(Lisez plusieurs autres témoignages et ajoutez le vôtre au bas de cette page.)
Le solaire, c'était son rayon. La recherche de la vérité et des pistes financières derrières les carrières politiques également. « La lumière est trop douloureuse pour ceux qui vivent dans l'obscurité », disait Benoit Perron, président de l'association Énergie Solaire Québec (ÉSQ) depuis 1995. C'est avec tristesse et stupeur que j'ai appris, par un courriel envoyé par ÉSQ, que ce collaborateur et ami de longue date était décédé subitement dans son sommeil à l'âge de 57 ans, le 22 décembre dernier. (La famille accueillera parents et amis, en présence des cendres, le vendredi 15 janvier 2016, à 12 heures, en l’église Saint-Michel, 414 avenue Saint-Charles, Vaudreuil-Dorion, suivi du service religieux qui sera célébré à 14 heures. Il y aura une rencontre organisée à 15 heures au restaurant La Casa Greque, 110A rue Joseph Carrier, Vaudreuil-Dorion.)
C'est une énorme perte pour tous ceux qui le connaissaient ainsi que pour sa famille : ses enfants Yannick, 24 ans, et Karyne, 23 ans; ses parents Julien Perron, 84 ans, et Carmen Dumberry Perron, 80 ans, qui avaient déjà perdu une fille, Josée, en 1961, à l'âge de 6 mois; et ses soeurs Christiane, 58 ans, et Marie-Josée, 54 ans.
Brillant, passionné, chaleureux, farceur, généreux et bienveillant, Benoit Perron ne laissait personne indifférent, avec son esprit vif et ses répliques souvent taquines ou cyniques, toujours pertinentes et inspirantes. Ce verbomoteur nous charmait par son enthousiasme contagieux pour les technologies d'énergies renouvelables et surtout pour les artisans pionniers qui les promeuvent trop discrètement. Grâce à ce grand bénévole et camarade, des dizaines d'entre eux sont sortis de l'ombre et ont rayonné dans le grand public.
J'ai connu Benoit en 1991. Après avoir effectué un stage de reporter au quotidien The Gazette, en 1988, j'étais depuis 1989 collaborateur à temps plein de l'hebdo Habitabec, pour lequel j'écrivais initialement des dossiers en anglais. (C'est dans ce même journal gratuit qu'est née en 1993 une chronique française que j'ai baptisée La Maison du 21e siècle.) Bachelier en design de l'environnement (1987), puis en sciences de l'environnement (1989) à l'UQAM, Benoit y complétait, dans le cadre de sa maîtrise en sciences de l'environnement, un rapport de recherche sur l'économie d'eau et d'énergie dans les maisons québécoises. En fait, ce traité de 550 pages relevait davantage de la thèse de doctorat. À lire ses analyses et tableaux détaillés sur les caractéristiques et performances de multiples produits, notamment d'éclairage écoénergétique, on comprenait qu'il avait discuté longuement avec les représentants techniques de nombreux fabricants. Cette œuvre colossale témoignait des capacités intellectuelles et physiques herculéennes de l'individu.
Homme de cœur et grand défenseur de la justice sociale, il s'était bien préparé pour une lutte à finir, en gonflant ses muscles par un entraînement régulier aux poids et haltères et en lisant tout ce qu'il pouvait assimiler (des nouvelles technologies aux magouilles politico-économiques). Combinant langage populaire et expressions savantes, sa parole fluide révélait un esprit encyclopédique surprenant pour cet homme sans prétention, typiquement en t-shirt, jeans et espadrilles. Rêvant d'un monde durable, équitable et plus humain, il a fait carrière avec ses cordes vocales : d'abord copropriétaire d'une disco mobile et agent de sécurité, il était chargé de cours en sciences de l'environnement à l'UQAM depuis 1989, consultant en efficacité énergétique résidentielle depuis 1992, et producteur-réalisateur-animateur de radio depuis 1995 (à CIBL puis CISM).
Son mémoire de maîtrise était du bonbon pour le jeune journaliste que j'étais. Il m'a permis d'écrire plusieurs articles sur les façons de mettre fin au gaspillage éhonté de l'eau et surtout de l'énergie dans nos maisons. Benoit et moi sommes rapidement devenus complices dans la dénonciation des inefficaces programmes d'économie d'énergie d'Hydro-Québec, dont les responsables ne semblaient pas comprendre que l'électricité qu'on ne produit, distribue et consomme pas était la plus socialement, économiquement et environnementalement rentable. Benoit a aussi signé plusieurs textes dans La Maison du 21e siècle et nous nous plaisions à nous soutenir dans nos missions respectives. Cherchant sans cesse à faire évoluer les choses et les gens, il était d'ailleurs toujours le premier à renvoyer l'ascenseur à ses amis et collaborateurs.
Prenant le relais de pionniers comme les architectes Christian Ouellet et Richard Côté qui l'on précédé à la tête d'ÉSQ, Benoit Perron a propulsé cette petite association obscure sur l'avant-scène. Il a notamment convaincu les gouvernements provincial et fédéral de la soutenir, entre autres en finançant l'achat d'un stand et la location d'espace dans plusieurs salons de l'habitation à partir de 1996. Surtout, il a organisé près de 200 soupers-conférences, ateliers pratiques et excursions
solaires depuis 1997. Des évènements où, microphone à la main, il était à son sommet. Un poisson dans l'eau! Benoit fut aussi l'initiateur de quelques colloques sur les maisons performantes et du premier répertoire des intervenants québécois des maisons bioclimatiques et des énergies renouvelables. Ce phare a vulgarisé les aspects pratiques de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables avant qu'elles ne deviennent tendance.
S'il a formé à l'UQAM plusieurs pionniers, dont Robin Gauthier-Ouellet d'Écohabitations boréales (champion québécois des constructeurs d'unifamiliales certifiées LEED), Benoit a aussi instruit des milliers d'auditeurs dans le cadre de dizaines de conférences et de centaines d'émissions de radio. « Il a commencé son expérience radiophonique à Radio Ville-Marie ou il pourfendait le Vatican!, souligne Pierre-Michel Tremblay, membre du conseil d'administration (CA) d'ESQ. L’anecdote veut que les membres du CA aient voulût le mettre à la porte et que Claude Ryan, alors membre du CA de la radio, a pris sa défense, car, disait-il, ses sources étaient fiables et exactes! Ben m’a dit qu’il n’avait jamais rencontré Claude Ryan mais qu’il a pu continuer à cette radio grâce à lui. »
Hebdomadairement depuis 2001, Benoit animait Zone de résistance, « magazine socio-économique déchaîné et libre » diffusé internationalement sur CISM, en direct de l'Université de Montréal. Il y invitait des auteurs et autres personnalités pour « analyser de façon critique les principaux enjeux sociétaux et aborder des sujets négligés par les grands médias traditionnels ». Le pédagogue justicier ratissait large en proposant « des pistes de solutions alternatives et conviviales pour démasquer les affidés du pouvoir et neutraliser leur propagande néolibérale ». Tout et tous y passaient comme en témoignent ces extraits Youtube de ses émissions : dégraissage de l'état par Stephen Harper, John Charest, Brian Mulroney, la Commission Charbonneau, l'agroécologie, compteurs intelligents, etc. On peut aussi écouter ici les archives de Zone de résistance, dont la dernière enregistrée à CISM, le 15 décembre 2015, avec son invité l'ancien ministre péquiste Richard Le Hir, et l'hommage à Benoit Perron diffusé le 5 janvier 2016 sur la page d'accueil de l'émission.
En sa mémoire et pour dire à sa famille combien nous l'aimions, voici d'autres témoignages de gens qui ont voulu rendre hommage à monsieur Benoit Perron.
Père de famille, DJ, gardien de sécurité, chargé de cours, animateur de radio, bodybuilder et, bien sûr, grand militant écologiste! Je sais, j'en oublie sûrement, j'en avais pour deux jours à m'en remettre à chaque fois que je rencontrais Benoit tellement il avait de choses à dire, tellement il était actif. Plusieurs d'entre nous l'avions affectueusement surnommé « la tornade », et avec raisons!
Selon l'agence de presse Bloomberg spécialisée en économie et en finance, les investissements dans les énergies renouvelables dépassent depuis 2013 ceux dans les énergies fossiles sur une base annuelle et je crois sincèrement qu'il y a un peu de Benoît là-dedans. Si ce rêve que nous caressons toutes et tous depuis si longtemps de voir les énergies douces prendre de plus en plus de place commence à se matérialiser, c'est grâce au dévouement et même à l'acharnement de gens comme Benoît.
J'aimerais te dire merci pour tout ce que tu as fait. J'aimerais également, en mon nom et celui d'Équiterre, offrir mes plus sincères condoléances à ta famille et tes proches. Ton passage, contrairement à une tornade, laisse de belles traces sur notre planète.
- Steven Guilbeault, directeur principal d'Équiterre
L'allié
Je suis tellement triste de ce départ, les soldats de sa nature sont si rares. Benoit et moi n'avons pas gardé les vaches ensemble, comme on dit. Mais nous tentions d'avancer vers le même but, celui d'un monde meilleur, plus juste et plus durable.
Je pleure Benoit « plus que raisonnable », parce que je pleure la perte d'un allié, d'un compagnon d'armes. Ils sont si peu nombreux. Son arme, c'était la parole, enjouée, dynamique. Attentif à tous, à tous ceux qu'il a accueillis, réseautés, toujours pour le mieux, désintéressé.
L'association Énergie Solaire Québec (ÉSQ), il l'a portée à bout de bras. Même coupé de toutes subventions — un certain ministre l'ayant pris en grippe —, il a, avec ses proches du conseil d'administration, maintenu les activités contre vents et marées, et, il faut bien le dire, contre une certaine indifférence à certains jours.
Puisse ÉSQ poursuivre sa mission et rayonner plus que jamais. Il importe que cet héritage, farouchement empreint de liberté et d'intégrité, puisse croître. C'est un peu de ce que nous devons à sa mémoire.
Enfin, j'adresse mes plus sincères condoléances à ses enfants ainsi qu'à toute sa famille.
- André Bourassa, architecte, ancien président de l'Ordre des architectes (de 2005 à 2013)
Je ne sais plus trop quand j'ai rencontré Benoit Perron pour la première fois. Je suis assez certain par contre que c'est lui qui est venu à moi, à Greenpeace, où je travaillais sur la campagne climat. Mais je me souviens bien que devant un tel élan de générosité, une telle volonté d'agir, on ne pouvait que dire : vas-y mon Ben!
Il m'a vendu l'idée de scruter de près la surabondance de frigos au Québec, les vieux, devenus inefficaces, allant servir de cooler à bière au sous-sol de nos bungalows. Je lui ai commandé une courte étude sur le bilan frigo au Québec et nous avons fait la une du Devoir avec! Je vois encore le titre de Louis-Gilles Francoeur : L'équivalent de [la centrale hydroélectrique] SM-3 dans nos vieux frigos! L'âge moyen étant dans les 15 ans à l'époque. Il n'a pas mis deux semaines à rendre son rapport, du Benoit tout craché!
Mais plus que tout, il a mis pratiquement tout seul le solaire « sur la carte » au Québec. Infatigable, toujours en train d'organiser une visite ou un atelier, toujours le souffle du pusher invétéré de Galarneau! Quand je rentrais dans une pièce, visitais une exposition, je savais tout de suite s'il y était! Tiens! Voilà mon ami François Tanguay! D'un seul coup, tout le monde savait qui j'étais! Même les amis de Ben ne restaient pas anonymes.
Benoit Perron EST le solaire au Québec. Il reste à trouver comment l'immense vide, le silence de son départ, sera comblé. Pas mal certain que ça va prendre plus qu'une personne pour égaler son enthousiasme, sa fougue. D'un seul coup, avec la petite lumière de cette fin de décembre, nous sommes en grand manque d'un phare, d'une bouée. Le soleil est plus pâle…
- François Tanguay, consultant et auteur, ex-directeur de Greenpeace Québec et ancien régisseur à la Régie de l'énergie
Thérapeute de l’environnement
Merci Benoit, tu as été et seras toujours le vent de fraîcheur pour nous tous, car tu as été notre Eco-conscience à travers tes excursions.
Par ton charisme, tu étais le feu vivant qui a su susciter et maintenir l’intérêt de tous aux énergies renouvelables et aux technologies qui entourent celles-ci. Notre mère Terre est sensible et par tes actions concrètes, tu as transmis ta passion afin qu’on prenne soin d’elle.
Tu as été notre Aristote Québécois : "C'est par l'expérience que la science et l'art font leur progrès chez les hommes."
Merci d’avoir parlé du CIER partout où tu allais!
- Claude Gauthier, président, Centre d'Interprétation des Énergies Renouvelables (CIER)
L'homme engagé
C'est un énorme choc pour toute l'équipe de CISM qui perd un grand membre de sa famille. Benoit était aimé de tous, sa joie de vivre était contagieuse à la station!
Homme engagé et de franc-parler, Benoit Perron a régulièrement ébranlé les fondations de l'establishment par ses révélations et entrevues. Sa présence sur les ondes radiophoniques était sans égale. C'est avec une grande tristesse que nous devons aujourd'hui lui dire adieu.
- L'équipe de Zone de résistance
Le champion du solaire
Sans aucun doute, Benoit était le plus grand défenseur de l'industrie solaire au Québec et son décès représente une triste journée pour notre industrie. Ses demandes impartiales, désintéressés, fermes et persistantes auprès des politiciens pour des actions définitives sur l'adoption plus large des technologies solaires étaient inégalées au Canada.
Avec sa personnalité sociable et toujours attachante, on ne pouvait jamais dire non à Ben. Au cours des dernières décennies, ses soupers et excursions solaires étaient des rendez-vous réguliers qui aidaient chacun d'entre nous dans l'industrie à promouvoir nos entreprises, tout en augmentant la sensibilisation du public au sujet de la grande variété d'applications solaires au Québec ainsi que dans nos provinces et États voisins.
Il nous manquera tous profondément, tant dans l'industrie que parmi tous ceux qui l'ont connu personnellement.
- Brian Wilkinson, président de Matrix Energy
L'intrépide
C'est avec beaucoup de chagrin que j'ai reçu la nouvelle de la disparition soudaine de Benoit. Sa confrontation audacieuse et intrépide de l'ironie et de l'hypocrisie dans notre société civile nous manquera cruellement. En tant que président d'Énergie Solaire Québec, il a apporté la lumière du potentiel de l'énergie solaire dans les esprits et les cœurs de milliers de gens par ses soupers, ateliers et excursions solaires et au Salon national de l'habitation. Tous ceux qui ont eu le plaisir de le connaître seront en deuil de sa personnalité vive. Que les anges et muses l'accompagnent sur son chemin!
- Peter Kettenbeil, consultant en communautés durables et disciple de Buckminster Fuller
L'irremplaçable
Quand on dit qu'aucune personne n'est irremplaçable, c'est vrai la plupart du temps, mais je crois que cette fois, ce ne sera pas possible de remplacer celle-ci. Benoit nous manquera énormément. Son implication, son énergie, son dynamisme, son humour et tout ce qu'il faisait pour maintenir Énergie Solaire Québec actif nous manquera... Les excursions solaires étaient devenues un incontournable pour beaucoup de gens s'intéressant aux énergies solaires. Bref, c'est un gros morceau qui part. En tout cas, ça donne une belle leçon de vie, car il aura vécu en soutenant une cause importante pour lui et ce qu'il a fait restera. Il a influencé et instruit des centaines de personnes dans le bon sens.
- Lucie Langlois, architecte, cofondatrice de Maison Passive Québec
L'enthousiaste contagieux
J'ai toujours eu le plus grand des respects pour ce gars qui était un passionné de l'énergie solaire, parce que c'est clair qu'il ne faisait pas ça pour l'argent, mais bien pour la cause. Benoit communiquait l'enthousiasme. À cet égard, il en était contagieux – ce qui est une bonne chose pour notre planète. Un chic type. Il me manquera.
- Jean-Pierre Finet, consultant en gestion de l'énergie et ancien directeur-fondateur du Fonds d'efficacité énergétique de Gaz Métro
Le généreux
Indéfectible, sans relâche, dévoué, rigolo, curieux, instruit, ouvert, bon gars, généreux, fidèle.... Je ne connais pas d'autres mots pour le décrire et me le rappeler. Après une absence de ma part, de plus de 20 ans, un seul appel téléphonique a suffi, son rappel fut immédiat, sa mémoire de moi était tout à fait limpide. Vingt ans ou 20 heures, pour lui c'était pareil!
J'ai posé une seule question et j'ai reçu mille réponses, par courriels, par la poste et j'en passe... Généreux et toujours plein d'énergie.
Maintenant il est mort, subitement, tout jeune, tombé comme une roche! Je n'en reviens pas ! Mes condoléances vous accompagnent.
- Roberpierre Monnier, architecte, maîtrise en urbanisme, ex-conseiller en innovation technologique de la construction au Conseil national de recherches du Canada
Le prof justicier
Benoit fut un exemple dans la promotion des énergies vertes et renouvelables au Québec. Je garde également comme souvenir un homme qui recherchait la justice sociale dans ses recherches et ses enseignements à l'Université.
- Robin Gauthier-Ouellet, président d'Écohabitations boréales
Le taquin
Quelle tristesse! Une grande perte pour nous tous... Je garderai de lui son esprit taquin, sa grande capacité à communiquer et à rigoler.
- Pascal Morel, directeur d'Archibio et secrétaire du conseil d'Écohabitation
L'organisateur inimitable
Benoît nous manquera à tous, particulièrement les abonnés de ses excursions solaires. Il avait le don de rendre les projets visités excitants et savait les organiser de manière extraordinaire et humouristique.
Sa vivacité d'esprit, ses mises en perspectives de la nature humaine et de ses défis en tant que communauté étaient toujours uniques. Il avait une façon bien à lui de voir le monde. Il savait danser aisément à côté des grandes institutions gouvernementales pour leur montrer par l'exemple que tout est possible. Il suffit de le vouloir.
Benoît tu resteras dans nos coeurs.
Puisse la lumière "du Soleil" te guider dans cette nouvelle tranche de la destiné de ton âme.
- Marie Louise Roy, architecte et urbaniste
Il ne suffit pas de briller parmi les nôtres, mais surtout de veiller à éclairer la marche du monde.
- Benoit Perron, novembre 2012