« Le coût annuel moyen pour l’air chaud, en ¢/kWh, pour l’électricité est de 10,68 ¢/kWh comparativement à 10,32 ¢/kWh pour le même cas de figure au gaz naturel incluant les taxes », telle est la conclusion à laquelle arrive Hydro-Québec en réponse à notre demande sur les coûts actuels du chauffage au Québec. Une conclusion toutefois contestable parce qu'elle exclut les frais annuels du compteur de gaz.
D'abord, voici un tableau comparatif que nous a fourni Cendrix Bouchard, conseiller en communication chez Hydro-Québec. Il présente la facture énergétique annuelle typiquement associée uniquement au chauffage des locaux pour divers appareils utilisant diverses sources d’énergie dans pour une maison unifamiliale de 158 m2. « Nous souhaiterions préciser que le cas type que nous avons pris en compte ici-bas à votre demande n’est pas le même que celui que nous avons présenté dans le cadre du dossier sur la biénergie déposé à la Régie de l’énergie. Les frais d’énergie d’électricité incluent la redevance d’abonnement, mais les frais d’énergie de gaz n’incluent pas la location de compteur. »
Cendrix Bouchard apporte ces précisions : « À noter que les résultats sont associés à un cas type précis et ne sont pas nécessairement représentatifs de la consommation moyenne de chauffage au Québec. En effet, la consommation d’énergie varie, notamment, en fonction du type d’habitation et de sa superficie, du niveau d’isolation, du taux d’efficacité des systèmes de chauffage installés, du nombre d’occupants, des habitudes de consommation et de la température extérieure selon les régions.
Les hypothèses suivantes sont prises en compte :
- Maison moyenne unifamiliale de 158 m2 (1 700 pi2) située à Montréal. 5 pièces incluant le sous-sol, isolation selon les normes de 1983 et composée de 4 occupants.
- Électricité :
- tarifs d'électricité en vigueur le 1er avril 2022 ET du 1er avril 2021 pour les mois d’octobre 2021 à mars 2022
- valeur calorifique électricité : 3,6 MJ/kWh
- Coefficient de performance moyen d'une thermopompe : 2,71
- Gaz naturel :
- prix de la fourniture et du SPEDE : moyenne entre octobre 2021 à septembre 2022
- tarifs d'équilibrage, de distribution et de transport en vigueur depuis le 1er octobre 2021
- valeur calorifique du gaz : 37,89 MJ/m3
- TPS = 5% et TVQ = 9,975%
À noter que nous ne disposons pas d’estimations pour le cas de plinthes jumelées à une thermopompe murale. De plus, le cas de l’accumulateur thermique jumelée au tarif Flex D nécessite la prise d’hypothèses fortes concernant l’effacement de la consommation des usages de base et de l’eau chaude réalisée par le client. Ainsi, nous ne pouvons pas nous avancer sur ces économies. Toutefois, les clients inscrits au tarif Flex D, sans disposer nécessairement d’un accumulateur thermique, peuvent réaliser des économies intéressantes s’ils suivent les conseils énoncés sur le site Web d’Hydro-Québec.
À noter aussi que pour bien illustrer la position concurrentielle d’une source d’énergie par rapport à une autre, il est important d’ajouter aux coûts de la consommation en énergie, les frais d’acquisition et d’entretien des systèmes qui n’ont pas été pris en compte dans notre tableau de calcul. De plus, les prix d’électricité sont beaucoup plus stables que ceux du gaz naturel, ce qui offre aux clients d’Hydro-Québec une plus grande prévisibilité. »
Or, selon Jean-Pierre Finet, analyste au Regroupement des organismes environnementaux en énergie du Qc, estime qu'Hydro-Québec sous-estime les coûts du chauffage au gaz pour justifier son programme biénergie qui encourage la combustion d'une énergie fossile (le gaz) dans les fournaises, chauffe-eau, barbecues, sécheuses et cuisinières résidentielles (quelque 100 000 ménages québécois se chauffent au gaz). « Le coût de l'abonnement au réseau d'Hydro-Québec ne devrait pas être inclus dans le coût de chauffage à l'électricité (ni en mode biénergie), puisque ce coût doit être payé de toute manière pour tout consommateur qui désire s'éclairer, se climatiser, travailler et se divertir dans sa demeure. Au contraire, l'abonnement au gaz n'est pas essentiel. Il ne sert essentiellement qu'aux besoins de chauffage, qu'il s'agisse des locaux, de l'eau chaude domestique ou autre. Les coûts afférents, abonnement, location de compteur, entretien, etc. devraient donc être pris en compte dans l'évaluation des coûts annuels d'opération. L'exclusion de ces coûts donne un portrait indûment favorable au gaz naturel par rapport à l'électricité. La même chose pourrait être dite du choix du coût du gaz de l'année passée plutôt que l'année qui s'en vient ! »
En effet, comme l'affirmait La Presse du 3 octobre : « Après avoir encaissé une augmentation historique de 15,6 % de leur tarif l’an dernier, les consommateurs québécois de gaz naturel font face cette année à une autre hausse importante d’au moins de 7,8 % cet automne... Le prix du gaz naturel pour Énergir et ses clients est en hausse de 40 % depuis l’an dernier. »
M. Finet recommande plutôt le chauffage tout électrique, idéalement avec thermopompe et accumulateur de chaleur subventionnés, et d’adhérer au tarif de pointe hivernale Flex D. Son organisme a mandaté l’organisme Ecohabitation pour évaluer les coûts de chauffage associés à ces choix. La majorité des clients d'Énergir utilisent une fournaise plutôt qu'une chaudière, fait-il remarquer.
Pour sa part, le ministère québécois de l'Énergie et des Ressources naturelles nous a transmis le tableau suivant en réponse à nos questions sur les coûts de chauffage. « Les données ci-dessous sont basées sur un cas-type défini par Hydro-Québec représentant un logement de type unifamilial chauffé à l’électricité (24 000 kWh par an) avec climatiseur et sans piscine ou spa. Le calcul a été fait en supposant un certain nombre de paramètres climatiques pour la région de Montréal, notamment les conditions de température et d’ensoleillement d’une année normale. La superficie correspond à environ à 1600 pieds carrés. Nous n’avons pas de précision à offrir sur le niveau d’isolation. C’est un cas-type qui correspond à une moyenne. »