Grâce au ThermoDrain, EcoInnovation fut finaliste, parmi les meilleurs produits écologiques du concours Best of IBS, en 2019, du salon international organisé par l’Association américaine des constructeurs de maisons. 

Le chauffage de l’eau représente de 15 à 25 % de la facture d’énergie d’une famille, et plus une maison est étanche et isolée, plus les besoins d’eau chaude seront proportionnellement importants. Or les Codes de construction de l’Ontario et du Manitoba imposent pour les maisons neuves l’installation d’un récupérateur de chaleur des eaux de drainage avec au moins 42 % d’efficacité, calculée selon la norme CSA B55.1, tout en se conformant à la norme CSA B55.2 en matière de durabilité et de sécurité.

Comme le gaz naturel coûte moins cher que l’électricité dans la plupart des provinces canadiennes, cette mesure permet notamment de réduire les émissions de gaz à effet de serre associées au chauffage de l’eau.

Le récupérateur de chaleur des eaux grises remplace une courte section de la colonne de vidange en plastique sous votre douche. Il s’agit d’un gros tuyau de cuivre entouré de plusieurs serpentins en cuivre à travers lesquels circule l’eau froide qui entre dans la maison. Ce procédé est simple et efficace, explique le site de Ressources naturelles Canada. « La chaleur de votre eau de drainage est transférée par les parois en cuivre de l’unité de récupération de chaleur pour réchauffer l’eau froide avant qu’elle passe dans le chauffe-eau. La chaleur est transférée, mais l’eau de drainage ne se mélange jamais à l’eau fraîche. Cette simple technologie n’a pas de pièces mobiles et dure longtemps.

Selon une étude menée par le Centre canadien des technologies résidentielles, les récupérateurs de chaleur des eaux de drainage sont le plus efficaces lorsqu’une grande quantité d’eau chaude de drainage est évacuée pendant que, simultanément, de l’eau potable (domestique) est puisée du réseau. Ceci se produit principalement lors de douches. »

Ce que vous ignorez peut-être, c’est qu’une entreprise québécoise, EcoInnovation, fabrique l’un de ces appareils les plus performants au monde : le ThermoDrain. En 2018 et 2019, il fut désigné finaliste parmi les meilleurs produits écologiques du concours Best of IBS, du salon international organisé par l’Association américaine des constructeurs de maisons.

En 2006, Daniel Beauchemin a eu toute une surprise en voyant pousser une touffe de gazon au-dessus de sa fosse septique... en plein hiver! Prenant conscience de toute la chaleur perdue par les eaux de drainage d’une maison, l’année suivante il commercialisait le ThermoDrain avec son complice et concepteur, l’ingénieur Marc Fontaine. Selon Ressources naturelles Canada, leur produit phare, qui fait seulement 33,5 po de long, récupère 42 % de la chaleur des eaux de drainage; populaire dans les maisons hyperperformantes, le modèle de 62 po est même efficace à 57,2 %. Chez Home Depot, le premier coûte 500 $ et le second, 700 $, avant taxes mais livraison incluse. Pour illustrer combien son appareil hausse la température de l’eau, Daniel Beauchemin parle en degrés Fahrenheit (°F) : « Si l’eau froide du puits ou de l’aqueduc arrive dans la maison à 50 °F [10 °C],  et que l’eau de douche drainée est à 100 °F [38 °C], le delta T [différentiel de température] est de 50 °F. On multiplie ensuite l’efficacité, disons de 57,2 %, par ce 50 degrés pour obtenir l’augmentation de température, de 28,6 °F. »

Constamment amélioré depuis 2009, le ThermoDrain serait l’appareil qui a le rapport poids/efficacité le plus élevé sur le marché canadien, ce qui facilite son installation dans les endroits plus exigus. « La façon dont on roule le cuivre autour du tuyau nous a permis d’augmenter l’efficacité, même si l’échangeur est 33 % plus épais : il transfert moins de chaleur mais notre procédé de fabrication plus efficace lui permet d’être plus court. C’est ce qui nous permet d’atteindre 42 % d’efficacité avec seulement 33,5 po de longueur au lieu de 42 po. Notre produit vient déjà avec le tuyau de PEX [polyéthylène réticulé] installé. N’importe qui avec une clamp [pince] peut l’installer sans soudure. »

Selon Écohabitation, cette technologie permet de réduire les coûts de chauffage de l’eau jusqu’à 40 % et de rentabiliser l’investissement en six à huit ans. Le rendement sur le capital investi dépend de plusieurs facteurs, dont le coût de l’énergie, la longueur de l’appareil, la température de l’eau froide et de l’eau de douche, ainsi que la durée, le débit et le nombre des douches. Pour simplifier, plus vous consommez d’eau chaude dans la douche et plus le récupérateur est long, plus c’est rentable rapidement, en particulier dans les immeubles multilogement où l’appareil peut desservir plus d’une douche. ÉcoInnovation a d’ailleurs développé un calculateur Excel des économies possibles.

« Le récupérateur de chaleur des eaux domestiques offre un retour sur investissement incroyable par rapport aux autres technologies de sa catégorie, en raison de sa longue espérance de vie et le fait que son efficacité testée se maintient sans avoir besoin d’entretien, dit Daniel Beauchemin. Selon notre calculateur, malgré les restrictions mises en place par la RBQ, nous pensons que la technologie a un impact significatif sur le confort et le coût du chauffage de l'eau. Pour le grand public, c’est la façon la plus abordable de libérer assez d’énergie pour réduire les énormes coûts d’infrastructure requis à long terme par l'électrification des transports au Québec. »

 

Le risque théorique de légionellose

En 2012, 13 personnes âgées sont décédées de pneumonie déclenchée par la bactérie Legionella pneumophilia qui aurait proliféré dans l’eau de tours de refroidissement de l’air. C’est ce même risque qui a incité la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), en mars 2013, à interdire de brancher un récupérateur de chaleur des eaux de drainage directement sur l’alimentation en eau froide de la douche, en plus de l’alimentation du chauffe-eau, « la littérature sur le sujet ne permettant pas de conclure en l’absence de risques associés à cette pratique ». Cette interdiction provoquerait une baisse d’efficacité de 25 % sur le rendement de récupération d’énergie qui passe de 40 % à 30 % dans le cas du produit ontarien Power Pipe de 60 po, écrivait en 2015 l’expert en bâtiment écologique québécois Yves Perrier.

« La RBQ a pris cette décision sans faire aucun test alors qu’une étude du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), réalisée en France, a conclu que le système ne contribuait pas à la prolifération de cette bactérie, ajoutait-t-il dans son article. La France est un pays reconnu pour sa réglementation sévère en matière de légionellose. »

Daniel Beauchemin explique : « Sur les 33-34 pieds linéaires de tuyau d’échange, la température peut monter à 82 °F [28 °C], ce qui tombe dans la plage de prolifération de la Legionella [qui se retrouve entre 20 et 40 °50 Celsius ou 68 à 104 °F], tout comme dans la valve de mélange qui prévient les brûlures dans la douche. Mais nous n’avons pas eu un seul cas de légionellose sur 200 000 unités vendues en Ontario depuis dix ans. Le Québec est le seul endroit sur la planète à ne pas nous donner le droit de préchauffer directement l’eau de douche. »

Cotes de rendement des récupérateurs de chaleur des eaux de drainage :

https://oee.nrcan.gc.ca/pml-lmp/index.cfm?action=app.search-recherche&appliance=DWHR

Préchauffer l’eau froide de la douche : un risque de Légionelle? https://maisonsaine.ca/article?id=27401