Santé Canada estime que la fumée du chauffage au bois contribue à tuer trois fois plus de Québécois que les accidents de la route. (Détails dans la première partie de ce dossier.)
La Maison du 21e siècle a donc invité deux intervenants à en débattre : faut-il interdire le chauffage au bois? Nous débutons avec Daniel Vézina, cofondateur de l'organisme Familles pour l'air pur. « Ses enfants et lui ont développé de graves problèmes de santé après avoir été exposés à un « smog de camping » au parc national du Mont-Tremblant », rappelait La Presse aujourd'hui.
Contrairement au médecin en santé publique de Québec Philippe Robert, qui disait à Radio-Canada favoriser le remplacement des vieux appareils par des appareils certifiés comme moins polluants, Daniel Vézina se demande sur quelle base scientifique des organismes tel Écohabitation recommandent de subventionner un programme de remplacement à coups de millions de dollars.
« Comme le souligne la coalition internationale scientifique Doctors and Scientists Against Wood Smoke Pollution, il n’y a aucune preuve scientifique probante qui prouve que les programmes de remplacement de vieux appareils ont un impact positif sur la qualité de l’air. Cette option de mitigation n’a fait l’objet d’aucune étude. »
M. Vézina rappelle la crébilité amochée du programme de certification des émissions des appareils de chauffage au bois dirigé par l’Agence de protection de l’Environnement des États-Unis, l'EPA.
« En théorie, c’est beau sur papier, mais un peu trop pour être vrai. Le rapport de février 2023 de son propre Office of the Inspector General dit que le programme de l’EPA met en danger la santé des gens et de l’environnement, ce qui a incité dix États à la poursuivre. C’est une très sérieuse question. Le coupable, ce sont les tests de laboratoire. Seulement la phase de combustion est considérée, pas la phase d’allumage ni la fin, quand le feu couve. Et on brûle des bouts de bois carrés standardisés. Il y a tellement de variables qui font en sorte que les émissions réelles sont très au-dessus de ce qui est estimé par ces tests, comme la teneur en humidité du bois et la quantité d’air introduite dans la boîte à feu. Les appareils certifiés sont probablement les moins pires des pires appareils de chauffage en ce qui a trait à la pollution de l’air. »
Daniel Vézina en conclut que la certification d’un appareil ne garantit nullement que l’on va améliorer la qualité de l’air dans un voisinage si le nombre d’appareils utilisés augmente.
« Il n’y a aucune donnée probante en ce sens. C’est comme pour les autos : on a amélioré les émissions mais on a des véhicules plus gros et on roule plus longtemps, parce que les ventes de poêles augmentent sans cesse. Les gens vont probablement en acheter comme mesure de sécurité énergétique, mais à Montréal il n’y a pas beaucoup de pannes. Quand on crée une habitude, c’est difficile d’en sortir et on les utilise de plus en plus tout au long de l’année, ce qui augmente aussi la pollution intérieure des maisons. D’ailleurs, s’il y a moins de jours de smog à Montréal, il est plus probable que ce ne soit pas grâce aux nouveaux poêles certifiés mais plutôt à l’abandon et au non-remplacement des foyers non conformes. »
La réglementation
M. Vézina demande à qui profite le plus une règlementation favorisant l’achat de nouveaux appareils dits plus « performants ».
« À l’industrie des poêles à bois ou aux gens qui respirent les gaz et particules qu’ils émettent? En 2005, la Nouvelle-Zélande a fait mesurer les émissions réelles à la sortie des cheminées. Les résultats étaient étonnants. Il n’y avait aucun lien entre les émissions de PM2,5 certifiées et les émissions réelles qui étaient jusqu’à cinq fois plus élevées que prévu. »
Le militant favorise de loin de resserer la règlementation provinciale plutôt que d'avoir plusieurs règles municipales.
« C’est beaucoup trop difficile de réglementer dans chaque ville. Il y a des consultations publiques sur le chauffage au bois et les feux extérieurs et ça mène généralement à des recommandations plutôt timides.
Il faudrait prévoir la sortie des appareils de chauffage au bois à terme, comme à Canberra [la capitale australienne] qui compte les interdire complètement en 2045 sauf en situation extrême, comme lors des pannes de réseau. Si on n’a pas accès à de l’électricité, ce serait la seule exception justifiable.
Croyez-vous que c’est réaliste de penser que dans 30-40 ans, on va tous conduire des autos électriques et de plus en plus surveiller les secteurs industriels mais encore chauffer au bois? Au Québec, c’est la principale source de décès prématurés dus aux particules fines et en 2015 cela représentait 60 % des décès au pays associés à cette source de pollution, selon Santé Canada [la province ne représentait alors que 23 % de la population canadienne]. Il faudra y faire face tôt ou tard. Le ministère de l’Environnement a demandé à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) de modéliser les émissions atmosphériques futures selon divers scénarios. On sait que les foyers décoratifs non certifiés émettent de 60 à 100 grammes de PM2,5 à l’heure et deux fois plus de gaz à effet de serre que le chauffage au gaz. On a beau dire que le chauffage au bois est carboneutre, le CO2 émis sera seulement récupéré dans 30-40 ans par la croissance des arbres.
La Ville de Prévost va interdire le chauffage au gaz mais ne touche pas au chauffage au bois qui émet 300 fois plus de PM 2,5. Or, en termes d’effets sanitaires, l’étude de Santé Canada a aussi fait ressortir que la combustion résidentielle de bois fait 50 fois plus de décès que la combustion résidentielle de gaz ou de mazout au Québec. Toute combustion pollue et émet des gaz à effet de serre à divers niveaux. Un feu vert ça n’existe malheureusement pas et on devrait idéalement s’attaquer à toutes les sources. Mais s’il y a une priorisation à faire, on devrait cibler davantage les sources qui ont le plus d’impacts sur la santé humaine. »
Informer, ne pas blâmer les citoyens
Avant tout, M. Vézina estime qu’il revient au citoyen de prendre conscience des risques associés au chauffage au bois.
« Si les gens veulent prendre conscience de l’impact qu’un foyer de bois peut avoir sur la qualité de l’air intérieur, je leur recommande de se procurer un capteur de PM2,5. Ikea en vend pour 12 $ avec des voyants lumineux. Quand on voit la lumière rouge s’allumer, il y a une prise de conscience qui se fait et un changement de comportement peut s’ensuivre. Il y a bien sûr de nombreux modèles beaucoup plus performants pour les initiés à plusieurs centaines de dollars mais pour un premier pas, nous croyons qu’il s’agit d’une belle option. Est-ce que c'est à 100 % fiable ou qu'on peut prétendre faire de la science avec ça? Bien sûr que non, mais ça peut certainement nous aider à voir l'impact de nos habitudes de chauffage sur la qualité de l'air qu'on respire dans nos maisons et ça, c'est le plus important. »
Daniel Vézina insiste qu'il ne pas lance pas la pierre au citoyen et comprendre ce que représente ce mode de chauffage dans l’esprit des gens.
« On a tous des souvenirs très ancrés envers le chauffage au bois, c’est très émotif, l’attachement à ce mode de chauffage. C’est très difficile de s’en défaire, mais il faut accepter les données de la science qui disent que ça tue 1 400 Québécois par année, occasionnant 11 milliards de dollars en coûts socioéconomiques, selon l’étude de Santé Canada. Ça n’a aucun bon sens de polluer autant pour créer une ambiance. Les bûches électriques créent parfaitement l’illusion de la combustion du bois et doivent être mises de l’avant.
Il ne faudrait pas pour autant stigmatiser les utilisateurs d’appareils de chauffage au bois. Tout le monde est généralement bienveillant. Il n’y a personne qui se lève un matin et qui se dit : tiens je partirais bien un p’tit feu pour envoyer le voisin asthmatique à l’urgence. Et le voisin en question, il ne va probablement pas se douter non plus que c’est la fumée de son voisinage qui cause sa crise d’asthme ou sa crise cardiaque. La pollution de l’air, c'est malheureusement invisible. Invisible pour nous mais pas pour les épidémiologistes (comme en témoigne cette étude montréalaise).
Les données scientifiques sont suffisantes pour prévoir l’effet de la pollution de l’air sur une population donnée, mais je crois qu’il faudrait surtout retenir qu’il n’y a pas de seuil sécuritaire d’exposition aux particules fines et qu’il n’y a pas de “bonne fumée”. On l’a notamment vu avec l’augmentation de l’affluence dans les hôpitaux l’été dernier avec les feux de forêt. Localement, le chauffage au bois peut aussi avoir des impacts importants comme dans les Laurentides. »
Mais ultimement, il revient au gouvernement d’agir sur la base des données scientifiques disponibles, conclut-il.
« Nous croyons qu’il y a suffisamment de voyants rouges allumés sur le tableau de bord pour que la Direction de la santé publique des Laurentides communique rapidement avec la population pour faire de la prévention avant la publication de données de terrain qui se font attendre depuis des années.
Nous [Familles pour l'air pur] ne sommes qu’un minuscule organisme sans aucun financement composé de bénévoles et seules les autorités de santé publique peuvent intervenir à grande échelle pour faire évoluer la norme sociale entourant le chauffage au bois. Elles doivent être davantage proactives et ne plus simplement répondre aux demandes des municipalités qui désirent règlementer sur l’enjeu. Le changement de la norme sociale est le prochain défi auquel nous aurons à faire face au Québec.
Lors des récents ateliers en santé environnementale donnés en mai dernier par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), une journée complète a été passée sur le chauffage au bois, les feux de camp et les feux de végétation. Le grand intérêt des intervenants en santé environnementale était palpable au cours des échanges.
Pour les gens qui suspecteraient une cause environnementale à leur condition, nous avons la chance à Montréal d’avoir la Clinique de médecine du travail et de l’environnement du CHUM où exerce notamment le Dr Stéphane Perron, aussi médecin-conseil sur l’équipe de qualité de l’air à l’INSPQ.
Enfin, voici un document intéressant sur les impacts sur la santé dans lequel Santé Canada réévalue à la hausse la force des liens causals selon les développements actuels : https://publications.gc.ca/collections/collection_2022/sc-hc/H144-100-2022-fra.pdf »
L'avis de l'industrie
L’on sauvera davantage de vies en subventionnant dès maintenant – plutôt qu'en encourageant sans incitatifs – le remplacement des appareils polluants non certifiés par des appareils dont la haute efficacité est certifiée par l'Agence de protection de l'environnement américaine (EPA) ou l'Association canadienne de normalisation (CSA), estime Jean-François Fauteux, président du distributeur d'appareils de chauffage Coval. Rappelons que seule l’utilisation de ces derniers est autorisée à Montréal depuis 2016 et qu’il en sera de même à Laval en octobre 2025 et à Québec en septembre 2026. D’autres villes comme Longueuil planchent sur des règlements similaires. Voici le fruit de notre échange.
Pourquoi vous opposez-vous à l'interdiction éventuelle du chauffage au bois en milieu habité dense?
« Le bois est une biomasse locale qui, grâce à la photosynthèse permise par l’énergie solaire, accumule énormément d’énergie : une corde de bois équivaut à l’énergie stockée dans plus de 300 batteries Powerwall de Tesla (je vous invite à visionner cette vidéo très intéressante), fait valoir le membre du conseil d'administration de l'Association des professionnels du chauffage. La combustion de bois dans un appareil certifié EPA permet de brûler le méthane qui serait aussi émis lors de sa décomposition. Le chauffage au bois est donc carboneutre, le carbone émis étant celui qui a été capturé dans l'air et stocké par les arbres durant leur croissance.
Le chauffage au bois sert surtout par temps froids et coïncide notamment avec les pointes de demande d’électricité : il contribue ainsi à la lutte contre les changements climatiques, car il permet à Hydro-Québec de réduire ses importations d'électricité produite avec des centrales carburant aux énergies fossiles comme le gaz naturel pour répondre à cette demande de pointe. De plus, le chauffage au bois offre une sécurité énergétique en cas de panne du réseau électrique. Interdire les appareils modernes certifiés ou qualifiés EPA serait donc une erreur qui nous priverait d’un outil important pour répondre à nos défis de confort thermique, de résilience énergétique et de lutte contre les changements climatiques. »
Oui, mais que penser de l’étude de Santé Canada qui estime à 1 400 le nombre de décès causés au Québec par la pollution du chauffage au bois?
« Le docteur Philippe Robert, médecin spécialiste en santé publique, a souligné les limites de cette étude ainsi : « L’incertitude liée à la modélisation des émissions, de la qualité de l’air, de la santé et de l’incidence économique, ou l’imperfection des prévisions spatiales et temporelles, peut s’expliquer par diverses raisons (p. ex., limites des données, algorithmes simplifiés), dit M. Fauteux.
L'étude compare les émissions des polluants provenant du tuyau d'échappement de la voiture. Rien sur les autres émissions de la voiture comme l'usure des pneus, la poussière, la détérioration des véhicules, etc.Bref, ce rapport est intéressant et soulève l'urgence d'agir sur les vieux poêles. Mais il y a des gens qui ont pris des raccourcis pour attaquer le chauffage au bois au lieu de parler de l'utilisation d'appareils au bois désuets.
La majorité – environ 70 % – du parc de poêles et foyers au bois a plus de 30 ans et ils ne sont pas certifiés par l’EPA ni la CSA. Ce sont effectivement de gros pollueurs et l'APC encourage les villes à réglementer leur utilisation, voire à les interdire. Jusqu’au début des années 2000, la majorité des appareils de chauffage au bois émettaient de 15 à 50 grammes de particules fines à l’heure, contre 7,5 g/h pour les appareils certifiés qui émettent aujourd’hui moins de 2,5 g/h s’ils respectent la norme EPA 2020. Si tout le monde chauffe avec un appareil qui a plus de 25 ans, ça doit être l’enfer…
Les appareils de chauffage au bois modernes reflètent plusieurs décennies d’améliorations technologiques. Les émissions de particules fines ont presque été éliminées, ainsi que les émissions de méthane.
Les membres de l’APC ne sont pas contre la règlementation, je me considère comme un environnementaliste. Nous avons tous des familles et nous voulons faire notre part pour l’environnement. »
Pourquoi dix États américains poursuivent-ils l’EPA pour sa gestion déficiente de sa certification des appareils?
« Les États qui poursuivent l’EPA affirment que plusieurs rapports soumis pour la certification sont non conformes. Il est donc probable que des appareils qui ne répondent pas aux normes ont réussi à être certifiés. Mais l’Université de Sherbrooke a récemment publié une recherche sur les émissions réelles des appareils et elles ne sont pas sous-estimées, selon les résultats des tests du laboratoire indépendant PFS-TECO interprétés par les chercheurs québécois. Même les vieux appareils certifiés EPA performent à la hauteur des attentes. Voici le résumé de cette étude commandée par Environnement Canada. Elle démontre bien que l'humidité du bois est le principal facteur qui augmente les émissions. Avoir un bon bois sec, c'est important, mais il n'y a aucun contrôle au Québec sur la vente de bois de chauffage. Si les gens n'ont pas du bois sec, on recommande de le mélanger avec une ou deux bûches densifiées (souvent appelées bois écologique), ce qui permet d'augmenter les températures de combustion plus rapidement pour mieux brûler et réduire les émissions. »
Les règlementations municipales vous inquiètent-elles?
« Si l’objectif est de réduire les émissions atmosphériques, il faut installer le bon appareil à la bonne place. Le gouvernement du Québec devrait réglementer pour éviter aux multiples villes de travailler en double là-dessus et créer des inconsistances. Les intentions municipales sont louables, mais souvent les règlements sont élaborés en vitesse par des gens qui ont des informations limitées sur le sujet et qui passent à côté de l'objectif après avoir dépensé des milliers de dollars des contribuables.
Les villes comme Québec et Montréal font la guerre aux foyers au bois décoratif ou d’ambiance, mais elles autorisent l’installation de poêles et foyers haute efficacité certifiés EPA ou CSA dans un condo où ils pourraient polluer davantage qu’un foyer décoratif moderne « qualifié EPA » s’ils sont trop puissants. Le problème, c’est qu’un appareil certifié doit atteindre une certaine température pour brûler ses gaz et réduire ses émissions. Or, s’il fait trop chaud dans le condo et qu’en conséquence je réduis l’amenée d’air pour réduire la puissance de chauffe, je vais effectivement émettre plus de particules fines. En fait, un appareil décoratif à faibles émissions qualifiées EPA peut même émettre moins de particules qu'un appareil certifié EPA dont on tente de restreindre la performance pour éviter de surchauffer une habitation.
Offerts depuis 2009, ces foyers décoratifs à faibles émissions, comme le Rumford 1000 de Foyers Renaissance, ont de très grands âtres et une grande flamme. Leur test d’émissions est différent de celui pour les poêles et foyers haute efficacité parce que c’est pour de brèves utilisations, comme une attisée de trois heures. Au bout de dix minutes, les émissions de particules fines ne doivent pas dépasser 5,1 g par kg de bois et il ne doit pas y avoir de fumée visible (la liste des appareils qualifiés est ici). L’EPA certifie les appareils haute efficacité plutôt sur la base de tests de chauffage de longue haleine avec un appareil chaud.
De plus, interdire les appareils décoratifs modernes qualifiés EPA incite les personnes à garder plus longtemps leurs appareils désuets et retarde l'assainissement de l'air. Ce type de règlement nuit à la cause. Si tous les appareils non certifiés et les foyers de maçonneries étaient remplacés par des appareils certifiés EPA et qualifiés EPA, imaginez comment l'amélioration de l'air serait considérable. Les appareils au bois moderne représentent une diminution des particules d'au moins 98,5 % par rapport aux anciens appareils. Ils ne sont pas des contributeurs significatifs de particules dans l'air car ils ne produisent pas de fumée visible, ni d'odeur. »
Controverse sur le chauffage au gaz
« La règlementation de Montréal est bien faite, elle respecte la science. Le seul problème, c’est qu’elle interdit les nouvelles installations au gaz mais permet l’utilisation des anciens appareils décoratifs au gaz qui sont inefficaces, par exemple sur les terrasses d’hôtels. On brûle des gaz fossiles pour faire beau, mais on rejette des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
L’APC pense que ce n’est pas une bonne idée; il n’y a aucun raisonnement valable pour justifier cela.
Pour sa part, le règlement de Mont-Saint-Hilaire interdit la possibilité de chauffer avec du gaz naturel renouvelable (GNR) [méthane capté des émissions des sites d’enfouissement] qui est permis dans le règlement montréalais. Pourtant, le gouvernement investit des millions pour développer les GNR et c'est la principale initiative pour réduire l'utilisation de gaz fossile dans le reste de l'Amérique. Pourquoi interdire ce gaz qui contribue à réduire les gaz à effet de serre? »
M. Vézina affirme qu'il n'existe pas de preuves que les programmes de remplacement et de certification assainissent l'air.
« C'est faux. Vous trouverez ici un article sur l'étude américaine effectué dans la ville de Libby sur son projet de remplacement : https://www.hpba.org/Initiatives/Woodstove-Changeouts/Success-Stories/Libby-Montana-Changeout
Par ailleurs, voici un article de La Presse sur l'étude du Dr Chaouki de l'École Polytechnique commandée par l'APC en 2013. L'article mentionne que de bannir les appareils certifié est une erreur : https://plus.lapresse.ca/screens/4ad0-1424-5261584a-b7b4-6516ac1c606a%7C_0.html
Même son de cloche du côté de l'Europe. Voici un résumé d'étude de scientifiques allemand "Wood us for heating: Is the criticism justified?" https://www.waldwissen.net/en/forestry/timber-and-markets/wood-energy/wood-use-for-energy-is-the-criticism-justified
De plus, les résultats de la qualité de l'air de la ville de Montréal en hiver, depuis le bannissement des appareils de plus de 2,5 g/h, sont probants à cet égard.
Même mathématiquement, il est difficile d'arriver à la conclusion de M. Vézina. Si nous divisons par 20 les émissions en changeant un vieux poêle, il faut 19 nouvelles installations en plus pour arriver aux mêmes émissions dans le quartier. La demande n'est pas là du tout, et même si elle l'était, l'industrie n'a pas la main-d'œuvre pour faire arriver une telle augmentation. Ce n'est pas ce que souhaite l'industrie non plus. Dans un quartier densifier, nous allons préconiser, selon le cas, un appareil au gaz naturel renouvelable ou au propane, aux granules, qualifié EPA (3h de chauffe à faible émission) ou un foyer électrique.
Quant au programme de l'EPA, il faut faire attention. Il est malheureux que certaines compagnies aient triché au « nouveau test » avec bois de cordes. Ça ne fait pas de tous les fabricants des tricheurs. L'EPA a pris ses responsabilités : la totalité des appareils seront retesté. Un tiers l'ont déjà été avec succès leurs appareils et plus de 50 % seront retestés en 2024.
Le problème de laxisme de l'EPA et les quelques tricheurs ont été dénoncés par le groupe NESCOM. Ce groupe, très sévère sur le chauffage au bois, viens de recevoir plus de 8M $ ÉU pour actualiser une nouvelle méthode de test pour EPA et suit de très près les recertifications. Rares sont les appareils qui ne passent pas la recertification (sans tricher) et les premiers appareils qui certifiés EPA avec la méthode de test de NESCOM (IDC) sont sur le point d'être certifiés en début de cette année.
Finalement, l'étude de ICCC effectué par l'Université Sherbrooke en septembre dernier sur plusieurs vieux appareils de technologie différentes démontre bien que même après plusieurs années, les appareils certifiés EPA ont encore une performance qui leur permettrait de passer les tests auxquels ils ont été soumis. Même les appareils catalytiques de premières générations ont gardé leur efficacité après 10 ans. Ces données sont beaucoup plus récentes et locales que celles de l'étude d'il y a 20 ans, en Nouvelle-Zellande, à laquelle M. Vézina réfère.
Enfin, qu’aimeriez-vous dire pour conclure?
« Certaines études suggèrent que le principal polluant de l'air est le chauffage au bois, mais elles ne peuvent le confirmer hors de tout doute car une bonne part de la pollution atmosphérique est poussée par les vents et nous vient de l’Ontario et des États-Unis, soit du trafic routier (poussière, usure des pneus, etc.) et des chantiers de construction. Je n'ai pas trouvé de pourcentage clair sur ce que représentent ces sources, car les concentrations varient d'une journée à l'autre et selon les conditions atmosphériques. Quoi qu’il en soit, les études qui mentionnent que la combustion du bois est le principal émetteur de PM2,5 confirment simplement le fait que la majorité des appareils utilisés sont non certifiés et doivent donc être condamnés ou remplacés par des appareils efficaces.
On peut acheter un appareil d’entrée de gamme qui émet environ 2 g/h, comme le poêle True North TN20 de Pacific Energy Fireplace Products, pour 1 899 $. Si vous avez déjà une cheminée, ça ne coûte pas cher, d’autant plus que la Ville de Québec offre jusqu’à 1 000 $ d’aide pour remplacer les vieux appareils par des modèles certifiés.
Les Exigences techniques du programme Novoclimat autorisent le chauffage d’appoint au bois avec un appareil haute efficacité certifié CSA B415.1-10 ou 40 CFR Part 60 Subpart AAA de l’EPA ou Enerchoice, pour le gaz naturel et le propane. »