
L'effondrement des colonies d'abeilles est lié à la fois à des pesticides très répandus en agriculture et au rayonnement de la téléphonie cellulaire, selon deux expertes qui présentaient à la fin mars un webinaire sur le sujet organisé par le très respecté magazine scientifique Environnement, fondé en 1969.
« Les apiculteurs ont découvert ce phénomène pour la première fois deux ans après l'introduction des insecticides néonicotinoïdes (aussi appelés néonics). Dérivés de la nicotine, ces pesticides neurotoxiques pour les insectes Ceux-ci affaiblissent et confondent les abeilles et les rendent plus susceptibles aux maladies. Aux États-Unis, 62 % des colonies ont été perdues entre juin 2024 et février 2025 », expliquait la journaliste Stacy Malkan qui dirige l'organisme US Right to Know. L'agriculture moderne dépend de plus de 2 000 pollinisateurs, dont les oiseaux qui sont aussi affectés par ces polluants.
Des centaines d'études montrent que les néonics constituent un facteur clé dans cet effondrement et que l'on peut agir en restreignant leur utilisation, comme c'est le cas en Europe et au Québec, expliquait Mme Malkan.
« C'est le produit social de notre ignorance et l’influence de l'industrie qui est omniprésente. Le fabricant [de pesticides et de médicaments] Bayer a créé une distraction dans le New York Times en blâmant l’acarien varroa qui n'est pas un facteur clé dans l'effondrement des colonies d'abeilles. La restriction québécoise des semences enduites de néonics a démontré que cela ne nuit pas aux récoltes. C'est vraiment une histoire politique et non scientifique. » La science, c’est l’industrie qui la manipule en contrôlant les méthodologies des études qu’elle finance, comme Bayer l’a fait.
Aujourd'hui 95% des femmes enceintes ont des néonics dans leur corps et des études suggèrent notamment qu’ils causeraient des malformations à la naissance.
Ces pesticides sont utilisés à 90 % dans des cultures génétiquement modifiées comme le maïs et le soya présents dans les aliments ultratransformés. Ces aliments sont liés à de plus hauts taux de cancer, de diabète et de maladies cardiovasculaires.

Une mer de radiations et une soupe chimique toxique
Les politiques ont aussi échoué à protéger la santé publique et l'environnement en matière de pollution électromagnétique, enchaîna l'épidémiologiste Devra Davis, ancienne présidente de l'Environmental Health Trust, dans la deuxième partie du webinaire. « Nous vivons dans une mer de radiations et une soupe de produits chimiques toxiques qui n’ont jamais existé dans l’histoire humaine. Alors il faut se préoccuper de leurs effets combinés. Nous sommes tous d’accord pour dire que moins on s'expose et mieux nous nous portons. Si nous pouvons réduire l’exposition à ces polluants alors que nous avons des preuves solides de leur toxicité, ce serait bien mieux que l’approche actuelle qui demande qu’on nous montre les corps des victimes, qu’on ait des preuves concluantes des dangers avant d'agir », affirme cette ancienne conseillère du président Bill Clinton en matière de pollution chimique et colauréate avec Al Gore du prix Nobel de la paix décerné aux scientifiques membres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, en 2007.

Elle ajoute que depuis bientôt deux décennies, on remarque que des arbres meurent en étant brûlés d’abord au sommet et du côté où ils sont exposés au rayonnement de micro-ondes émis par les antennes cellulaires. « Si les arbres nous alertent, avec leur ADN qui est touchée, qu’en est-il des abeilles? En Inde, par exemple, des chercheurs ont installé des allumés et non allumés (comme contrôles) dans des ruches. Dans celle avec le téléphone allumé, les abeilles ouvrières arrêtent de travailler, la reine commence à se ratatiner et éventuellement la colonie, en fait, mourra. Maintenant, de combien de preuves additionnelles avons-nous besoin avant de prendre des mesures de précaution? »

Les limites d’exposition aux radiofréquences adoptée par la Federal Communications Commission (FCC) américaine datent de 1996 et ne visent qu’à éviter l’échauffement des tissus. Or, deux récentes études ont démontré que les ondes de téléphones et d’antennes cellulaires causent des cancers chez les animaux de laboratoire. Chez les humains, les enfants dont les mères étaient des utilisatrices intensives du cellulaire, développent de l’hyperactivité et des problèmes de comportement dans la petite enfance. Par ailleurs plus les ados sont exposés aux ondes cellulaires, plus leur mémoire spatiale est affectée. Pensez à cela avant de leur donner les clés de votre voiture. »
Des études de la chaîne anglaise de Radio-Canada ainsi que des tests secrets de la FCC ont démontré que les téléphones cellulaires utilisés contre le corps vont le soumettre à un niveau de rayonnement provoquant de l’échauffement dangereux. L’image ci-contre montre le niveau d’exposition pouvant pénétrer dans la tête d’un enfant de six ans avec une tablette, dans le cadre d’une étude faite par notre collègue Claudio Fernandez au laboratoire national du Brésil. Les antennes cellulaires sur les écoles ont aussi été étudiées et elles réduisent la motricité globale et fine chez les enfants à qui l’on tente d’enseigner l’écriture, la coordination et l’équilibre. Et tout ceci a été documenté à des niveaux d’exposition au rayonnement cellulaire dont les limites actuelles ne protègent ni la faune, l’environnement naturel ni les gens. »
Pour écouter gratuitement le webinaire Navigating Environmental Crossroads: Bee Pollinators, Pesticides, and the Wireless Revolution, entrer le mot de passe ?XBNL*q0 à l’adresse
