Quel est le type de chauffage le plus économique au Québec? Le tableau ci-dessous, produit par le ministère québécois de l’Énergie et des Ressources naturelles, nous en donne une bonne idée. Fondé sur des données d’Hydro-Québec et de la Régie de l’énergie, il concerne concerne un logement unifamilial chauffé à l’électricité et consommant 22 000 kWh, sans climatiseur ni piscine ni spa. Notez que les résultats pour le mazout sont faussés car le prix de ce combustible fluctue beaucoup d'une région et d'un moment à l'autre. Le tableau cite un prix de 93 cents le litre, mais selon la Régie de l'énergie, au 20 septembre 2021, le prix moyen du mazout à Montréal était rendu à 1,04 $ le litre.
La géothermie remporte la palme avec un coût annuel total de 916 $. Suivent :
• la thermopompe à air, à 1 126 $;
• la biénergie (tarif DT) au mazout, à 1 393 $;
• les convecteurs ou autres éléments électriques au tarif régulier (D), à 1 797 $;
• les combinaisons de l’électricité au tarif D (donc sans adhérer à l’option tarifaire DT) avec appoint au gaz , à 1 830 $, avec appoint aux granules, à 1 970 $, et enfin avec appoint au mazout, à 2 139 $.
Bien que la réponse du Ministère le passe sous silence, elle permet de comprendre que les systèmes biénergie (au tarif DT) électricité/gaz et électricité/granules sont plus abordables que l’option DT électricité/mazout. Ces combustibles sont non seulement plus abordables mais aussi moins polluants que le mazout, notamment en raison du rendement des appareils : l’efficacité du système de combustion peut atteindre 90 % dans le cas du gaz, 80 % dans le cas des granules et est typiquement de 78 % pour le mazout.
L’analyse fait également fi du chauffage au bois, par exemple dans un poêle aux granules ou un foyer de masse, les appareils les plus écologiques et abordables d’utilisation (avec la chaudière et la fournaise aux granules).
Encore faut-il avoir les moyens de se payer les meilleurs systèmes. La géothermie ou le foyer de masse peuvent facilement coûter 25 000 $ et une chaudière aux granules, 22 000 $. La combinaison thermopompe et fournaise aux granules avec élément électrique d'appoint semblent donc des plus intéressantes.
Si vous utilisez un système au mazout depuis plusieurs années, il serait grand temps de profiter des subventions fédérales et provinciales permettant d'adopter un tel système de chauffage plus écologique et plus abordable. La thermopompe murale Trane que nous ferons bientôt installer chez nous revient à moins de 6 000 $ pour ce modèle haute efficacité à deux têtes. Le programme Rénoclimat offre une remise de 50 $ pour chaque millier de BTU de chauffage à -8°C (donc 600 $ pour 12 000 unités thermiques britanniques ou BTU) et la Subvention canadienne pour les maisons plus vertes y ajoute 2 500 $ dans le cas d’une thermopompe murale à deux têtes. Celle-ci doit être certifiée ENERGY STAR et avoir une puissance d’au moins 12 000 BTU ainsi qu’un coefficient de performance en saison de chauffage d’au moins 10. Les systèmes de chauffage aux granules sont admissibles au tarif DT et à l’aide financière du programme québécois Chauffez vert, qui offre par exemple une subvention de 1 275 $ dans le cas du remplacement d’un système au mazout dans une unifamiliale. Sont également admissibles à ce programme les systèmes d’énergie éolien, solaire, au bois, géothermique ainsi qu’aérothermique (thermopompe).
Comme le rappelle Cendrix Bouchard, relationniste chez Hydro-Québec, « la facture d’électricité dépend notamment du type et de la superficie de l’habitation, de la qualité de l’isolation, du nombre d’occupants, des habitudes de consommation de chacun et de la température extérieure selon les régions. Rappelons que le tarif DT est de 4,427 ¢/kWh pour l’énergie consommée durant la majeure partie de l’année et de 25,882 ¢/kWh pour l’énergie consommée uniquement par temps très froid (à partir de -12 ou -15 °C), ce qui ne se produit que quelques jours par année. Lorsque le cap des -12 ou -15 °C est franchi, le combustible prend le relais pour chauffer les locaux, mais l’électricité peut continuer d’être utilisée pour les autres usages (usages de base et chauffage de l’eau) ».
M. Bouchard souligne que la société d’État utilise aujourd’hui le cas type d’une maison unifamiliale moyenne ayant une superficie de 158 m2 (1700 pi2). La consommation au tarif DT de ce cas type est de 24 944 kWh pour un total de 1 330 $, donc le prix moyen est de seulement 5,3 ¢/kWh, et 213 $ pour 269 litres de mazout (2 179 kWh équivalents), pour un total de 1 543 $. Le prix du mazout considéré est de 0,79 $/litre, soit la moyenne à Montréal pour la saison 2020-2021 selon le relevé hebdomadaire du 1er mars 2021 fait par la Régie de l’énergie.
Chauffage central aux granules
Le chauffage central aux granules présente des défis car il requiert deux fois plus d’espace de stockage que le mazout dont le pouvoir calorifique est le double, pour un même volume.
De plus, il n’existe pas encore de fournisseurs de granules en vrac, sauf pour les clients importants comme l’Hôpital d’Amqui, dans la région de La Matapédia, qui est chauffé à la biomasse depuis 2009. Cet établissement brûle environ 1 000 tonnes d’anhydres de biomasse forestière résiduelle par année, ce qui lui permet d’économiser 120 000 $ annuellement depuis qu’il a laissé tomber le mazout.
Il faut donc se rabattre sur des poches de 40 livres de granules, dont les coûts en quincaillerie ces jours-ci varient entre 5,28 $ et 6,99 $.
Si vous utilisez déjà des radiateurs ou des planchers à eau chauffée au mazout, la chaudière aux granules est idéale. Selon l'organisme Écohabitation : « On peut changer n’importe quelle chaudière à combustion existante par un modèle à granules. Le principe est le même : une arrivée d'air, un apport en combustible - en l'occurrence des granules comme celles utilisées dans d'autre types d'installations. Nul besoin de changer d’échangeur ni de système de distribution. On passe ainsi du pire au (presque) meilleur en termes d’impact environnemental – chaque mètre cube de granules permet d’éviter environ 850 kg de CO2 par année, par rapport au mazout! Grâce au fort excès d’air (combustion dite oxydante : où la quantité d'air excède ce qui est nécessaire), on peut atteindre un rendement de combustion de 97 %. »
La fournaise aux granules
Voici les témoignages de deux Québécois propriétaires d'une fournaise aux granules Caddy Alterna II fabriquée par PSG, division de SBI International. Tous deux sont employés de cette entreprise de systèmes de chauffage à la biomasse basée à Saint-Augustin-de-Desmaures, tout près de Québec.
Chez SBI, Claude Paré est responsable de la certification des appareils de chauffage au bois selon les normes applicables. C'est en 2016 qu'il a remplacé sa fournaise biénergie au mazout et à l’électricité par la fournaise aux granules Caddy Alterna II.
« Après 15 ans, notre réservoir d’huile n’était plus assurable et la combustion de notre vieille fournaise au mazout n’étais pas efficace, autour de 65 à 70 % d’efficacité, soit probablement 65 000 Btu [unités thermiques britanniques]. Pour être confortable, il fallait mettre le thermostat à 25 °C! Avec l’Alterna II, on est très confortable à 21-22 °C. Elle a quatre niveaux de réglages, de 50 000 à 100 000 Btu. Pour ma maison, je la règle à 85 000 Btu. Grâce à son thermostat programmable, elle préchauffe la maison avant notre lever le matin. Je la règle à 19 degrés le jour [quand la famille s’absente] et je la programme pour qu’elle réchauffe la maison avant notre retour. »
M. Paré est un amateur de chauffage au bois, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour chauffer sa maison construite en 1964, il utilise également un poêle à bois au sous-sol et un foyer encastré au salon. « J’achète dix cordes de bois et j’en brûle généralement neuf, et deux à trois palettes de 50 poches de granules. Ça me coûte environ 2 600 $ de bois et d’électricité par année (nous n’avons pas de plinthes). Beaucoup de gens passent 200 poches de granules par hiver. On aime la sensation de cette chaleur. Des fois il peut faire 30 °C dans le salon! »
Son collègue Pierre Pleau, directeur de produits chez SBI, apprécie également la Caddy Alterna II pour l’autonomie de chauffage de plus d’une semaine qu’elle lui procure. Il a aussi installé cette fournaise dans sa maison canadienne en briques construite en 1979 et qui n’a jamais été réisolée depuis. « Elle fait 1 100 pi2 et il y a un plafond cathédrale dans la moitié de la maison. La fournaise a une réserve de six sacs de 40 livres de granules qui dure plus de 200 heures à raison d’environ 10 000 Btu par heure en mode pilote. (Ce modèle à quatre vitesses peut fournir de 50 000 à 100 000 Btu/h.) Les besoins de chauffage dépendent entre autres de l’isolation, de la superficie de la maison et de l’ensoleillement. Pour environ un mois d’autonomie pour une maison typique, je recommande d’acheter une palette de 50 sacs. Au cours d’un hiver très froid, on consomme 200 sacs. Cet hiver, ce sera environ 150 sacs à 5,95 $ chacun, ou près de 900 $. »
La Caddy Alterna II est offerte uniquement en version granule mais il est possible d’ajouter un système auxiliaire de chauffage électrique, de 15 ou 20 kilowatts. Elle se vend environ 10 000 $, soit 7 000 $ pour la fournaise et 3 000 $ pour la réserve dotée d’un système pneumatique qui aspire automatiquement les granules dans la boîte à feu. Sauf pour les éléments chauffants, les composantes électriques de la fournaise et son ventilateur de distribution consomment 6 ampères à 120 volts, soit 720 watts.
Bref la consommation d’électricité est quasiment d’un kilowatt par heure où la pleine puissance de chauffe est requise. « J’ai une génératrice en cas de panne de quelques jours. La fournaise ne fonctionne pas plus de 5 heures par jour; en général elle consomme environ 4 kWh/jour. »
M. Pleau affirme que sa fournaise procure un confort inégalé. « J’ai tout essayé : le gaz, l’huile, le bois et l’anthracite. Le chauffage aux granules à air pulsé, c’est le nec plus ultra du confort. C’est très agréable alors que le mazout sent toujours un peu l’huile. Avec les granules, s’il y a un grand vent, au pire il y a une odeur de bois quasiment réconfortante. Et en plus du thermostat central, on peut mettre un élément électrique pour chauffer en biénergie ou quand on part en voyage. »
Il nous explique pourquoi il n'a pas choisi l'option tarifaire bi-énergie qui est pourtant la plus économique : « D’une part, c’est une question de paresse, car je dois m’installer une unité électrique et faire le raccordement dans la maison, ce qui va nécessiter un nouveau panneau électrique. En effet, j’ai encore dans la maison du chauffage électrique à l’étage qui origine de la construction de la maison. De plus, je vais devoir communiquer avec Hydro-Québec pour faire la demande pour la biénergie.
Le programme biénergie d’Hydro-Québec et très avantageux lorsque la température extérieure est chaude, c’est-à-dire au-dessus de la limite de la consigne du système biénergie (-12 °C dans le sud du Québec), mais lorsque vous êtes sous les températures de la consigne, vous vous retrouvez à payer l’électricité le double du tarif régulier. Avec trois adolescents dans la maison, je suis certain qu’ils vont prendre de longue douche chaude et faire fonctionner la sécheuse sans simplement s’informer du tarif d’électricité.
Donc, lorsque je serai seul avec ma femme et si un jour je dois faire des changements sur mon système électrique, j’envisagerai peut-être de faire les économies de la biénergie. »
Cette fournaise coûte 7 999 $ avant l'installation dont les coûts dépendent de la taille de la maison, l'état de la cheminée et les divers systèmes qui y sont connectés, explique M. Pleau. Sa version au bois revient à 5 499 $.