À l'occasion de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité COP15 ayant débuté aujourd'hui à Montréal, cet article d'une importance capitale est paru récemment dans le National Observer. En voici la traduction française effectuée par Jean Hudon. 
Extrait : « Reconnaître que les papillons monarques sont en danger devrait inspirer des actions sur plusieurs facteurs environnementaux. Pendant leur migration, les monarques peuvent non seulement mourir de faim, souffrir de la chaleur à cause des changements climatiques, ou être empoisonnés par des insecticides, ils peuvent aussi se perdre. Les rayonnements sans fil utilisés pour les télécommunications nuisent à la capacité de navigation du monarque. Heureusement, des options technologiques moins dangereuses sont plus rapides et plus résilientes. »
- Meg Sears, présidente, Prevent Cancer Now.
 
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Répondre aux crises environnementales du climat et de la biodiversité peut sembler être un défi d'une ampleur et d'une complexité écrasantes. Nous n’avons pas droit à l'échec, mais que faire si, en plus des gaz à effet de serre et des produits chimiques toxiques, nous passons à côté d'un autre facteur déterminant ?
Les scientifiques sont alarmés par le fait que les rayonnements de radiofréquences ont augmenté de plus d'un quintillion (1 000 000 000 000 000 000) de fois par rapport aux niveaux ambiants naturels historiques. De plus, ces rayonnements «sans fil» pour les téléphones portables et l'Internet sont pulsés pour permettre la transmission des données, et se sont révélés biologiquement actifs chez toutes les espèces qui ont été testées de manière adéquate.
Soixante ans après sa publication, le livre Printemps silencieux est apparemment en passe de devenir réalité. Un rapport scientifique publié en novembre 2022 sur les effets des champs électromagnétiques de faible intensité sur la faune et la flore peut contribuer à orienter une réponse rigoureuse aux crises complexes actuelles.
Le gouvernement canadien pourrait maintenant s'intéresser aux effets environnementaux des rayonnements radiofréquences (RF).
Le comité permandent de la Chambre des communes sur l'environnement et le développement durable tient une audience accélérée sur le projet de loi S-5, qui modifie la Loi canadienne sur la protection de l'environnement à laquelle participe Prevent Cancer Now. Nous proposons que la collecte de données et la recherche sur le rayonnement sans fil soient rendues obligatoires, car aucune loi, aucun règlement ni aucune directive canadienne ne traite de leurs effets environnementaux.
À compter de cette semaine, mettre fin au «silence radio» sur les rayonnements sans fil devrait être un sujet de recherche urgent pour le leadership canadien, alors que le Canada accueille la COP15 de la Convention sur la biodiversité.
Alors que des occasions se présentent de prendre en compte un chaînon manquant dans le déclin de l'environnement, le chagrin consécutif à nos pertes doit renforcer notre détermination, et non engendrer le désespoir. Des merveilles telles que les papillons monarques pourraient-elles revenir pour les enfants d'aujourd'hui ?
À l'âge de sept ans, il m’arrivait de passer du temps parmi les fleurs sauvages et les asclépiades, dans un cimetière enchanté et non entretenu près d’un église. Les centaines de papillons monarques s’y trouvant étaient ce qui pour moi se rapprochait le plus des fées. Quel ravissement j’éprouvais à en saisir un, juste un instant, entre mes paumes partiellement fermées, et à sentir un léger frôlement d'ailes avant de le relâcher dans son royaume aérien.
L'été s'est terminé et les monarques sont repartis. Ces frêles créatures franchissent des milliers de kilomètres pour passer l'hiver dans une forêt mexicaine, puis, avec la précision d’une horloge, elles revenaient l'été suivant. Nous avons déménagé dans un quartier plus chic, où l'herbe était tondue, mais c'est à cette époque mon enfance en liberté que j'ai retrouvé la magie.
Plusieurs facteurs ont contribué au déclin des monarques. La seule nourriture des chenilles, l'asclépiade, a été déclarée mauvaise herbe nuisible qu'il fallait éradiquer. Les plantes à fleurs le long des routes et des terrains vagues – des habitats de choix – ont été pulvérisées avec des herbicides.
Alors que les herbicides détruisaient leur nourriture, les insecticides utilisés sur les cultures ou contre les moustiques affaiblissaient et tuaient les papillons, les abeilles et les autres pollinisateurs.
Les monarques bravent de nombreux défis lorsqu'ils migrent pour passer l'hiver au Mexique. Des défenseurs de la nature leur viennent en aide en protégeant des corridors (par exemple, dans le centre des États-Unis) et en plantant des plantes bénéfiques. Mais cela ne suffit pas. Les monarques sont désormais en voie de disparition, et les oiseaux insectivores et migrateurs sont en déclin en même temps que les insectes en difficulté. Le déclin des pollinisateurs met en danger les cultures de fruits et légumes.
La migration, comme toute grande expédition, comporte de faibles marges d'erreur. En route vers le Mexique et au retour, les monarques risquent non seulement d’être affamés, affectés par le changement climatique et empoisonnés par les pesticides, mais ils risquent même se perdre !
La capacité de percevoir le champ magnétique terrestre est essentielle pour la migration, et les scientifiques qui étudient les mécanismes susceptibles d'être perturbés par les rayonnements radiofréquences ont trouvé une substance biochimique permettant de détecter les champs lumineux et magnétiques, appelée cryptochrome, que l'on retrouve chez toutes les espèces.
Les plantes ne peuvent s’enfuir, et sont affectées par les rayonnements des tours cellulaires. Une étude à long terme de la santé des arbres dans deux villes allemandes a mis en lumière le déclin graduel et la mort de dizaines d'arbres exposés aux infrastructures de télécommunication.
Au Canada, cependant, les espèces non humaines passent complètement sous le radar des organismes réglementaires. En 2017, le gouvernement canadien a promis d'examiner les effets environnementaux, en réponse à un rapport du Comité parlementaire de la santé de 2015. Une telle étude n'a jamais été publiée, et Environnement et Changement climatique Canada a par la suite confirmé au commissaire à l'environnement et au développement durable (au sein du Bureau de la Vérificateur générale) qu'il n'y a aucun plan pour le faire.
Plutôt que d'étudier et de déployer des solutions de rechange câblées plus sûres, le gouvernement canadien prévoit de multiplier par 100 environ le rayonnement des radiofréquences, car Industrie Canada propose de mettre aux enchères davantage de spectre d'ondes millimétriques pour les technologies de cinquième génération ou 5G. Les ondes millimétriques serviraient à transmettre davantage d'informations à des millions d'appareils supplémentaires qui utilisent les fréquences actuelles. Les scientifiques avertissent que certaines bandes compromettront les prévisions météorologiques et la surveillance du climat.
Récemment, des experts et des groupes de citoyens appelant à un moratoire sur l'expansion du haut débit sans fil ont salué l'ambivalence surprenante de l'industrie des télécommunications à l'égard de nouvelles mises aux enchères de fréquences. La fibre optique et le filaire, jusqu’aux locaux de l’abonné et dans l'ensemble de ceux-ci, sont plus sûrs, plus rapides, plus sécuritaires et plus résilients, et leur empreinte carbone est plus faible.
Au crépuscule de 2022, le Canada a deux occasions de relever le défi de mettre fin au «silence radio» sur un chaînon manquant essentiel du déclin environnemental et de faire des technologies plus sûres la norme.