Q : Quelles sont les mesures les plus rentables permettant de réduire les besoins de climatisation?

R : Les mesures les plus payantes concernent l’étanchéité et dépendent de l’étanchéité de la maison avant d’y faire des travaux. Moins le bâtiment est étanche et plus il est payant de faire des travaux de colmatage pour améliorer son étanchéité.

Concernant l’ombrage et la fenestration, lorsque de vastes superficies vitrées sont orientées à l’ouest ou au sud, il est fortement conseillé d’installer des dispositifs d’ombrage extérieurs pour réduire les risques de surchauffe estivales. Leur prix est très variable selon la technique utilisée. On peut penser par exemple à de la végétation dense, mais aussi à des éléments intégrés aux bâtiments tels que des brise-soleils, des avancées de toiture, des marquises, des auvents ou des volets. 

Le concept de masse thermique consiste à absorber de l’énergie et la stocker dans un matériau du bâtiment telle une dalle de béton. La masse thermique est différente de la résistance thermique d’un matériau puisqu’elle ne joue aucun rôle dans le transfert de chaleur en régime permanent. En hiver, les nuits très froides du Québec ne permettent pas de profiter autant de la masse thermique des murs que dans les climats tempérés [NDLR* : puisque le chaud migre toujours vers le froid, donc vers l'extérieur dans notre climat hivernal].

Autre que le positionnement des fenêtres et les dispositifs d’ombrages, un climatiseur est un moyen actif de se rafraichir l’été, toutefois cet appareil seul est une occasion manquée de se chauffer l’hiver à moindre frais. En effet, le choix d’installer un climatiseur devrait être délaissé et l’installation d’une thermopompe devrait être privilégié. Une thermopompe peut autant servir de système de chauffage que de climatiseur. En hiver, une thermopompe consomme moins d’énergie que les autres appareils de chauffage pour produire de la chaleur. De plus, les modèles de thermopompes basse température sont maintenant capables de chauffer une habitation presque en tout temps, même par des températures très froides. 

Pour se rafraichir l’été, l’achat d’une thermopompe combiné à des dispositifs d’ombrage bien positionnés devant la fenestration est une solution gagnante. Une autre solution moins onéreuse consiste à ventiler son logement [NDLR : échanger l'air passivement et/ou mécaniquement] durant la nuit pour faire y faire baisser la température.

Q : Pourquoi l’étanchéité est-elle importante aussi pour prévenir la condensation dans les murs plusieurs mois par année (surtout si on a des matériaux diffusants peu la vapeur d'eau dans les murs)?

R : En hiver, lorsque l’air intérieur humide et chaud entre en contact avec un élément froid du bâtiment, de la condensation sous forme de gouttelettes d’eau peut se former au point de contact. Pour un mur isolé qui protège les habitants du froid, il est primordial de pouvoir gérer adéquatement la migration de cette humidité. Si celle-ci reste emprisonnée dans le mur elle sera une source continue de problème tel que le développement de moisissure ou des dommages structurels.

 Dépendamment de la composition du mur utilisée, il existe plusieurs techniques de construction pour gérer cette humidité.
[NDLR : https://www.garantiegcr.com/fr/entrepreneurs/fiches-techniques/]

 

 Q : Combien de dollars par année sont perdus en chaleur en hiver à cause des fuites d'air?

Il est difficile de répondre adéquatement à une telle question puisque cela dépend d’une multitude de facteur tels que l’étanchéité attendue si les fuites sont colmatées, le type de chauffage, les coûts de chauffage, etc. Toutefois, nous avons analysé plus de 15 000 participants ayant participé à Rénoclimat en 2018-2019 pour tenter de répondre à cette question. Lorsqu'une amélioration de l’étanchéité a eu lieu après les rénovations, et si on suppose du chauffage avec des plinthes électrique, les participants ont économisé en moyenne 175 $ sur leur facture annuelle d’électricité.

Q :  Voici un tableau, traitant des coûts et des émissions gaz à effet de serre (GES) associés à l'étanchéité à l'air, qui vient du site ecohabitation.com mais qui date. Est-il juste, selon vos experts?

 

En supposant du chauffage par plinthe électrique, les $/kWh et GES/kWh sont cohérents. Également les changements d'air à l'heure à 50 pascals (CAH50Pa) par kWh linéaire utilisés dans le tableau sont similaires à ceux évalués dans nos programmes.

Toutefois, les niveaux d'étanchéité utilisés par tranche d’âge de bâtiment sont plus élevées que ce nous observons dans nos programmes. En effet, on observe que l’étanchéité des maisons individuelles bâties :

  • entre 1960 et 1979, est de  5,2 CAH50Pa (n = 5 569)
  • entre 1980 et 1999, est de 4,5 CAH50Pa (n = 4 000) 

     

    NDLR : Le tableau ci-dessous tiré d'un rapport fédéral de 1997 démontrait la piètre étanchéité des maisons québécoises, dont celles construites de 1981 à 1990 qui étaient à 7,23 CAH50Pa. Les données québécoises plus récentes semblent donc confirmer que l'on a scellé les fuites d'air de plusieurs vieilles maisons - notamment en posant de nouvelles portes et fenêtres plus étanches - depuis le lancement du programme Rénoclimat, en 1999.
    * NDLR : Note de la rédaction 
    Source : Ressources naturelles Canada, 1997 https://publications.gc.ca/collections/Collection/M91-7-425-1997E.pdf