Charlene Creelman souffrait d’affreuses et douloureuses rougeurs et pustules sur la peau des mains, ainsi que de nausées, d’étourdissements et de vision floue. Tous ces symptômes sont disparus avec l’aide du docteur en biologie Magda Havas1, qui est professeur agrégé au programme des Sciences de l’environnement et des ressources à l’Université Trent, dans la ville ontarienne de Peterborough. Que lui a-t-elle recommandé? De se débarrasser de ses douze lampes fluorescentes compactes (FC)! « Plusieurs personnes ont été témoin de ma guérison, dit-elle, et elles sont très impressionnées! »

Les FC peuvent causer des problèmes de peau car, contrairement aux tubes fluorescents ordinaires, ils ne sont pas dotés de diffuseurs prismatiques filtrant les rayons ultraviolets (UV), relate Philippe Laroche, porte-parole à Santé Canada. « Mais à part quelques rares réactions épidermiques aux UV, comme le lupus érythémateux qui touche moins de 0,5 % de la population et qui est une maladie auto-immunitaire qui peut être déclenchée par les antibiotiques, les infections, certaines hormones (estrogènes) et parfois les UV, les faibles émissions des lampes fluocompactes ne devraient pas causer de problème majeur. »

Cependant, Magda Havas blâme plutôt le ballast électronique des FC. Pour éviter l’effet de scintillement qui peut déclencher, notamment, des crises d’épilepsie, le ballast contrôle la tension électrique qui circule dans la lampe. Or, ceci génère une pollution électromagnétique, la spécialité du professeur Havas depuis le début des années 1990. Contrairement aux incandescentes, « les fluocompactes émettent des fréquences radio qui polluent l’air et circulent sur le câblage électrique domestique, écrivait-elle dans une lettre adressée au New York Times en janvier dernier.

Certains emballages mentionnent même que ces lampes peuvent interférer avec la réception des émissions de radio. Elles émettent une interférence électromagnétique causant un son de crachement dans les radios et les téléphones sans fil. Mais le véritable problème est que ces fréquences rendent les gens malades. » D’ailleurs, les symptômes de Charlene Creelman étaient apparus après l’installation sur son ordinateur d’un modem sans fil émettant des radiofréquences.

En entrevue, Magda Havas nous a dit souhaiter que le gouvernement interdise toute lampe basse consommation produisant de la pollution par radiofréquences, ce qui est le cas de la plupart des lampes et tubes fluorescents. « Je recommande aux gens de retourner leurs lampes FC au marchand pour obtenir un remboursement si elles provoquent un crachement dans un radio AM portable placé à proximité. »

Normes de sécurité différentes
Santé Canada n’est pas du même avis. « Le ballast électronique d’une lampe fluocompacte émet des champs électromagnétiques de faible intensité à des fréquences jusqu’à 50 kilohertz (kHz) lors de son fonctionnement, reconnaît Philippe Laroche. Mais d’après nos mesures, même à un pied de la lampe, le rayonnement est inférieur à la norme canadienne du Code de sécurité 6, de 280 volts par mètre (V/m) pour les fréquences de 3 kilohertz (kHz) à 1 mégahertz (MHz). Nous n’avons pas de données qui démontrent que l’exposition aux fluocompactes peut être néfaste à la santé. Ceci est conforme à l’opinion scientifique courante au niveau international. »

Pas tout à fait. En 1999, le Conseil de l’Europe recommandait d’éviter que le public ne soit exposé à un rayonnement dépassant 28 V/m (de dix fois inférieur à la norme canadienne), pour éviter tout effet thermique sur les organes. Or, à 7,9 pouces (20 centimètres) de distance, certaines FC de 20 watts exposent les gens à un rayonnement atteignant jusqu’à 180 V/m, d’après ce qu’ont découvert les chercheurs français du Centre de Recherche et d’Information Indépendantes sur les Rayonnements Électromagnétiques (CRIIREM)2. Il faut s’éloigner d’un mètre pour retrouver une valeur de 0,2 V/m, correspondant au bruit de fond ambiant de radiofréquences, selon cet organisme parisien.

Le CRIIREM, qui déconseille particulièrement l’usage des FC dans les lampes de chevet, demande aux fabricants de remédier à cette « puissante électropollution » liée notamment au mélanome malin3, le plus répandu et le plus mortel des cancers de la peau. Or, des effets non thermiques peuvent se faire sentir sur le corps humain au-delà d’une dose de rayonnement aussi faible que 0,1 volts par mètre. Trois associations britanniques indépendantes, soit Migraine Action, Epilepsy Action ainsi que l’Association britannique des dermatologues, ont rapporté des malaises et des maladies chez certains utilisateurs de FC. Les symptômes les plus fréquemment mentionnés étaient : maux de tête, fatigue, confusion, étourdissements, bourdonnement dans les oreilles, fatigue oculaire, nausée, irritation et éruption cutanée, problèmes de concentration, palpitations cardiaques et troubles digestifs.

Hypersensibilité électromagnétique
Magda Havas estime qu’environ 35 % des gens devenus plus sensibles à l’électropollution à force de surexposition ressentent de tels symptômes de façon plus ou moins intense, et que ce type de pollution affaiblit gravement 3 % de la population. La Suède4 a reconnu officiellement cette hypersensibilité électromagnétique (HSEM) comme une déficience physique donnant droit à des services permettant de vivre une vie normale. Les personnes atteintes y ont accès à un environnement adapté, par exemple sans téléphone portable ni branchement Internet avec technologie Wi-Fi, et leurs lampes fluorescentes sont remplacées par des lampes incandescentes.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS)5 reconnaît qu’environ 10 % des cas de HSEM signalés ont été considérés comme graves. Toutefois, l’OMS ajoute que la majorité des études réalisées sur le sujet ont conclu « que les individus se plaignant de HSEM sont incapables de détecter plus précisément une exposition à des champs électromagnétiques que des individus ordinaires. » Conclusion : il faudrait plutôt vérifier si les symptômes ne seraient pas causés par une maladie (physique, psychiatrique ou psychologique), des problèmes environnementaux (pollution de l’air, bruit excessif, lumière papillotante ou facteurs ergonomiques) ou un environnement professionnel stressant.

Affirmation ridicule, selon Magda Havas. Celle-ci a vu la santé (glycémique, cardiaque, neurologique, etc.) de beaucoup de gens s’améliorer après que leur environnement électromagnétique ait été assaini. Le Dr Havas a dirigé plusieurs études sur le sujet, dont une récente sur l’électropollution émise par divers appareils d’éclairage. L’un des membres de son équipe, l’Américain Dave Stetzer, est devenu électrohypersensible à force de s’exposer à cette forme de pollution qu’il corrige dans des fermes, des entreprises et des résidences. « Durant notre étude, Dave se tenait à huit pieds des lampes FC et il tressaillait quand nous les allumions, raconte Magda Havas. Il a ensuite été très malade pendant deux semaines. »

Dave Stetzer est co-inventeur des filtres Stetzerizer6 (détails dans notre numéro d’été 2006) qui se branchent dans les prises électriques murales. Ces filtres éliminent les pics de hautes fréquences générées par tous les appareils électroniques — même les gradateurs d’éclairage — qui parasitent la fréquence 60 Hertz sur le câblage électrique. (Le Hertz est l’unité de fréquence égale au cycle de changement de direction de l’onde par seconde.) M. Stetzer a conçu ses filtres pour éliminer les hyperfréquences mesurant de 0 à 100 kHz. Des chercheurs russes lui ont affirmé que ce sont les plus nocives pour la santé humaine. Santé Canada a déjà conclu à l’inefficacité de ces filtres, mais Magda Havas affirme que son étude ne portait pas sur leur champ d’action de 0-100 kHz !

L’équipe du Dr Havas a mesuré les pics de hautes fréquences, exprimés en unités Graham-Stetzer (GS), que génèrent les FC sur le câblage domestique :

• Globe 25 W Dimmable Soft White : 1 500 GS

• Sylvania Soft White 15 W : 1 040 GS

• GE Helical 13 W : 640 GS Les lampes les moins polluantes :

• Ott lite 13 W (www.ott-lite.com) : 53 GS

• Way Healthier full spectrum 20 W (www.mercola.com) : 134 GS.

Par ailleurs, les tubes (16 pouces) fluorescents 85 W de la Sad-Lamp (www.alpha-lite.com) généraient 74 GS.

Or, Magda Havas ne recommande aucune lampe ni tube fluorescent car ils émettent tous des hautes fréquences sur le câblage et dans l’air (sauf les lampes inventées par la société monégasque Innovation Technologique Sécurité — info@poolprotect.com, dotées d’un filtre)7. Elle recommande plutôt les diodes électroluminescentes (DEL) : ce type d’éclairage est six fois plus éconergétique et dure jusqu'à 50 fois plus longtemps que l'éclairage incandescent. De plus, il ne contient aucun mercure et n’émet aucune pollution électromagnétique. Enfin, si vous n’avez d’autre choix que de vivre ou de travailler à proximité de lampes FC, le Dr Havas conseille d’utiliser des filtres Stetzerizer.

Références :
1. www.magdahavas.com
2. www.criirem.org
3. http://journals.indexcopernicus.com/abstracted.php?icid=11706
4. www.feb.se
5. www.who.int/peh-emf/fr/index.html
6. www.stetzerelectric.com
7. www.next-up.org/Newsoftheworld/LampeFluocompacte.php

Écolo ou pas?
Les lampes fluocompactes (FC) font actuellement fureur — 59 % des foyers Canadiens les utilisaient en 2006, selon Statistique Canada — parce qu’elles éclairent autant que les lampes incandescentes tout en consommant 75 % moins d’électricité et en durant jusqu’à 13 fois plus longtemps. C’est pourquoi le Canada a décidé d’interdire la vente des incandescentes dès 2012, dans le cadre de la lutte aux changements climatiques.

Mais les FC ne sont pas entièrement vertes. D’abord, elles contiennent quelque cinq milligrammes de mercure. C’est cinq fois moins que n’en contient une pile de montre, mais peu importe, il s’agit du métal lourd le plus toxique : un seul gramme de mercure suffit à rendre non potable un million de litres d’eau, selon Environnement Canada.

La bonne nouvelle, c’est que les municipalités québécoises ont créé un organisme (www.recyfluo.ca) pour récupérer les FC. De plus, ces ampoules émettent moins de chaleur que les incandescentes. Ainsi, elles font augmenter les émissions de gaz à effet de serre (GES) des systèmes de chauffage au mazout ou au gaz qui doivent donc démarrer plus souvent.

Par contre, elles réduisent les émissions de GES reliées à la climatisation dans les régions où l’électricité est produite par combustion d’énergies fossiles (gaz, mazout ou charbon qui émet aussi du mercure quand on le brûle). En 2007, un chercheur de Ressources naturelles Canada a calculé l’impact du remplacement de cinq incandescentes de 77 watts utilisées trois heures par jour, par autant de FC de 19 W. Résultat : dans une maison de 2 000 pieds carrés située à Montréal, les cinq FC ont réduit les besoins de climatisation de 54 kilowattheures (kWh) et augmenté les besoins de chauffage de 182 kWh. Malgré cela, elles ont généré globalement une économie annuelle de 12 $.

Cette étude a été publiée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement :
www.cmhc-schl.gc.ca/odpub/pdf/65831.pdf