Michel Charron est un véritable pionnier des maisons intelligentes. « J’ai acheté le numéro de série 03 en 1993; c’est peut-être le premier système que Domotique Sécant a vendu à un particulier », dit fièrement ce résidant du Plateau-Mont-Royal.
Cet électronicien, qui a fait carrière comme preneur (« ingénieur ») de son au cinéma, en a vu des systèmes domotiques contrôlant éclairage, sécurité, chauffage et audio/vidéo. Il a même déjà travaillé dans une maison de l’Ile-Perrôt dotée d’un système d’éclairage pharaonesque. Ses seuls contrôles avaient coûté environ 100 000 $!
Si votre budget est plus modeste, il recommande sans hésiter le système Cardio que le fabricant montréalais Domotique Sécant a lancé en 2000. En bon adopteur précoce, Michel Charron se l’est installé et il l’utilise encore. « Il est bien plus convivial que le premier, assure-t-il. Sécant a ajouté un module de contrôle par Internet qui marche très bien. Suffit d’ouvrir une page Web protégée par un mot de passe. »
Application Web cybersécure
Le fabricant a consacré beaucoup d’efforts pour protéger au maximum son système Cardio contre toute attaque de l’extérieur, fait valoir Laurent Burquier, président de Domotique Sécant : « Pour entrer dans le système, il ne faut pas seulement un mot de passe mais aussi un nom d’utilisateur. Comme chaque compte WebCardio est unique et indépendant, dans le cas d’une intrusion il ne peut pas y avoir propagation à d’autres clients. Après trois tentatives infructueuses pour rentrer dans un compte, celui-ci est barré indéfiniment. Ceci évite les tentatives de hacking à partir d’un robot, par exemple. Si c’est le client qui a fait les trois erreurs — eh oui, ça arrive! —, il doit nous contacter directement et s’identifier pour que nous puissions libérer l’accès à nouveau. »
Domotique Sécant vend Cardio à partir de 2 500 $, installation comprise. « C’est l’idéal pour un condo ou un appartement de 2 000 à 2 500 pieds carrés. C’est encore une excellente solution qui offre un bon rapport qualité/prix, très simple et user friendly [conviviale] », affirme Michel Charron.
Les prix dépendent évidemment des fonctionnalités que l’on désire ajouter au système. « La majorité des gens n’utilisent pas 10 % des capacités du système », estime Michel Charron.
Le système Cardio a été installé par centaines au Québec et par milliers en Europe et en Afrique, raconte Laurent Burquier. L’entreprise fondée en 1990 offre le contrôle central et à distance pour cinq types de chauffage, la ventilation, l’éclairage, la sécurité et — surtout pour l’Europe — les rideaux ou les volets. « Nous avons choisi de ne pas faire d’audio/vidéo. Le prix de notre système dépend du nombre d’appareils d’éclairage. Nous pouvons contrôler simultanément jusqu’à 160 lampes (maximum de 2 000 watts) avec cinq canaux. Les autres systèmes ne valent pas plus cher que le nôtre, mais dans les grosses maisons les gens se font installer par des compagnies d’audio-vidéo des systèmes complètement fermés à 20 000 $, 30 000 $. Leur installateur est le seul habilité à faire un changement dedans et ça vous coûte 200-300 $ chaque fois que vous voulez changer un programme. Nous, notre système est ouvert. Le consommateur peut changer lui-même sa programmation. On reçoit deux ou trois appels par jour et on répond que c’est tout expliqué en page 25 du manuel. »
Michel Charron dit avoir toujours reçu un service impeccable lorsqu’il appelait chez Domotique Sécant — « Le service, c’est la plus grande lacune chez bien des fournisseurs » —, ce qui l’a incité à donner un coup de pouce occasionnel à l’entreprise en bonifiant la programmation de certains systèmes déjà installés. « On peut le programmer soi-même, mais les gens riches n’ont pas le temps. Certains voulaient quelque chose de plus élaboré. Le système avait été installé à sa plus simple expression par un électricien ou un spécialiste en audio/vidéo qui n’avait pas toutes les connaissances. »
Laurent Burquier dit toujours avoir vendu plus de systèmes en Europe, « à 80 % par le biais de constructeurs qui en installaient jusqu’à 500 d’un coup. Ici, on a toujours eu du mal à entrer dans les réseaux de distributeurs. Ils trouvent qu’ils ne font pas assez d’argent avec notre système. »
Toujours filé
De plus, Domotique Sécant a toujours évité d’utiliser le sans-fil ainsi que les technologies communiquant sur le courant porteur du câblage domestique, ce qui génère de l’interférence nocive sous forme d’ondes radio. « Depuis 30 ans, chez nous, c’est zéro RF [radiofréquences], dit Laurent Burquier. On a fait le choix de la qualité et nous garantissons à 100 % que ça va marcher comme dans notre manuel. Tout est filé et nous contrôlons jusqu’à 160 lampes. Les champs électromagnétiques, les gens s’en foutent mais on sait que c’est dangereux. S’il faut un module Wi-Fi pour chaque lampe, c’est de la vraie friture, ta maison! C’est comme mettre un téléphone dans sa poche près du coeur, de la folie! Mais le sans-fil, c’est de la grosse business... »
Il estime aussi que l’invasion des géants du sans-fil et du commerce en ligne GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) dans nos maisons fait plus de tort que de bien à l’industrie de la domotique. « Ça nuit au marché, parce que les gens ont l’impression de faire de la domotique. Avec Google Home ou Apple Home Kit, ils donnent l’impression de réinventer le monde en appelant ça une maison intelligente, mais c’est le même phénomène de gadgeting. Ces nouveaux produits sont l’équivalent des interrupteurs X-10 [pulsant les commandes d’appareils sur le courant porteur du câblage domestique] d’il y a 20 ans, mais ils sont moins faciles d’utilisation. Je vous souhaite bien du courage pour les faire marcher, ce n’est pas du out of the box [prêt à l’emploi]. Il faut trouver les activateurs et les mettre à jour en ligne souvent. Ça ne marche pas aussi bien que dans les pubs qui nous matraquent à la télé. Les produits valent 70 $ et on vous les vend à 40 $ sur Amazon, mais après ils vont vendre vos données privées, c’est de ça que ces entreprises vivent. Le niveau de confidentialité, j’y penserais à deux fois, ça se pirate et il faut voir comment c’est protégé. On ne sait pas s’ils seront là dans deux, trois ou quatre ans. C’est la mentalité X-10 : je vends au plus bas prix et après je me fous du client. Quant à l’Internet des objets, il va falloir que ça soit compatible, il y a tellement de protocoles. On attend toujours le fameux frigo qui place la commande à l’épicerie! »
Dans un article publié en ligne le 7 janvier sur le site de Consumer Reports, ce magazine américain expliquait comment contrôler sa maison avec Alexa, l’assistant numérique d’Amazon. Ce système permet de contrôler divers appareils intelligents avec une tablette ou un cellulaire : haut-parleurs tels Écho d’Amazon ou One de Sonos, serrure August, thermostat Nest, carillon vidéo Ring ou plus de 28 000 autres produits connectés à l’Internet. Bien que le processus d’installation requis pour activer ces commandes est assez complexe, le magazine s’attend à ce qu’il se simplifie avec les années. Voir les résultats des dizaines de produits connectés testés sur consumerreports.org, magazine publié depuis 1936 par une association de consommateurs comptant six millions de membres.