Selon Expertbâtiment.ca, entreprise qui a réalisé la troisième évaluation énergétique Rénoclimat faite sur ma maison, le gaz isolant (argon ou krypton) emprisonné entre les vitrages énergétiques fuirait après dix ans. L'entreprise fonde cette hypothèse sur un article paru en 2012 sur le site ecohabitation.com, répond Meyland Gravel-Labelle, superviseur technique chez ExpertBâtiment.ca. « Également, ceci est en harmonie avec l'industrie des thermos et leur garantie de 10 ans sur leur produit (défaut de fabrication, scellement) », ajoute ce spécialiste.
Pourtant, le taux inévitable de fuite d'argon ne dépasserait pas 1 % par année, estime l'Association américaine du vitrage, citée sur le site de l'Association internationale des inspecteurs d'habitations certifiés : « Selon la National Glass Association, si 80 % du gaz reste malgré une fuite graduelle au fil du temps, on peut s'attendre à ce qu'une fenêtre conserve ses propriétés et son efficacité. Cela signifie que, ''même si 1 % fuyait par an, la fenêtre serait encore efficace dans 20 ans". »
Il y a plusieurs années, l'ingénieur Armand Patenaude, président de l'entreprise Air-Ins qui certifiait les fenêtres dans l'est du pays et auteur de la norme d'installation des fenêtres CSA A440.4, m'expliquait que la présence de buée entre les vitrages signifait que l'étanchéité de l'unité de verre scellé était rompu, provoquant la fuite complète du gaz isolant autrefois emprisonné. Comme mes fenêtres installées en 1998 n'ont jamais subi de tel problème de condensation intérieure, j'ai demandé un avis à ce sujet au Conseil national de recherches du Canada (CNRC).
Comme le confirme Nic Defalco, relationniste au CNRC : « L'apparition de condensation entre les vitres d'une unité de verre isolant (IG) est une indication que le joint hermétique de l'unité a été rompu ou compromis, permettant ainsi à l'air humide extérieur de s'infiltrer dans l'espace d'air où il se condense sur les surfaces intercalaires du verre. Dans ce cas, la défaillance est caractérisée par une condensation entre les vitres (buée) qui est permanente et irréversible. »
Alors, quelle est la durée de vie attendue des verres isolants? Il répond :
« Compte tenu des nombreux facteurs pouvant affecter la durée de vie des vitrages isolants, on peut s'attendre à une plage de durée de vie de 10 à 25 ans.
Au CNRC nous avons effectué des études visant le développement de procédure d'essai pour déterminer la concentration d'argon dans les unités de verre double [e.g. Elmahdy, A. H, et Yusuf, S. A. (1995), « Determination of argon concentration and assessment of the durability of high-performance insulating glass units filled with argon gas »]. Ces études ont permis des avances en méthodes pour déterminer la durabilité et la durée de vie attendue des vitrages isolants à double vitrage. » Cette étude a d'ailleurs confirmé que le gaz isolant fuit inévitablement mais lentement des unités de verre scellées : La plupart des unités mises à l'essai retenaient l'argon, en admettant une perte normale attribuable à la transporisation à travers la rive précollée, qui varie de 1 % à 5 %, à la suite des épreuves de vieillissement accéléré, d'exposition à une humidité élevée et de volatilité. »
Autres recherches
Et de poursuivre M. Defalco : « Que le gaz diffuse de l'espace interstitiel est évident puisque les unités n'ont pas une durée de vie infinie. En service normal, on peut s'attendre à ce qu'un double vitrage dure au moins 25 ans sans qu'une défaillance ne se produise. En effet, des calculs théoriques ont montré que des durées de vie bien supérieures à 25 ans sont possibles [S.L. Garvin, J. Wilson, Environmental conditions in window frames with double-glazing units, Construction and Building Materials 12 (1998) 289–302.]
Par contre il est évident qu’un certain nombre d’unités ont une durée de vie biens moins que 25 ans. Les vitrages isolants ne sont pas fabriqués de la même manière, ni avec les mêmes composants ou matériaux.
On peut donc s'attendre à une plage de durée de vie des unités vitrages isolants. D’après Wolf [A.T. Wolf, Studies into the life-expectancy of insulating glass units, Building and Environment 27 (3) (1992) 305–319], la durée de vie ou "l'espérance de vie" d'un vitrage isolant dépend des facteurs suivants:
- les dimensions du vitrage isolant,
- la quantité, le type et la charge initiale du déshydratant,
- la température de l'air et l'humidité pendant la fabrication du vitrage isolant,
- la résistance du joint de bord à la diffusion de vapeur d'eau, et
- la section efficace du joint d'étanchéité à travers laquelle se produit la diffusion de l'eau. »
Conclusion
Bref, même si mon rapport Rénoclimat considère que mes vitrages de 1998 ont perdu le demi-point de résistance thermique fourni par l'argon parce qu'il aurait fui, je n'ai pas l'intention de les changer à moins que de la buée n'apparaisse entre les verres. Quant à mes fenêtres Integrity de Marvin en fibre de verre et bois, elles sont en excellent état : je ne pense pas avoir à les remplacer de mon vivant.