(R-4 par pouce d'épaisseur), de Roxul, est vendu dans les centres de matériaux.
(R-4 par pouce d'épaisseur), de Roxul, est vendu dans les centres de matériaux.

Plus on accroît l'épaisseur des isolants plastiques à l'extérieur des murs, plus on doit penser à éviter de poser un pare-vapeur de plastique ou d'aluminium du côté intérieur, conseille le docteur en génie ontarien John F. Straube, expert en enveloppe du bâtiment de renommée internationale.

Professeur d'architecture et de génie à l'Université de Waterloo, Straube mesure la performance des assemblages muraux depuis plus de 20 ans dans le sud de l'Ontario, où le climat plus chaud favorise un peu moins la condensation hivernale dans les cavités murales que dans le sud du Québec. Il a constaté que certaines maisons modernes sont plus à risque de pourriture que d'autres, leurs matériaux peu perméables à la vapeur réduisant la capacité d'assèchement en saison chaude des cavités murales mouillées en hiver.

La pire option, selon lui : la paroi dotée d'un véritable double pare-vapeur, avec polyéthylène intérieur et panneau de polyisocyanurate revêtu d'aluminium à l'extérieur. « Elle sèche très lentement lorsqu'elle est mouillée, l'assèchement étant dû uniquement aux petites fuites d'air accidentelles. »

Le nouveau Code de construction québécois exige qu'un isolant R-4 soit posé à l'intérieur ou à l'extérieur des murs des maisons neuves ou agrandies pour réduire la condensation et les pertes de chaleur dues aux ponts thermiques à travers l'ossature (peu isolante). La plupart des codes provinciaux, même celui de la Colombie-Britannique, requièrent un bris thermique d'au moins R-5 ou le feront bientôt, précise le professeur Straube.

Papier kraft

L'architecte André Bourassa, qui vient de quitter la présidence de l'Ordre des architectes du Québec, utilise généralement dans ses murs un pare-vapeur type 2, de marque Scutan 25/25/25, en papier kraft non laminé d'aluminium. John Straube confirme qu'il s'agit d'une bonne stratégie : « Si vous pouvez obtenir du papier kraft, je l'utiliserais certainement (ou une peinture pare-vapeur) à l'intérieur d'un mur recouvert d'un pouce de polystyrène extrudé (PSX R-5). »

Le PSX est souvent utilisé à l'extérieur des murs modernes, de type Novoclimat, avec un pare-vapeur de polyéthylène 6 millièmes de pouce (0,15 mm) à l'intérieur du mur, derrière le gypse. En général, ce genre de mur ne pose pas problème, car en réchauffant l'extérieur du mur, le PSX a l'avantage de réduire les risques de condensation. Par contre, si le pare-vapeur est scellé avec un ruban gommé, il réduira les fuites d'air favorisant la condensation, mais il empêchera aussi l'assèchement vers l'intérieur de la condensation ou de l'eau qui pourrait s'infiltrer dans la cavité murale, phénomène de plus en plus fréquent en raison des changements climatiques (pluies et vents violents, cycles gel-dégel plus fréquents, etc.).

Le polyéthylène et le PSX sont moins perméables à l'humidité qu'une peinture pare-vapeur ou un pare-vapeur en papier kraft. Quant au polystyrène expansé (PSE, R-4 au pouce), il est un peu plus perméable que le PSX, pour une même épaisseur. Notez toutefois que si une membrane pare-air polyoléfine (de type Tyvek ou Typar, par exemple) est laminée sur l'isolant, elle réduit sa perméabilité à la vapeur.

Conclusions

Voici les résultats des analyses du professeur Straube :

• Mur avec PSX 1 po (25 mm) à l'extérieur et aucun polyéthylène à l'intérieur : condensation et mouillage de la cavité murale nord pendant l'hiver en raison du taux élevé (45 %) d'humidité relative dans la maison. Ce mur a toutefois séché assez rapidement en saison chaude;

• Mur avec PSX 1 po (25 mm) et peinture pare-vapeur : peu de problèmes d'humidité en hiver, assèchement rapide en été;

• Mur avec PSX 1,5 po (38 mm) et polyéthylène : a séché assez rapidement, car le PSX permet encore une certaine diffusion de la vapeur utile. Les colombages de bois mouillés avant l'installation n'ont montré presque aucun signe de mouillage lorsque le mur a été ouvert.

« Le meilleur mur que nous ayons testé dans le climat de l'Ontario était celui avec 1,5 po [38 mm] de PSX et aucun polyéthylène, dit John Straube. Ce mur ne présentait aucun problème de condensation en hiver et, s'il était mouillé, il séchait très rapidement au printemps. Deux pouces [51 mm] de laine de roche (ComfortBoard) ou 1,5 po [38 mm] de polyiso feront aussi l'affaire tant qu'on se passe du polyéthylène tout en s’assurant d’avoir une très bonne étanchéité à l'air et de ventiler la maison mécaniquement pour réduire le taux d'humidité. Ainsi, vous aurez un mur solide procurant confort et économie d'énergie. »

John Straube évalue présentement d'autres coupes de mur qui répondront aux exigences des prochains codes en matière d'isolation extérieure, notamment avec 2 po (51 mm) de polyiso, 2,5 po (64 mm) de PSX et 3 po (76 mm) de laine de roche, toujours sans polyéthylène intérieur afin de permettre un séchage vers l'intérieur. « Jusqu'à présent, dit-il, ces murs ont bien fait dans l'hiver ontarien avec des températures chutant jusqu'à -24 degrés Celsius [-11 oF] tout en restant très, très secs (10 % d'humidité ou moins). »

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