Mise à jour du 8 mai 2023

Visionnez ici trois extraits de l'échange entre la comédienne et le ministre, tourné le 21 avril dernier au Stade olympique. Ils portent sur les grands barrages, l'efficacité énergétique et les tarifs d'électricité.

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Pierre Fitzgibbon est formel : le gouvernement Legault n'imposera pas de mesures de transition énergétique sans acceptabilité sociale.

Mais le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie dit ne pas être prêt à faire le deuil des grands barrages alors qu'Hydro-Québec estime devoir augmenter d'au moins 50 % ses capacités de production d'ici 2050 pour répondre à la demande croissante pour son électricité renouvelable alors que le monde veut progressivement abandonner les énergies fossiles (charbon, gaz, mazout et diésel). En décembre, M. Fitzgibbon prévoyait même que jusqu'à 150 nouveaux TWh seraient requis d'ici 27 ans, soit 83 % de la consommation interne record de 180,6 TWh en 2022, sans mentionner les exportations de 35,6 TWh, selon le rapport annuel d'Hydro-Québec.

Ce deuil des mégacentrales hydroélectriques est réclamé notamment par Christine Beaulieu, auteure et vedette de la pièce à succès J'aime Hydro, et son conjoint Roy Dupuis, vedette du nouveau film coup-de-poing Après la Romaine.

Mme Beaulieu avait invité M. Fitzgibbon à en discuter lors du sommet Efficacité et transition énergétique que La Maison du 21e siècle a organisé du 21 au 23 avril, au Stade olympique, dans le cadre du Festival des technologies vertes tenu au Salon du véhicule électrique de Montréal. Pour Christine Beaulieu « en tant qu'artiste, je serais irresponsable de ne pas l'affirmer » qu'il faut faire ce deuil, sachant que nos dernières rivières patrimoniales sont irremplaçables et d'une valeur inestimable. Sans oublier l'énorme potentiel récréotouristique des rivièves comme la Magpie, confirmé par une étude citée dans Après la Romaine. Et sans oublier que le Québec est loin d'avoir maximisé son potentiel d'efficacité énergétique et de production d'électricité éolienne, solaire et de biomasse.

La bonne nouvelle, c'est qu'Hydro-Québec vient de hausser sa cible d'efficacité énergétique de 8,9 terawattheures (25 TWh au total) d'ici 2032, dont 2,9 TWh dans le secteur résidentiel. Il y a quelques années, une étude d'Écohabitation estimait justement que l'on pouvait réduire la consommation résidentielle du tiers, soit de 3 TWH, grâce à des mesures rentables en moins de cinq ans. 

 

Et vous, que feriez-vous si vous étiez président(e) d'Hydro-Québec? « Vous avez deux mandats de cinq ans pour équilibrer l’offre et la demande d’électricité, qui augmentera de 25 TWh, explique Le Devoir dans ce jeu très instructif qui vous demande de faire des choix difficiles entre énergies hydroélectrique, éolienne, solaire et nucléaire. Attention à ne pas faire déroger le Québec à ses engagements et à conserver une bonne cote de satisfaction auprès de la population. Votre budget est de 50 jetons. Prendrez-vous les bonnes décisions? » On constate rapidement qu'avec le budget alloué de 25 jetons pour la nouvelle production, il sera impossible d'y arriver uniquement avec des nouvelles centrales, que l'éolien et le solaire produit peu de puissance comparativement à l'hydraulique et au nucléaire qui sont cependant plus chers, en plus d'occasionner les plus grands impacts environnementaux. Il faudra donc aussi moderniser le réseau et surtout maximiser l'efficacité énergétique.

C'est pourquoi je vous recommande de lire la lettre ouverte écrite par le président et le porte-parole cofondateur de la Fondation Rivières, André Bélanger et Roy Dupuis, et signée par plusieurs experts dans Le Devoir du vendredi 21 avril, le matin même de l'entretien Beaulieu-Fitzgibonn : Pour une transition énergétique respectueuse des dernières rivières sauvages. Cette lettre dénonce le fait qu'Hydro-Québec étudie la possibilité d'aménager un 174e centrale hydroélectrique sur la rivière du Petit Mécatina, qui deviendrait la 121e au Québec à être ainsi exploitée.

Extrait : « Garder la porte ouverte aux barrages sur des rivières intactes nous maintient dans nos vieilles habitudes. Il y a mieux à faire : votre gouvernement a le devoir de soutenir des politiques publiques permettant de limiter le plus possible la demande d’électricité associée à l’électrification du transport en favorisant la mobilité active et collective, de moderniser les normes de construction et de rénovation pour tendre vers des bâtiments à consommation énergétique nette zéro, d’améliorer l’isolation des bâtiments, d’encourager l’installation d’accumulateurs de chaleur et de thermopompes, de promouvoir la géothermie, de diversifier les sources d’approvisionnement en énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien, d’optimiser les barrages et les parcs éoliens existants. Faisons preuve de vision. »

Source : Le Devoir