Les inspections préachat de bâtiments ont commencé au Québec à la fin des années 50, du moins c'est à cette époque que j'ai commencé à les faire alors que j'étais encore étudiant en architecture, un an avant d'obtenir mon diplôme.
À l'époque, il y avait une énorme demande de logements en raison du retour de tous les anciens combattants après la Seconde Guerre mondiale. Ils n'avaient pas beaucoup d'argent. Très peu d'inspections préachat étaient effectuées dans les années 50 et 60, car les acheteurs étaient reconnaissants de pouvoir simplement acquérir une résidence.
Cela rappelle la situation d'aujourd'hui où il y a une énorme demande de la part des milléniaux, une offre insuffisante et ils doivent être aidés financièrement par leurs parents pour faire l'achat.
Dans les années 70, j'ai donné des cours de niveau universitaire à des architectes et des ingénieurs diplômés. Bon nombre des étudiants qui ont suivi ces cours ont décroché des emplois dans la fonction publique, pour les municipalités ou l'armée canadienne, en aidant à l'entretien des bâtiments publics, y compris les logements sociaux. Par la suite, ils se sont orientés vers la gestion d'immeubles d'appartements et de condominiums.
En 1983, une manchette du journal La Presse indiquait que seulement 20 % des acheteurs faisaient des offres conditionnelles exigeant une inspection préachat. C'est très peu si l'on considère que l'achat d'une maison est probablement l'investissement le plus coûteux que la plupart des gens feront dans leur vie.
En 1994, le Québec a décidé de déréglementer l'inspection des bâtiments, ce qui a été fait dans le cadre du nouveau Code civil du Québec. Je soupçonne qu'il s'agissait d'une décision politique, car le concept de déréglementation visant à créer davantage d'emplois mal rémunérés a été lancé par Ronald Reagan lorsqu'il était président des États-Unis. Son bon ami de l'époque, Brian Mulroney, un premier ministre canadien originaire du Québec, partisan du libre-échange comme Ronald Reagan, a peut-être contribué à ce que ce changement se produise au Québec.
L'article 1776 stipule qu'une inspection préachat du bâtiment peut même être effectuée par l'acheteur, qu'il n'est pas nécessaire de faire appel à un expert, et que la seule exigence est que la personne qui l'effectue soit prudente et diligente.
Au cours des deux décennies suivantes, l'effet de la déréglementation et le fait que les agents immobiliers soient autorisés à recommander des inspecteurs [c'est toujours contraire à la loi dans le Massachusetts], ont fait baisser le coût et la qualité des inspections préachat au point de les rendre insignifiantes.
Plus récemment, notamment avec la pandémie, de moins en moins de nouvelles maisons sont construites et peu de maisons existantes sont mises en vente. Pendant la pandémie, les propriétaires ont été encouragés à travailler à la maison et les personnes âgées, qui auraient autrement mis leur maison en vente, ont décidé de se réfugier chez elles pour rester en sécurité.
Comme l'offre a diminué, le prix des maisons a explosé. Les guerres d'enchères ont commencé et la préférence a été donnée à ceux qui étaient prêts à acheter sans inspection préachat.
Actuellement, des gens désespérés achètent souvent des maisons à leurs risques et périls en renonçant à la garantie légale, sans possibilité de poursuivre un vendeur pour des vices cachés. Si l'on considère l'histoire de l'inspection préachat, qui a pour but de protéger les consommateurs, il faut croire au vieil adage selon lequel « on récolte ce que l'on sème ».
J'ai bon espoir que, dans un avenir proche, les choses changeront à nouveau pour le mieux. Les acheteurs verront l'avantage de faire appel à des architectes ou des ingénieurs expérimentés [experts de la rénovation] pour effectuer leurs inspections préachat.
Bulletin d'information de Morris Charney
L'inspection préachat, une étape essentielle - La Presse+
Inspection et immobilier : un système de collusion dénoncé - Journal de Montréal