L'expert français grâce à qui une technique québécoise de construction en ballots de paille fut popularisée dans l'Hexagone était récemment au Québec pour célébrer les 25 ans du Groupe de recherches écologiques de La Baie (GREB). Fondateur de l'association française APPROCHE-Paille, Jean-Baptiste Thévard a séjourné à l'écohameau de La Baie du 23 juillet au 10 août derniers, à Saguenay, et en a profité pour oeuvré à la reconnaissance québécoise d'une technique développée au GREB et adoptée dans plusieurs pays.
En France, on compte environ 3 500 bâtiments de paille, dont une mairie, des logements sociaux et des écoles. Au moins 600 constructeurs isolent leurs murs en paille, dont 350 ont été formés selon les règles professionnelles publiées en 2012 et validées par la très sérieuse Commission prévention-produits de l'Agence Qualité Construction, rapporte le magazine La Maison écologique.
« C'est grâce à l'action de M. Thévard depuis 2004 que la technique du GREB est aujourd'hui la plus répandue en France, à l'exception des techniques préfabriquées en usine, explique le vice-président du GREB, Pierre Gilbert. Elle est la plus utilisée par les autoconstructeurs et la plus documentée. Grâce aux travaux de recherche qu'il a permis d'entreprendre et des centaines de réalisations de bâtiments depuis 10 ans, la technique a pu être reconnue par les assureurs et les pouvoirs publics. En tant que corédacteur des Règles professionnelles de la construction en paille, il a permis une reconnaissance de la paille comme matériau d'isolation, permettant son utilisation dans les bâtiments résidentiels, institutionnels et commerciaux répondant aux besoins actuels de performance énergétique et environnementale. » Si bien que la technique a été appliquée dans plusieurs pays, du Chili à la Biélorussie.
Cette technique à double ossature fut mise au point en 2001 par le physicien Patrick Déry, chercheur principal du GREB. Pour M. Thévard, ses avantages sont « nombreux à tous égards », tel que démontrés par plusieurs tests concernant la résistance thermique des murs ainsi que leur gestion de l'humidité et leur résistance au feu.
Pierre Gilbert travaille à la reconnaissance par la Régie du bâtiment du Québec de tests de résistance des maisons GREB à la compression et au cisaillement, notamment, qui seront réalisés en France sous peu. « Je veux arrimer le Québec et la France dans la réalisation de ces tests afin de nous assurer qu'ils seront reconnus ici. Si nous réussissons cette étape ultime, nous aurons cumulé toute une série d'études sur le mur GREB en particulier, dont une récente digne de mention qui montre une perméabilité [à la vapeur] du mortier GREB beaucoup plus élevée que l'argile [cob] et même que les enduits à la chaux. J'ai confiance, conclut Jean-Baptiste Thévard, que nous parviendrons sous peu à une reconnaissance complète de la technique par les instances publiques qui se sont déjà engagées financièrement. »