frère ou au voisin, j’ai failli à ma tâche de conseiller. Désolé!
  12.  L’utilisation de votre installation septique est aussi importante pour s’assurer d’une durée de vie telle qu’elle est attendue ainsi que d’une absence de pollution, perceptible ou non. Tout ce que vous rejetez dans la toilette ou dans les éviers y est acheminé. Ne versez jamais dans votre évier ce que vous ne seriez pas prêt à verser sur votre gazon. Au final, tout finit dans votre sol et dans les eaux souterraines. Une installation septique traite ce qui est organique et habituellement rejeté dans les eaux usées d’une résidence. L’essence et l’huile, les tampons, les condoms, l’eau de Javel en grande quantité (une tasse dans un lavage de linge demeure acceptable), les solvants, vernis et peinture, l’huile de la friteuse, le dégraissant fort ne sont pas des produits qui sortent traités d’un champ d’épuration et certains peuvent écourter significativement sa durée de vie. L’eau ne disparaît pas au final, rappelons-nous-en, elle s’infiltre dans votre sol ou s’écoule dans votre fossé… et pas mal dans un rapport de 1 pour 1…
  13.  Les actions à éviter à tout prix mais souvent inconnues :

- Ne jamais laver des pinceaux ou des accessoires de peinture ou teinture dans une installation septique et ce, peu importe le type de produit ou de solvant, à l’huile comme à l’eau.

- Ne jamais utiliser de broyeur à déchets dans l’évier de la cuisine. Les solides qui parviennent à votre fosse deviennent alors une boue déchiquetée et on envoie nécessairement plus de solides et de gras au système lorsqu’on en est équipé. Au même titre qu’un champ d’épuration, une fosse septique n’est pas conçue pour travailler avec ce type de rejet non standard, et c’est alors le champ d’épuration, à durée de vie limitée peu importe son type, rappelons-le, qui mange le coup.

Une installation septique classique avec fosse et champ d'épandage souterrain (dit « champ d'épuration ») coûte entre 6 000 $ et 12 000 $. La fosse septique, au fond de laquelle se déposent les matières solides organiques qui s'y décomposent partiellement, doit être vidangée de ces « boues » par un professionnel (présence de gaz toxiques) aux deux ans dans le cas d'une résidence occupée en permanence ou aux quatre ans pour une résidence occupée 180 jours ou moins par année. À terme, une fosse non vidangée risque de créer un refoulement d'eaux usées dans la maison et de colmater l'élément épurateur qui ne pourra alors plus faire son travail d'assainissement.
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