Un système photovoltaïque (PV) n’étant pas assez puissant pour chauffer une maison, Ludovic Marcotte croit avoir trouvé le système idéal pour chauffer l'eau qui circule dans les planchers radiants de sa maison 100 % autonome en énergie solaire construite à Saint-Côme, dans Lanaudière. Ce crack de l’informatique dans la jeune quarantaine a choisi une chaudière aux granules, pour éviter les impacts environnementaux des combustibles fossiles que sont le mazout, le gaz, le propane. Le choix de la chaudière aux granules P4, du fabricant autrichien Fröling, s’est imposé pour la maison et sa dépendance totalisant 7 200 pieds carrés de superficie : le système de chauffage devait consommer le moins possible d’électricité et il s’agit selon lui de celui qui offre le meilleur rapport qualité-prix au monde. « L’élément électrique qui allume le feu consomme 2 000 watts mais seulement pendant cinq minutes, donc je limite les cycles de démarrage. En temps normal, le système ne consomme qu’environ 200 watts pour la pompe de la chaudière, la vis sans fin et le ventilateur intégré. Rien à voir avec des plinthes électriques. »
L’Autriche étant la Mecque des chaudières aux granules, il a étudié plusieurs systèmes avant de choisir lequel chaufferait l’eau qui circule dans les planchers de sa maison. « Fröling existe depuis 50 ans et a vendu environ un million de chaudières, précise-t-il. Ils ont une super grande expérience et les pièces sont facilement disponibles. C’est la Ferrari du chauffage aux granules et même un peu moins cher que la marque ÖkoFEN qui offre la récupération de chaleur des gaz de combustion, une option qui augmente l’efficacité de seulement quelques points de pourcentage mais coûte plusieurs milliers de dollars de plus. Il n’y a pas moyen de rentabiliser ça. »
« La meilleure sur le marché »
À environ 20 000 $ taxes incluses (les branchements très simples faits par un électricien et un plombier sont en sus), le système P4 de Fröling a une puissance de 38 kilowatts. Cette chaudière fournie par le distributeur ontarien Biothermic est une aubaine, selon lui : « Une Hargassner est moins chère d’environ 20 %, mais comme la Fröling est la meilleure option sur le marché, je la pensais plutôt deux à trois fois plus chère. » La P4 de Fröling a mérité plusieurs honneurs depuis 1996, dont celui d’afficher l’Écolabel autrichien – le plus ancien du monde.
Pour passer l’hiver, chaque fin d’été Ludovic Marcotte se fait livrer sur des palettes de 300 à 400 poches de granules, à environ 6 $ chacune. « Il ne faut pas attendre qu’il fasse froid parce que tout le monde se garroche et parfois il n’y en a plus pour quelques jours. » Son système comprend deux réservoirs à granules : un de 150 kg dans la chaudière qui est alimentée par un système d’aspiration automatique qui puise dans une réserve externe de 330 kg stockant donc 16 poches de 20 kg. « L’aspirateur consomme aussi 2 000 watts mais pendant environ deux ou trois minutes, un peu comme le démarrage de la chaudière. »
En général l’hiver, les 330 kg durent une semaine et Ludovic remplit le réservoir aux trois à quatre jours. « On n’attend pas que le réservoir soit vide et que l’on reçoive une alerte à 23 h. C’est mieux qu’une fournaise au bois qui doit être alimentée en bûches chaque jour ou aux deux jours. Seul désavantage, ce n’est pas pour un chalet et si on part en vacances, il faut avoir quelqu’un qui vienne remettre des granules », ce qui ne déplaît pas aux assureurs.
Seul souci, le coût de l’autonomie : le prix des granules a doublé depuis quelques années. « Il fluctue beaucoup plus que celui du mazout et de l’électricité, fait remarquer Ludovic.
Le système est facile à monitorer par ordinateur ou sur un cellulaire. « C’est génial, tout est indiqué : le niveau des granules et de cendres, la performance, etc. »
L’entretien est facile mais exige une personne manuelle. Il nettoie le système au complet une à deux fois par année, une opération qui prend environ 90 minutes. « Ce n’est pas compliqué mais ce n’est pas pour les gens qui ne veulent rien toucher. Par exemple, la mise à jour logicielle n’est pas automatique. Comme pour le photovoltaïque [PV], il faut surveiller le système. Ainsi, l’an passé, j’avais un fournisseur différent et il coupait ses granules un peu plus longs. Ç’a causé un problème avec le système d’aspiration qui bloquait parce qu’il est fait pour une certaine taille de granules. J’ai passé l’hiver à brasser ça quelques secondes aux deux, trois jours. C’était fatiguant. Ça nécessite de l’amour, ce n’est pas un système qu’on oublie, comme des plinthes. Pour nous, ce n’est pas un problème parce qu’on habite la maison à l’année. Je suis habitué avec le PV. »
Manque d'expertise
Autre limite, il y a peu d’expertise au Québec en matière de chaudière aux granules, un mode de chauffage encore rare chez nous. « Pour une réparation il faut se tourner vers une personne compétente qui va rester en business longtemps. [Un vendeur de systèmes d’énergies renouvelables] a offert un système, mais il a cessé de le vendre après un an. Le senseur de CO2 s’est brisé sur ma chaudière et elle a cessé de fonctionner. Ce n’était pas coûteux, mais c’est moi qui l’ai changé. Mike [Rutter géophysicien, vice-président de Biothermic et concepteur en hydronique certifié] m’a envoyé la pièce par courrier recommandé. Le système Fröling a deux ordinateurs, c’est énormément d’électronique. Quand ça casse et qu’il fait moins 40, tu ne veux pas passer 24 heures sans chauffage. Mike connaît énormément ses produits. Il m’a montré comment le faire fonctionner manuellement, même si ça polluait un peu plus temporairement, parce que le mélange d’oxygène n’était pas optimal sans la sonde. Il fallait juste savoir où aller dans les options du menu du système. »
Mike Rutter est bien d’accord que le système Fröling est une Cadillac abordable : « Souvent, les gens rejettent notre technologie comme étant trop coûteuse, pour ensuite installer un système concurrent et constater que le coût est le même ou plus élevé à la fin de la journée, sans garantie de performance... »