Même quand l'électricité est coupée chez lui, Jean Gagnon mesure des harmoniques de 120 hertz à la jonction du fil neutre et de la mise à la terre de sa maison, ce qui confirme selon lui que le problème origine du réseau d'Hydro-Québec. C'est à force d’enquêter là-dessus avec l'aide d'experts et d'appareils sophistiqués qu'il a fini par comprendre les causes de ses divers symptômes d'électrosensibilité. La Société d'état n'a pas voulu commenter.

Avec André Fauteux et Jean Gagnon

EN BREF

  • Un Québécois est devenu électrosensible d’une manière inhabituelle.
  • Ce problème peut affecter un grand nombre de personnes au Québec.
  • L’électricité sale peut causer des symptômes d’électrosensibilité.
  • L’onde électrique est contaminée par de hautes fréquences transitoires.
  • Cette contamination se répand dans les bâtiments et le sol via le réseau d’Hydro-Québec désuet et peut déclencher des symptômes d’électrosensibilité.
  • Hydro-Québec a remplacé les normes internationales par ses propres normes internes moins coûteuses, mais moins protectrices.
  • Au Québec, les animaux sont mieux protégés des courants parasites que ne le sont les humains.
  • Un combat de David contre Goliath pour que la Régie de l’énergie oblige Hydro-Québec à prendre ses responsabilités et à régler ce problème.
  • L’élastique de notre résistance à la pollution électromagnétique a ses limites.

Imaginez-vous ressentir divers symptômes inhabituels sans pouvoir en identifier la cause exacte. Le temps passe, et vous éprouvez de plus en plus souvent des maux de tête, de la confusion mentale, des acouphènes, de l’insomnie et d’autres sensations incommodantes qui vous pourrissent la vie. Vous consultez plusieurs fois votre médecin, passez de nombreux tests, essayez diverses formes de traitement, mais rien n’y fait. Puis, au hasard d’une lecture ou d’une conversation, vous découvrez un mal insidieux qui affecte de plus en plus de gens et enfin vous commencez à comprendre ce qui vous arrive. Vous êtes devenu.e électrosensible, une forme d’intolérance aux rayonnements de radiofréquences des technologies sans fil et aux champs électriques et magnétiques d'extrêmement basses fréquences qui nous entourent et augmentent à notre insu dans notre monde moderne high tech ultra branché. 

Vous croyez peut-être que cela ne peut vous arriver, mais détrompez-vous. Personne n’est à l’abri, surtout pas ceux qui, par leurs activités professionnelles ou simplement parce qu’ils aiment bien profiter des avantages des technologies sans fil, sont davantage exposés que la plupart des gens à cette contamination électromagnétique de nos milieux de vie qui, hélas, est devenue la norme aujourd’hui. Prêtez bien attention au récit suivant car vous allez sans doute apprendre des choses qui pourraient vous éviter de devenir une autre victime de ce mal du siècle encore trop méconnu et incompris.

Il s’agit de l’histoire déconcertante que vit depuis plus de 10 ans Jean Gagnon dont l'intolérance aux ondes fut diagnostiquée en juin 2017 par le Dr Louis Jacques. Spécialiste en médecine du travail et en santé publique et médecine préventive, ce professeur agrégé de clinique à l'Université de Montréal pratique à la Clinique de médecine du travail et de l'environnement de l'Hôpital Notre-Dame. Contrairement à la plupart des Québécois, M. Gagnon ne vit pas en ville mais en zone rurale. Ce qui dans son cas fut l’élément déclencheur de tous ses maux n’est pas une tour cellulaire voisine, une utilisation trop assidue d’un téléphone cellulaire, une ligne à haute tension proche de sa résidence, un compteur électrique communicant ni simplement la profusion de routeurs Wi-Fi et d’autres appareils sans fil exposant sans arrêt la plupart des gens aux rayonnements biologiquement actifs de leurs émetteurs. Non. Dans son cas, il lui a fallu plusieurs années de recherches pour découvrir que le principal élément déclencheur serait la mauvaise qualité de l’onde électrique alimentant sa résidence. 

Avec son oscilloscope, Jean Gagnon constate qu'un verre de terre et son corps sont tous deux parasités par des hautes fréquences.

L’interférence électromagnétique

Habituellement, quand on pense au phénomène d’intolérance aux champs électromagnétiques, communément appelé électrosensibilité, on s’imagine que c’est surtout causé par l’exposition incessante aux rayonnements des appareils sans fil (réseaux cellulaires, Wi-Fi, Bluetooth, etc) qui finit par venir à bout de la résistance de l’organisme. C’est vrai dans la plupart des cas, mais il ne faut pas négliger l’impact sournois d’un cofacteur important, l’électricité sale, largement méconnu jusqu'à présent.

L’électricité sale est une expression courante désignant les problèmes de qualité de l’onde : harmoniques, hautes fréquences transitoires (HFT) et autres formes d’interférence électromagnétique parasitant l’électricité de 60 hertz (Hz) livrée par Hydro-Québec. En outre, M. Gagnon estime que la présence de microcourants électriques (aussi appelés « tensions parasites ») circulant en quantité dans le sol, sous et autour de sa maison parce que le réseau électrique désuet déborde, contribue à aggraver ses troubles de santé. L’histoire de M. Gagnon est compliquée à raconter, mais je vais vous la simplifier de mon mieux, afin de vous permettre de saisir pourquoi vous êtes peut-être exposé.e à ce même danger. Hydro-Québec n'a pas voulu commenter cette affaire.

electricite-sale-diagnostic-electromagnetique.net

L’électricité qui nous est livrée peut se comparer à un torrent d’énergie, générée au Québec principalement par les dynamos géantes de nos grands barrages hydroélectriques. Cette énergie, dite renouvelable, représente 94 % de notre production électrique au Québec, et nous classe pratiquement au premier rang mondial à cet égard. Il y a de quoi en être fiers. Au départ, cette énergie est propre. Malheureusement, à mesure que ce courant s’approche de l’entrée électrique de notre demeure, la pureté de cette onde a tendance à se dégrader alors qu’elle se charge de HFT ou distortions parasites créées par les erreurs de câblage et surtout par l’alimentation à commutation de nos milliards d’appareils électroniques. Sur un oscilloscope, l’onde 60 Hz produite par une centrale électrique est sensée avoir une belle forme sinusoïdale pure ; on dit que ses charges sont linéaires. Mais quand elle est parasitée par des HFT, l’onde est hachurée par de nombreuses fréquences, par exemple dans les milliers de hertz (kilohertz). Cette forme d’électropollution est devenue généralisée dans notre monde dominé par les ordinateurs, les moteurs à vitesse variable qui font varier le voltage et les fréquences, et autres appareils électroniques (on parle alors de charges non linéaires). Évidemment, on ne va pas cesser d’utiliser des appareils électroniques, mais encore faut-il savoir lesquels génèrent le plus de HFT, comme les ampoules fluocompactes et les tubes fluorescents, les gradateurs d’éclairage (rhéostats ou « dimmers »), les onduleurs bas de gamme et les compteurs « intelligents » communicant par radiofréquences (alors que l'on peut commander un compteur non communicant).

Le fond du problème est que le câble neutre « primaire » (de retour du courant) du réseau électrique est désormais trop petit pour suffire à ramener vers le poste électrique le courant déséquilibré par les harmoniques et les hautes fréquences qui le surchargent, selon l'expert en qualité de l'onde Dave Stetzer. Ces surplus de courant quittant les immeubles retournent donc par le sol. Celui-ci est ainsi devenu fortement électrocontaminé par endroits, ce qui empoisonne notre environnement de vie et affecte de plus en plus la santé humaine et animale. 

Neutres surchargés = terre électrifiée

Cette « saleté » d’ondes radio, dont l’intensité et les fréquences varient constamment, pénètre dans l’ensemble des bâtiments reliés au réseau électrique, non seulement par l'entremise du câble de branchement électrique, du sol, mais aussi par la mise à la terre (MALT) sur l’aqueduc municipal et le câble de retour (dit neutre) qui est surchargé par les HFT, explique par courriel Dave Stetzer, expert américain en qualité de l’onde.

Celui-ci rappelle que la MALT ne devrait servir qu’exceptionnellement, pour protéger contre les électrocutions et incendies en cas de court-circuit. Le problème, c’est que les compagnies d’électricité ont choisi de polluer les MALT et le sol en permanence plutôt que de régler leurs problème des câbles neutres surchargés par les HFT, par exemple en doublant leur calibre. « Le Code national de l'électricité exige un neutre à 200 % lorsqu'il est connecté à des charges non linéaires dans les bâtiments, dit-il. Un courant de neutre élevé est dangereux car il provoque une surchauffe du neutre. »

En 1997, il affirmait dans un témoignage présenté au procureur général du Michigan : « J'ai aussi trouvé des quantités mesurables et dangereuses de courant circulant sur la mise à la terre de la compagnie d’électricité. »

Comme le confirme le physicien Paul Héroux, professeur de toxicologie des champs électromagnétiques à la Faculté de médecine de l’Université McGill : « Ces courants injectés intentionnellement dans le sol ont transformé la terre et les fils de mise à la terre en une source de potentiels électriques soutenus qui n'est pas biologiquement "sûre". »

Dans son témoignage, Dave Stetzer expliquait : « La capacité des fils neutres à transporter le courant neutre jusqu'au poste électrique a diminué en raison d'un certain nombre de facteurs, notamment (a) le vieillissement de ces fils, (b) la corrosion des fils et des épissures [ou jonctions de deux fils], (c) les diverses contraintes subies par ces fils, notamment la chaleur, les conditions météorologiques, etc. Ces facteurs sont en quelque sorte interdépendants et ont effectivement réduit la capacité du fil neutre à transporter la même quantité de courant que celle prévue à l'origine. »

Selon l’article 10-904 du Code de construction du Québec, Chapitre V – Électricité 2010, la prise de terre principale est l’entrée d’eau. Selon la Corporation des maîtres électriciens du Québec, cela signifie que la mise à la terre doit donc être obligatoirement être raccordée sur l'entrée d'eau. Or, comme les câbles neutres du réseau électrique public n’ont pas été conçus pour transporter les courants de retour croissants qui prévalent générés dans notre monde numérique, une partie de ces courants de retour circulent constamment sous forme de microcourants empruntant les aqueducs et les plomberies en métal des immeubles. En effet, votre alimentation électrique est non seulement parasitée par les HFT générées dans votre maison, mais aussi celles en provenance de tous les autres foyers reliés au même aqueduc.
 
La mise à la terre du neutre (MALT, no 8 sur l'illustration) sur les poteaux du réseau et au panneau principal des bâtiments protègent les biens et les personnes contre les défauts d’isolement en cas de court circuit. Toutefois, l'électricité emprunte souvent les MALT si les câbles désuets offrent une plus grande résistance que les MALT au passage du courant, qui retourne alors au poste de transformation par le sol. Des microcourants peuvent même souvent être détectés dans les bâtiments, notamment sur une plomberie métallique sur laquelle la MALT de l'entrée électrique est effectuée. Source : Hydro-Québec, Conditions de service, page 128. https://www.hydroquebec.com/data/documents-donnees/pdf/conditions-service.pdf
Comment se protéger

Si la principale source de contamination est cette MALT fixée sur l’aqueduc municipal, une chose très courante au Québec, ce problème peut être facilement réglé par un maître-électricien compétent. Il lui suffira de transférer la MALT de votre entrée électrique sur au moins deux tiges de métal enfoncées dans le sol à proximité du panneau électrique. Ensuite, un plombier devra remplacer (avec grande précaution, pour ne pas s’électrocuter) une courte section de votre plomberie métallique par un tuyau de plastique (qui est non conducteur) afin de stopper l’entrée de microcourants extérieurs dans votre maison via le tuyau de l’aqueduc. (Lire La mise à la terre urbaine, un danger public?, publié dans La Maison du 21e siècle à l'été 2009.)  

Il est difficile d’échapper à cette électropollution, car les champs électriques rayonnent des câbles et murs non blindés sur plus d'un mètre au cœur de nos demeures. Les cordons d’alimentation blindés et autres câbles recouverts d’une gaine d’aluminium, comme le BX commercial et le coaxial du câble, réduisent aussi notre exposition aux HFT. On peut aussi blinder les murs avec des matériaux aluminisés ou de la peinture au graphite, mais il faut alors éviter d’utiliser des technologies sans fil car ces matériaux réfléchissent et peuvent concentrer ces ondes.

Pour en savoir plus sur les causes de ce problème au Québec et sur les façons d'envisager une possible amélioration, n’hésitez pas à consulter la section COMPLÉMENT D’INFORMATIONS TECHNIQUES au bas de ce document annexe sur l’électricité sale. D’autre part, pour éliminer ou atténuer l’électricité sale causée par la piètre qualité de l’onde électrique distribué par Hydro-Québec, il est possible d’installer des filtres atténuateurs sur certaines des prises électriques murales, tel qu’expliqué ICI.

Pour atténuer leurs symptômes, les victimes de l’électrosensibilité (reconnue comme maladie professionnelle par les pays nordiques européens en 2000) n’ont souvent d’autres choix que de couper l’alimentation électrique dans et autour de leur chambre la nuit, afin de pouvoir récupérer durant leur sommeil. C’est ce que doit faire Jean Gagnon depuis plusieurs années.

Selon leur distance, l'intensité de leur tension (voltage) et de leur courant (ampérage), les câbles et d'un transformateur du réseau électrique situé tout près d'une maisons peut être plus élevés que ceux émis par les câbles et appareils domestiques. Un courant résiduel (« net current ») empruntant la plomberie métallique est parfois la source la plus élevée d'exposition aux champs magnétiques. © Electric Power Research Institute

Un réseau en manque d’entretien

Mais il y a une autre cause majeure à l’apparition de l’électrosensibilité, en lien avec la qualité de l’onde électrique, et c’est principalement celle-là qui serait responsable de ses problèmes de santé, selon ce qu’il a découvert : la mauvaise qualité de la MALT de certaines parties du réseau de distribution électrique d’Hydro-Québec, ce qui engendre des courants terrestres.

« Si on éteint le courant sur une ferme [ou au panneau électrique d’une maison] au panneau principale et qu’une tension parasite est encore détectée, c’est qu’elle provient du réseau public », explique la toxicologue ontarienne Magda Havas dans un témoignage présenté à la régie de l’énergie ontarienne, en 2007. Pour plus de détails sur ce problème, consulter l’article Tensions parasites à la ferme : un problème difficile à cerner, paru le printemps dernier dans le magazine É2Q, de la Corporation des maîtres électriciens du Québec. (Voici la vidéo qu'elle a produite sur les hautes fréquences circulant dans le sol, disponible sur le site de son laboratoire : https://theroselab.com/ground-current/ground-current/.)

Pour être sécuritaire, toute installation électrique résidentielle doit comporter une MALT. Tel qu’indiqué dans Principe de la mise à la terre d'une installation électrique, elle est nécessaire afin de pouvoir « évacuer le courant de fuite en cas de défaut d'isolement sur un appareil électrique vers la terre, via un fil conducteur en cuivre, et donc à protéger les personnes du risque d'électrisation voire d’électrocution. » Cela vaut aussi pour le réseau de distribution électrique d’Hydro-Québec.

Mais pour que ça fonctionne bien, le sol doit posséder une conductivité suffisante. D’ailleurs, concernant l’enfoncement dans le sol d’un piquet en acier galvanisé comme technique de mise à la terre, il est précisé au même lien ci-haut : « Pour assurer la conductivité optimale de la mise à la terre, il vaut mieux éviter de planter le piquet de terre dans un sol pierreux (granit, grès) ou calcaire (ce qui peut être difficile dans certaines régions), mais de préférence dans les sols argileux, limoneux ou riches en humus. » Toutefois, M. Gagnon dit s’être fait expliquer par un technicien d'Hydro-Québec que son problème réside dans le fait que la conductivité de la MALT de sa demeure est plus grande que celle des mises à la terre du réseau électrique local d’Hydro-Québec. « Lorsque les MALT réseau offrent au départ trop de résistance [au passage du courant], explique M. Gagnon, les courants vagabonds parcourent de grandes distances par les chemins de moindres résistance ainsi que tous les chemins résistifs, y compris l'air et l'eau, avant de se connecter à une bonne MALT offrant très peu de résistance. »

Dave Stetzer confirme que les piètres MALT du réseau électrique peuvent poser un sérieux problème : « Cela augmenterait sans aucun doute le courant sur les tuyaux métalliques, les fils de terre et les autres infrastructures conductrices dans les maisons et les bâtiments. De nombreuses recherches ont été menées sur ce que l'on appelle le courant de contact créé lorsqu'une personne touche à des surfaces où circulent des microcourants. Il a été rapporté (par Kavet et al, en 2000) qu'un niveau modest de courant de contact de 18 microampères (μA) traversant le corps d'une personne est associé au risque de leucémie infantile dans de nombreuses études bien faites. Cela correspondrait à seulement 9 milivolts mesurés entre l'évier de la cuisine ou de la salle de bain et le sol; 60 μA arrêteront le cœur d'un chien et il faut 80 μA pour arrêter celui d'un humain. » Selon Kavet et ses collègues, un courant de contact de 18 μA « entraîne des champs électriques induits considérablement plus importants (> 1 mV/m) en moyenne dans les tissus, tels que la moëlle osseuse et le cœur ».

Les concepteurs de réseaux électriques devraient donc prendre grand soin d’éviter les risques d’électrisation (ou d’électrocution lente) par la façon dont leurs réseaux sont bâtis. Hydro-Québec ne respecterait pas entièrement les normes internationales à cet égard. Bien qu’elle ne l’admet qu’à mots couverts, un document sur la qualité de l’onde déposé à la Régie de l’énergie du Québec en 2010 révèle qu’Hydro-Québec a jugé bon de ne pas respecter l’intégralité de ces normes en adoptant ses propres normes internes moins strictes. Ça lui a apparemment joué un mauvais tour, car elle est maintenant obligée d’investir beaucoup d’argent en mesures correctrices, qui ne règleront qu’une partie du problème.

Rapport d'expertise

Par ailleurs, M. Gagnon a pu obtenir en 2021 un avis d’expert rédigé par Andrew Michrowski, qui concluait que ses problèmes de santé étaient dus à « l'infrastructure de distribution d'énergie électrique insuffisamment installée dans et autour de sa résidence ». Une lecture attentive de son rapport permettra de bien comprendre et de valider ce que subit M. Gagnon, dont l’existence est empoisonnée en raison de ces problèmes hors de son contrôle.

Michroswski affirme que, depuis les années 1980, il a souvent remarqué que ce type de problème affecte également de nombreuses exploitations agricoles. Hydro-Québec en reconnaît sans ambages l’existence dans son guide pratique Les tensions parasites à la ferme, proposant des solutions aux agriculteurs dont la productivité des vaches laitières est lourdement affectée en raison des micro-chocs électriques qu’elles subissent, notamment au contact du sol de leur étable et des appareils électriques comme les trayeuses.

La qualité de vie de M. Gagnon, du fait de son électrosensibilité que ce problème a selon lui contribué à déclencher, a été dégradée au point où il doit dormir de 10 à 12 heures par jour afin de pouvoir fonctionner raisonnablement bien durant sa journée, malgré le brouillard mental et les problèmes de dépression avec lesquels il doit composer depuis des années en raison de ce qu’il a subi. À cela, il faut ajouter les idées suicidaires qui le hantaient avant de connaitre la cause de son électrosensibilité et de découvrir comment atténuer ses symptômes, ce qu’il a pu faire grâce à l’aide reçue d’autres personnes ayant vécu la même chose. Il est utile de savoir que diverses études scientifiques ont établi, en 1979 et en 2000, une corrélation entre l’exposition aux CEM et des idées suicidaires ainsi que la dépression, ce qui est également démontré dans ce chapitre du rapport Bioinitiative 2012 sur les effets des CEM. 

Pour mieux comprendre la nature de ce problème et la solution qui devrait être appliquée à l’ensemble du réseau de distribution d’Hydro-Québec, il faut lire Le problème de la mise à la Terre, notre traduction d’un extrait du cours sur les effets sanitaires de l’électromagnétisme donné par le physicien Paul Héroux à l’École de médecine de l’Université McGill. Tout y est clairement expliqué.

Plainte rejetée par la Régie de l'énergie

Incapable d’obtenir qu’Hydro-Québec assume la responsabilité de la mauvaise conception de son réseau de distribution électrique dans son secteur, M. Gagnon a déposé en mars 2021 une plainte auprès de la Régie de l’énergie afin que ce problème soit reconnu et des correctifs apportés. Sa plainte a été rejetée le 9 mars 2022, au motif qu’elle « ne porte pas sur l’application des Conditions de service d’Hydro‑Québec » – voir https://bit.ly/3HFS5nD. Une demande de révision été également rejetée le 14 juillet 2022 - voir https://bit.ly/3kQ9YXR – de sorte que le régisseur n’a pas eu à se prononcer sur le fond du problème tel que convenu lors de l'audience préliminaire. L’ensemble de ce processus a donné lieu à trois audiences auprès de la Régie de l’énergie.

Même si Hydro-Québec a trouvé le moyen de se soustraire à ses responsabilités, M. Gagnon estime que lors de l’audience préliminaire du 22 juillet 2021, dont on peut consulter ICI le procès-verbal, il a tout de même pu présenter sommairement au régisseur et président de la Régie, M. Jocelin Dumas, le fond du problème, soit que son « électrosensibilité … est liée à une mise à la terre (MALT) problématique ». Le fait d’avoir pu au moins exposer la nature du problème tel qu’indiqué plus en détails dans ce même procès-verbal – dont toute trace a disparu du site de la Régie – constitue à ce jour le seul résultat tangible dans l'espace public de plus de deux ans de démarches.

Concrètement, la tige de mise à la terre du transformateur voisin devrait être beaucoup plus longue afin de compenser pour la présence d’un sous-sol rocailleux, peu conducteur. Si Hydro-Québec reconnaissait la réalité de ce problème, cela lui occasionnerait potentiellement d’importants coûts, car la Régie de l’énergie pourrait alors l’obliger à apporter des correctifs majeurs à l’ensemble de son réseau, afin de mieux protéger la santé de tous les abonnés. M. Gagnon ne mène donc pas cette bataille uniquement pour lui, mais au nom des dizaines de milliers de Québécoiségalement lésés par cette négligence inqualifiable de notre fleuron national. 

C’est en raison de la nature exemplaire du combat à la David contre Goliath que M. Gagnon mène presque seul depuis des années, avec le soutien moral et scientifique de quelques membres du Rassemblement Électrosensibilité Québec, afin que tous puissent éventuellement en bénéficier, que nous devons nous y intéresser. Ainsi, peut-être qu’un jour les êtres humains pourront bénéficier au Québec de la même attention et des mêmes correctifs efficaces dont les animaux de ferme peuvent profiter, quand Hydro-Québec veut bien d’en occuper, ce qui n’est pas toujours le cas – voir Tannés de voir leur procès contre Hydro-Québec reporté sans cesse et y lire les commentaires.

En conclusion, je vous encourage à consulter les références détaillées soutenant notre propos et le complément Le refus d’Hydro-Québec d’assumer pleinement ses responsabilités ne date pas d’hier afin d’en savoir plus. 

Mais surtout, n’allez pas faire l’erreur de croire que les problèmes vécus par les personnes électrosensibilisées ne vous affecteront jamais. La capacité de résistance humaine aux nuisances environnementales comme celles liées à la pollution électromagnétique est un peu comme un élastique. Cette résistance varie notamment selon nos prédispositions génétiques, la charge de polluants toxiques accumulée dans notre corps, et notre niveau d’exposition à l’électrosmog. La capacité de cet élastique à se faire étirer sans se rompre varie donc d’une personne à l’autre. Mais, inévitablement, il y a un seuil à ne pas dépasser, au-delà duquel l’oxydation et l’inflammation cellulaire chronique, le manque de repos de qualité et les dommages répétés à l’ADN, notamment, finissent par se conjuguer pour faire céder cet élastique. N’attendez pas qu’il soit trop tard, si vous ne faites pas déjà partie du large pourcentage de la population qui éprouve de plus en plus de symptômes typiques de l’électrosensibilité. Ne jouez pas vous aussi à l’autruche, car personne n’est à l’abri de ce fléau grandissant. 

NOTE : Si vous aimeriez savoir comment vous protéger des risques mis en lumière dans cet article, ce document de plus de 13 pages apporte de nombreuses pistes de solution.

Voir les références et d’autres compléments de lecture suggérés à l'adresse https://www.cqlpe.ca/pdf/Liste_References.pdf. Ça vaut la peine de les consulter!