Avec le développement continu des appareils de télécommunication, la nocivité du rayonnement qu’ils émettent fait l’objet d’une mise en garde de plus en plus pressante de la part du monde scientifique et médical.
Force est de constater, cependant, que les efforts déployés pour freiner ce développement obtiennent peu de résultats pour le moment. La 5G en est un exemple.
Si on admet qu’une opposition à l’usage des armes ne nie pas l’utilité des gilets pare-balles, on peut admettre qu’il est temps d’imaginer comment au mieux se protéger d’une exposition aux ondes si on ne peut les éviter.
Peu considéré jusqu’à présent pour une indication protectrice du cerveau, l’usage de lunettes dans le domaine thérapeutique fait l’objet de cette étude.
Protection des yeux contre la pénétration des champs électromagnétiques dans le cerveau
De nombreuses études ont montré que les fenêtres d’un local offrent un passage privilégié aux champs électromagnétiques (CEM), que les sources soient extérieures ou intérieures au local. La raison en est que les paramètres électromagnétiques caractérisant le vitrage font que celui-ci offre moins de résistance que les autres parties du local au passage des CEM.
De même les yeux offrent un passage privilégié aux CEM pour pénétrer dans le crâne humain et éventuellement y exercer des effets néfastes ou non, parce qu’ils offrent moins de résistance que les autres parties de la tête au passage des CEM, en particulier aux ondes radiofréquences.
Dans une logique de protection des yeux, les lunettes semblent l’outil le plus judicieux.
Un choix approprié se porte sur les lunettes en polycarbonate, du type lunettes de laboratoire utilisées pour leur propriété de résistance aux chocs avec une bonne couverture de la zone anatomique oculaire, mais qui sont aussi dotées de propriétés électriques isolantes (résistivité > 1016 Ohm-cm) pouvant faire obstacle aux CEM.
Le calcul des équations auxquelles obéissent les CEM dans des milieux conducteurs se fait par manipulation des équations de Maxwell. (1)
On calcule ainsi la profondeur de peau (PP) qui est la distance à laquelle un champ électrique alternatif se réduit à l’intérieur d’un produit irradié à environ un tiers de sa valeur d’incidence à la surface. La PP est inversement proportionnelle à la fréquence du champ d’exposition appliqué. Dans le polycarbonate, la PP est de 2 mètres pour une fréquence de 2,4 GHz qui est celle de la plupart des émetteurs de micro-ondes auxquels une majorité de personnes sont exposées. (2)
À titre de comparaison, dans un conducteur électrique comme le cuivre, dont la résistivité est > 10-9 Ohm-cm , sous une fréquence de 1 GHz la profondeur de peau est de 2,1 micromètres. (3)
On en conclut que les lunettes en polycarbonate sont hautement imperméables aux CEM.
Effets des radiofréquences sur le cerveau
Si ces lunettes offrent une bonne protection préventive contre les CEM, elles concernent aussi les sujets chez qui les CEM provoquent des troubles de la santé.
Un modèle murin de vieillissement d’origine environnementale a été proposé avec des animaux exposés à des micro-ondes leur vie durant (4) et montrant en fin d’existence une altération de leurs capacités mnésiques (5) ainsi qu’une mortalité double de celle des animaux d’un groupe témoin. Ces résultats sont expliqués par les conséquences au niveau neuronal d’une aggravation progressive de la rupture de la barrière hématoencéphalique. (6) Celle-ci filtre et contrôle le passage des substances sanguines et les empêche de passer librement du sang au liquide céphalorachidien (figure 1). Une barrière fonctionnant mal permet l'entrée dans les tissus du cerveau de molécules hydrophiles qui normalement en seraient exclues, avec formation d’œdème et d’ischémie.
Des lésions comparables ont été mises en évidence par imagerie par résonance magnétique chez des personnes âgées atteintes de maladies neurodégénératives, telles que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson (figure 2) lesquelles incluent aussi une détérioration des fonctions cognitives associée à une mortalité prématurée. Par extrapolation avec les observations chez l’animal, ces maladies pourraient être aggravées par une exposition répétée aux micro-ondes.
Une atteinte de la barrière hématoencéphalique sous l’effet des micro-ondes est aussi postulée chez les sujets électrohypersensibles dont ce rayonnement provoque une exacerbation des symptômes. (9)
Conclusion
On en conclut que le port des lunettes de polycarbonate est recommandé aux personnes âgées atteintes de maladie neuro-dégénératives, ainsi qu’aux électrohypersensibles exposés au rayonnement de radiofréquences.
Références
- Vander Vorst A., Électromagnétisme : champs et circuits. 1995, De Boeck Supérieur: 253-257
- Lintermans J. Une suggestion de protection du cerveau des enfants à l’école par des lunettes anti-micro-ondes. Mieux Prévenir blog, 25 mai 2024
- Adang D., Remacle C., Vander Vorst A. Results of a long-term low-level microwave exposure of rats. IEE Transactions on Microwave Theory and Techniques 2009; 57(10): 2488-2497
- Adang D., Campo B., Vander Vorst A. Has a 970 MHz pulsed exposure an effect on the memory related behavior of rats? Proceedings of the 9th European Conference in Wireless Technology, 2-9600551-5-2 C 2006 EuMA, septembre 2006, Manchester UK, pp.135-13
- Lintermans J. et Vander Vorst A. Quelles perspectives de prévention pour le d-gamma-tocophérol (vitamine E naturelle) dans le vieillissement cérébral normal et pathologique ? NEURONE, 5 juillet 2023
- Faller A., Schunke M., Sprumont P., Le Corps Humain, Editions Universitaires Fribourg Suisse 1970
- MRI-scan images of the blood-brain-barrier leakage. Maastricht University, News & Events, 1er juin 2016
- Lintermans J. and Vander Vorst A. EHS : a possible generating mechanism and prevention. Towards better health blog. 5 oct. 2023