Porte-parole des 25 ans du Réseau des fermiers·ères de famille,
Julie Aubé est nutritionniste et auteure. 
Source : https://www.fermierdefamille.org/soutiller-pour-passer-laction
 
Pour son 25e anniversaire, le Réseau des fermiers de famille devient le Réseau des fermiers·ères de famille, en plus de se doter d'une toute nouvelle image de marque. Et pour démarrer cette nouvelle ère du bon pied, on s'outille pour passer à l'action!

Je m'appelle Julie Aubé, je suis nutritionniste et je travaille en communications sur l'alimentation de proximité. Cette année, je suis porte-parole des 25 ans du Réseau des fermiers·ères de famille. Dans cet article, je partage 8 façons de passer à l'action pour "manger près" plus souvent!

À GO, on passe à l'action et...

1. ... on devient partenaire d'un fermier ou d'une fermière de famille.

En plus de cultiver la solidarité, l'agriculture soutenue par la communauté est une façon concrète de s'assurer un approvisionnement régulier en légumes tout en injectant une bonne dose de proximité non seulement dans les assiettes, mais aussi dans sa relation avec les gens qui produisent les aliments. Avec eux se construit une précieuse relation de confiance au fil des livraisons. Ce site est la bonne place pour passer à l'action et s’abonner!

2. ... on change sa façon de prévoir ses repas.

On a souvent l’habitude de partir d'une recette qui nous fait de l'œil ou d'une envie, puis de chercher ensuite les ingrédients nécessaires. Envie d'une crêpe farcie aux asperges en septembre? Inspirés par une recette d'accompagnement de fenouil rôti en mars? On doit alors acheter des aliments qui ne sont pas de saison, et donc pas de proximité. Une façon simple de passer à l'action pour "manger près" facilement, c'est d'adopter un nouveau point de départ pour prévoir ses repas : le produit local de saison. Quand c'est la saison des courgettes, elle devient notre point de départ à partir duquel on trouve ensuite ses idées de repas. Selon nos envies du moment, on la cuisine en salade, en frittata, grillée au barbecue ou en quiche par exemple. L'important est qu'en fonctionnant dans cet ordre (choix du produit de saison avantchoix de repas), on s'assure que les ingrédients vedettes des menus sont disponibles en provenance de nos fermiers·ères. Lorsqu'on est abonné·e à un panier bio, rien de plus facile : on reçoit, chaque semaine ou aux deux semaines, des légumes qui sont récoltés la veille, et qui deviennent tout naturellement le point de départ de nos repas.

3. ... on s'informe. 

Il existe une multitude de sources pour mieux connaître les aliments de proximité, leur saison, les façons de les intégrer à nos menus et d'en faire provision. En voici trois, tout neufs (parus en 2020). Un trio d'outils aussi informatifs qu’inspirants et pratico-pratiques pour enrichir sa culture agroalimentaire et s’outiller à "manger près" plus facilement et plus souvent. Deux des trois ouvrages sont d’ailleurs signés par des fermières de famille!
•    Cuisiner sans recettes - Guide de résilience alimentaire, de Véronique Bouchard (Ferme aux petits oignons), Écosociété, octobre 2020.
•    La saison des légumes, de Marieve Savaria (Les Jardins d'Ambroisie), autoédition, septembre 2020.  
•    Mangez local!, de Julie Aubé, Les Éditions de l'Homme, juin 2020.

4. ... on transforme la "contrainte" en créativité.

Le système alimentaire mondialisé a normalisé l'accès à tout en tout temps. Habitués à cet embarras du choix, il est possible que l’idée de miser sur les produits saisonniers de proximité puisse sembler contraignante. Or, tout est une question d'attitude : il n’appartient qu’à nous de décider de voir les saisons comme une alléchante invitation à la créativité! Contraignant de trouver des façons de manger les rabioles? On jase d’inspiration culinaire avec notre fermier·ère, avec les autres gourmands au point de livraison, on s'inspire de nos livres et des millions de recettes disponibles sur le web qui peuvent être facilement adaptées au fil des ingrédients de saison. Ce faisant, on développe notre créativité pour cuisiner la meilleure salade de rabioles, en ajouter à nos brochettes ou les savourer avec notre trempette préférée. On passe à l'action en adoptant le calendrier des récoltes comme une invitation à la découverte, un stimulant à créativité et une opportunité de varier les menus au rythme des saisons!

5. ... on met les mains à la terre.

Selon sa situation, on peut faire pousser quelque chose qui se mange dans sa cour (ou celle d’un proche!), sur le balcon ou dans un jardin collectif ou communautaire. Difficile de faire plus "près"! Si on en a envie, cultiver soi-même quelques légumes et fines herbes complète à merveille son panier bio, mais aussi - surtout! - cela fera augmenter l'admiration et la gratitude qu'on a envers les fermiers·ères. Quand on jardine, on réalise le travail, les soins, et tout le savoir-faire nécessaire pour produire des aliments. Ça cultive l'humilité d'une part, et la reconnaissance d'autre part, tout en nous donnant accès à quelques bouchées on-ne-peut-plus-fraîches. De plus, quand on fait participer les enfants, on les expose au miracle de la vie, de la semence aux légumes, mais aussi à l'origine des aliments, et au fait qu'ils sont précieux et qu'on doit en prendre soin, ne rien en gaspiller et bien les valoriser.

6. ... on fait des provisions.

Passer à l'action pour "manger près" à l'année, c'est aussi profiter des saisons d'abondance des différents aliments non seulement pour les mettre souvent au menu, mais aussi pour en faire provision pour plus tard. Il y a des techniques avec lesquelles on est familier (ex.: la congélation) mais pour lesquelles il existe des trucs pour procéder de façon optimale. Puis, il y a d'autres techniques à apprivoiser, comme par exemple la mise en conserve, la déshydratation ou la lactofermentation. Développer ses réflexes et ses habiletés de conservation des aliments est non seulement une façon de se bâtir de nourrissantes provisions pour la saison froide, mais c'est également une façon géniale de gérer les petits "rush" d'abondance. Par exemple, quand il y a beaucoup de verdures à un même moment en été, c'est formidable d'avoir le réflexe de cuisiner et congeler des pestos variés, des potages verts ou des tartes aux légumes, autant d’exemples de mets qui feront notre bonheur plus tard dans l’année.

7. ... on prend le champ!

En plus de rencontrer ses maraichers·ères au point de livraison, on va à leur rencontre lorsqu'ils organisent des activités sur leurs fermes. C’est une occasion formidable de voir leurs lieux de production, de continuer à tisser une relation de proximité avec eux et de bâtir de l'attachement. On peut aussi les rencontrer, selon les cas, à leurs boutiques à la ferme et aux marchés publics auxquels ils participent. L'été et l'automne sont des saisons toutes indiquées pour parcourir les routes de campagne, visiter les fermiers·ères, faire de l'autocueillette, découvrir des marchés, improviser des pique-niques fermiers et bien sûr, faire son "épicerie de proximité" au fil des arrêts. L'art de joindre l'utile à l'agréable.

8. ... on garde l'œil ouvert.

Les fermiers·ères de famille ne cessent de nous éblouir de saveurs locales que l'on connaît bien... et de nous surprendre! Saviez-vous que plusieurs produisent du gingembre local? D'autres offrent des petits fruits, qu'ils cultivent eux-mêmes ou qu'ils ajoutent aux paniers en collaborant avec d'autres producteurs·trices bio. Le raisin de table du Québec est, par exemple, une superbe découverte. Certains vous proposent des légumes fermentés, d'autres des œufs de leurs poules, d'autres encore des bouquets de fleurs coupées cultivées à leurs fermes. On garde l'œil ouvert aussi sur toutes les façons de s'outiller en continu pour passer à l'action afin de mettre la proximité au menu. On s'abonne à l'infolettre et autres réseaux de notre ferme (et d'autres fermes, pourquoi pas!), on participe à des ateliers, on lit, on partage, on écoute ; en ayant les yeux et les oreilles grands ouverts, on réalise que l'inspiration est partout!