L'auteur est docteur en sciences pharmacologiques.
Avec les maux de tête, la fatigue est un des symptômes dont se plaignent le plus fréquemment les personnes exposées à des champs électromagnétiques (CEM).
La fréquence et l’intensité de ces troubles dépendent du degré de sensibilité de chacun et trouvent leur paroxysme chez les sujets électrohypersensibles.
Sans fondement objectif, une fatigue cérébrale est couramment suspectée d’être imaginaire. Il existe, cependant, des bases biochimiques à sa réalité pouvant faire l’objet d’une tentative d’explication.
Ondes et cerveau
Il a été montré que les yeux sont la porte d’entrée principale des CEM dans un cerveau qui leur est exposé (1).
Si on admet que les micro-ondes suivent la même voie de pénétration que les ondes visibles celles-ci atteignent l’hypothalamus en suivant le tractus rétino hypothalamique (figure 1).
Figure 1
Par son pouvoir de régulation du rythme circadien il est prouvé que l’hypothalamus réagit à la lumière ce qui reflète une sensibilité aux ondes comprenant sans doute les micro-ondes.
Biochimie de l’hypothalamus
La structure anatomique de l’hypothalamus contient des neurones dopaminergiques où sont synthétisés, outre la dopamine, des neurotransmetteurs de la famille des catécholamines (adrénaline, noradrénaline).
La dopamine se forme par voies enzymatiques à partir de la L-phénylalanine (acide aminé dit essentiel car fourni uniquement par l’alimentation) qui se transforme en L-tyrosine dans le foie ; cet aminoacide circule dans le sang, traverse la barrière hémato-encéphalique, atteint les neurones de l’hypothalamus pour être transformé en L-dopa puis en dopamine (schéma 1).
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Schéma 1 |
Effets des CEM sur les neurones hypothalamiques
Si on se réfère au mécanisme d’action postulé par le professeur Martin Pall (2) concernant les effets cellulaires des CEM, on en retient trois composants : 1. Une ouverture des canaux calciques membranaires 2. Un influx de calcium intracellulaire 3. Une production de molécules oxydantes en particulier le peroxynitrite.
Appliqué aux neurones dopaminergiques, ce mécanisme présente la particularité de provoquer une réaction entre la tyrosine et le peroxynitrite avec formation de nitrotyrosine (schéma 2).
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Schéma 2 |
Il en résulte un déficit en dopamine.
Pathophysiologie de la fatigue
Une carence en dopamine est associée à la dépression, avec asthénie et manque de motivation (3). Ces états peuvent être consécutifs à un appauvrissement en dopamine provoqué selon le mécanisme ci-dessus.
Une fatigue résultant d’une exposition aux CEM s’en trouve expliquée, avec une intensité variant selon le niveau de sensibilité du sujet exposé.
Conclusion thérapeutique
La L-phénylalanine, en favorisant la sécrétion hormonale de dopamine et en stimulant le système nerveux central, présente un intérêt dans une stratégie anti-fatigue.
Une supplémentation alimentaire en L-phénylalanine est donc indiquée pour soulager un symptôme de fatigue chez un sujet exposé aux CEM.
Références
- Glara Fuad Hasan, Specific absorption rate for frequency range used in GSM 900 and GSM 1800 MHz, CHERNE 2018-14th Workshop on European Collaboration in Higher Education on Radiological and Nuclear Engineering and Radiation Protection
- Pall M., Microwave electromagnetic fields act by activating voltage-gated calcium channels: why the current international safety standards do not predict biological hazard. Recent Res. Devel. Mol. Cell. Biol. 2014
- Le Mag, Manque et carence en dopamine : la reconnaître et y remédier. Le 30 mars 2022