Mathieu Rondeau, ingénieur chez Énergir, et Jean-Claude Rémy, directeur du développement et de la formation chez Uponor
Les planchers radiants suscitent l’engouement dans plusieurs types d’applications très variées, leur grande performance et leur capacité à procurer un confort accru les rendant très populaires. Afin de s’assurer que le plancher chauffant fonctionnera pendant toute la durée de vie du bâtiment, il est important de le concevoir en respectant les règles de l’art et de bien en superviser l’installation et la mise en service.
Conception et installation : les moments clés
À l’étape de la conception, les règles du pouce peuvent être utilisées pour estimer les budgets préliminaires. Cependant, pour définir les routages de la tuyauterie comme mentionné dans le Code d’installation des systèmes de chauffage hydronique (CSA B214), il est recommandé de calculer les besoins de chauffage et de compléter le dimensionnement à l’aide de logiciels spécialisés en planchers radiants. Les distributeurs de ces solutions pourront vous aider à cet égard. Plusieurs outils conviviaux sont aussi disponibles, dont LoopCAD, recommandé par plusieurs fabricants de tuyauterie. Néanmoins, pour les bâtiments dont l’architecture est un peu plus complexe, rien ne remplace un concepteur d’expérience et l’utilisation d’AutoCad.
À l’installation, mieux vaut recourir à des entrepreneurs expérimentés dans ce type de systèmes, car l'optimisation des concepts provient d’une collaboration entre l’ingénieur qui définit les charges de chauffage, l’entrepreneur en chauffage qui établit les réseaux de tuyauterie préliminaires et définit les contraintes d’installations, et le distributeur d’équipements qui confirme et ajuste les parcours spécifiques de tuyauterie à l’aide de logiciels spécialisés. Enfin, le tout doit être coordonné avec l’entrepreneur général et l’architecte qui détermineront si la stratégie est acceptable en fonction des échéanciers connexes, tenant compte notamment des coulées de béton.
Ignorer ces premières étapes peut entraîner des pertes ou des surplus de plus de 15 % sur la quantité de tuyauterie requise par rapport à la règle du pouce. Ces répercussions, qui sont majeures sur l’énorme quantité de pieds linéaires de tuyauterie installés dans des projets multirésidentiels, réduisent la compétitivité économique de la solution. Finalement, la mise en service et l’équilibrage ne doivent pas être négligés.
Tenir compte de l’inertie du bâtiment
Le contrôle du système doit considérer que c’est la masse de béton qui est chauffée par le plancher radiant. Il doit comprendre et anticiper son comportement adéquatement. Par exemple, si cette masse de béton est maintenue à une température trop élevée dans un édifice de condos avec une structure de béton, les unités adjacentes seront maintenues à une température trop élevée et pourraient devenir problématiques avec les apports solaires de la mi-journée.
Plusieurs projets préconisent l’approche qui utilise la dalle chauffante comme premier niveau de chauffage couvrant de 75 % à 80 % des besoins du logement. Un chauffage d’appoint sera alors effectué par un système auxiliaire à l’air relié au système de climatisation qui permettra un rattrapage et une modulation plus rapide des températures.
Par ailleurs, l’isolation sous la dalle revêt une importance primordiale en plancher radiant. En effet, sans isolation, la perte thermique sous la dalle atteint souvent plus de 15 Btu/h/pi2, soit l’équivalent de la charge de chauffage dans certains cas. Une isolation minimale de R-10 est donc à préconiser [le programme Novoclimat exige R-15].
Enfin, il est essentiel d’utiliser les bons contrôles pour atteindre le confort recherché. Plusieurs composants spécifiquement adaptés aux planchers chauffants sont aisément accessibles et fournis par les fabricants de tubulure, par exemple les thermostats, les collecteurs et les robinets. La stratégie de contrôle définira le type de configuration à préconiser.
Bien qu’un très grand nombre d’ouvrages couvrent le sujet des planchers radiants, le Code d’installation des systèmes de chauffage hydronique (CSA B214) est une référence utile, voire un prérequis, dans la majorité des projets.
Afin d’assurer la pérennité du système, il est impératif de considérer les joints de dilatation qui doivent être créés dans la dalle de béton. Dans plusieurs cas, il est possible de recourir à des manchons pour recouvrir et protéger la tuyauterie aux joints de dilatation qui seront créés dans la dalle.
Extrait tiré de la revue IMB d'avril 2018.