Christian Marc avec sa femme et fidèle collaboratrice, la chanteuse Manon Séguin. 

Le chanteur et pianiste Christian Marc Gendron souffre parfois d’absences et de pertes de conscience soudaines. Il dort même dans un bain rempli d’eau isolante quand il séjourne dans un hôtel où les ondes Wi-Fi sont trop puissantes. « C’est comme une allergie, ça me chauffe partout… Ça me donne des palpitations », a-t-il décrit à l’émission de télé Salut Bonjour le 28 novembre 2021. Il a aussi écrit deux chansons sur sa condition d'hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, dont Électrosensible que l'on peut écouter sur Youtube. Il y chante que « la vie ne tient qu’à un fil », puisque câbler nos appareils permet d’éviter le rayonnement de radiofréquences/micro-ondes pulsées des appareils sans-fil. Porte-parole du Rassemblement électrosensibilité Québec qui vient en aide aux gens qui en souffrent, Gendron est présentement en tournée avec son populaire spectacle Piano Man II.

Son calvaire a commencé en 2017, alors qu’il a reçu « deux bons chocs électriques », d’abord en chargeant son cellulaire dans sa voiture avec un adaptateur bas de gamme, nous a-t-il expliqué en entrevue téléphonique depuis sa demeure des Laurentides. « J’ai ressenti une brûlure dans mon bras et ma main gauche qui aujourd'hui sont toujours les premiers à réagir quand je suis surexposé aux ondes. Puis une semaine après, je jouais sur un vieil orgue pas groundé et le courant m’est passé à travers le corps. Je suis tombé sans connaissance et me suis senti électrifié et agressif pendant un certain temps. Au même moment, mon sofa était collé sur le compteur intelligent. À l’époque, je n’étais pas intéressé par ça, l’électrosmog, jusqu’à ce qu’une amie comédienne m’en parle et que je me sente en autocombustion! »

Malgré tout ce qu’il fait pour se protéger, il dit que son électrohypersensibilité (EHS) est de plus en plus difficile à supporter, lui qui donne plusieurs concerts à travers le Québec. Ses proches l’accommodent en fermant leurs cellulaires et en coupant le Wi-Fi, mais en milieu urbain le rayonnement électromagnétique est omniprésent. 

« C’est plus dur qu’avant, dit-il. J’ai beaucoup de misère, les salles sont pleines, la pression est forte et les attentes élevées. Ça me demande beaucoup et des fois je perds le fil. Aujourd’hui, les brûlures cutanées ont fait place à des symptômes musculaires, comme une aiguille dans la jugulaire ou un serrement dans les testicules quand je suis près d’antennes cellulaires que mon corps détecte un kilomètre à l’avance, en voiture. Au coin des autoroutes 15 et 640, c’est l’enfer. Je ne comprends pas que des gens vivent là, ça m’inquiète beaucoup pour ceux qui n’ont pas les sous pour déménager à la campagne. Mais le combat des électrosensibles est pas mal sur pause en ce moment, avec la pandémie et la guerre… »

Comment se protège-t-il? « Dans mon devis technique de spectacles, il est inscrit de fermer les routeurs Wi-Fi autant que possible et que les gens qui travaillent autour de moi mettent leurs appareils en mode Avion. Avant, nous le demandions au public, mais ça me mettait mal à l’aise alors on a arrêté. Mais les gens des salles [dont plusieurs sont conscients de son hypersensibilité] sont vraiment compréhensifs. » 

Il utilise aussi divers produits pour se protéger des ondes. « J’adore la pierre de shungite, j’ai une grosse boule dans ma chambre que je tiens dans mes mains. Ça augmente ma capacité d’absorber les ondes, ça apaise mes maux. Mais c’est très fort, il ne faut pas dormir avec, ça nous fait faire des voyages astraux, des rêves qui semblent très, très vrais! L’Immunocal [un isolat protéique de lactosérum et précurseur de glutathion] m’a aidé, tout comme le jus d’herbe de blé, ça m’apaise quand j’en prends régulièrement. Comme ma mère est épileptique, j’ai peut-être une faiblesse héréditaire. Je prends un médicament pour ça et la fibromyalgie, le Lyrica ou pregabalin qui apaise mes douleurs. » 

Il déplore que bien des médecins soient « paresseux » et réfèrent les hypersensibles en psychiatrie. « La plupart ne veulent pas investiguer l’EHS, mais ma médecin de famille, elle, est très ouverte. Je suis aussi allé en thérapie, c’est possible que ça aide si on y croit, l’effet placébo est une bonne chose. L’hypnose également m’a aidé, mais c’est un événement à la fois et ça coûte cher, à 100 $ l’heure. J’ai fait de l’acupuncture et le reiki m’a vraiment aidé aussi. Les médecines douces sont un bon complément à la médecine conventionnelle. »

Il conclut en disant qu’il faut apprendre à vivre avec les technologies. « Pour être écouté et accommodé, il faut parler aux gens du bon ton et ne pas tomber dans le discours complotiste. Il faut arrêter de démoniser le gouvernement, sinon on va être malheureux toute notre vie. Il faut trouver son équilibre… »