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L'auteur est le spécialiste et le gestionnaire de projets en électricité solaire photovoltaïque au Centre de la technologie de l’énergie Canmet-Varennes, de Ressources naturelles Canada.
Le Québec est une province reconnue pour son engagement en faveur des énergies renouvelables, en particulier grâce à son hydroélectricité abondante. Toutefois, la décarbonation de notre économie pose un sérieux défi du fait que la moitié de notre consommation énergétique au Québec repose sur les combustibles fossiles. L’électrification du transport, du chauffage et des procédés industriels requerra, d’ici 2050, de doubler [1], sinon de tripler [2] notre production d’électricité. Bien que la sobriété et l’efficacité énergétique soient les premières mesures à adopter, la mise à niveau des turbines hydroélectriques, ainsi que la construction de nouvelles centrales hydroélectriques et d’éoliennes, seront nécessaires, d’ici 2035, pour répondre à la demande croissante en électricité.
Dans ce contexte d’augmentation de la demande d’électricité et de la nécessité de diversifier les sources d’énergie propre, l’adoption de l’énergie solaire photovoltaïque (PV) pour les habitations au Québec connaît un intérêt croissant. Une récente étude de Ressources naturelles Canada [3] chiffre le potentiel solaire PV du parc immobilier du Québec à 58 GW, soit assez pour produire annuellement 48 térawattheures (TWh ou milliard de kilowattheures – kWh) d’électricité représentant 43 % de la demande du secteur du bâtiment au Québec en 2022. Mais l’intérêt à cet égard se manifeste également pour des raisons de rentabilité : au Québec, le coût des modules PV constituant les panneaux solaires a diminué de plus de 80 % depuis 2010. Un système PV de 4 kW peut par exemple être composé de huit modules de 500 W occupant sur un toit une superficie de près de 20 m2 et s’installe aujourd’hui pour environ 10 000 $ (sans batteries) sur une résidence raccordée au réseau de distribution d’Hydro-Québec.
Ce système produira en moyenne 4 800 kWh d’électricité pendant 25 à 30 ans, ceci à un coût d’environ 9 cents du kWh sur la durée de vie du système – coût s’avérant déjà inférieur au Tarif D de 2e tranche qui est de 10,65 cents par kWh depuis avril 2025. Alors que le tarif D augmentera avec l’inflation, le coût de l’électricité solaire, lui, ne sera affecté par aucune hausse de tarifs. En outre, cette source d’énergie offre plusieurs avantages environnementaux par rapport à d’autres infrastructures énergétiques, notamment le maintien d’une production électrique à faible intensité d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et une empreinte au sol réduite (et même nulle si le système est installé sur un toit existant). Cependant, cette forme d’énergie soulève aussi des défis, particulièrement en ce qui concerne la disponibilité des ressources premières nécessaires à la fabrication des modules PV, leur gestion en fin de vie et les impacts environnementaux potentiels de leur production. Dans cet article, nous explorerons les bénéfices environnementaux du PV résidentiel au Québec, les défis qu’il pose ainsi que les solutions possibles pour en maximiser les avantages tout en minimisant ses impacts.
