Les murs et planchers très inégaux du vide sanitaire en deux sections ont été giclés au polyuréthane par Isolation Mongrain. Une couche d'enduit ignifuge Monokote 3306 fut ensuite appliquée sur les murs afin de créer une barrière thermique qui empêche le feu de se propager (le polyuréthane étant un produit pétrolier combustible) en cas d’incendie. Au plancher, le polyuréthane freine l'infiltration de gaz souterrains, tel le radon. « Lorsque j’ai visité la maison avec ma sœur et mon beau-frère en février 2019, les planchers étaient tellement froids que mes pieds étaient gelés malgré mes bottes d’hiver, explique France de Palma qui a emménagé dans cette maison de Sainte-Marguerite-du-lac-Masson au même printemps. Je n’arrivais pas à me réchauffer. La maison était glaciale et humide ! Il n’y avait qu’une petite plinthe de 500 watts pour chauffer les deux sections du vide sanitaire. Je me suis demandée comment on arriverait à la chauffer afin qu’elle soit confortable sans que les coûts de chauffage me ruinent. Heureusement que nous avons pu faire isoler les vides sanitaires et le grenier avec du polyuréthane giclé. L’équipe d'Isolation Mongrain a fait un travail extraordinaire. Grâce à cet isolant, la maison est maintenant chaude et confortable même s’il fait -25 C dehors. Les planchers sont chauds et je peux même marcher pieds nus en plein hiver. Le taux d’humidité est parfait, bref, l’isolation au polyuréthane giclé a fait toute la différence ! » © André Fauteux[/caption]
Le vide sanitaire est souvent la source de cette odeur terreuse de moisissures que l’on sent dans plusieurs vieilles maisons. Il s’agit de cette fameuse cave de service, « un espace clos compris entre le sol et la sous-face d’un plancher, dont la hauteur est inférieure à la norme minimale de 2 m (6 pi 6 po) exigée pour un sous-sol », telle que définie dans le guide Construction de maison à ossature de bois publié par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
© SCHL
Les vides sanitaires sont habituellement très humides (plus de 55 % d’humidité relative en hiver et davantage en été) parce que le sol est mal drainé et la terre est exposée à l’air libre. Faute de pare-vapeur posé sur le sol nu, les quantités phénoménales de vapeur d’eau qui s’y accumulent peuvent attirer les insectes et favoriser la croissance de moisissures. En plus d’êtres nauséabondes et malsaines, ces dernières risquent d’attaquer les matériaux putrescibles comme le bois. « Les spores de moisissures présentes dans l’air du vide sanitaire se répandent généralement dans l’air des étages au-dessus et peuvent provoquer de simples allergies ou des troubles respiratoires permanents… La pourriture de la structure peut causer des affaissements de l’ensemble de l’immeuble et des coûts de réparation très élevés. Ces affaissements se voient dans les pentes de planchers, les fissures, les portes et fenêtres coincées ou les parements extérieurs déformés », affirme l’expert en bâtiment Yves Perrier (lire son texte ci-bas). À l’extrême, la pourriture peut même nécessiter la démolition de la maison si la structure est attaquée par la mérule pleureuse, un champignon géant.
En plus d’être trop humides, les vides sanitaires sont souvent peu étanches et mal isolés, ce qui favorise aussi la condensation qui entraîne la formation de moisissures et hausse les coûts de chauffage en hiver. C’est pourquoi, dans son dossier sur le sujet, l’organisme Écohabitation dénonce le fait que l’on construise encore des maisons ou des chalets au-dessus de ces caves de service qui, selon ses membres, n’ont plus leur raison d’être. « À l'origine (pour la plupart des maisons construites avant 1930), le béton, les isolants rigides et les systèmes d'étanchéité n'existaient pas. La maison ne pouvait donc pas être accotée au sol. Le seul moyen de la tenir hors du danger des infiltrations et de l'humidité était de l'en éloigner, raison pour laquelle pratiquement toutes les maisons construites avant cette date possèdent des vides sanitaires. Toutefois, il n'y a aujourd'hui plus aucune raison de creuser un vide sanitaire. Ces caves ne présentent aucun intérêt, ni du côté environnemental, ni en ce qui a trait à la science du bâtiment. »
Dans leur texte sur les vides sanitaires, Liliane Nicolas et Lydia Paradis Bolduc d’Écohabitation posent cette hypothèse pour expliquer le récent regain de popularité de cette cave de service : « Les maisons de préfabriqué modulaire ne pouvant pas s'accoter sur une dalle monolithique, le vide sanitaire est donc généralement utilisé. Pourquoi ne pas creuser trois pieds de plus (pour un total de 8 pi au lieu de 5 pi) et ainsi obtenir un espace de vie complet ? Si la crainte concerne le niveau de la nappe phréatique, il suffit d'élever les murs de fondation du sous-sol légèrement au-dessus du sol. Bref, la quantité de béton et les coûts étant semblables à ceux d'un sous-sol, nous nous questionnons sur les raisons du retour du vide sanitaire. Si vous détenez une réponse, merci de nous la partager. »
L’équipe d’Écohabitation déconseille généralement la construction d’un sous-sol, en particulier lorsque la nappe phréatique est élevée ou lorsque le bâtiment est posé sur un sol argileux qui drainera mal la pluie. Elle recommande la dalle sur sol à faible profondeur, quitte à la construire sur une petite butte de remblais compacté.
Votre vide sanitaire est-il dans la maison ou à l’extérieur?
Souvent utilisé pour donner accès aux conduits, canalisations, câbles et autres services privés et publics, le vide sanitaire peut être chauffé ou non, selon qu’il contient ou non des matières putrescibles ou qui craignent le gel ou la rouille. Dans tous les cas, la première chose à faire est de poser un pare-vapeur si le sol est dénudé, comme l’explique la SCHL dans son guide Construction de maison à ossature de bois : « Dans le cas d’un vide sanitaire non chauffé, on recouvrira le sol de béton (…) ou de polyéthylène de 0,15 mm (0,006 po) ou d’un matériau de couverture en rouleau de type S, et les joints se chevaucheront d’au moins 100 mm (4 po). Dans le cas d’un vide sanitaire chauffé, on recouvrira le sol d’une pellicule de polyéthylène de 0,15 mm (0,006 po) dont les joints seront chevauchés d’au moins 300 mm (12 po), étanchéisés et lestés, ou encore recouverts d’une couche de béton d’au moins 50 mm (2 po). Ce revêtement vise à̀ empêcher l’humidité du sol de parvenir dans le vide sanitaire. Le vide sanitaire doit être climatisé comme le reste de la maison, ou être ventilé. »
Pour l’agence fédérale d’habitation, un vide sanitaire non chauffé doit être considéré comme étant à l’extérieur de la maison et doit donc être ventilé à l’année longue. Il faut alors isoler le plancher du rez-de-chaussée au-dessus du vide sanitaire non chauffé et l’encapsuler avec un pare-air étanche et un pare-vapeur. De plus, il ne faut pas oublier de poser le pare-vapeur du côté chaud, soit sous le plancher (ou au-dessus dans le cas d’un revêtement de sol imperméable comme le linoléum), jamais du côté froid de l’isolant où il favoriserait la condensation de la vapeur d’eau.
« Il est courant de remplir d’isolant le vide séparant le support de revêtement de sol de l’étage et le plafond en plaques de plâtre sous-jacent, lit-on dans le même guide de la SCHL. En l’absence d’un plafond fini à la sous-face du plancher, il faut soutenir l’isolant (pour ne pas qu’il tombe). Dans le cas de matelas maintenus par friction ou d’un isolant rigide (voir la figure 23), il faut fixer un treillis métallique (grillage à poules), des fourrures en bois ou une membrane perméable à la vapeur d’eau à la sous-face des solives. Dans le cas d’un isolant en vrac, prévoir un soutien rigide à l’aide d’un matériau perméable à la vapeur d’eau (afin d’éviter de créer un pare-vapeur sur le côté froid de l’isolant). Ajuster l’isolant autour des croix de St-André ou des cales entre les solives et isoler les petits vides comme ceux situés entre les solives jumelées séparées par des cales ou entre les solives sous un mur. »
Tout ces travaux sont si fastidieux et risqués qu’Écohabitation déconseille l’isolation du plancher au-dessus d’un vide sanitaire, d’autant plus qu’un travail bâclé favorisera la condensation et l’apparition de moisissures. Toutefois, il existe une solution de rechange : faire gicler du polyuréthane (et le recouvrir d’une barrière thermique antifeu) contre le support du plancher permet de créer les trois composantes essentielles – pare-vapeur, isolant et pare-air – en une seule étape.
Dans le cas qui nous occupe, l’idéal est de chauffer le vide sanitaire après avoir isolé et étanchéifié ses murs plutôt que le sous-plancher. Il faut éviter les isolants sensibles à l’eau comme la fibre de verre, la cellullose, le chanvre et le polyisocyanurate. Le polyuréthane sera encore très efficace, par exemple, pour bien sceller une fondation en pierres et même un sol en terre battue. La laine de roche à haute densité ou le polystyrène font un bon travail sur les murs de béton lisses, à condition d’être bien appuyés contre ceux-ci – donc non courbés – afin d’éviter qu’il n’y ait condensation de vapeurs d’eau entre l’isolant et le béton. Toutefois, pour éviter que celui-ci soit humide, il est préférable de poser une membrane drainante à l’extérieur de ces derniers en plus du drain perforé posé à l’extérieur des semelles sur lesquelles reposent les murs de fondations.
Yves Perrier recommande de chauffer le vide sanitaire en hiver et de laisser la température autour de 18 °C afin d’éviter de refroidir le plancher du rez-de-chaussée. La SCHL déconseille de ventiler par des ouvertures directes vers l’extérieur un vide sanitaire chauffé qui n’est pas habité ni desservi par un échangeur d’air. Bref, il faut éviter d’y introduire de l’air froid en hiver et de l’humidité le reste de l’année, en particulier durant l’été, la saison la plus humide. L’idéal est de traiter le vide sanitaire comme un sous-sol ordinaire en y coulant, si possible, une dalle de béton sur un pare-vapeur étanche et un isolant (minimum R-5, idéalement R-10) qui évitera de chauffer le sol sous la dalle.
Il est habituellement déconseillé de creuser le sol pour créer un sous-sol pleine hauteur car ce genre de projet est coûteux et exige l’implication d’un ingénieur en structure. Selon Écohabitation, une famille du Plateau Mont-Royal a déboursé 120 000 $ pour une telle rénovation.
Radon et vide sanitaire
« Il n’est pas nécessaire de protéger les vides sanitaires non chauffés contre une infiltration de radon puisqu’il est possible d’en prévenir l’accumulation grâce aux mesures de ventilation déjà exigées. Il n’est pas non plus exigé de mettre en place les moyens nécessaires pour permettre la protection ultérieure, contre le radon, d’un vide sanitaire chauffé dépourvu de dalle de béton qui demeure accessible. » – Construction de maison à ossature de bois, SCHL
Vide sanitaire : comment l’assécher et l’assainir
Par Yves Perrier
https://guideperrier.ca/vide-sanitaire-assecher-assainir/
Comment rendre un vide sanitaire sain, écoénergétique et durable.
Certains vides sanitaires sont très secs et d’autres sont très humides. Cela dépend principalement des sources d’eau à proximité des immeubles qui humidifient le sol du vide sanitaire. Lorsque le vide sanitaire est sec, il suffit de bien l’isoler et de le rendre étanche à l’air avant de le chauffer. Souvent, on peut contrôler la condensation en installant un pare-vapeur au sol comme le prescrit le Code national du bâtiment, et un déshumidificateur relié à un drain, mais parfois ces approches sont insuffisantes.
Pour les cas plus problématiques, il faut envisager une procédure complète qui vise à̀ assécher le sol, à sceller le plancher et les murs, et à assainir l’air.
Première étape : assécher les vides sanitaires
Lorsque le sol du vide sanitaire est très humide en tout temps, il y a généralement une source d’eau extérieure qu’il faut canaliser et évacuer. Souvent, il faut installer un drain pour capter l’eau et même le relier à une pompe à puisard pour évacuer l’eau vers l’égout pluvial ou un fossé ou une autre partie basse du terrain.
Deuxième étape : sceller les vides sanitaires
Mais en général, un drain et une pompe ne suffisent pas pour assécher complètement les vides sanitaires. Souvent, l’humidité du sol se transmet aux fondations par contact avec les fondations qui transmettent ensuite l’humidité à l’air. Voilà pourquoi il faut aussi poser une membrane pare-vapeur étanche sur le sol et la faire remonter sur les fondations, pour créer une cuve étanche.
Idéalement, il faut une membrane résistante, pouvant être posée directement sur le sol et dont on doit sceller les joints. Parmi les meilleures membranes pour cette utilisation, la membrane VPS 22mil blanche est un excellent choix. Elle peut demeurer apparente sur les murs et les planchers (non protégés par une chape de béton) car elle est robuste et lavable.
Troisième étape : assainir les vides sanitaires
En été, il demeure un risque de voir la vapeur de l’air extérieur chaud et humide se condenser dans le vide sanitaire ou sur les tuyaux. Dans ce cas, l’usage d’un déshumidificateur (raccordé à un drain pour éviter que l’eau qu’il accumule ne le fasse moisir) vous permettra de réduire le taux d’humidité et de garantir une bonne qualité d’air dans le vide sanitaire comme dans la maison. Mais comme le souligne Ken Ruest, ancien chercheur de la SCHL et formateur des investigateurs en qualité de l’air : « Il ne faut pas ventiler directement avec l'air extérieur comme ça se faisait anciennement en ouvrant les soupiraux ou les fenêtres du vide sanitaire. Sinon, c'est comme essayer de déshumidifier tout le quartier! »
En asséchant le vide sanitaire et en posant une membrane blanche robuste et lavable sur le sol, on favorise la propreté du lieu qui devient alors utile comme espace de rangement.
Pour en savoir davantage : Combattre la moisissure - guide pour les propriétaires-occupants, SCHL, 2011.