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Contexte

En tandem avec Infrastructure Canada, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) tente de s’assurer que les normes et les lignes directrices s’appliquant aux infrastructures canadiennes reflètent les nouvelles réalités climatiques. C’est pourquoi il a réuni les données nécessaires à la modification des codes modèles nationaux du bâtiment dans le cadre de son Initiative sur les immeubles résilients aux changements climatiques et les infrastructures publiques de base (IIRCCIPB). Ce projet de cinq ans, qui a coûté 42,5 millions de dollars, est récemment parvenu à sa conclusion et a donné lieu à plusieurs réalisations importantes dont on peut désormais prendre connaissance.

Adaptation des codes du bâtiment au réchauffement climatique

Les mises à jour qui suivent ont été proposées afin que la prochaine version du Code national du bâtiment du Canada (CNB) prenne en compte les nouvelles réalités :

  • remplacement des données sur la résistance au vent de 2010 par celles de 2018;
  • nouvelles dispositions pour la surcharge de neige sur les toits;
  • actualisation des normes citées dans le CNB (fenestration, systèmes d’isolation et de finition extérieurs, essais de résistance au feu, pare-air, bardeaux d’asphalte, etc.);
  • conversion du code S478 du Groupe CSA (Durabilité des bâtiments) en norme, de manière à permettre la réglementation de la durabilité (la norme demeure une référence dans l’annexe du CNB, mais on projette son incorporation au corps du document en 2025). 

Adaptation des codes sur l’électricité au changement climatique

La 25e édition du Code canadien de l’électricité (partie I), publiée par le Groupe CSA en janvier 2021, incorpore des modifications qui garantiront une meilleure résilience au climat, notamment l’usage d’expressions comme « zone inondable » et « niveau de crue ». On y trouve aussi de nouvelles exigences applicables à l’installation de l’équipement, par exemple :

  • il est désormais interdit d’installer l’appareillage de branchement sous le niveau de crue;
  • en zone inondable, les circuits de dérivation doivent être protégés par un système de défaut à la terre;
  • l’enceinte des pompes de puisard doit se trouver au-dessus du niveau de crue ou la pompe doit être submersible;
  • l’équipement électrique qui a été immergé à la suite d’une inondation doit être évalué. 

Documents d’orientation

Dorénavant, les constructeurs disposent aussi de plusieurs documents qui les aideront à surpasser les mesures préconisées dans le code pour rendre les bâtiments plus résilients aux variations du climat et aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Modéliser le climat de demain

En collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada, le Pacific Climate Impacts Consortium, le cabinet d’ingénieurs-conseils RWDI et ses partenaires de l’IIRCCIPB, le CNRC a rassemblé les données nécessaires à la modélisation du climat dans l’avenir (température, précipitations, vent, etc.). Ces données ont été recueillies à plus de 660 endroits au pays et serviront à concevoir des bâtiments et des infrastructures qui résisteront mieux au changement climatique.

Inondations

Toujours dans le cadre de l’IIRCCIPB, le Groupe CSA a élaboré des « Lignes directrices sur la protection des sous-sols contre les inondations et la réduction des risques », disponibles sur son site Web (Z800-18 | Produit | Groupe CSA). Ce document aidera les intervenants pertinents à atténuer le risque de voir le sous-sol des immeubles résidentiels neufs et existants inondé quand la construction respecte les normes de la partie 9 du CNB. Les lignes directrices sont fondées sur les risques d’inondation actuels et la possibilité qu’ils s’aggravent dans maintes régions du pays, en raison du changement climatique. Les mesures de résilience qu’on y trouve comprennent, notamment, un nivelage et un drainage du terrain adéquats, l’entretien de routine, l’obturation des fissures dans les murs de fondation et le plancher du sous-sol, une source d’alimentation électrique de secours pour la pompe de puisard et des moyens qui interdiront le refoulement des eaux usées.

En complément à ces travaux, le CNRC s’est associé à l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques pour rédiger un document intitulé Practical Guidance for Private-Side Drainage Systems to Reduce Basement Flood Risk, disponible, en anglais seulement, sur le site Web des Archives des publications du CNRC. Ce guide pratique prodigue des conseils sur le drainage des fondations, les pompes de puisard, la protection des systèmes drainant les sous-sols contre les renvois d’eau ainsi que le raccordement du domicile aux égouts (ou « branchement d’égouts sanitaires »).

Parallèlement, le CNRC a entrepris un projet qui verra l’élaboration de lignes directrices pour la conception ou la rénovation de bâtiments en vue d’une plus grande résilience aux inondations. Le CNRC a collaboré avec des experts américains qui ont rédigé des directives similaires pour les États-Unis et a adapté ces dernières aux conditions canadiennes. Parmi les mesures recommandées pour les bâtiments existants, mentionnons la relocalisation, l’élèvement (murs de fondation, pieux, poteaux, colonnes, piliers plus hauts), l’abandon du sous-sol ou sa consolidation et son drainage, la protection des services publics (élèvement des raccordements électriques, antirefouleurs, vannes d’arrêt au-dessus du niveau de crue théorique, appareils de chauffage, ventilation et conditionnement de l'air au-dessus du niveau de crue théorique, sécurisation des réservoirs de carburant), l’usage de matériaux résistants aux inondations ainsi que des barrages temporaires ou permanents (panneaux de fermeture, portes ou panneaux étanches). Le CNRC prévoit publier le document l’an prochain après finalisation.

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Feux incontrôlés

Dans le cadre de l’IIRCCIPB, le CNRC et le comité technique qui l’assistait ont récemment publié un document intitulé « National Guide for Wildland-Urban Interface Fires », disponible (en anglais seulement) sur le site Web des Archives des publications du CNRC (https://nrc-publications.canada.ca/fra/voir/objet/?id=3a0b337f-f980-418f-8ad8-6045d1abc3b3). On y parle de l’évaluation des risques et de l’exposition à ces derniers, de mesures concernant la gestion de la végétation et la construction, de l’aménagement du territoire et des ressources de la communauté, ainsi que de la planification d’urgence et de la vulgarisation. Ces lignes directrices se veulent un document de référence complet pour aider les administrations et les autorités locales à devenir plus résilientes et à atténuer les répercussions des feux incontrôlés dans l’avenir. Les mesures préconisées varient en fonction des facteurs de risque et d’exposition.

En voici quelques-unes : bardage fait de matériaux incombustibles ou ignifuges, suppression des espaces sans protection dans le bardage et les partitions murales, solins de toit incombustibles, pénétrations incombustibles dans la toiture, gouttières et descentes pluviales incombustibles pourvues d’écrans ou de protections incombustibles résistant à la corrosion, ouvertures et évents des services publics protégés par un grillage incombustible, portes et fenêtres incombustibles, fenêtres à grillage métallique, tonte des graminées annuelles, enlèvement de la litière végétale et des arbres au sol, abattage des arbres morts ou mourants, remplacement des essences très inflammables par d’autres plus résistantes au feu, ainsi que maintien à l’écart du bâtiment des tas de bois de chauffage, des matériaux de construction combustibles, des meubles, des articles de décoration et des remises.

L’analyse coût-avantage poussée du National Guide for Wildland-Urban-Interface Design, réalisée par l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques, montre qu’adopter ces lignes directrices devrait quadrupler les économies générées. En d’autres termes, un investissement de 125 milliards de dollars réduirait les futures pertes de 500 milliards. On créerait dans la foulée 20 000 emplois à long terme, sauverait 2 300 vies et éviterait 17 000 lésions non mortelles et cas de trouble de stress post-traumatique.

Canicules

Pour prévenir les effets néfastes d’une chaleur excessive durant les canicules, le CNRC a collaboré étroitement avec les services sanitaires fédéraux, provinciaux et municipaux afin d’élaborer des lignes directrices sur la construction des bâtiments neufs ou la rénovation des immeubles existants. Le CNRC a d’abord cherché à comprendre comment l’être humain réagit à la chaleur, bref à déterminer quelles conditions s’avèrent nocives pour les occupants, surtout les plus vulnérables comme les personnes âgées. Les futures conditions climatiques ont été modélisées pour qu’on saisisse mieux la probabilité et la gravité des canicules ainsi que des îlots de chaleur urbains. Grâce à ces informations, le CNRC a entrepris une étude qui lui en a appris davantage sur l’efficacité des diverses mesures d’atténuation, lesquelles comprennent l’usage d’un vitrage à faible coefficient d’apport par rayonnement solaire (inférieur à 0,40) pour les fenêtres, des dispositifs extérieurs qui créeront de l’ombre et les systèmes d’aération naturelle ou mécanique.

Vents violents

L’Institut de prévention des sinistres catastrophiques a rédigé des lignes directrices pour aider les propriétaires et les constructeurs à se prémunir contre les vents d’une violence extrême (une tornade, par exemple). On trouvera ce document, disponible en anglais seulement, sur le site Web de l’organisme (ICLR_Severe-wind_2018.pdf). Des informations détaillées sur le même sujet figurent dans le document du Conseil canadien des normes intitulé Améliorer la résistance des résidences canadiennes aux vents violents : Document de base pour les bâtiments résidentiels de faible hauteur et les petits bâtiments, offert sur son site Web. Voici quelques-unes des mesures préconisées : sécuriser les voliges du toit, ajouter des contrevents aux fermes du toit ou poser des sangles métalliques anti-ouragan, choisir une toiture et des chatières qui résistent très bien au vent, protéger les fenêtres contre les débris emportés par le vent avec des volets, poser des portes résistantes à la pression et aux chocs, et doter les garages de portes similaires.