Le chercheur émérite américain James C. Lin. 

L'un des scientifiques les plus renommés en matière d’effets biologiques du rayonnement de radiofréquences (RF) utilisé par les technologies cellulaires, le Dr James C. Lin, affirme que les dernières études « donnent des indications cohérentes selon lesquelles l'exposition aux RF est probablement cancérogène pour l'homme ».

Pionnier de l’électromédecine et professeur émérite de génie électrique et de biophysique à l’Université de Chicago, le Dr Lin est l’ancien président de la prestigieuse Bioelectromagnetics Society, présente dans 40 pays. Il est aussi un ancien membre distingué des deux organisations qui ont créé les limites d'exposition aux RF, la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) et l'Institute of Electrical and Electronic Engineers (IEEE). Comme plusieurs experts, aujourd’hui il conteste la validité de ces limites basées sur l’hypothèse selon laquelle seul l’échauffement des tissus par les RF serait dangereux.

Il fonde son analyse sur deux études majeures faites sur des rats et publiées en 2018 par le Programme national de toxicologie américain (US NTP) et l'Institut Ramazzini italien. Ces études devraient selon lui inciter le Centre international de recherches sur le cancer (CIRC) à réévaluer sa classification des RF comme « peut-être cancérogènes », qui date de 2011. « Cela donne lieu à la plausibilité pour le CIRC d'améliorer sa classification précédente, principalement basée sur l'épidémiologie, au niveau supérieur de "probablement cancérogène" pour l'exposition aux RF, écrit-il dans un article paru le 31 octobre. En outre, des examens systématiques et des méta-analyses plus récents de la recherche cas-témoins sur l'utilisation du téléphone portable ont signalé des augmentations statistiquement significatives du risque de tumeur cérébrale associé à 1 000 heures ou plus d'utilisation du téléphone portable, soit environ 17 minutes par jour sur 10 ans. »

En entrevue vidéo avec La Maison du 21e siècle le même jour, l’ancienne patronne du US NTP, la toxicologue Linda Birnbaum, qui a dirigé pendant 10 ans le National Institute of Environmental Health Sciences des États-Unis, a également affirmé que les RF étaient probablement cancérogènes. Elle ne met jamais son cellulaire contre sa tête, utilise des écouteurs et a installé son modem Wi-Fi dans son sous-sol, le plus loin possible des chambres. « Je ne voudrais jamais vivre près d’une antenne cellulaire », a-t-elle ajouté. (Visionner l’entrevue sur youtube.com/maison21e.)

Le Dr Lin conclut son article sur un ton plus philosophique. « La notion de santé publique simple et efficace "Mieux vaut prévenir que guérir" peut évoquer une notion démodée. Elle peut susciter des réactions intenses, avec une énorme défiance, surtout de la part d'individus qui peuvent être bénéficiaires de promotions modernes. Le téléphone portable et les technologies de communication sans fil alliées ont montré leurs avantages directs pour les personnes dans la société moderne. Cependant, en ce qui concerne leur impact sur la santé et la sécurité des humains qui sont soumis inutilement à divers niveaux d'exposition aux radiofréquences pendant des périodes prolongées ou même tout au long de leur vie, le jury n'a pas encore tranché. En outre, des études épidémiologiques et des recherches sur les animaux donnent des indications cohérentes selon lesquelles l'exposition aux RF est, au moins, probablement cancérogène pour les humains. Le principe ALARA – le plus bas niveau d’exposition qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre – doit être adopté comme stratégie de protection de la santé et de la sécurité en matière de RF. »

Article en libre accès : Carcinogenesis from chronic exposure to radio-frequency radiation, James C. Lin, Frontiers in Public Health, 31 octobre 2022.

frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.1042478/full