Chris Ives le jour où je l'ai rencontré, en 1990, au siège social de la SCHL, à Ottawa.
Chris Ives le jour où je l'ai rencontré, en 1990, au siège social de la SCHL, à Ottawa.

Chris Ives a souffert de rhinite allergique saisonnière et d’allergies à la poussière et au pollen pendant environ 35 ans avant de déménager en 1980 à Hudson, une banlieue à l’ouest de Montréal. C’était avant l’arrivée des épurateurs HEPA (High Efficiency Particulate Arrestor) à usage domestique abordables, la meilleure technologie pour capter les particules fines dans l’air.

« Ma seule façon d’obtenir un soulagement était soit de prendre une douche, de nager, ou de me placer à proximité d'un générateur d'ions négatifs », raconte celui qui était un chercheur principal à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). En 1990, Chris fut le premier chercheur de la SCHL à me prendre sous son aile et à me faire découvrir les formidables publications du Centre de savoir sur le logement, la bibliothèque de la SCHL. C’est un peu grâce à lui si j’ai souvent collaboré avec l'organisme national responsable de l'habitation, notamment comme formateur des employés de Réno Dépôt en matière de rénovation saine, en 1998.

Ce diplômé en génie sait mieux que quiconque que pour assainir une maison, il faut avant tout en retirer les polluants à la source et bien la ventiler. Toutefois, dans certaines situations, il faut aussi traiter l’air. Par exemple, si vous souffrez de problèmes pulmonaires ou que l’air extérieur est pollué, comme dans les grandes villes, un épurateur HEPA, un ioniseur ou même un désinfectant aux ultraviolets de type C (UVC) pourrait vous aider. « La matière est composée de quatre états : solide, liquide, gazeux et plasma [la soupe d’électrons], explique Chris. Les systèmes de traitement de l’air classiques ne traitent pas le plasma, ce que font justement les ioniseurs. C’est l’erreur que commettent la plupart des scientifiques du bâtiment. »

Chris et sa femme Angela habitent un bungalow construit en 1956. Peu étanche à l’air, il est chauffé avec des planchers radiants à l’eau chaude et deux poêles à bois. Ayant un chat qui fait parfois ses besoins sur le plancher du sous-sol et un chien qui se couche sous son bureau et dort sur un divan, Chris a dû trouver une solution pour purifier l’air et éliminer les odeurs de ses animaux domestiques. L’absence d’échangeur d’air n’améliorait pas cette situation en hiver. Chris s’est donc procuré un appareil GermGuardian, fabriqué par Guardian Technologies, qui utilise les rayons UVC pour détruire, notamment, les bactéries odorantes. « Les rayons UVC combinés à un filtre au dioxyde de titane qui capte les odeurs [les composés organisques volatils] font un travail remarquable », dit-il.

Son premier ioniseur était fabriqué par Bionaire à Montréal et fonctionnait sur le courant alternatif domestique de 110 volts. « Il était assez petit pour que je le mette dans ma mallette afin de l’utiliser au bureau, ainsi qu'à la maison. Plus tard, mon père, qui était médecin, m’a donné un appareil qui utilisait le courant continu de 12 volts pour ma voiture. » Chris a aussi installé un ioniseur dans sa chambre et un autre dans son bureau au sous-sol. Outre ses allergies, il pense être à l’écoute de son corps pour une très bonne raison : « J’ai un bon pif transmis par six générations de médecins dans ma famille », explique ce sympathique radiesthésiste d’origine écossaise.

Sa bible sur l’ionisation

Chris a entendu parler pour la première fois de l’effet des ions (ou charges électriques) d’air sur la santé en lisant The Ion Effect, un livre rédigé par l’homme d’affaires canadien Fred Soyka et publié en 1977 chez Bantam Books. L’auteur explique que la vie sur Terre a évolué grâce à l’ionisation de l’air. Les ions sont des molécules d’oxygène retenues par une charge électrique qui est soit positive, soit négative selon sa perte ou ses gains en électrons (charge négative) causés par divers phénomènes naturels et artificiels. Qu’ils soient de charge négative ou positive, les plus petits ions (diamètre de moins de 0,001 micron, soit 1 nanomètre) sont les plus actifs sur le plan biologique parce qu’ils passent facilement des poumons au système sanguin, selon le chercheur britannique Isaac Jamieson, une sommité en la matière. Plus présents dans la nature, les petits ions ont une durée de vie moyenne de 50 à 250 secondes et leur concentration est généralement déséquilibére dans les bâtiments modernes par rapport à ce que l’on retrouve dans la nature. Il se réfère aux directives russes SANpin qui suggèrent que pour être sain l’air devrait contenir jusqu’à deux fois plus de petits ions négatifs que d’ions positifs.

- Roddy Scheer
- Roddy Scheer

Durant les heures et jours précédant un orage, une quantité phénoménale d’ions positifs s’accumule dans l’air au détriment des ions négatifs et ce déséquilibre nuit au bien-être des végétaux et des animaux, y compris les humains. Un éclair détruit cette surdose d’ions positifs au contact de la Terre qui est chargée négativement. C’est ce qui explique pourquoi on se sent mieux après un orage. Pour tout comprendre, il faut lire l’excellent livre Les baromètres humains, du biométéorologue québécois Gilles Brien.

Pour leur part, les ions négatifs sont produits par les rayons ultraviolets du soleil, par la radioactivité (dont le radon) qui se trouve dans le roc, par les vagues et les chutes d’eau, par une douche (en particulier d’eau douce) ainsi que par l’électricité statique ou triboélectricité produite quand les feuilles des arbres et les aiguilles de pin se frottent ensemble à la moindre brise, selon le Guide de l’habitat sain, un livre signé par les médecins Suzanne et Pierre Déoux. Selon eux, une fontaine ou un jet d’eau qui ne projette pas de gouttelettes ne peut pas générer d’ions négatifs. 

Chris dit que ses générateurs d’ions négatifs l’ont beaucoup aidé parce que sa maison, comme plusieurs, contenait des quantités insuffisantes de ces ions qui neutralisent les poussières allergènes et porteuses de microbes : « Le chauffage à air pulsé avec conduits de métal entraîne un surplus de charges positives. Je ne suis pas surpris de constater à quel point les gens tombent malades quand les ions négatifs se font assommer par l’air pulsé. Si j’étais un employé de bureau, je voudrais un ioniseur pour me protéger des bioaérosols » [microbes dans l’air].  

Influences biologiques de l’ionisation de l’air décrites par divers auteurs

(tous ces effets restent cependant difficiles à démontrer)

Source : Le guide de l’habitat sain, 2e édition, Dre Suzanne et Dr Pierre Déoux, Médiéco, 2004, 543 pages

Ionisation négative  Ionisation positive
Diminution de la sérotonine dans le sang Augmentation de la sérotonine dans le sang
Stimulation de la thyroïde Ralentissement modéré de la thyroïde
Activation testiculaire   Inhibition des ovaires
Amélioration de la vigilance Vigilance amoindrie
Facilitation de l’apprentissage et de la mémorisationDiminution de la mémorisation
Augmentation d’ondes alpha (relaxation)  Sommeil moins profond
Diminution de l’anxiétéAugmentation de l’agressivité
Diminution de la douleur  Augmentation de la douleur
Régularisation de la tension artérielle Augmentation de la tension chez les hypertendus

 

L’histoire de Fred Soyka

L’auteur du livre The Ion Effect était souvent malade quand il vivait à Genève, en Suisse, une des nombreuses villes du monde où un vent chaud et sec réduit la proportion d’ions négatifs (aussi appelés anions) dans l’air. Son médecin évoqua la possibilité qu’un excès d’ions positifs (cations) causait peut-être son anxiété sévère, ses rhumes à répétition, sa grande fatigue, ses troubles digestifs, de sommeil, de libido... Des problèmes qui disparaissaient lorsqu’il voyageait dans d’autres villes où l’air était plus sain.

En rédigeant ce livre qui fait référence à plus de 5 000 études scientifiques déjà publiées sur l’ionisation au cours des 40 dernières années, Soyka voulait faire connaître l’importance d’une ionisation équilibrée parce que selon ses sources les trois-quarts des gens seraient affectés par les charges électriques de l’air. De plus, environ le quart de la population mondiale serait hypersensible à ces charges.

Les recherches ont notamment démontré qu’un excès d’ions positifs par rapport aux ions négatifs provoque une surproduction d’histamine, une molécule de signalisation immunitaire ou cytokine pro-inflammatoire qui aggrave les allergies et l’asthme. Dans certains cas, les médecins administrent des antihistaminiques en plus des antiviraux et autres médicaments aux personnes atteintes de la COVID-19 afin d’éviter la fameuse tempête de cytokines inflammatoires et potentiellement mortelles.

Tout comme les fameux Chinook, Foehn, Santa Ana, Sirocco ou Sharav – ces « vents maudits » qui favorisent l’augmentation des suicides et des accidents routiers – l’air pulsé par nos fournaises et nos climatiseurs a perdu son précaire équilibre ionique naturel car les ions négatifs sont érodés par la friction de l’air. De plus, leur concentration diminue lorsqu’ils purifient l'air en transférent leur charge électrique négative aux particules fines et à la vapeur d’eau. À moins d’être respirées, ces poussières et gouttelettes microscopiques se déposeront sur les surfaces chargées positivement, comme les murs, les meubles ou la plaque collectrice d’un ioniseur.

Comme ils favorisent l’oxygénation des tissus, les ions négatifs sont essentiels à la croissance de tous les êtres vivants, dont les plantes qui ont fait l’objet de plusieurs études sur le sujet. Selon un article publié en 2019 sur le site Healthline qui est révisé par des médecins, les recherches ont confirmé que les ions négatifs contribuent à combattre la dépression, à améliorer les performances cognitives et à stimuler les fonctions antimicrobiennes. Par contre, les preuves seraient encore insuffisantes pour conclure hors de tout doute qu’ils contribuent à réduire suffisamment le taux de sérotonine (neurotransmetteur impliqué dans la digestion et le contrôle de l’humeur) pour atténuer l’anxiété. De même, il n’existerait pas de preuve concluante que les ions négatifs abaissent la pression sanguine ou améliorent la respiration de façon significative. Mais plusieurs études le suggèrent.

Fred Soyka raconte qu’en Israël, le Sharav – vent chaud et poussiéreux – a tellement nuit à sa santé qu’il a consulté le Dr Felix Gad Sulman, pionnier de la biométéorologie, science qui étudie les effets de l’atmosphère sur la santé. Ce médecin, qui est également vétérinaire, lui a confirmé qu’il était très sensible aux ions positifs. Perçus par son corps comme des stresseurs, ces cations l’épuisaient parce son organisme devait constamment sécréter de la sérotonine pour compenser ce stress chronique. De plus, en perturbant le fonctionnement de sa glande thyroïde, ils provoquaient des troubles de l’humeur et du sommeil, des maux de tête et autres symptômes. En plus de lui prescrire un médicament contre l’hyperthyroïdie, le Dr Sulman lui a recommandé de se procurer un générateur d’ions négatifs. Environ un mois plus tard, Soyka se sentait si bien qu’il se lançait corps et âme à la découverte de la science des ions.

C’est ainsi qu’il a rencontré le pionnier américain de la recherche sur l’ionisation, feu le Dr Albert P. Krueger, un microbiologiste et pathologiste qui était alors directeur du département de bactériologie de l’Université de la Californie à Berkeley. Celui-ci lui expliqua qu’en tuant les microbes, les ions négatifs combattent la propagation des rhumes, grippes et autres maladies respiratoires infectieuses. Krueger fut le premier chercheur à publier dès 1960 sur l’hyperactivité et l’épuisement causés par la surproduction de sérotonine provoquée par l’exposition chronique à des ions positifs, ainsi que sur l’effet anxiolytique (calmant) des ions négatifs.

Un sceptique

Malgré les nombreuses études publiées sur le sujet, en l’absence de consensus scientifique l’ionisation de l’air demeure un domaine encore très méconnu et controversé. Stephen Collette, consultant ontarien, formateur en baubiologie (bioconstruction) et spécialiste de la pollution électromagnétique, ne recommande pas l’achat de générateurs d’ions.

« Les ions négatifs dans la nature sont géniaux, dit-il. Pensez aux chutes d'eau ou au bord de la mer. L'eau déchirant l'oxygène dans une expérience extérieure à ventilation élevée est géniale et saine pour de nombreuses raisons, y compris les ions. La génération d'ions dans une maison fermée est une inconnue. On ne connaît pas le rendement de l'équipement selon son volume ou son débit, la durée d’exposition, la superficie et le volume d'air d’une pièce, les échanges d’air, etc. Honnêtement, la plupart des ioniseurs ne font rien d'autre que de sucer l'argent des gens. Nous recommandons de toujours nettoyer l’air en retirant les polluants et en ventilant. N'ajoutez pas plus de choses dans l'air, jamais! »

Chris Ives n’est pas d’accord avec Collette. Il estime qu’un ioniseur est essentiel pour redonner à l’air intérieur son équilibre ionique naturel. Selon lui, Collette « se base sur des principes, mais je ne pense pas qu’il soit passé au deuxième niveau. Il faut s’asseoir dans le siège du conducteur et en faire l’expérience. Mes ioniseurs ont fait une énorme différence pour mes allergies et nos problèmes d’odeurs. J’ai été chanceux d’être assez désespéré pour vivre cette expérience incroyable. »

Un expert se prononce

Isaac Jamieson abonde dans le même sens. « Les ioniseurs peuvent être très utiles », affirme cet architecte et docteur en sciences du bâtiment, ancien chercheur en épidémiologie et santé publique à l’Imperial College London. « Cependant, il est également important de se rappeler de réduire d’abord les principales causes de l'accumulation de charge », comme l’air trop sec, les matériaux synthétiques et les champs électriques (détails en page 13 et sur son site biosustainabledesigns.org).

Selon Jamieson, ces champs émis par les appareils et câbles électriques sont les principaux mécanismes de transport et d'élimination de plus de 90 % des particules de moins de 1 micron (μm) en suspension dans l’air, dont la plupart des microbes. « Une charge excessive peut souvent augmenter les concentrations locales de particules submicroniques chargées dans des microenvironnements individuels, explique-t-il. Ces particules sont connues pour être nocives pour la santé. Plus le degré de charge qu'elles possèdent est élevé, plus elles sont susceptibles de se déposer sur les surfaces et dans les voies respiratoires. »

Jamieson, qui dirige maintenant un groupe de recherche sur les technologies non polluantes à l’Université Thammasat, en Thaïlande, déconseille l’achat d’appareils qui ne génèrent que des ions négatifs. « Lorsque possible, il vaut mieux obtenir des niveaux d'ionisation de l'air bipolaires et similaires à ceux qui sont recommandés dans les directives russes SanPiN. En général, il est préférable d’éviter une exposition prolongée à l'ionisation unipolaire. Ce sont les plus petits ions d'air des deux polarités qui sont les plus importants. »

 L'ioniseur Plasmacluster, de SHARP.
L'ioniseur Plasmacluster, de SHARP.

Je lui ai demandé quel appareil disponible en Amérique du nord il recommande. « L’Ion Plasmacluster de SHARP émet des niveaux d’ionisation biopolaire semblables à ceux qui sont recommandés dans les directives russes. Ils peuvent également être utilisés au travail et dans les véhicules. » Selon SHARP, la technologie Plasmacluster neutraliserait les bactéries, virus, moisissures, acariens et autres allergènes et contaminants en suspension, en plus d’éliminer les odeurs persistantes, comme celle de la fumée de tabac, ainsi que l’électricité statique qui attire les particules en suspension. Combinant humidificateur, filtre HEPA véritable et filtre au charbon, le modèle KC86OU (PDSF 739 $) traite l’air d’une pièce de 32,2 mètres carrés (347 pieds carrés) et est assez silencieux pour être utilisé dans une bibliothèque, ses 28 à 49 décibels A se situant entre le bruit d’une conversation à voix basse et celui d’une lessiveuse.

Bref bien que le retrait des polluants à la source et la ventilation sont les meilleurs assainisseurs d’air, pour le spécialiste des maisons saines Chris Ives, il faut faire l’expérience de l’ionisation et des lampes UVC pour en comprendre les bienfaits. « Ces appareils ont fait une énorme différence dans ma vie d’ancien ‘’réfugié allergique’’ depuis environ 50 ans. Il ne s’agit pas de quelque chose que j’ai lu sur Internet. »

Niveaux d’ions bipolaires recommandés en Russie pour les postes de travail informatiques (SanPin 2003)

 Tiré de Electrostatic Charge and COVID-19 Risk, vidéo du Dr Isaac Jamieson disponible sur http://biosustainabledesigns.org
Tiré de Electrostatic Charge and COVID-19 Risk, vidéo du Dr Isaac Jamieson disponible sur http://biosustainabledesigns.org

NiveauxPetits ions d’air négatifs Petits ions d’air positifs
Minimum600/cm3400 /cm3
Optimal3 000-5 000/cm3   1 500-3 000/cm3
Maximum50 000/cm3   50 000/cm3

Pour en savoir davantage :
Charges électrostatiques élevées : un risque de COVID-19

Electrostatics in the environment: How they may affect health and productivity

Building health: The need for electromagnetic hygiene?