Photos tirées du site cpsb.ca

Nous lisons et entendons beaucoup de choses par rapport aux maisons passives. Ce qui est le plus important pour nous c'est tout d'abord de valoriser des constructions qui s'intègrent bien à leur environnement et dont l'enveloppe est au préalable bien pensée pour : améliorer le confort thermique, éviter tout problème de condensation dans les cavités murales à cause du niveau élevé d'étanchéité qui réduit les mouvements d’air qui pourraient les assécher, assurer que l'empreinte écologique soit la plus réduite possible (choix des matériaux, logistique) et assurer la longévité du cadre bâti.

Cela passe donc par un exercice de conception plus long et plus coûteux d'après notre expérience. Il ne s'agit pas uniquement de voir une maison sous sa forme architecturale mais bien en fonction des directions d'assemblage, des volumes, de l'aménagement, des équipements... Chaque détail de conception a un impact sur la performance globale de la maison et cela part du terrain sélectionné ou encore du lot où se trouve le bâtiment déjà construit s'il s'agit d'une rénovation certifiée EnerPHit qui limite la consommation de chauffage jusqu’à 25 kWh/m2/an selon la zone climatique.

1 - Faire un choix judicieux de terrain

Chez psb, notre firme de consultation, de gestion et de construction de maisons écoénergétiques LEED, Novoclimat et Passive House (PH), nous accompagnons nos clients dès la sélection du terrain pour mettre toutes les chances de leur côté. L'implantation de la maison influence les gains solaires, qui dictent le design des assemblages et la sélection des matériaux, des portes et des fenêtres. L'implantation peut donc avoir un impact important non seulement sur l'efficacité énergétique de la maison, mais aussi sur les surcoûts et sur le bien-être des occupants.

2 - Mettez du temps dans la conception

Chez psb la conception veut dire architecture + ingénierie + modélisation énergétique + design + feedback du constructeur.

Les formes les plus simples sont les plus gagnantes et les moins coûteuses. Si notre client a un budget réduit, il est évident que nous favorisons une volumétrie de « la boîte simple ». Le rectangle permet de maximiser les espaces aménagés et d’éviter les ponts thermiques des coins ou des décrochés qui demandent plus d'attention dans le détails de coupe de jonctions, plus d'amour sur le chantier et davantage de produits de scellement. Consacrer plus de temps sur la conception consister aussi à impliquer les manufacturiers dans la réussite du projet. Chez psb nous sommes heureux d'être associés à des compagnies qui ont à cœur l'enveloppe du bâtiment et du construire mieux. Leur excellente réactivité nous permet d’entrer toutes les données sur les matériaux dans notre outil de modélisation énergétique (valeurs de conductivité et de résistance thermique, perméabilité, etc.). Nous avons ainsi pu analyser l'hygrovariabilité des murs et toitures et tester de nouveaux produits en laboratoire. Bref nos fournisseurs doivent faire partie de la discussion. Pour nous, ce n'est pas architectes d'un bord, constructeurs et manufacturiers de l'autre. Nous travaillons main dans la main, avec les mêmes objectifs de réussite. Et c'est pour cela que psb offre aujourd'hui les deux expertises à l'interne : conception et construction. Cela permet de fluidifier les échanges et de trouver des solutions avant mais aussi pendant la phase de construction. 

Mettre du temps sur la conception, c'est accepter que si on a un objectif de performance en tête, avec des coûts d'opérations projetés, il faudra nécessairement éliminer et/ou modifier certains aspects du design. Il faut être ouvert. 

3 - Bien planifier la préconstruction

Les matériaux et équipements qui sont typiquement installés dans les maisons passives sont plus difficiles à trouver sur le marché québécois. On fait souvent face à des ruptures de stocks et des délais de livraison plus longs. C'est pour cette raison que la clé consiste à créer des relations pérennes avec les fabricants afin de faciliter l’obtention de leurs produits. 

Il faut être ouvert au plan B. Lorsqu'il y a eu un arrêt de la production du panneau Sonoclimat ECO4 à l’usine de Matériaux Spécialisés Louiseville, il a fallu revoir nos compositions de mur. Comme ce genre d’aléa survient souvent à la dernière minute, il faut avoir un concepteur et un constructeur qui peuvent se revirer sur un 10 sous.

4- Si vous visez une certification PH, impliquez votre certificateur avant la construction et ce dès le premier design complété.

Le certificateur PH va pouvoir valider ou invalider des détails de la modélisation énergétique de la maison et vous permettre d’établir la feuille de route pour assurer la certification du projet. Chez psb, très peu de nos clients veulent aller jusqu'à la certification, par contre les conseils du certificateur peuvent tout de même être utiles lors de la phase de design.

5- La mécanique, le poumon de la maison passive

Les choix d'équipements mécaniques varient selon la performance et l'envergure du projet. Chez psb, nous travaillons sur des projets qui ont des plans de mécanique combinant des systèmes multiples (géothermie, solaire, radiant) à des systèmes de ventilation ayant des taux d'efficacité sensible de 90 %. Or, la plupart viennent d’Europe et sont encore peu distribués au Canada. Encore une fois ces choix doivent évidemment être planifiées en fonction du budget du client et de la disponibilité des produits. Dans notre projet le plus récent, nous avons opté pour un ventilateur récupérateur d’énergie suisse, de marque Zehnder. Nous avons rencontré de grosses difficultés d'approvisionnement : leurs conduits étaient en attente de livraison et il fallait placer les commandes 8 à 10 mois en amont, ce qui complexifie la logistique durant la construction. D’où l’importance d’une bonne intégration entre la personne qui fait la modélisation énergétique, l'ingénieur en mécanique et le constructeur. 

5- Former les équipes chantiers 

Une maison passive, c'est avant tout une attention minutieuse portée aux détails. Non seulement les équipes chantiers doivent-elles être formées (par les fabricants dans notre cas), mais les concepteurs et gestionnaires de projet doivent aussi être garants du succès sur le chantier. Les devis techniques détaillant les assemblages doivent être clairs dès le départ, des échantillons des matériaux devraient tous être présentés aux travailleurs bien avant la pose et il faut prévoir des visites de chantier par la personne qui a fait la modélisation (prises de photos, points de contrôle, détails de jonctions à remettre au certificateur si nécessaire). Bref, l'enveloppe c'est l'affaire de tous, pas juste du constructeur et de ses charpentiers. Comme nous partageons tous la responsabilité des succès et des échecs, il faut être réactif, bref nous adapter rapidement aux défis et problèmes qui surviennent inévitablement. 

6- Prévoir des suivis de l'état de l'enveloppe du bâtiment

Une personne devrait être désignée pour vérifier l'état de l'enveloppe une fois par semaine. Après le passage du plombier, de l'électricien, à la pose du système mécanique... toutes ces interventions de sous-traitants ont un impact sur l'étanchéité de l’enveloppe. On devrait donc planifier un point de contrôle en milieu de semaine pour identifier les zones à sceller, colmater, recadrer... et toujours avoir rubans et mousses expansives à disposition. Enfin, il faut prévoir deux tests d'infiltrométrie plutôt qu'un seul avant la pose du gypse ou autres finis.

7- D'où viennent entre autres les surcoût

Nous entendons souvent qu'une maison passive est 10 % plus chère qu'une maison neuve classique. Étant concepteurs et constructeurs, nous savons que cette affirmation est erronée pour plusieurs raisons :

• Un processus de conception plus long et plus intégré : selon les standards PassiveHaus visés, peuvent être impliqués un collectif d'experts - concepteurs-ingénieurs mécaniques-spécialiste en photovoltaique et géothermie, spécialiste en modélisation énergétique-constructeur; des coûts additionnels en phase de planification et de conception sont donc à prévoir notamment pour documenter des devis techniques, émettre des plans mécanique détaillés, des détails de coupe de l'enveloppe et des jonctions additionnels, et modéliser le bâtiment dans divers outils (PHPP, Flixo, Wufi...), etc.;

• Les matériaux impliqués dans la construction de l'enveloppe du bâtiment : construire une enveloppe de maison passive en double ossature, par exemple, pourrait représenter 30 à 40% de coûts supplémentaires en isolation sous-dalle, en bois, en membrane pare-vapeur et pare-intempérie, et en isolation. Les portes et fenêtres aux standards reconnus PassivHaus triple thermo sont quant à eux 30 % à 40 % plus chers que des fenêtres au verre double côtées ENERGY STAR;

• Des systèmes mécaniques plus performants mais moins accessibles. Prenons pour exemple les ventilateurs récupérateurs de chaleur et d'énergie pour une maison unifamiliale de 2500 pi2; un système de distribution de marque Venmar, à 65 % d’efficacité sensible à -25 degrés Celsius, coûtera environ 12 000 $ avant installation, tandis qu'un système Zehnder connu pour son efficacité sensible de 83 % à -25 C sera vendu quant à lui 17,000 $.

Bref, il serait raisonnable de parler d'un surcoût global de 25 % à 30 % par rapport à une maison construite selon les exigences du Code de construction du Québec. 

• Et c'est sans compter les autres stratégies permettant de diminuer la facture énergétique et hydrique : équipement de plomberie plus économe en eau froide et en eau chaude, récupérateur de chaleur des eaux grises, système photovoltaique, puit et thermopompe géothermiques et nous en passons...

Pour conclure...

  • Construire passif relève de l'engagement. C'est une approche de construction qui va bien au-delà de la maison, c'est un état d'esprit. Le mieux construire doit faire partie d'une volonté intrinsèque de toutes les parties prenantes - clients, employés, sous-traitants, professionnels du bâtiment - sinon on passe à côté des objectifs. Parfois cela demande à ce que l'on fasse des compromis sur une vision design, des pieds carré de trop mais en bout de ligne ces efforts et cet investissement valent leur pesant d'or. 

Je pourrais encore continuer mais je vais m'arrêter là pour aujourd'hui. Construire une maison passive c'est un engagement. Cela demande plus de temps, d'efforts, de coordination, des matériaux plus chers et moins accessibles, ainsi que des équipes terrains engagées et proactives qui veulent toujours se surpasser. Il faut donc être prêt à cela en tant que client, concepteur et constructeur.

Bref, pour nous la maison passive c'est une approche de construction qui va au-delà de la maison. C'est un état d'esprit. Le mieux construire doit faire partie de l'ADN ou du moins d'une volonté de nos clients, de nos employés et de nos partenaires fabricants, sinon on passe à côté des objectifs. Nous avons vu trop de clients nous approcher pour construire leur maison avec l'idée de construire passif et écologique sans vouloir réduire la superficie ni modifier leur design pour respecter leur budget, si bien qu’ils finisssent par construire une banale maison ordinaire. Chez psb, ça nous prend des clients qui ont à coeur la démarche PH et qui sont prêts à aller plus loin. 

Pour en savoir davantage : https://www.cpsb.ca/blogue/performance-standards