Extrait de LIVING EARTH, un essai spirituel sur l'environnement par Bernard Anton, PhD, 2e édition, Friesen Press, 126 pages, 2022, lui-même tiré en 2011 du livre Pladoyer pour la Terre et les Vivants (Broquet, 288 pages, 2009, malheureusement épuisé).
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Le bouddhisme, qui est une sagesse de vie essentiellement écologique, prône une attitude respectueuse de toutes les formes de vie : arbres, animaux, êtres vivants. Il se situe aux antipodes de la pensée occidentale qui fait de l’homme « le possesseur de l’univers », prêt à dominer par la terreur.
Le bouddhisme préconise l’altruisme, la compassion, la modération, la paix, le contentement, la simplicité volontaire, la non-violence envers toutes les créatures, même la flore et la faune. L’un des quatre vœux prononcés par le Bodhisattva (moine bouddhiste) est : « Tous les êtres innombrables, je fais vœu de libérer », y compris ceux inanimés. Pour cela, Thich Nhat Hanh précise qu’auparavant on doit atteindre un certain niveau de conscience: « Développer ma compréhension afin d’aimer et de protéger la vie des êtres humains, des animaux et des plantes. »
Puisque rien ne peut satisfaire l’être humain qui en veut toujours davantage, puisque ce dernier est souvent aveuglé par ses désirs, ses envies, son avidité, sa convoitise, son attachement, la souffrance finit par l’enliser dans un abîme de confusion et d’illusion. L’éveil serait la délivrance, le dénouement de son cycle de détresse. L’agir humain, selon le concept de l’interdépendance du bouddhisme, a des conséquences sur la personne qui intervient, sur ceux qui l’entourent et sur la nature. Ainsi, un geste motivé par la générosité et la bienveillance universelle, un esprit juste, une pensée juste, une action juste, un mode de vie juste purifient le corps, l’esprit, les autres, même l’environnement. Par contre, un geste malveillant fait régresser le délinquant et son entourage.
Parce que tout est interrelié, la Terre menacée par l’être humain constitue également une menace pour l’être humain. Ce dernier est donc invité à s’intégrer harmonieusement au cosmos, et ce, pour son salut et celui d'autrui. Ses transgressions perturbent la nature entière. Son manque de respect de ses semblables et de la Création accumule les causes mêmes de sa propre souffrance.
L’un des principaux préceptes bouddhiques recommande de ne pas nuire aux êtres vivants, incluant les animaux, ni de leur retirer la vie, d’où l’interdiction de la chasse et la forte tendance au végétarisme. Ce précepte sous-entend la délivrance de tous les êtres, voire du moindre brin d’herbe. Toucher un arbre, selon cette tradition, régénère l’individu, le nourrit du souffle vital (le chi) contenu depuis ses racines jusqu’à ses plus hautes ramifications. À titre d’exemple, le ginkgo biloba (qui signifie arbre sacré de vie) est planté expressément, avec vénération, dans la majorité des lieux de culte.
La révérence des arbres poussait les Shogouns, dynasties bouddhistes du Japon (1192-1867), jusqu’à décapiter ou mutiler ceux qui les coupaient. L’actuel roi du Bhoutan a décrété, en conformité avec cette doctrine omniprésente dans son pays, une loi qui stipule qu’au moins 60 % de son territoire doit être couvert de forêts.
Le Dalaï-Lama invite tous les citoyens à agir, chacun selon son niveau, pour prendre soin de l’environnement. « Nous sommes tous concernés, tous responsables. C’est aussi cela la démocratie », affirme-t-il. Tous les éléments de la nature devraient être les objets de notre compassion: « Fondamentalement, chaque individu est responsable du bien-être de l’humanité et de la Terre parce que la Terre est notre seule demeure. Nous n’avons aucun autre refuge. Par conséquent, tout le monde doit se soucier non seulement de ses compagnons humains mais également des insectes, des plantes, des animaux et de toute la planète. » Il en appelle à une agriculture « en harmonie avec les processus naturels » et à une réduction des élevages et des abattages industriels. Il prône une existence modeste et la simplicité volontaire: « Mener une vie simple est la meilleure façon de se sentir heureux. La simplicité est extrêmement importante pour le bonheur. Avoir peu de désirs, se satisfaire de ce que l’on a (vêtements, nourriture, abri) est vital. »
La notion d’interdépendance est primordiale dans le bouddhisme. La moindre pollution que nous produisons dans notre petit coin a des répercussions écologiques très graves sur des pays situés à l’extrémité du monde. Edward Lorenz, un scientifique américain, a appelé ce paradigme « la théorie de l’effet papillon ».
Pour le Dalaï-Lama, « Il ne suffit pas d’être compatissant. Vous devez agir. » Il renchérit avec force: « Moralement, nous avons la grande responsabilité de nous occuper non seulement de nos semblables mais aussi des autres espèces d’animaux, des autres êtres sensibles ainsi que de notre environnement. »
Le sort et la prospérité de tous les éléments vivants sont associés selon ce guide et chef spirituel: « Comme les choses sont interdépendantes, notre propre satisfaction, notre bonheur, dépendent en grande partie des autres. Si les autres, y compris les animaux, sont satisfaits et montrent leur bonheur ou toute autre réponse positive, alors nous pouvons être satisfaits.» D’où son affirmation magistrale: «Il est de notre intérêt d’assumer le bien-être des autres. »
Le taoïsme, autre tradition asiatique, exige des humains qu’ils soient toujours en bons termes avec la nature pour être en bonne santé et heureux. Il prescrit de suivre le chemin droit qui est celui du cours naturel des événements. Les actions réalisées en conformité avec les lois naturelles cosmiques du Tao créent un cercle de vie pur et harmonieux.