Dans le reportage Une caserne alimentée par le soleil, paru dans La Presse lundi, Mathieu Pépin, chargé de projet en transition énergétique à la Ville de Lac-Mégantic, a fait une affirmation surprenante : « Le coût de l’électricité est tellement bas qu’on peut parler d’un retour sur l’investissement de plus de 15 ans sur le panneau solaire [alors que] sa durée de vie est de 15 à 20 ans. » En fait, ce n'est pas le cas puique partout dans le monde il y a des modules solaires photovoltaïques (PV) en opération après plus de 30 ans, selon Patrick Goulet, président de l'association Énergie Solaire Québec.
Explications du physicien Yves Poissant, gestionnaire de recherche et spécialiste principal en technologies PV à Ressources naturelles Canada :
« La norme actuelle dans l’industrie solaire photovoltaïque est de garantir que les modules conserveront au moins 85 % de leur puissance initiale sur une durée de 25 ans. Notre étude [1] portant sur un système PV comportant 357 modules PV qui a été en opération à Varennes, de 1992 à 2015, a démontré un taux de réduction de puissance nominale de 0,6 % par année. Au bout de 23 ans d’opération, 79 % des modules PV étaient toujours en bonne condition, c’est-à dire qu’ils ne présentaient aucun signe visible de vieillissement et leur performance était conforme aux attentes en produisant toujours plus de 86 % de leur puissance nominale initiale. Depuis les années 90, période durant laquelle les modules PV de l’étude ont été fabriqués, les normes de sécurité (IEC 61730) et de qualité (IEC 61215) auxquels doivent répondre les fabricants ont été resserrées et la qualité des modules fabriqués de nos jours dépasse généralement ces résultats.
Dans le secteur résidentiel, avec un coût de 2 500 $ à 3 000 $ le kilowatt pour un système PV installé sans batterie et raccordé au réseau, on parle d’un coût de production de l’ordre de 8 à 9,5 cents le kWh sur la durée de vie du système photovoltaïque, excluant les coûts de financement qui varient selon l’octroi ou non d’une subvention ainsi que le taux d’intérêt obtenu pour le financement. Ainsi, un système PV payé comptant est maintenant rentable au Québec par rapport au tarif D 2e tranche qui s’élève à plus de 10 cents le kWh depuis le 1er avril 2023. »
[1] C. Baldus, A. Côté, T. Deer, Y. Poissant, Analysis of photovoltaic module performance and lice cycle degradation for a 23 year-old array in Quebec, Canada. Elsevier Renewable Energy, Vol 174, Août 2021, pp. 547-556. Lire l'étude ici.