
Selon la littérature, il n'existe pas en médecine de biomarqueur pour l’insomnie, ni pour les maux de tête (céphalées) primaires, comme la migraine. Le diagnostic repose principalement sur l'évaluation des symptômes et des ressentis du patient.
Or, les maux de tête et l’insomnie sont d'ailleurs parmi les principaux symptômes des sujets électrohypersensibles (EHS).
Pourquoi exiger pour le diagnostic de ceux-ci l’existence d’un biomarqueur alors qu’il n’en existe pas dans le cas d’autres malades ayant les mêmes symptômes?
Pourquoi ne pas se baser plutôt sur ces symptômes pour diagnostiquer une intolérance aux champs électromagnétiques (CEM) ?
Un doute sur la réalité de leur trouble, décrit comme un brouillard mental, provient du fait que les personnes qui se dient EHS ne distinguent pas toutes objectivement et instantanément de différence entre les effets ressentis lorsqu’ils sont en situation d’exposition à leur insu aux ondes ou qu’ils ne sont pas exposés, dans le cadre de tests de provocation en laboratoire.
Cliniquement cependant, et c’est là l’erreur, ce n’est pas ce malaise de nature presque psychologique (puisqu'on parle de perception d'un ressenti) qui caractérise le mieux les personnes EHS, mais l’observation évidente des symptômes pathologiques indiqués ci-dessus !
Quant aux tests de provocation servant au diagnostic, on imagine mal provoquer un mal de tête ou une insomnie chez un sujet d’expérience ! Une exception : en 1991, le Dr WJ Rea avait réussi à provoquer à répétition des syptômes chez des sujets EHS après avoir identifié les fréquences auxquelles ils réagissaient dans un environnement contrôlé. De même, pas moins de sept études de cas suédoises démontrent l'apparition de tels symptômes et autres à partir du moment où des antennes 5G ont été mise en fonction : Hardell L and Nilsson M. Summary of seven Swedish case reports on the microwave syndrome associated with 5G radiofrequency radiation. Rev. Environ Health June 19, 2024 : 40(1): 147-157. L'on peut lire une traduction française ici.
Sans-doute un praticien sera-t-il plus enclin à prendre en considération une éventuelle sensibilité pathologique aux ondes chez un patient montrant des maux de tête et de l’insomnie, en s'assurant d'avoir considéré et écarté au préalable toutes les autre causes possibles (hypertension, migraine, stress...). Car il s’agit de troubles appartenant sans conteste au domaine médical, au contraire de lourdeurs cérébrales qui peuvent à juste titre paraitre subjectives. Cela ne signifie pas qu’elles n’existent pas, mais elles peuvent être juste secondaires aux conséquences visibles des altérations physiopathologiques liées aux microondes sur le cerveau.
Les données expérimentales à ce sujet sont controversées. Cependant les effets cliniques des micro-ondes sur le cerveau peuvent s’expliquer par une ouverture pathologique de la barrière hématoencéphalique (BHE) provoquant un apport sanguin insuffisant - ou ischémie - associée à une hypoxie par réduction de l’apport d’oxygène au cerveau. C'est ce qu'ont observé des neurologues suédois à maintes reprises depuis 1988 (Person B. R. et al. Effects of Microwaves from GSM Mobile Phones on the Blood-Brain Barrier and Neurons in Rat Brain. Progress in Electromagnetic Research Symposium, 2005 Hangzhou, China, August 22-26).
Les maux de tête peuvent être un symptôme d'hypoxie cérébrale. Celle-ci peut également causer d'autres symptômes tels que des troubles cognitifs.
Pour sa part, l'insomnie peut être liée à une ischémie cérébrale, laquelle est une diminution de l'apport sanguin au cerveau, pouvant entraîner des troubles neurologiques influençant la qualité du sommeil et menant à des insomnies.
Ces symptômes peuvent aussi s’expliquer par une libération d’histamine cérébrale par dégranulation des mastocytes sous l’effet des CEM. Voir notamment les études de Johansson et al. (1994) et de Tümkaya L. et al. (2019), ainsi que Le Livre Noir des Ondes, sous la direction du Pr Dominique Belpomme, Ed. Marco Pietteur (2021) page 88).
L'histamine cérébrale joue un rôle important dans la régulation de l'éveil et du sommeil.
L'histamine cérébrale peut entraîner des maux de tête, notamment des migraines par réaction inflammatoire influençant les vaisseaux sanguins.
Contrairement au caractère exceptionnel voire improbable qu’on leur attribue, les électrohypersensibles ne forment pas une population à part. En effet, tout le monde est sensible aux CEM à des degrés divers, certains sujets l’étant plus que d’autres alors qu’une sensibilité idiopathique (sans cause claire) s’observe dans tous les systèmes physiologiques (autonome, immunitaire, cutané, digestif…), le système nerveux central ne faisant pas exception.
On constate également, de façon générale, que le ressenti d’intolérance aux ondes dépend de la proximité et de l’intensité de la source émettrice ainsi que la durée de l'exposition et d'autres facteurs aggravants ou atténuants, comme la prise d'antioxydants (J. Lintermans et Vander Vorst A. Quelles perspectives de prévention pour le d-gamma-tocophérol (vitamine E naturelle) dans le vieillissement cérébral normal et pathologique ? NEURONE.be, 05 juillet 2023).
En conclusion, il est clair que si presque toutes les tentatives visant à diagnostiquer l’EHS sont restées jusqu’ici infructueuses, la raison tient au fait que les critères ne se basent que sur les effets des ondes au niveau mental avec tout le côté subjectif que cela présente.
Les médecins seraient-ils plus enclins à accepter l’électrohypersensibilité comme un trouble pathologique sur base des symptômes cliniques suggérés ci-dessus ?
Cette approche permet aussi un traitement pharmacologique approprié.