Après de nombreuses années de pratique et d’enseignement de la médecine environnementale aux médecins allopathes, la docteure en naturopathie américaine Lyn Patrick ND est soudainement devenue un cas clinique lorsqu’elle a perdu sa tolérance aux champs électromagnétiques (CEM). Des picotements aux doigts, des acouphènes (bourdonnements dans les oreilles) et d’autres symptômes révélateurs l’ont soudainement sensibilisée à la question des CEM. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’experte de la surcharge chimique, de l’intoxication par les moisissures et des maladies infectieuses est fière coprésidente — avec la Dre Lisa Nagy — de la conférence médicale Diagnosing and Treatment : Effects of Electromagnetic Fields Exposure (Diagnostic et traitement : effets de l’exposition aux champs électromagnétiques), qui aura lieu du 6 au 8 septembre 2019 à Santa Cruz, en Californie.
Cet événement truffé de sommités médicales est organisé en mémoire de son instigateur, le chirurgien cardiothoracique William (Bill) J. Rea, décédé en août dernier après une brillante carrière à l’Environmental Health Center - Dallas (EHC-D), centre mondialement reconnu qu’il avait fondé en 1974. Tout a commencé après que son fils et plus tard le Dr Rea lui-même ont été empoisonnés par une surexposition à des pesticides. Ils furent traités par le Dr Theron Randolph, le célèbre allergologue qui a fondé l’Académie américaine de médecine environnementale en 1965 et qui allait devenir son mentor. En 1991, le Journal of Bioelectricity publiait une étude historique de provocation (Electromagnetic Field Sensitivity ou Sensibilité aux champs électromagnétiques) dirigée par le Dr Rea. Celle-ci confirmait pour la première fois que l’électrohypersensibilité (EHS) était un véritable problème de santé déclenché par les CEM.
5G : des conséquences dévastatrices
« En avril 2018, Bill Rea a prononcé un discours lors du symposium sur la santé environnementale que je dirige, a raconté la Dre Patrick dans une interview disponible sur notre chaîne YouTube. Il est venu vers moi et m’a dit : "J’ai vraiment besoin de ton aide pour organiser une conférence sur les CEM, car il y aura un déploiement de fréquences 5G [la technologie cellulaire de cinquième génération] et cela aura des conséquences dévastatrices sur la santé publique". Bien sûr, j’ai été honorée et j’ai dit oui. Nous devons informer les prestataires de soins de santé à ce sujet. » [Lire Un futur sans fil 5G, signé par le médecin californien Cindy Russell.]
Cette conférence réunira des sommités en matière de CEM et de santé, qui enseigneront aux médecins l’art stratégique de détecter et de traiter les effets des rayonnements électromagnétiques de basses et hautes fréquences. Les CEM agissent en synergie avec les polluants biologiques et chimiques, un facteur critique de maladie négligé par la plupart des médecins et autres professionnels de la santé, selon la Dre Patrick. « Je suis à jamais frustrée par les médecins qui donnent des produits miracles de désintoxication à leurs patients, sans même comprendre quelles sont les expositions que les gens doivent éviter; alors, ils continuent simplement de s’exposer. C’est bon pour les médecins, non? Ils gagnent beaucoup d’argent en traitant des personnes pendant de longues périodes, sans faire de la médecine environnementale de manière éthique. »
La Dre Stephanie McCarter, qui a travaillé pendant 15 ans avec le Dr Rea au sein de l’EHC-D, y poursuit son héritage avec son nouveau propriétaire, la Dre Elizabeth Seymour, spécialiste de la médecine familiale et fonctionnelle. Toutes deux compteront parmi les orateurs de classe mondiale présents à Santa Cruz. Elles parleront notamment de l’importance de faire l’historique de l’exposition environnementale de leurs patients et des outils de diagnostic et de traitement de pointe qu’elles utilisent. Un bon exemple est le test de provocation-neutralisation qui permet de détecter et de neutraliser les déclencheurs de multiples hypersensibilités alimentaires, microbiennes et chimiques, ainsi qu’aux pollens, moisissures, métaux et implants. Des conditions communes à la grande majorité de leurs patients.
La santé est environnementale à 75 %
La plupart des patients qui arrivent à EHC-D sont dans le même état critique que la Dre McCarter a vécu en 2000, lorsqu’elle a consulté le Dr Rea après que 10 autres médecins n’eurent pas réussi à l’aider. Il découvrit rapidement qu’elle avait été empoisonnée par des moisissures et des pesticides dans ce qu’elle pensait être une maison de rêve, dans l’Indiana, sans parler d’une mauvaise réaction aux anesthésiques utilisés lors d’un accouchement par césarienne. « Je n’ai jamais appris cela à l’école de médecine. Nous traitions seulement les symptômes avec des médicaments... La première fois que je suis entrée dans sa clinique, mes symptômes persistants ont commencé à disparaitre. Cela m’a aidé à comprendre une des choses les plus importantes que Dr Rea enseignait, soit que 75 % du traitement médical devrait être axé sur le contrôle de l’environnement. »
Selon la Dre McCarter (visionnez notre entrevue sur YouTube), EHC-D est probablement la seule clinique au monde qui présente des niveaux de composés organiques volatils cinq fois plus faibles que la norme et une salle de provocation protégée des CEM où les patients peuvent être soumis à un test EHS et se remettre d’une surexposition aux radiations. La plupart des patients qu’elle voit sont tellement accablés par des années de lésions environnementales qu’il faut plusieurs jours pour que leurs symptômes immunitaires, neurologiques et autres se calment dans cet environnement vierge. Beaucoup ne peuvent même pas prendre de vitamines ni de suppléments, car ils y réagissent.
Lyn Patrick explique : « Ils ont perdu leur capacité à différencier le non-soi — ce qui ne fait pas partie du corps humain — qui est sans danger de celui qui est dangereux. Comme Bill Rea le disait, cette perte de tolérance représente une étape cruciale dans le développement des maladies environnementales. Donc, ces personnes ont depuis longtemps perdu leur tolérance. La guérison s’avère un processus très spécifique consistant à les aider à commencer à se détoxifier dans un environnement sûr et à tolérer lentement les intrants de nutrition et de botanique ainsi que certains médicaments. »
La Dre Lisa Nagy, coprésidente de l’EMF Conference, est une spécialiste en médecine d’urgence qui pratique à Boston, dont le Dr Rea a également sauvé la peau. « Elle se passionne pour la reconnaissance de l’électrohypersensibilité et collabore avec des organismes fédéraux tels que le ministère des Anciens Combattants et l’Institut national des sciences de la santé environnementale (NIEHS), un sous-groupe des Instituts nationaux de la santé. En fait, elle a aidé à mettre en place une conférence avec le NIEHS que l'on peut visionner sur le Web. Elle est l’un de nos grands leaders. »
À l’instar de la Dre McCarter et de nombreux autres patients atteints de MCS et d’EHS, la Dre Nagy est devenue électrohypersensible après avoir été affectée par la moisissure et le galvanisme oral (les plombages au mercure et autres métalliques en bouche agissent comme des antennes et peuvent libérer des poisons dans le corps). « D’après les recherches qui seront présentées par nos collègues européens, nous savons que les personnes exposées aux mycotoxines résultant de dégâts d’eau et de la moisissure sont beaucoup plus à risque d’être sensibles à l’exposition aux CEM », explique la Dre Patrick.
Un programme d’avant-garde
Les autres orateurs célèbres de l’EMF Conference seront :
- La toxicologue canadienne Magda Havas PhD, dont les recherches novatrices portent notamment sur l’électrothérapie, l’électricité sale, les courants terrestres et d’autres types de champs électromagnétiques qu’elle a notamment associés à des risques accrus de maladies neurologiques et cardiaques ainsi qu’au diabète.
- Erica Mallery-Blythe MD, urgentologue britannique et fondatrice de l’organisme Physicians’ Health Initiative for Radiation and Environment (Initiative de santé des médecins pour le rayonnement et l’environnement).
- Le neuroscientifique suédois Olle Johansson PhD, auteur de plus de 600 communications scientifiques, qui a inventé le terme « dermatite de dépistage », une condition développée par des personnes qui avaient passé de longues heures devant des terminaux d’affichage vidéo ou qui avaient été exposées à des radars ou autres radiofréquences. Ses recherches ont permis à la Suède de reconnaître la déficience fonctionnelle EHS. De plus, en 2000, les pays nordiques ont classé 'l'intolérance électromagnétique' parmi les“conditions dont l'étiologie est attribuée à des facteurs environnementaux – mécanismes pas encore compris''. Contrairement à ce que l’Organisation mondiale de la santé a écrit en 2005, le Conseil nordique des ministres a déclaré que ses symptômes « disparaissent dans des environnements non électriques ».
- L’épidémiologiste américaine Devra Davis PhD, présidente de l’Environmental Health Trust et auteure à succès (The Secret History of the War on Cancer, When Smoke Ran Like Water et Disconnect: The Truth about Cell Phone Radiation). Conseillère auprès du président Clinton en matière de risques chimiques, elle fut directrice fondatrice du Conseil sur les études environnementales et la toxicologie, au Conseil national de recherche américain, ainsi que du Centre d’oncologie environmentale de l’Institut du cancer de l’Université de Pittsburgh.
- Dr Dominique Belpomme MD, oncologue français, responsable de l’Association pour la recherche sur le traitement du cancer et de l’Institut européen de recherche sur le cancer et l’environnement. Depuis 2008, son équipe médicale a étudié plus de 700 patients européens atteints d’hypersensibilité électromagnétique et/ou chimique. Il a mis au point des méthodes de diagnostic de l’EHS (qu’il préfère désigner comme syndrome d’intolérance aux CEM) basées sur des tests sanguins et d’urine et une échographie Doppler pulsée du cerveau. Ses recherches ont montré que les personnes souffrant d’hypersensibilité chimique et électromagnétique avaient « des biomarqueurs très similaires dans le sang et dans l’urine, reflétant une très grave inflammation », a expliqué la Dre Lyn Patrick.
- Dr Victoria Dunckley MD, pédopsychiatre intégrative américaine maintes fois primée. C’est une sommité de l’impact du temps passé devant un écran sur la santé et le développement du cerveau. Elle est une voix influente en ce qui concerne l’impact des écrans sur les troubles psychiatriques, la dépendance et la surmédication chez les enfants.
- La professeure espagnole de médecine Pilar Muñoz-Calero, directrice médicale de l’hôpital ambulatoire Alborada et codirectrice de la Chaire de pathologie et de l’environnement de l’Université Complutense de Madrid. Spécialisée en pédiatrie, néonatologie, stomatologie et médecine de la toxicomanie, elle pratique également la médecine de l’environnement et est membre de l’International Lyme and Associated Diseases Society.
- Dre Toril Jelter MD, pédiatre et médecin généraliste d’origine norvégienne. Dans le cadre de ses recherches sur les effets nocifs des rayonnements faites depuis plus de 30 ans, elle a mis au point le « Protocole No/Low EMR » visant à calmer le comportement des enfants atteints de TDAH ou d’autisme en réduisant leur exposition aux CEM. Ce protocole est disponible sur le site Web Electronic Silent Spring.
- Dr Gunnar Heuser MD, toxicologue d’origine allemande, formé en médecine expérimentale et en chirurgie avec le pionnier du stress Hans Selye, à l’Université de Montréal, ainsi qu’en neurophysiologie et en médecine légale. Longtemps professeur de médecine à l’Université de la Californie à Los Angeles et membre de son Institut de recherche sur le cerveau, cet octogénère se spécialise désormais dans le traitement de patients sensibles aux champs électromagnétiques. Le Dr Heuser a publié de nombreux ouvrages sur les effets des produits chimiques toxiques et des CEM sur le cerveau et la fonction immunitaire.
- Dre Sharon Goldberg MD est une spécialiste en médecine interne intégrative. Ancienne professeure de médecine à New York et à Miami, elle est spécialisée dans le traitement des maladies liées à l’environnement, y compris l’EHS, que les Soviétiques ont baptisé « syndrome des micro-ondes » dans les années 1960. Elle est membre du comité de rédaction de la revue scientifique Electromagnetic Biology and Medicine.
- Dre Kalpana Patel MD est une légende américaine en médecine environnementale. Interniste et gastroentérologue, elle est fondatrice et directrice de l’Environmental Health Center-Buffalo et ancienne présidente de l’American Academy of Environmental Medicine. Elle a reçu le prix du médecin de l’année 2004 et de nombreux autres prix nationaux et internationaux, notamment pour ses travaux sur les effets dévastateurs sur la santé des habitants de Love Canal (New York), bâti sur une décharge de rebuts industriels toxiques et où 950 familles ont dû êtres évacuées en 1978.
- Peter Sierck, hygiéniste industriel et baubiologue (biologiste du bâtiment) d’origine allemande, menant des enquêtes sur la qualité de l’air intérieur et l’environnement dans les bâtiments depuis 1986. Formé en Baubiologie en Allemagne, il a été l’un des premiers instructeurs américains en biologie du bâtiment, y compris les enquêtes de champ électromagnétique.
Enfin, un panel d’intervenants sur les politiques publiques interviendra le samedi 7 septembre. Il sera constitué de Cece Doucette, Theodora Scarato, Elizabeth Kelley, la Dre Cindy Russell, la Dre Erica Mallery Blythe et Peter Sullivan.
Je suis très impressionné par la qualité de ces admirables conférenciers réunis par les organisateurs de la conférence, dont la directrice Pam Chaloult, qui a produit et animé des centaines de conférences sur le changement social.
Au plaisir de vous en parler dans notre numéro d’hiver 2020 ainsi que sur notre chaîne YouTube cet automne.