À droite, des panneaux de copeaux orientés (OSB) moisis. 
© guideperrier.ca

Beaucoup de gens blâment à tort nos maisons « trop isolées » ou « trop étanches » pour la mauvaise qualité de l’air intérieur. En fait, les maisons sont malsaines parce qu’elles sont trop polluées et mal ventilées. Il faut avant tout éliminer ou réduire drastiquement les sources de polluants (biologiques, chimiques et physiques, comme les particules fines et le rayonnement), puis installer un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC) selon les règles de l’art prescrites dans les exigences techniques du programme des maisons Novoclimat. Il faut également bien utiliser et entretenir cet appareil, tout comme les divers appareils de filtration de l’air.

En fait, les résidences homologuées Novoclimat par le gouvernement du Québec, bien que très étanches à l’air, peuvent réduire les symptômes respiratoires car elles sont notamment bien déshumidifiées en hiver par une ventilation mécanique contrôlée. C’est ce qu’avait démontré en 2004 une étude de Santé Canada sur leurs ancêtres, les maisons certifiées R-2000 par Ressources naturelles Canada. L’isolation et l’étanchéité protègent l’enveloppe des maisons de la condensation et de l’infiltration d’eau qui alimentent les moisissures. La réalité, c’est que bien des maisons mal construites et mal entretenues pourrissent plus ou moins lentement.

Depuis 2012, le Code de construction du Québec (CCQ) exige que l’on ajoute de l’isolation (R-4, équivalant notamment à 1 pouce de polystyrène expansé) à l’extérieur ou à l’intérieur de l’ossature murale. Ceci pour réduire les pertes de chaleur à travers l’ossature par « ponts thermiques » qui favorisent la condensation et les moisissures, par exemple sur les revêtements muraux intermédiaires en panneaux de copeaux orientés (ou OSB pour Oriented Strand Board) putrescibles et diffusant mal l’humidité. Ce produit de bois vieillit mal car il ne sèche pas rapidement quand il est mouillé et ses copeaux se détachent facilement, contrairement au contreplaqué dont les fibres sont tissées plus serrées.

Voir les prix des divers produits ici.

Le site de la Régie du bâtiment du Québec met en lumière une faille majeure de son propre CCQ : la sous-section 9.25.3 du chapitre I, Bâtiment, du Code de construction du Québec « précise que les habitations neuves doivent être dotées d’un système d’étanchéité à l’air continu et efficace afin d’empêcher la formation excessive de condensation dans les vides des murs, des planchers ou dans les combles (entretoits). Elle ne précise cependant pas de taux de changements d’air à l’heure ». Et le CCQ n’impose donc pas le fameux test d’infiltrométrie qui mesure l’étanchéité des maisons. Les maisons homologuées Novoclimat ne doivent pas dépasser 1,5 changement d’air à l’heure (CAH) à une pression de 50 pascals (Pa) simulée dans le cadre de ce test. Ce niveau d’étanchéité était obligatoire dans les maisons certifiées R-2000 par Ressources naturelles, dès… 1982!

Alors que bien des maisons neuves sont deux fois moins étanches, les constructeurs d’élite construisent des maisons dont l’étanchéité est sous 1 CAH à 50 Pa, voire sous 0,6 CAH à 50 Pa, limite autorisée par le programme allemand des maisons passives (Passivhaus ou Passive House). Rappelons qu’il s’agit de maisons très bien ventilées avec un système mécanique contrôlé, le VRC.

Pour commencer cette série de deux articles, nous ferons donc appel aux constructeurs d’élite pour connaître leurs préférences quant à la partie la plus importante de l’enveloppe du bâtiment : son étanchéité.

Traditionnellement, les entrepreneurs utilisent une membrane pare-intempérie (pare-eau) en polyoléfine non tissée, telles les marques Tyvek, de DuPont ou Typar, de Berry Global, qu’ils scellent au populaire ruban rouge de marque Tuck. Le problème, c’est que ce ruban n’est pas toujours appliqué avec soin et que son adhésif est de piètre qualité. Résultat : au fil des années, la pression du vent fait en sorte que le ruban décolle et que de l’eau s’infiltre, le plus souvent par le haut des portes et fenêtres.

Depuis quelques années, les constructeurs canadiens délaissent de plus en plus ce ruban de « polypropylène résistant aux UV et enduit d'un d'adhésif acrylique ». Ceux qui veulent construire des maisons durables, pour 50 ans et davantage, optent de plus en plus pour des produits nord-américains et même européens haut de gamme. Il y a quelques années, Tuck a commercialisé un ruban bleu qui aurait une adhésion 50 % meilleure. Il fait 4 mm d’épaisseur au lieu de 3 mm, car il contient plus de colle. Il est conçu pour sceller les pare-vapeur en polyéthylène posés à l’intérieur du mur, derrière le gypse : plusieurs constructeurs le font quasi à la perfection, si bien que le pare-vapeur sert aussi de pare-air continu lorsque tous les joints sont chevauchés et scellés, y compris autour des portes et fenêtres. Pour sceller les membranes pare-intempérie du côté extérieur, Tuck commercialise un ruban blanc de même qualité supérieure.

Mike Reynolds, fondateur du site Ecohome.net, pendant anglo-canadien d’ecohabitation.com, rappelle que : « Si le vent ne passe pas au travers, c'est un pare-air. Souvent une membrane d'oléfine non tissée thermoliée (Tyvek), mais loin d'être l'unique produit. Les isolants en polystyrène extrudé, le polyisocyanurate et le polyuréthane agissent comme pare-air, tout comme le gypse, etc. » s’ils sont bien scellés. On parle de pare-intempérie si le but du matériau est seulement d’empêcher la pluie de pénétrer les sections vulnérables d’un mur ou d’une toiture, comme la partie contenant un isolant fibreux. Quant au pare-vapeur, il freine juste la migration de la vapeur d’eau par diffusion à travers les pores des matériaux, pour éviter qu’elle ne condense sur des matériaux putrescibles dans les parties froides de l’enveloppe du bâtiment, comme le bois. Outre le polyéthylène de 6 ou 10 millièmes de pouce d’épaisseur, ce peut être une feuille d’aluminium, une peinture pare-vapeur, un panneau d'OSB, ou un isolant de plastique (polyuréthane, polyisocyanurate ou polystyrène extrudé) d’au moins deux pouces d’épaisseur, explique Mike Holmes. Plus de détails sur https://www.ecohabitation.com/guides/1129/la-membrane-pare-intemperies-cest-quoi-comment-la-poser/

https://www.finehomebuilding.com/project-guides/insulation/backyard-tape-test

D'abord, rappelons qu'en 2013, l’ancien rédacteur en chef du site américain sur les bâtiments verts Green Building Advisor (GBA), Martin Holladay, a testé divers rubans de construction dans le magazine Fine Homebuilding. Voici les meilleurs pour les divers matériaux à sceller, selon leur résistance au décollement produit par le poids d’une bouteille d’eau lors de son Backyard Tape Test :

« OSB : deux bandes ont très bien fonctionné : Wigluv de SIGA et le ruban à solins All Weather de 3M.

Contreplaqué : cinq bandes ont très bien fonctionné :  All Weather de 3M, Zip System de Huber, Wigluv et Sicrall de SIGA, et Tescon No. 1 de Pro Clima.

Polyéthylène : quatre bandes ont très bien fonctionné :  Shadowlastic de Polyken, Wigluv et Sicrall de SIGA, et Tescon No. 1 de Pro Clima.

Polystyrène extrudé (PSX) : ce test m'a appris que le PSX est l'un des substrats les plus difficiles à coller, encore plus difficile que l'OSB. La meilleure des bandes testées sur PSX était le Sicrall de SIGA. (Notez cependant que SIGA recommande ce ruban pour une utilisation intérieure uniquement. Le ruban extérieur le plus performant sur PSX était le Wigluv de SIGA.)

Polyisocyanurate revêtu d'aluminium : il est très facile à coller; presque n'importe quel ruban décent fonctionnera.

Membranes pare-intempérie : la plupart des rubans testés ont bien fonctionné.

Un collègue de Holladay, Brian Pontolilo, a beaucoup écrit sur le sujet des produits d’étanchéité sur GBA.Voici ce qu’il a répondu à la question d’un lecteur : « Malheureusement, il n'y a pas de réponse facile lorsqu'il s'agit de la performance des produits individuels. Ils passent tous les mêmes tests pour être approuvés par le service d’évaluation ICC-ES comme étant conformes au Code de construction, mais ces rapports n'offrent pas plus d'informations que les tests qu'ils ont passés et sur ce pour quoi ils sont approuvés. Vous pouvez clairement voir que certains de ces produits sont plus robustes que d'autres, mais la question est : est-ce important s'ils sont installés correctement et si l'eau est bien gérée sur la maison en général (débords de toit, détails des solins, etc.)?

https://henry.com

Il est bien connu que les membranes agrafées comme la Tyvek ne constituent pas les meilleures barrières à l'air. En tout cas, il est difficile de les utiliser en tant que pare-air. Si vous optez pour ce type de produit, le collage des joints de contreplaqué est une approche plus directe de l'étanchéité à l'air. Si vous voulez que votre pare-intempérie soit le pare-air de vos murs, les produits en panneaux comme ZIP, les produits pelables et autocollants comme Blueskin de Henry ou les produits appliqués par fluides sont un meilleur choix.

Enfin, presque tous les experts à qui j'ai parlé de ce sujet ont suggéré que la meilleure chose à faire pour éviter la défaillance des pare-intempérie est de ventiler notre bardage avec une installation d'écran pare-pluie », soit une fourrure 1 x 3 sous le revêtement extérieur. 

Représentant de Henry au Québec, Nicolas de Moncuit explique les avantages de la douzaine de produits Blueskin, comme la membrane autoadhésive pare-air VP 100. « Il n’y a pas de risque d’infiltration d’eau entre la membrane et le substrat et elle est autoscellante si on cloue dedans. » Il ajoute que la pleine adhérance lui permet de résister aux pressions positives du vent qui arrache les membranes brochées. « Une Tyvek brochée bouge tout le temps, si bien qu’elle risque d’avoir des trous d’un pouce autour des têtes de clous. » Enfin, une membrane Blueskin permet à un mur humide de sécher rapidement. « Elle est plus perméable à la vapeur (1 900 nanogrammes/Pa.m².s. ou 33 perms) qu’un OSB. » Ce produit est jusqu’à six fois plus cher qu’une Tyvek, soit 10 000 $ à 12 000 $ pour 1 800 pieds carrés de murs opaques, solinage inclus. « Une étude américaine qui a duré 10-12 ans estimait que la période pour le rendement de investissement était de 5-6 ans grâce aux économies de chauffage, parce qu’il n’y a pas d’infiltration d’air. » C’est pourquoi ce produit est préféré par les professionnels qui veulent concevoir et réaliser des enveloppes du bâtiment durables, comme Isolation Mongrain et l’architecte Charles Brosseau, explique M. de Moncuit.

https://www.dorken.com/fr/our-products/products/residential/delta-vent-sa.php

Pour sa part, dans sa maison hyperperformante Edelweiss, construite en 2015 et la première certifiée LEED v4 au Canada, le fondateur d’Écohabitation, Emmanuel Cosgrove, a choisi les produits Dörken, dont la membrane autoadhésive pare-eau et pare-air DELTA-VENT-SA collée et les rubans adhésifs DELTA-MULTI-BAND et DELTA-FLEXX-BAND ainsi que le solin autoadhésif DELTA-FLASHING du fabricant allemand Dörken. Il souligne que l'on peut facilement commander ses produits dans les centres de matériaux québécois puisque la plupart offrent sa populaire membrane alvéolée DELTA-MS qui protège les fondations contre l’humidité et les pierres présentes dans le sol. « C’est important que le ruban ait une colle d’acrylique parce qu’elle ne sèche pas », rappelait-il récemment dans le cadre de son dernier cours Maisons passives : vers l’hyperperformance, en mentionnant notamment les produits américains Vycor, de Grace. 

Ses murs R-58 sont basés sur le système REMOTE (Residential Exterior Membrane Outside-insulation Technique) développé en Alaska par le Cold Climate Housing Research Centre. Ils comprennent une ossature classique en 2 x 6 remplie de laine de roche en nattes Comfortbatt R-22 recouverte de panneaux en OSB, mais les membranes pare-vapeur et pare-air sont placées à l'extérieur de l’OSB, de même qu'une isolation supplémentaire, de quatre épaisseurs de panneaux Comfortboard IS totalisant R-32.

Cosgrove et son acolyte Mike Reynolds d’Ecohome ont même choisi d’ajouter une membrane DELTA-VENT S comme barrière secondaire contre l'humidité. Posée à l'extérieur de l'isolation continue en laine de roche, elle offre une étanchéité à l'air supplémentaire, une protection contre les infiltrations d'humidité et une protection de l'isolation contre le vent et la pluie.

Comme pare-vapeur, Emmanuel a choisi le Perminator de la société américaine WR Meadows. Il insiste sur l’importance d’assurer la continuité du pare-vapeur des murs et du plafond à l’aide d’un scellant acoustique et de poser un carton-fibre entre le gypse du plafond et l’isolant dans les combles. « Ça retient l’isolant pour empêcher d’exercer une pression sur les agrafes et clous du pare-vapeur… Les plus petits trous transportent des quantités assez débiles de vapeur qui peut condenser et créer des problèmes de durabilité localisés. »

Voici d’autres produits d’étanchéité préférés de quelques constructeurs québécois, dont les deux premiers sont mes voisins, à Sainte-Adèle.

Membrane autoadhérante VaproShield

VaproShield et 3M
Pour le pare-air, Robin Gauthier-Ouellet, d’Écohabitations boréales, préfère un polyéthylène bien scellé derrière le gypse. Sous le revêtement extérieur, il opte pour un pare-intempérie américain, la membrane Wrapshield de VaproShield, qu’il scelle avec des rubans d’étanchéité 3M. « C'est beaucoup plus cher que du Tyvek. Environ de trois à quatre fois le prix », mais ça en vaut la peine, explique ce pionnier des maisons certifiées LEED pour les Habitations.

Selon son distributeur québécois CBC Metals, la membrane WallShield de VaproShield affiche l’indice de perméabilité à la vapeur le plus élevé de l’industrie, soit de 212 perm, afin de permettre « à l’humidité intérieure de s’échapper, ce qui réduit le risque de moisissure et de pourriture ».

Chez Belvedair, le directeur général Patrick Ranger opte aussi pour les rubans et membranes autocollantes 3M. « On oublie trop souvent l’étanchéité à l’eau. L’étanchéité des jambages de fenêtres ne fait pas les manchettes, mais c’est tellement important pour la durabilité à long terme. Il y a un surcoût à faire ça, c’est plus dur à vendre. Les gens disent : ‘’Dans la maison d’à côté, sans ça, les gens ont l’air heureux!’’ »

Le Tyvek, un classique dans les maisons Novoclimat

Raymond Tessier, de Tessar Constructions, se fie au pare-intempérie et au ruban Tyvek pour réaliser le système pare-air de ses maisons qui sont toutes homologuées par le programme Novoclimat. « Le Tyvek laisse passer moins d’humidité de l’extérieur tout en étant plus perméable à la vapeur que certains autres produits, comme le Typar. Le ruban Tyvek est bien aussi : j’obtiens des niveaux d’étanchéité quasi passifs, entre 0,7 et 1 CAH à 50 Pa », explique le membre du Groupe Sélect Novoclimat qui réalise souvent des maisons certifiées LEED.

Bien qu’il reconnaisse que les produits européens comme ceux du fabricant suisse Siga soient plus adhérents, Raymond Tessier est refroidi par leur prix élevé. « Les coûts de construction ont tellement explosé, ça coûte une fortune pour sceller des grandes fenêtres. Souvent, on utilise le Tuck bleu pour le polythène et le blanc à l’extérieur, avec une membrane 3M sur le gros œuvre des ouvertures. »

© DuPont

Étienne Ricard, directeur architecture et design chez UrbanÉco Construction, à Sherbrooke, cherche aussi à minimiser ses coûts : « Pour les pare-intempérie européens, le coût est du simple au double ou au triple pour les Siga, Rothoblass et autres. Les produits nord-américains ont évolué et certains offrent maintenant une garantie de six mois exposés aux ultraviolets et ils sont beaucoup moins chers.

Pour ce qui est du pare-air (étanchéité), nous utilisons les panneaux Thermax (de DuPont) aux murs. L’aluminium qui les recouvre est très étanche et il est beaucoup plus facile de rendre étanche un panneau qu’une membrane souple. Au plafond et sous dalle, nous utilisons du polyéthylène. Je n’ai jamais été convaincu par les pare-vapeur intelligents qui remettent l’humidité du mur vers l’intérieur. Je préfère travailler la perspirance du mur vers l’extérieur.

Ce ne sont pas les nouveaux produits intéressants qui manquent, estime l’entrepreneur montréalais Fellipe Falluh, dont le projet personnel de rénovation faisait la Une de notre numéro d’hiver 2023. « Il y a mille et une façons d’atteindre une bonne étanchéité, dit-il. Je crois que tout dépend vraiment de la situation, surtout en rénovation. Selon moi, pour l’installation, les panneaux du Système ZIP sont plus rapides à installer puisqu’ils sont un 3 en 1 (structure, isolation extérieure et pare-air/pluie, pare-air et pare-pluie). Surtout s’il y a de l’échafaudage à faire, je préfère opter pour la technique la plus rapide. » Il dit aimer particulièrement le fait que les panneaux ZIP, en OSB, soient laminés à un isolant de polystyrène expansé. « J’apprécie énormément l’isolation continue que le ZIP permet d’avoir tout en gardant un fond de clouage d’OSB en surface qui est excellent pour la pose du revêtement extérieur. Sur un vieux carré de madrier, l’OSB pourrait être perçu comme inutile à première vue puisque le contreventement n’est pas nécessaire (le côté structurel étant déjà assuré par le bois massif), mais c’est tout le contraire : sur ma maison le carré de bois était tellement vieux qu’il tendait à se décomposer. C’était donc une bonne pratique de le solidifier en lui clouant les panneaux de ZIP qui retiennent les madriers ensemble. Tous ces facteurs font que le système ZIP était le meilleur produit à utiliser pour cette situation en particulier. »

Le système Zip © Jens Behrmann pour Huber

En construction neuve, toutefois, DuPont fait remarquer qu’il est plus rapide de sceller au ruban les rares joints d’une membrane pare-intempérie comme la Tyvek que tous les joints de panneaux 4’ x 8’.

Chez Linéaire Design, de l’Islet, on fabrique en atelier des murs biosourcés performants. À l’extérieur d’une charpente en bois massif, on pose les panneaux Murs-Bois (qui remplace le gypse et sert de fond de clouage sans moulures), des fourrures, un frein-vapeur « perspirant » (Membrain, Intello ou DB+) diffusant la vapeur vers l’intérieur ou vers l’extérieur selon les saisons, des montants de 2 x 6 ou de 2 x 8 po, de la laine isolante Naturchanvre, des panneaux de fibre de bois recyclée SONOclimat eco4 (R-4 et bris thermiques contenant 23 fois moins d’énergie intrinsèque que l’uréthane), un pare-air, un grillage anti-vermine, des fourrures et un parement en déclin de bois.

Les produits européens : Salola et Pro Clima

Dans le cadre de son cours sur les maisons passives, un des étudiants d'Emmanuel Cosgrove a affirmé que les produits du fabricant français Salola offriraient le meilleur rapport qualité/prix. Il s'agit d'un produit français distribué par l'entreprise ISOFIB, pionnière de l'isolation en chanvre et des membranes européennes. « Nous avons été les premiers à importer un frein vapeur perspirant en Amérique du nord, explique Christian Cloarec, directeur des ventes chez ISOFIB. Nous avons cherché les meilleurs produits partout sur la planète et nous avons choisi Salola qui est établi en Bretagne, où le climat est extrêmement humide.  Ils offrent de meilleurs prix que SIGA et leur écran pare-pluie Aeroplus Premium a une perméance de 129 perm, deux fois plus performante qu'un Tyvek, à 45-50 perms. Ainsi un mur humide séchera plus vite, ce qui est important si on pose un pare-vapeur de polyéthylène. »

https://isofib.com/pages/membranes-a-etancheite-a-air

Chez Construction Rocket, basée à Sutton, la chargée de projet Marie Francis avoue sa préférence pour des produits européens. « On utilise les membranes et rubans de Pro Clima (distribués par la firme new-yorkaise et ontarienne 475 High Performance Supply) ou de Salola. La qualité est bien supérieure aux produits nord-américains. Ces produits sont plus chers mais beaucoup plus performants, rien à voir. Surtout dans une composition de mur avec 16 po d’isolant en cellulose, qui demande à ce que le mur puisse sécher vers l’intérieur dans des situations particulières si nécessaire. »

Comme les autres produits haut de gamme, Pro Clima se différencie des autres systèmes d'étanchéité à l'air et de protection contre les intempéries en utilisant un contrôle intelligent de la vapeur, une technologie de membrane monolithique et des adhésifs acryliques solides, explique Aaron Waldt, consultant en produits chez 475 High Performance Supply dans l'est du Canada. Lise les détails dans cet article.

SIGA et Rothoblass

Robin Gratton, fondateur de Larix Construction, à Val-David, vise les niveaux d’étanchéité du programme Passivhaus. « Pour ce qui est du pare-air, nous privilégions les membranes intelligentes [hautement résistantes à la pluie mais très perméables à la vapeur dans les murs] de type Majvest, de SIGA, ou Traspir, de Rothoblaas. Cette dernière est notre préférée car le représentant et le service de livraison sont excellents. Il faut cependant comprendre que l'utilisation de ces membranes fait partie d'un système, c'est-à-dire qu'il faut avoir une composition de mur intelligente comme :

Une double ossature 2 x 4 po isolée 12 po de cellulose soufflée, un frein vapeur à l'intérieur, tel le Clima Control de Rothoblaas, avec un panneau isolant R-4 (minimum) en fibre de bois naturel qui respire, comme les SONOCLIMAT ECO4, Gutex ou autre.

Pour le rapport qualité-prix, on ne parle pas du tout du même système ou de la même qualité de produits. Par exemple, les rubans européens sont incroyables et les menuisiers qui les utilisent ne veulent plus travailler avec le ruban rouge de piètre qualité.

Le prix est de deux à trois fois plus élevé, mais sur une maison de 2 500 pi2 on parle de 1 250 $ vs 375 $ pour une membrane Tyvek et le ruban Tuck. Donc on parle de 1 215 $ de plus. Ainsi de suite pour l'isolant, le frein vapeur, les panneaux R-4...

Avec nous, il en coûte 20 000 $ de plus au client pour avoir un mur intelligent et performant. Dans une maison de 750 000 $, c’est 2,6 % de plus pour avoir un des éléments importants à la base de la pyramide écologique d'une maison :

  • Super étanchéité/isolation R-40 minimum pour les murs, R-60 au plafond et R-20 sous le plancher
  • Super fenestration
  • Super échangeur d'air
  • Orientation sud

Pour nos analyses coût/performance, nous faisons désormais affaire avec la coopérative d’ingénierie Alte Coop, notre expert en analyse du cycle de vie du bâtiment. »

Les rubans SIGA diffusent la vapeur, ont une colle d'acrylique et s'étirent dans toutes les directions. © André Fauteux

Les produits SIGA seraient imbattables

Pour sa part, le constructeur de maisons passives Keven Laporte préfère les produits SIGA. « J’ai utilisé le ruban Rothoblass sur trois projets et à deux reprises nous avons eu la mauvaise surprise qu’à l’extérieur il décollait, explique le propriétaire de Construction K Laporte et récent acquéreur de Landmark Passivhaus, à Mont-Tremblant. Au moment où le soleil réchauffait la façade, le ruban perdait sa rigidité, ondulait et se détachait de la membrane à plusieurs endroits. Et ce, même en plein hiver, au mois de février. Je n’ai pas réussi à avoir une explication pour ce problème qui selon moi pourrait être dû à une trop grande différence de réactivité au soleil entre le ruban et la membrane. Ce problème ne s’est pas produit avec le ruban SIGA dont l’adhésion est très bonne. La structure de sa fibre est différente pour justement éviter cette réaction aux différentes températures. »

Au niveau de la membrane, il décrit la Majvest 200 de SIGA comme une « vraiment une belle découverte pour nous. Elle est beaucoup plus rigide et réagit beaucoup moins aux températures changeantes. La technologie du Majvest est également différente de la Clima Control 80 de Rothoblass, dont la structure changeait beaucoup avec les écarts de température. Nous avons eu de la difficulté à finaliser notre compaction de cellulose dans les murs car la membrane était très serrée tôt le matin (à 10 °C) et en après midi (à 20 °C) elle se relâchait et nuisait à notre compaction.

Avec la Majvest, je n’ai pas vu ce problème. Elle est très résistante, sa texture ressemble plus à une membrane Tyvek.

La différence de prix entre la Tyvek et la Majvest n’est pas assez significative avec la superficie que nous devons couvrir. De plus, les rubans SIGA pour le périmètre des fenêtres, le scellement intérieur, etc. sont faciles à utiliser. Le service personnalisé du représentant est remarquable. On voit qu’ils sont là pour toujours améliorer leurs produits. »

Somme toute, qu’ils soient nord-américains ou européens, on constate que les constructeurs d’avant-garde ont résolument un penchant pour les membranes et rubans qui performeront à long terme. Avec les coûts croissants de l’énergie et des matériaux de construction, construire étanche à l’air et l’eau n’est pas un luxe, mais une nécessité. Mais même si vous choisissez d’excellents produits, ils ne seront aussi bons que la qualité de la pose, d’où l’importance capitale de valider la performance de votre pare-air-intempéries par un test d’infiltrométrie.