André Bourassa © exposeimage.com
André Bourassa © exposeimage.com

Le précurseur de l’architecture saine et écologique André Bourassa reçoit la plus haute distinction de l’Ordre des architectes du Québec (OAQ), la médaille du Mérite 2019.

Décerné depuis 1951 à des monuments tels Ernest Cormier, Phyllis Lambert et Moshe Sadfie, cet honneur rend hommage à un ou une architecte qui s’est démarqué par l’ensemble de sa carrière. La médaille du Mérite souligne un engagement important envers la profession ou une contribution exceptionnelle à l’évolution ou à la qualité de l’architecture au Québec.

« Engagée et visionnaire, son action a servi de véritable bougie d’allumage pour de nombreux projets qui ont eu un impact tangible sur la profession », affirme la directrice des communications de l’OAQ, Véronique Bourbeau.

Grand humaniste, champion des écomatériaux et de l’autoconstruction saine et abordable, André Bourassa n’a jamais hésité à monter au front pour mener à bien la mission de protection du public de l’Ordre, où il a d’ailleurs officié pendant 22 ans, dont 8 (2005-2013) à titre de président.

Réputé pour son franc-parler coloré, jamais ennuyant(!), il compte parmi les pionniers qui ne cessent de prôner l’usage des matériaux naturels diffusant l’humidité ainsi que des masses thermiques, ces matériaux denses qui stockent l’énergie solaire passive le jour et nous réchauffent à l’heure du souper. Dérangeant, cet homme de courage et de conviction ne cesse de décrier les modes inadaptées à notre climat et à la protection de l’environnement, telles la fenestration du plancher au plafond et les recettes toutes faites (toits verts, géothermie et course aux points) appliquées sans discernement.

« Dans un contexte où l’urgence climatique incite les professionnels de l’architecture et de l’aménagement à revoir leurs façons de faire, ce précurseur de l’architecture écologique, qui poursuit sa mission d’innovation dans les matériaux, est particulièrement inspirant pour l’ensemble de la profession », ajoute Mme Bourbeau.

Parmi ses nombreux accomplissements, il a notamment mis en place l’Examen des architectes du Canada, « qui a permis de voir la profession se renouveler, tant en nombre qu’en âge et en genre », précise Mme Bourbeau. Il a aussi lancé l’idée d’une politique québécoise de l’architecture, chantier dont l’amorce fut annoncée en avril par la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy.

Cet architecte victoriavillois a longtemps formé des investigateurs en qualité de l’air, une initiative de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Il fut aussi l’un des artisans du programme Victoriaville Habitation Durable, ainsi que du Rendez-vous des écomatériaux, colloque international tenu bisannuellement à Asbestos et qui aura lieu à Paris à l’automne 2019. Il contribue à l’avancement de l’architecture durable comme nul autre.

Un collaborateur de longue date, l’ingénieur français Christophe Huon, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nancy, témoigne de son appréciation d’André Bourassa : « Ce qui m’impressionne chez lui, en plus de sa tâche d’architecte positionnant l’humain au centre de ses préoccupations, c’est sa recherche permanente de simplicité, de sobriété, de frugalité, de performances et de qualité d’usage au service des transitions écologiques, numériques et sociétales. C’est enfin un merveilleux ami, drôle, fidèle, disponible et bienveillant. »

Le principal intéressé admet être touché par cette reconnaissance accordée par ses pairs. « C’est un encouragement à continuer, ça donne de l’énergie. Une tape sur l’épaule de la part de gens importants pour moi », affirme M. Bourassa.

Ses plus grandes fiertés? « La signature des accords de mobilité des architectes France-Québec et l’initiative de relocaliser le siège social de l’OAQ, en y regroupant les affinitaires que sont le Fonds d’assurance et le syndicat des architectes, l’Association des Architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ), me semblent des aspects importants. Dans le second cas, parce que ce n’était pas simple de trouver une formule économique appropriée au contexte et bien sûr, parce que les nombreux membres de l’OAQ n’étaient pas tous du même avis, certains voulant que la Maison de l’architecture, du design et de l’urbanisme [établie dans le Vieux-Montréal] soit dans l’est, d’autres dans l’ouest, certains dans un bâtiment neuf, d’autres dans du déjà existant...

Bref, j’en ai reçu des tomates dans les assemblées générales spéciales que nous avons dû tenir! Je me souviens très bien de l’attitude avisée de [l’actuelle présidente de l’OAQ] Nathalie Dion qui me rappelait  constamment : « Reste calme, choque toi pas… » Comme accomplissement post-OAQ, c’est certain que les colloques France-Québec sur les écomatériaux sont importants pour la suite du mieux-bâtir, de la mission de diffusion des meilleures pratiques. »

Toute l’équipe de La Maison du 21e siècle tient à féliciter André Bourassa, ancien chroniqueur et généreux champion de la première heure de ce magazine.

Lire ici le profil que nous avons publié sur M. Bourassa en 2004.