À notre époque, que veut réellement dire être en santé, que faire pour atteindre cet état et comment le préserver par la suite? Ouf, quelle grande question! Presque dix ans se sont écoulés depuis la publication de mon premier essai, Être et ne plus être autiste ou comment notre famille a vaincu l’autisme… naturellement, et sept années depuis la publication de mon deuxième livre, Santé! Le guide pour toute la famille. Pendant tout ce temps, je n’ai cessé de faire de la recherche, d’expérimenter, de mettre mes connaissances à jour, d’échanger avec une foule d’experts et de faire de nouvelles découvertes. J’ai tellement de choses à dire que je ne pourrais me contenter de quelques paragraphes pour les exposer, mais je tenterai, dans le cadre de cet article, d’en résumer les grandes lignes.
Considérer la santé comme un concept global
Si certains principes que j’ai abordés dans le passé ont évolué avec le temps, l’un d’eux est demeuré le même : la santé est un concept global, et si on désire améliorer son état, il faut nécessairement agir sur un ensemble de facteurs. Il est totalement faux de croire que si on ne fait que modifier un élément – l’alimentation, par exemple –, on guérira systématiquement de tous nos maux et on jouira d’une santé parfaite. De la même manière, on peut avoir une maison parfaitement saine, mais si on est constamment envahi par la tristesse et la nostalgie, il est très possible que nous ayons des ennuis de santé persistants.
Revoir son alimentation en profondeur
Une fois le principe de globalité compris, il y a lieu d’explorer un à un les différents éléments que je considère comme les piliers d’une bonne santé. Dans mes livres, le sujet que j’ai le plus largement exploré est l’alimentation. À la lumière de l’expérience que j’ai vécue avec mes deux fils aînés, je demeure absolument convaincue que ce que nous mangeons a un impact majeur sur notre santé globale.
En 2023, je crois encore fermement en l’importance d’une alimentation saine et équilibrée, dans laquelle sont exclus le gluten, la caséine (présente dans tous les produits laitiers), le soya (surtout en présence d’un trouble neurodéveloppemental), le sucre et tous les organismes génétiquement modifiés, additifs, colorants et autres substances artificielles. En plus du retrait de certains aliments et substances, j’accorde une grande importance à la consommation de légumes variés et colorés – en particulier les légumes verts – et de produits frais et locaux. Dans la mesure du possible, je privilégie les ingrédients biologiques (idéalement certifiés); les pesticides étant très nocifs et largement incriminés dans l’expression d’une foule de maladies.
Le retrait strict de ces substances aurait des effets positifs majeurs sur un très grand nombre de maladies inflammatoires, auto-immunes, chroniques, mais aussi, dans le cas qui m’intéresse par-dessus tout, sur les troubles neurodéveloppementaux, notamment l’autisme, le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), le syndrôme de Gilles de la Tourette, la dyspraxie, la dyslexie, l’anxiété généralisée, la dépression, etc. Lorsque je parle d’effets positifs majeurs, je pense à une diminution marquée, voire à la disparition complète d’un, de plusieurs ou, dans certains cas, de la totalité des symptômes, et ce, même pour des troubles que l’on dit irréversibles.
D’ailleurs, au fil des ans, les études scientifiques – et les témoignages – se sont multipliés sur le Web et dans la littérature. Les histoires de rémissions sont nombreuses, et on entend abondamment parler d’enfants qui avaient autrefois des conditions sévères perdre leur diagnostic ou voir celui-ci s’atténuer grandement après avoir entrepris un important changement d’alimentation et de mode de vie. Ce fut le cas de mes deux fils aînés, pour qui les modifications alimentaires furent le point de départ de leur époustouflante métamorphose (pour en savoir plus, lire Être et ne plus être autiste paru en 2015 aux Éditions Fides).
Aujourd’hui, en 2023, je prône le même type d’alimentation, à une différence près : j’insiste davantage sur l’importance de réduire les glucides au minimum. En 2011, les sucres raffinés étaient déjà exclus de ce que je considérais être une alimentation saine, mais au fil des années, mes recherches et mon expérience m’ont convaincue que réduire grandement les aliments glucidiques comme le riz, les pâtes, les pommes de terre et même les sucres non raffinés comme le miel et le sirop d’érable apportait encore plus de bienfaits. Je ne dis pas de les éliminer complètement (à moins d’infection fongique, par exemple), mais de les réduire le plus possible.
Le dernier élément que je pourrais ajouter du point de vue de l’alimentation est que, bien qu’un régime strict sans gluten, sans produits laitiers, sans soya, sans sucres raffinés et pauvre en glucides doive être appliqué de façon stricte pendant une certaine période plus ou moins longue selon la condition et selon les individus, il devient un jour possible – principalement lorsque l’intestin est réparé, que l’inflammation est éradiquée et que l’équilibre est revenu – de faire des écarts occasionnels sans conséquence majeure.
Introduire une supplémentation adaptée à nos besoins
J’ai beaucoup parlé de supplémentation dans mes deux premiers livres, et je la considère toujours appropriée en cas de carences (qui sont pratiquement inévitables en présence d’un trouble neurodéveloppemental) ou en cas de porosité ou d’inflammation intestinale, car l’intestin ne peut alors plus occuper sa fonction d’assimilation. Sinon, chez une personne en parfaite santé et débordant de vitalité, une alimentation saine et équilibrée fournit généralement tous les nutriments, minéraux et vitamines dont elle a besoin.
Je fais toutefois une exception pour la vitamine D, qui n’est pas présente en quantité suffisante dans notre assiette. D’ailleurs, selon Statistique Canada plus du tiers des Canadiens présentent une carence en vitamine D alors que 93 % des jeunes Québécois ont un taux sanguin de vitamine D qui n’atteint pas le minimum santé de 75 nmol/l! Ainsi, toutes les personnes qui habitent loin de l’Équateur auraient grandement intérêt à se supplémenter. Ceci est encore plus vrai pour les enfants présentant un trouble neurodéveloppemental. Rappelons que la vitamine D est absolument vitale au système nerveux, à la santé osseuse, au maintien d’un bon système immunitaire et à une foule de fonctions du corps humain.
D’autres suppléments peuvent s’avérer utiles, mais rarement de manière prolongée. Si nous avons toujours besoin d’un supplément (autre que la vitamine D), cela devient en quelque sorte une béquille et il y a lieu de se demander si ce besoin ou cette carence ne cache pas un problème plus profond. Encore une fois, l’important est de se faire accompagner par un professionnel holistique compétent; un naturopathe agréé, par exemple.
Bouger plus et dormir mieux
Tout le monde connaît l’importance de l’activité physique, mais pourtant, les gens sont de plus en plus sédentaires. Pour jouir d’une bonne santé, il est capital de bouger, et ce, de façon régulière, c’est-à-dire au moins trois fois par semaine, 30 minutes chaque fois. En plus de permettre le maintien d’une bonne forme physique, le sport donne de l’énergie, abaisse la tension artérielle, aide à maintenir un poids santé, renforce la solidité des os, réduit grandement le stress et contribue à la prévention de nombreux problèmes de santé, notamment les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète de type 2. Trouvez une ou plusieurs activités physiques que vous aimez (sinon, vous risquez bien vite d’abandonner), fixez-vous des objectifs réalistes, pratiquez en compagnie d’un ami si cela vous semble plus motivant et… bougez!
Un autre aspect essentiel au maintien d’une bonne santé est un sommeil suffisant et réparateur. Selon un rapport publié en 2015 par la fondation américaine National Sleep Foundation, un adulte devrait dormir entre sept et neuf heures par nuit pour fonctionner de manière optimale durant la journée, alors que les besoins d’un enfant en pleine croissance sont encore plus élevés. Un sommeil adéquat entraîne de nombreux bienfaits : il améliore l’attention et le comportement, favorise la mémoire et optimise notre santé mentale et physique, en plus de contribuer à réguler plusieurs fonctions vitales. Pourtant, de nombreuses études indiquent que la quantité et la qualité du sommeil se détériorent, et que l’une des causes de cela est l’utilisation des écrans jusque tard en soirée. J’insiste donc sur l’importance de se tenir loin de ceux-ci au moins une heure avant de se coucher et d’en profiter pour installer, tant pour l’adulte que pour l’enfant, un rituel calme avant le moment du dodo. Vous pouvez par exemple vous adonner à une activité méditative ou de détente comme le yoga, le Qi gong, la pratique d’exercices de respiration ou toute autre activité qui vous amènera à ralentir le rythme et à prendre un moment de connexion à vous-même… plutôt qu’à l’internet!
Dans la même ligne de pensée, je préconise de sortir de la chambre à coucher tous les appareils électroniques qui émettent de la lumière et procurent des stimuli, qu’il s’agisse d’un téléviseur, d’un ordinateur, d’une tablette ou de tout autre appareil numérique.
Vivre dans une maison saine
Une fois que l’on a pris soin de son corps, il convient de prendre soin de l’environnement dans lequel on vit. Tout le monde connaît le vieil adage « Un esprit sain dans un corps sain ». On pourrait l’élargir et dire « Un corps sain dans un environnement sain ». Les gestes à poser pour assainir notre maison et ainsi maximiser notre santé sont nombreux, mais en voici les principaux :
- Assainir l’eau que nous buvons en installant un système de filtration de qualité.
- Assainir l’air que nous respirons grâce à un système de ventilation efficace, à un contrôle rigoureux de l’humidité et à l’utilisation de produits de nettoyage et d’hygiène non toxiques.
- Assainir notre environnement global en bannissant le plus possible tout ce qui peut contenir des métaux lourds et agir comme des perturbateurs endocriniens (antimoine contenu dans les plastiques, mercure, aluminium, cadmium, plomb, etc.).
- Remplir nos armoires avec des options de rechange plus saines comme de la vaisselle en porcelaine blanche, des plats en verre ou en céramique non peinte, des ustensiles de cuisine en bambou ou en acier inoxydable, des poêles sans revêtement enpolytétrafluoroéthylène (Teflon, etc.), des bouteilles d’eau en verre ou en acier inoxydable.
- Réduire les champs électromagnétiques au plus bas niveau possible, par exemple en câblant vos connexions Internet ou, à tout le moins, en éteignant le Wi-Fi le soir et la nuit. S’il est vrai que les enfants et les personnes ayant un trouble neurodéveloppemental sont particulièrement sensibles aux radiofréquences, le système nerveux de tout le monde bénéficie de cette coupure d’ondes.
Cette dernière recommandation a été formulée par la neuropédiatre Martha Herbert, professeure de neurologie à l’Université Harvard, experte de l’autisme et conseillère médicale du groupe de parents et professionnels Epidemic Answers, axé sur la prévention et l'inversion des conditions chroniques de santé et de développement chez les enfants. Pour plus de détails, je vous invite à lire l’article Maladies chroniques infantiles : la voie du rétablissement et à visionner la brève conférence Youtube de Dre Herbert sur l’impact du rayonnement sans fil sur les enfants).
Soigner nos émotions
C’est peut-être l’aspect dont nous entendons le moins souvent parler quand il s’agit d’optimiser notre santé, mais c’est l’un de ceux que je considère comme les plus importants. Se départir d’émotions lourdes qui nous tirent vers le bas et nous empêchent d’avancer est capital pour s’assurer une vie saine.
Tout d’abord, j’insiste pour dire que toutes les émotions sont légitimes. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions. Le problème survient lorsque nous laissons une émotion s’installer en nous sournoisement, jusqu’à l’oublier et croire qu’elle est disparue. Erreur! Toute émotion non exprimée s’imprime. Autrement dit, les émotions refoulées ne disparaissent pas comme par magie avec le temps. Elles se cristallisent dans notre corps, dans nos organes et dans nos cellules et, malheureusement, elles contribuent à l’apparition de maladies et de problèmes de santé, en plus de teinter notre quotidien et nos relations.
Une émotion non résolue peut faire énormément de tort, même des années après qu’elle se soit initialement présentée à nous. D’où l’importance de vivre pleinement nos émotions et de les exprimer au moment où elles se manifestent – ou le plus rapidement possible –, que ce soit par des mots dits, des mots écrits, voire un grand cri poussé dans sa voiture ou au fond des bois. On peut simplement en parler ou encore, si on en ressent le besoin, on peut consulter un psychothérapeute ou tout autre thérapeute alternatif avec qui on se sent en confiance. On peut aussi exprimer nos émotions en faisant de la peinture ou du dessin, en chantant ou en jouant de la musique, en faisant de l’exercice physique ou en usant de toute autre méthode qui permette de vivre l’émotion et de l’évacuer par la suite. Je l’ai dit mais je le répète, car cette notion est capitale : une émotion peut nous traverser, elle peut même nous secouer violemment, mais jamais on ne doit lui permettre de s’installer. Et si une émotion passée cherche à refaire surface, n’essayez pas de l’enfouir plus profondément : trouvez plutôt le moyen de la libérer une fois pour toutes.
L’importance de soigner ses émotions l’est pour tout le monde, y compris pour nos enfants, peu importe leur âge. Même les bébés vivent des émotions, en plus de ressentir – et de capter comme des éponges – les émotions des gens qui les entourent. Il est très important de prendre conscience de tout cela et d’inviter nos enfants à exprimer ce qu’ils ressentent. Parfois, certaines de leurs émotions peuvent sembler disproportionnées ou inappropriées, mais n’oubliez pas que tout est question de perception! Comme je le mentionnais plus haut, toutes les émotions sont légitimes. L’important, c’est d’être capable de les exprimer, de les vivre pleinement et ensuite de les libérer.
Outre les psychothérapies traditionnelles, il existe de nombreuses techniques de libération alternatives qui agissent en douceur comme l’emotional freedom technique (EFT), l’hypnose, la sonothérapie, la programmation neurolinguistique et d’autres méthodes qui travaillent au niveau de l’énergie de la personne. Chez les enfants, et même chez les bébés, j’aime particulièrement la psycho-bio-acupressure (PBA). En plus de dénouer des blocages émotionnels, cette méthode peut libérer votre enfant de diverses problématiques telles que les phobies, la timidité, l’anxiété et n'importe quelle autre émotion présente au quotidien ou même profondément enfouie. Et bien sûr, les adultes peuvent eux aussi bénéficier de la PBA.
Peu importe la méthode choisie, ma principale recommandation consiste à être accompagné par un professionnel compétent, expérimenté et surtout, avec qui on se sent en confiance.
Vivre dans l’instant présent
Une autre clé pour être en santé consiste à vivre dans l’instant présent et à accueillir ce qui est plutôt que de continuellement lutter contre les événements. Aujourd’hui plus que jamais, j’ai la ferme certitude que tout ce qui nous arrive a sa raison d’être. Il faut parfois bien des années pour comprendre ce que nos expériences ont à nous apprendre, mais à mes yeux, il n’existe aucun hasard dans la vie. Chaque événement, chaque défi et chaque épreuve que nous traversons sont placés sur notre route pour nous enseigner quelque chose. En faisant preuve de résilience, nous parvenons à donner un sens même aux situations les plus difficiles et à les transformer en tremplin. Ce sera d’ailleurs le sujet de mon prochain livre.
En conclusion, il n’y a pas de « secret » ou de vérité unique pour être en santé. C’est pour moi un ensemble de facteurs, parmi lesquels on retrouve immanquablement l’alimentation, mais aussi une foule d’autres éléments, notamment une supplémentation adaptée à chaque individu, la pratique régulière d’activité physique, un sommeil réparateur, la pratique d’activités de connexion à soi, l’assainissement de notre environnement. À cela, j’ajoute un élément crucial : l’expression et la libération de nos émotions.
Si malgré tout la maladie s’installe, cherchez à en comprendre la cause et faites les choix appropriés pour retrouver l’équilibre. Responsabilisez-vous par rapport à votre santé et prenez conscience que vous avez le plein pouvoir sur votre vie. N’hésitez pas à remettre les croyances – les vôtres et celles des autres – en question. L’information n’a jamais été aussi accessible. Prenez le temps de chercher, de vous informer et de considérer plusieurs sources d’information. Lisez des études, mais aussi des témoignages. Je suis convaincue qu’il y a toujours moyen d’améliorer sa santé. Si vous le voulez vraiment et que vous êtes prêt à investir dans votre mieux-être, vous saurez susciter des changements extraordinaires, bien plus grands que ce que vous ne pourriez imaginer.
Enfin, accordez-vous du temps, soyez à l’écoute de votre cœur, donnez un sens à votre vie, soyez en paix et, si possible, contribuez, à votre façon, à rendre le monde meilleur. La vie est courte, alors faites en sorte d’être heureux!
Pour en savoir davantage
À noter que l'information contenue dans cet article est basée sur mon expérience personnelle et mes recherches, et neremplace en aucun cas un suivi médical. Elle ne se substitue pas non plus à un traitement prescrit par un médecin.