Je ne suis pas médecin, je ne peux pas promettre que telle intervention dans le bâtiment va améliorer votre santé. Mais le maître mot de feu la chimiste Virginia Salares, la chercheuse qui était responsable des études sur la qualité de l’air intérieur à la SCHL, c’était que l’on peut mettre toutes les chances de notre bord.
La vérité, c’est que la science évolue. C’est comme pour les maladies orphelines qui touchaient tant d’enfants et de familles, on s’est mieux documentés et on a agi là-dessus. Ce n’est pas parce que je ne vis pas ce problème que ça ne se peut pas. Ce qui m’exaspère, c’est que les hypersensibles souffrent parce qu'ils dérangent le modèle de société qui finance l’Occident. C’est un peu comme quand les associations du cancer et des maladies cardiaques ne veulent pas parler de la nocivité des produits vendus par les entreprises qui les financent. Je sais que chaque fois qu’un phénomène touche un petit nombre de personnes, comme celles qui sont affectées par les porcheries ou une carrière près de chez eux, tu es toujours seul et isolé. Tu te fais dire que tu n’avais pas à t’installer là.
Le surcoût de construction des habitations pour hypersensibles n’est que 5 à 10 % par rapport à une maison unifamiliale de qualité, de type Novoclimat. C’est assez peu significatif. Ce qui coûte cher, ce sont les rues et infrastructures liées à l’étalement urbain. La sobriété est le maître mot dans le contrôle des coûts. Les surcoûts viennent des options dont on peut se passer, comme les comptoirs de granite à 8 000 $. La préfabrication joue aussi sur le contrôle des coûts.
Je m’attends au moins à ce que les gouvernements fassent des projets de démonstration, ce n’est pas coûteux à faire. Le bâtiment, c’est une réalité qui touche au moins huit ministères. Je m’attends à ce que ces gens se parlent et bougent. Il y a beaucoup de surplus qui peuvent être réinvestis. Ça n’a pas d’allure d’avoir des prétentions vertes et de ne rien faire. On investirait 700 000 $ la porte pour les résidences pour ainés, et ce pourrait être justifié, mais si on a de l’argent pour ça pourquoi on ne trouverait pas quelques millions pour faire un projet pilote? Mais de facto ce serait admettre que peut-être notre modèle d’électrification sans fil tous azimuts est une erreur. C’est pourquoi les personnes hypersensibles se trouvent isolées. C’est tellement épuisant pour elles. On ne peut pas dire que ce sont des caprices parce qu’on n’est pas affecté par la pollution autant qu’elles.
Les HLM logent les personnes les plus vulnérables, mais sauf exception on refuse d’interdire de fumer dans ces immeubles. Ce n’est pas vrai que c’est un choix individuel et que la fumée ne se répand pas et ne cause pas de maladies dans les autres logements. Si on bénéficie de subventions, comme on n’a pas le droit de faire pousser 150 plants de pot, on devrait aller fumer dehors parce que ça affecte d’autres personnes. Est-ce de gauche que de permettre de fumer dans les logements? C’est ça le progrès d’une société? La collaboration des partis a permis un avancement en permettant aux Québécois de mourir dans la dignité. Cette même collaboration ne pourrait-elle pas servir à bâtir dans la qualité pour vivre dans la dignité?
Pour en savoir davantage, lire les guides de la SCHL :
Maison de recherche pour les personnes hypersensibles aux polluants environnementaux et Matériaux de construction pour les personnes hypersensibles à l'environnement
- Crise du logement : des élus réclament des logements adaptés aux hypersensibles à l'environnement
- L'INSPQ sème la controverse en affirmant que la seule cause de l'hypersensibilité chimique est l'anxiété
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