
En 1975 naissait ce qui est devenu 50 ans plus tard la plus ancienne éco-communauté intentionnelle du Québec. Établie à l’origine sur une terre de 540 acres, on y retrouve désormais 18 résidences et les bâtiments de deux entreprises.
Alliant la gestion commune du fond de terre et des infrastructures via un OBNL, et la propriété privée des terrains où se trouvent les maisons des membres, cette formule équilibrée entre la sphère communautaire et la sphère privée, où chacun dispose d’un terrain d’au moins une acre bien à lui, s’est avérée être la recette gagnante de la longévité de ce mode de vie et de partage d’un coin de nature, au cœur d’un des plus beaux villages du Québec, L’Anse-Saint-Jean, qui a su accueillir et intégrer harmonieusement au fil des ans cette expérience unique en son genre.
Le 6 septembre dernier, environ 200 personnes ont participé à une fête organisée avec le soutien financier de la MRC fjord-du-saguenay pour marquer le 50e de notre écocommunauté bien connue. Lors de ses débuts en 1975, le groupe de jeunes qui construisirent la première habitation aux Plateaux, à l'Anse-Saint-Jean, ne se doutaient pas qu'ils donnaient naissance à un écohameau. Il n'y avait rien de planifié. Tout se faisait dans la spontanéité et la bonne humeur, nous raconte France Verreault dans UNE DES CINQ VIDÉOS créées pour souligner le premier demi-siècle des Plateaux et accessibles sur Facebook, avec de nombreuses photos, sur la page FÊTONS ENSEMBLE NOTRE 50E. Retraçons le chemin parcouru jusqu'ici.
Les origines
Au départ, France et Marc Gaudreault vivaient dans une maison au village. L'occasion leur est alors offerte d'acheter des lots qui appartenaient à M. Napoléon Bouchard, un natif de l'Anse. Jean Gagné, qui vit toujours aux Plateaux, où il opère depuis 31 ans un centre équestre réputé, se joint à eux et débute alors la construction de ce qu'ils ont appelé la Grande maison.
Au fil de l'automne, d'autres jeunes de la région et d'ailleurs se joignent au projet et charrient les matériaux de construction par un côte rudimentaire. Cette fameuse côte, qui vient d'être rénovée, n'est praticable qu'en été, car depuis 50 ans les résidents des Plateaux, au nombre de 27 adultes et d'une douzaine d'enfants habitant 18 demeures, se sont habitués à se déplacer l'hiver en motoneige ou à pied pour leurs aller-retours au village. Cet isolement saisonnier fait tout le charme de l'endroit pour certains, mais complique la vie de ceux qui doivent aller fréquemment en bas, comme les enfants d'âge scolaire.
Pour en revenir aux débuts des Plateaux, après avoir obtenu d'Hydro-Québec d'installer une ligne électrique pour desservir ce secteur et fait construire une nouvelle côte plus fonctionnelle, plusieurs des membres du groupe fondateur et d'autres se procurent un terrain de Marc et Jean et viennent s'y établir. De 1980 à 1983, les Plateaux connaissent une période de croissance rapide alors que de nouveaux membres arrivent, certains d'aussi loin que la Suisse, l'Allemagne et la France. Sept nouvelles demeures prennent forme pour héberger tout ce beau monde et une vie communautaire fertile en fêtes, repas de groupe et réunions de tous genres se développe. Une cuisine et une salle à manger permettaient aux 25 adultes et autant d'enfants de partager le repas du midi, tandis que tous travaillaient dans un grand jardin communautaire, dont les légumes étaient partagées entre toutes les familles participantes.
Gestion communautaire et entreprises privées
En 1983, face au besoin de mieux s'organiser, les résidents créent un OBNL, adoptent une charte et une régie interne pour guider le développement et le fonctionnement des Plateaux et, à l'occasion du départ de Marc, transfèrent à cet OBNL la propriété du fond de terre, jetant ainsi les bases d'une gestion entièrement communautaire des Plateaux.
Dès 1981, l'entreprise Les Serres des Plateaux, fondée par Regina Stober et Denis Lafrance, nait et fleurit, mais s'étiole au bout d'une dizaine d'années suite à la difficulté de rentabiliser une telle activité au Bas-Saguenay. La boulangerie artisanale Unisson, créée par Jean Couture, produit une gamme de succulents pains au levain. Michel Massuard et Monique Laroche transforment en délicieux fromages vieillis, en yogourt, beurre et même crème glacée le lait bio produit par leur douzaine de vaches. Gérald Delmarco livre jusqu'à Montréal par camion les produits de ces entreprises.
Un foisonnement d'activités et un second souffle
Au fil des ans, d'autres membres pratiquent divers arts et métiers. Monika Schnug – plantes médicinales et formations en herboristerie ; Patricia Daigneault et Maryelle Gagnon – épicerie Corne d’abondance ; Heidi Schiemann – poteries ; Corinne Tremblay – vêtements en batik ; Richard Noury – sculptures ; Paul Tremblay – pierres suspendues ; Jean Hudon – ateliers d'éveil, édition, traduction ; Élisabeth Kandler – yoga ; Denis Lafrance – formations en agriculture bio. Enfin, après le départ de Monika, cinq enfants nés ici lui rachètent la Grande maison, la rénovent et l'exploitent à leur tour pendant 10 ans sous le nom d'Auberge du bout du monde.
Puis, de nouvelles familles viennent se joindre au groupe et un second souffle de développement fait l'objet d'un reportage en 2012 sur TV5 dans le cadre de l'émission Urbania - Le Québec en douze lieux. En 2009, quelques membres fondent Les Ateliers coopératifs du Fjord, exploitant le célèbre Bistro de L'Anse et, depuis 2015, la micro-brasserie La Chasse-Pinte. En 2013, Sébastien Birot et Mariane Bergevin ouvrent le Café du Quai, une populaire crêperie bretonne. Enfin, en 2019, quatre membres fondent La Ferme d'en haut dont les légumes et produits d'élevage font le bonheur de sa clientèle locale.
Qu'adviendra-t-il de cette expérience d'entraide et de partage du magnifique coin de pays qui a vu naître cet écohameau ? Si le passé est garant de l'avenir, on peut penser que le futur des Plateaux sera tout aussi fertile en réalisations et expériences enrichissantes.
Pour en savoir davantage et admirer de nombreuses photos : https://www.facebook.com/groups/50eplateaux


