Les études en laboratoire établissent avec une « haute certitude » que l'exposition des animaux au rayonnement des technologies cellulaires cause deux types de cancers, selon une revue systématique financée en partie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Publiée le 25 avril dans la revue Environment International, cette analyse de 52 études animales conclut que l'exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquences (CEM RF) « augmente l'incidence du cancer chez les animaux de laboratoire, la [certitude des preuves] s'avérant la plus forte en ce qui a trait aux schwannomes cardiaques malins et aux gliomes » (qui sont des tumeurs cérébrales).
Or, ce sont les mêmes types de cancers dont l'incidence augmente chez les utilisateurs d'un téléphone cellulaire qui s'en servent 17 minutes par jour en moyenne pendant dix ans, selon une méta-analyse de 46 études cas-témoins. Un consortium international d'éminents scientifiques demande « une action politique immédiate pour protéger la santé publique et l'environnement [dont la faune sauvage], avertissant dans la foulée que tout nouveau retard pourrait avoir de graves conséquences dans un contexte d'utilisation croissante des appareils de communication sans fil à l'échelle mondiale », selon un communiqué de la Commission internationale sur les effets biologiques des champs électromagnétiques (ICBE-EMF).
Ces chercheurs demandent aussi une réévaluation de la toxicité de ces ondes qui, en 2011, furent classées comme « peut-être cancérogènes pour l'homme » par le Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS. Depuis lors, deux importantes études, soit celles du Programme national de toxicologie des États-Unis (US NTP) et de l'Institut Ramazzini, ont démontré que l'exposition aux rayonnements RF provoque le cancer chez les rats.
Louis Slesin, éditeur du très respecté média spécialisé Microwave News, explique : « Après la publication des études du US NTP de Ramazzini, de nombreux observateurs ont compris que les radiofréquences provoquaient des cancers chez les animaux. Cette conclusion va à l'encontre des opinions exprimées par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) et par l'OMS elle-même, ainsi que de celles de la plupart des agences sanitaires nationales. Ce nouvel examen rouvrira très probablement la controverse qui dure depuis des décennies sur le risque de cancer associé aux téléphones cellulaires et à d'autres appareils à radiofréquences et à micro-ondes, controverse que beaucoup pensaient close. »

Limites d'exposition désuètes
Bien connue pour son copinage industriel, l'ICNIRP noyaute depuis ses débuts le projet de recherche de l’OMS portant sur les ondes, lequel fut dirigé pendant dix ans par le cofondateur de l'ICNIRP, Michael Repacholi, un consultant industriel et ancien fonctionnaire de Santé Canada. L'ICNIRP a publié les limites d’exposition, limites controversées en cela qu’elles visent seulement à éviter qu'une exposition de six minutes à de forts rayonnements n'échauffe les tissus. Elles font fi des faibles expositions chroniques qui, selon des centaines d'études publiées dans des revues révisées par des pairs, augmentent l'incidence de plusieurs maladies humaines, comme le cancer.
L'ICBE-EMF a d’ailleurs publié récemment d'importants articles scientifiques, ceux-ci concluent que les limites d’exposition sécuritaire aux rayonnements sans fil actuellement fixées par les gouvernements ne protègent pas la santé publique. « Les études sur les animaux étant essentielles pour prédire le risque de cancer chez l'homme, les gouvernements devraient élaborer des normes de sécurité fondées sur des données scientifiques afin de protéger la santé humaine. La conclusion de l'étude commandée par l'OMS démontre que l'hypothèse de longue date sur laquelle reposent les limites actuelles fixées par les gouvernements, cette hypothèse, selon laquelle les rayonnements RF des téléphones portables ne peuvent causer de dommages que par échauffement des tissus, est erronée », a déclaré Ronald Melnick, PhD, président de l'ICBE-EMF et ancien toxicologue principal et directeur des programmes spéciaux du National Toxicology Program et du National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS).
« La plupart des recherches publiées depuis 1996 montrent que l'exposition à long terme à de faibles niveaux de rayonnement RF modulé ou pulsé a des effets biologiques et sanitaires néfastes. Compte tenu de l'utilisation généralisée des technologies sans fil à travers le monde et chez des utilisateurs de tous âges, même une très légère augmentation de l'incidence des maladies aura des implications importantes pour la santé publique », a déclaré Joel Moskowitz, Ph.D., directeur du Center for Family and Community Health à la School of Public Health de l'université de Californie à Berkeley, également membre de l'ICBE-EMF.
« Afin de protéger la santé publique et l'environnement, l'exposition aux rayonnements des téléphones portables et des technologies sans fil doit être considérablement réduite », a déclaré Elizabeth Kelley, directrice générale de l'ICBE-EMF. Elle a fait référence à l'Appel international des scientifiques sur les CEM, désormais signé par 267 scientifiques de 45 pays. « Des centaines de scientifiques à travers le monde s'accordent à dire que les limites d'exposition actuelles sont obsolètes et ne protègent pas suffisamment contre les risques pour la santé. »
Comment se protéger
L'ICBE-EMF met également en avant des mesures pratiques que le public peut prendre pour réduire son exposition, telles que l'utilisation du haut-parleur ou d'un casque filaire, garder les appareils éloignés du corps et limiter l'utilisation des appareils sans fil chez les enfants, cependant la Commission souligne que les mesures individuelles ne peuvent se substituer aux normes de sécurité imposées par les pouvoirs publics. « Des réglementations plus strictes et fondées sur des données scientifiques sont nécessaires de toute urgence pour faire face à l'exposition généralisée et croissante aux rayonnements sans fil. »
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